55è jour : Lomma - Rydebäck

13 mai 2011

53,9 km, 2723 km au total

Hier soir la pluie s'est finalement levée et a copieusement arrosé notre tente... on s'en fout on était à l'abri.
Ce matin c'est très gris mais sec, parfait pour reprendre la route le long de la côte. Pas mal de petites routes sympa, de pistes cyclables et pas mal de maisons sympa. On nous a donné un nouveau challenge qu'on va essayer d'accepter, celui de photographier des "constructions originales". On attend des précisions sur ce que sont les constructions mais dans l'immédiat on va surtout continuer à engranger des images de maisons qui nous plaisent beaucoup, à nous.
On se fait aider par une vieille dame sur la route à prendre pour longer la côte au mieux. Elle va faire le tour d'une île au sud de la Suède d'ici quelques temps, à vélo, mais avec des B&B chaque soir.
Nous passons en mode "romanichels" le midi histoire de faire sécher la tente, le tarp et un peu les duvets mais alors que nous entamons une petite pâtisserie suédoise en guise de dessert, la pluie nous surprend et nous oblige à nous replier un peu en catastrophe sous un arbre. A la limite ça n'est pas plus mal car plus proche des habitations nous captons ce fameux réseau salvateur "dlink", wifi sans mot de passe, issu d'un routeur un peu vieillot à l'époque où personne ne pensait qu'on viendrait squatter sa connexion. C'est parfait pour nous pour faire un petit point sur les affaires en cours, mettre à jour la météo (ça s'annonce mal dans les jours qui viennent)... tiens d'ailleurs c'est l'occasion de pointer une nouvelle débilité Apple : quand on n'a plus de connexion au net, plutôt que de continuer à afficher la météo en mémoire (genre les 5 jours à venir), non Apple préfère tout effacer... comme ça même si on veut revérifier plus tard ce qu'ils annonçaient pour tel jour, ben on ne peut pas. Merci la pomme.
M'enfin au moins je peux en profiter pour transférer mes bouquins dans l'iphone, Hélène est rassurée pour moi, j'aurai de quoi lire dans les semaines à venir.
Nous reprenons la route tranquillement car nous voulons bivouaquer un peu avant Helsinborg car traverser cette ville serait un peu long pour aujourd'hui et par rapport à notre planning de rejoindre Oslo d'ici le 27 mai on est très largement dans les clous.
Le long de la côte nous tombons une nouvelle fois sur une maison "je veux la même". Différente de celle du Danemark, mais toujours dans l'idée mur vitré, toit plat et vue sur la mer. Clic clac, Christine (de Libourne) c'est pour toi.
On profite de quelques jolies montées pour prendre de l'altitude et voir la côte avec un regard nouveau. C'est juste magnifique, avec les nuages menaçants et les percées du soleil. Il faut juste accepter par contre qu'à un moment ou deux les nuages craquent et déversent leur précieux liquide sur nos vestes de pluie, jambières, chaussures et compagnie.
On se protège quelques minutes sous un abri-bus, le temps que le soleil l'emporte et nous repartons, toujours sous le charme de cette mer obsédante.
Finalement après un énième golf, on trouve quelques bosquets, ça n'est pas idéal niveau "planque" mais la vue sur la mer marque des points dans la décision de poser la tente ici. On croise les doigts pour ne pas être dérangés par un policier ou garde-côte ou je ne sais qui de trop zélé et on s'en tient à ce qu'on nous a dit jusqu'à présent "en Suède - hors propriétés privées - on peut bivouaquer un peu partout légalement"... il y a probablement des exceptions, espérons simplement que notre coin de ce soir n'en soit pas une.
Au moment de monter la tente j'ai le genoux qui me gratte. Avant de gratter comme un dingue (ça s'est la spécialité d'Hélène), je retire la jambière pour découvrir bien au chaud dans mes poils... une nouvelle tique. BORDEL comment elle est arrivée jusque là. Elle n'était pas là hier soir j'en suis sûr puisqu'elle ne serait pas passée au travers l'inspection minutieuse. Cette nuit ? Je l'aurai probablement vue en m'habillant ce matin... mais après, comment diable à elle pu ramper sous le tissu stretch tendu sur mes frêles guiboles ? C'est vicieux ces bestioles, impressionnant. Donc nouvelle séance de pince à épiler, demi tour et cette fois elle sort du premier coup et sans dommages... encore une blessure de guerre à suivre avec soin. Ca commence à être pénible.

56è jour : Rydebäck - Ängelholm

14 mai 2011

45,0 km, 2768 km au total

En ce cinquante sixième jour, malgré le cadre idyllique du bivouac Hélène a un petit moral. Premiers signes de la prise de conscience du lâchage de notre vie parisienne, peut-être aussi le contrecoup des galères liées à la fin de son activité professionnelle. En cet instant ressurgit le désir de sécurité et de confort que la tente et le bivouac ne peuvent offrir. Nostalgie du canapé où bouqiner, du cabinet de diététique chaud et fermé... difficile. Ca fait partie du voyage.
Pour nous changer les idées découvrons notre premier supermarché suédois. A l'entrée une petite mamie sur son déambulateur à roulettes (on en voit beaucoup dans les pays-nordiques, probablement rapport au réseau cyclable/piéton très développé). Elle a parcouru le monde et semble connaître un peu tous les endroits donc on en profite pour discuter un moment. Elle nous dit que ce qu'elle a préféré c'est l'Afrique du Sud... pas trop sur notre route, mais on y pensera pour la suite ;-)
Bon côté alimentation il faut croire qu'on a pas de bol puisqu'on ne trouve encore une fois qu'une très petite surface où le choix est très restreint, notamment avec nos contraintes traditionnelles. Côté tarifs c'est assez proche du Danemark (pas cool).
Nous ressortons sous un soleil mitigé qui arrive parfois à traverser les nuages, mais le vent de la mer est très froid et le temps se couvre bien vite.
Après quelques kilomètres nous montons la tente pour manger à l'abri de la potentielle pluie qui menace sévèrement.
En fin d'après-midi, alors que passe une Subaru Impreza au moteur ronflant, Hélène me dit "tu as entendu ?" "Heu oui c'est la voiture" "Non il y a autre chose"... quelques minutes plus tard le bruit se reproduit, c'est le tonnerre au loin, accompagné de 3 goutes. On sent qu'on va morfler donc on visualise en urgence un coin où bivouaquer. C'est moyen, un peu près de la route mais ça devrait être calme malgré tout. On fait un montage ultra rapide, double toit en premier histoire de mettre les affaires au sec dès que possible car la pluie monte graduellement. Je finis tarp sur le dos pour ranger les dernières sacoches et protéger ensuite le tandem. On se prend une belle averse de 3 minutes et hop le temps s'éclaircit et la pluie s'arrête. Bon on aurait pu juste s'abriter à un arrêt de bus ou un truc du genre et repartir ensuite.
En fait pas du tout, passé la première vague c'est une pluie torrentielle qui se déverse sur la tente, accompagnée d'un orage plus que violent et un vent du même acabit. Finalement c'était une riche idée que de se mettre bien à l'abri. On aurait été bien embêtés coincés sous notre arrêt de bus pendant des heures.

57è jour : Ängelholm - Gullbranna

15 mai 2011

55,3 km, 2823 km au total

La pluie a fini par se calmer dans la soirée et nous avons pu faire notre petit rituel du soir (vaisselle, lavage de dents...) sans trop se mouiller. Par terre ça fait pchouic pchouic mais c'est gérable.
Le temps de la journée qui se lève est moyen, pas de pluie, des gros nuages mais visibles, et non pas un gros plafond nuageux bien bas. On alternera donc la matinée entre nuages très menaçants et glaçants et soleil qui réchauffe. La route est mouillée et petit à petit les chaussettes s'humidifient. Au final lors d'une méga descente à plus de 60 km/h on finit par être bien trempés.
Au pied de la descente, un cimetière, parfait pour ravitailler en eau parce qu'aujourd'hui on roule avec seulement 2 bidons et la poche à eau. En inspectant les 2 autres il y a comment dire... de l'activité à l'intérieur, notamment celui dans lequel on a mis du jus de fruit ensuite remplacé par de l'eau mais sans l'avoir au préalable bien nettoyé. On va éviter de s'intoxiquer...
A midi c'est de nouveau la tente qui nous permettra de manger à l'abri du vent et des risques de se faire tremper. L'après-midi se termine par ce genre de traversée du désert qui irrite Hélène au plus au point : relief + vent dans la tronche + petites goutes des temps en temps.
Mais c'est pour rejoindre un camping ce soir. Lorsque nous arrivons les horaires de la réception indiquent que le dimanche ça ferme à 16h, il est 16h30. On n'envisage pas une seconde de chercher autre chose mais on cherche plutôt le plan du camping pour voir où se mettent les tentes. On trouve l'endroit mais le plan est bizarre, on part dans un sens puis revient dans l'autre. Finalement quelqu'un sort de la réception et a bien vu qu'on cherchait quelque chose. Cool, on va pouvoir payer et ne pas être des hors la loi cette nuit :) (Je précise qu'on aurait été régulariser notre situation demain matin dans tous les cas...)
Je peux vous dire que la douche bien chaude, sans jetons ni boutons à presser toutes les 15 secondes elle est comment dire... méga méga agréable. Une fois de plus ces petits luxes...
On transforme ensuite les sanitaires en centre opérationnel, 3 prises électriques squattées et je profite de la grande tablette qui sert normalement à poser tous ses trucs de filles pour sortir l'ordi (relié à une prise héhé) pour vider les photos et écrire. OK c'est debout mais c'est quand même pas mal comparé aux matelas mous et l'instabilité des duvets de d'habitude.
Avec tout ça il fait faim, retournons à la tente préparer le diner.


58è jour : Gullbranna - Heberg

16 mai 2011

44,4 km, 2867 km au total

La météo est étrange ce matin. Oh certes on pouvait s'y attendre après l'épisode de pluie de la nuit qui a réduit à néant les chances de séchage de notre linge, mais en fait c'est plus complexe : gros nuages, 30 secondes de soleil, du vent et finalement alors qu'Hélène finit de se préparer dans les sanitaires du camping et que moi j'attends prêt à partir, le jet d'eau se met en marche, remplacé rapidement par une bonne grosse averse de grêle. Ca ne dure pas 5 minutes mais c'est bien violent. Quand Hélène ressort elle ne comprend pas, tout est trempé alors qu'elle n'a rien vu ni entendu.
Les premiers kilomètres se feront donc en combinaison de cosmonaute mais finalement la pluie ne nous dérangera plus. De toute façon notre programme consiste à rejoindre Halmstad et trouver un vrai grand supermarché. C'est aujourd'hui "Coop Forum" qui nous ravitaille. Enfin un GRAND hypermarché. Par contre effet pervers : allez choisir un paquet de muesli quand il y en a 40 différents... et que rien n'est écrit dans une langue que vous comprenez. Il faut se fier aux photos et espérer que c'est bien ce qu'on croit.
C'est d'ailleurs ce qui nous amènera ce midi à manger dans nos sandwichs du cheval. Oui ça ressemblait à du bœuf dans le rayon mais en traduisant avec le dictionnaire qu'on a dans l'iphone, on découvrira que ça n'en était pas. C'est l'occasion de manger des choses dont on n'a pas l'habitude. Au passage c'est très bon, rien de particulier en fait.
L'après-midi se fait sous le signe du relief et un kilométrage assez faible en raison... de la taille du supermarché. C'est fou comme pour acheter 22 articles aujourd'hui il nous a fallu un temps dingue :-)
Nous plantons la tente le long d'une petite route sans issue au milieu de la forêt. Un chouilla de passage mais vu l'endroit paumé ça ira très bien. Quelques pins délimitent notre emplacement et nous obligent à ce petit rituel du nettoyage du sol. Virer les pommes de pins et les branches. Le matin c'est l'inverse : secouer la tente pour virer les petites feuilles et insectes (souvent morts héhé) non autorisés à poursuivre la route avec nous. Nous plaisantons souvent sur le fait qu'on aurait du prendre un aspirateur "parce que tu vois ça serait quand même plus pratique..." ah ça serait une petite phrase qui pourrait être écrite sur notre tarp entre 2 autre suggestions sur ce à quoi penser quand on n'a pas le moral : "pas d'aspirateur à passer pendant un an, cool !" (sur le tarp on peut par exemple lire "pas de queue à la poste pendant un an !!!").
Demain grande journée nous passons à Falkenberg, et ça, ça n'a aucune signification pour vous (désolé) mais mes ex-collègues comprendront. D'ailleurs va falloir que je leur écrive quelques emails...

59è jour : Heberg - Au sud de Värö-backa

17 mai 2011

60,2 km, 2928 km au total

Plic ploc... ça flotte. Le plafond nuageux est très très bas ce matin et la pluie bien présente au moment où nous allons plier bagages. D'un commun accord nous décalons le départ d'une heure et profitons de la chaleur du duvet pour bouquiner. C'est aussi ça le plaisir du voyage. Nous décollons donc en tenue de cosmonaute mais sous une pluie très faible finalement, cool. Au moment de faire ce constat la purée de pois débarque et l'humidité ambiante dépasse les 100%. Que faire ? nager ou rouler ? On poursuit malgré tout, et on rejoint Falkenberg sous une pluie battante... peut-être que c'est ça l'idée, Falkenberg ça se mérite, et on n'y arrive jamais vraiment. Bon je sens que je vais être obligé de faire une petite parenthèse pour les nombreux lecteurs qui ne comprennent pas un mot à ce que je raconte. Falkenberg c'est en rapport au fait que quand j'ai intégré l'entreprise où je bossais jusqu'à notre départ, il y a eu un projet récurrent. 10 ans de boîte et pendant 10 ans ce projet de remise à plat d'un système informatique à été sur le feu. Parfois très proche puis s'éloignant... Il y a eu des mises en production reportées, des formations annulées, le projet ajournée, puis de nouveau sur la table sous une autre forme.... mais pendant toutes ces années rien n'a jamais vu le jour. Et normalement (je dis bien normalement) ça devait finalement se faire quelques semaines après mon départ... 10 ans à bosser autour de ce système et louper la mise en prod de si peu, j'avoue être un peu déçu... mais il faut que je que demande à mes ex-collègues ce qui s'est finalement passé, si enfin les années 90 viennent d'être mises en place pour remplacer les années 80... allez fermons la parenthèse.
Donc sinon Falkenberg, outre un univers centrique passionnant c'est aussi une chouette petite ville qui mériterait d'être vue sous le soleil... un peu comme ce projet. Je cherche en vain un panneau "fin de Falkenberg" pour faire une photo mais malheureusement nous n'en trouvons pas... le projet n'est peut-être pas terminé tout compte fait... (j'avais dis que je fermais la parenthèse, pfff).
Nous ravitaillons en eau dans un cimetière étrange. Très agréable car grand, avec beaucoup d'espace entre les tombes et de l'herbe et des arbres partout... très chouette. En guise de pierre tombale, tous ont simplement un genre de disque en marbre d'une cinquantaine de centimètres posée à plat sur le sol. Il y a des fleurs aussi mais plutôt en massifs qu'en ornement de chaque tombe. On a lu que les suédois étaient très peu croyants, la grande majorité est athéiste. Peut-être que ce cimetière est justement l'expression de cette absence de religion : pas de croix partout, pas de christ... plutôt sympa. Un peu plus loin on verra un autre cimetière plus traditionnel... et beaucoup plus austère.
Nous poursuivons sous une pluie battante et atteignons Morup où il fait bon trouver un stade pour s'installer dans les gradins à l'abri. L'endroit est désert et parfait pour déjeuner. Alors que nous dégustons notre petite soupe réhydratée pour apporter quelques calories à nos corps grelottants un entraineur débarque avec se ribambelle de gamins. Il discute avec nous un bon moment, on sent qu'il est envieux mais que le fait d'avoir des enfants en bas âge est forcément un gros frein. Au milieu de l'entrainement de ses petits il reviendra nous voir pour nous demander si on a besoin de quelque chose et nous indiquer qu'on peut profiter des vestiaires si on veut de l'eau, aller aux toilettes... c'est très sympa.
Pendant ce temps le temps justement évolue. On commence à distinguer des nuages au lieu du gris uniforme puis vient un moment où... mais oui... on dirait bien un petit morceau de ciel bleu. Attention, c'est pas l'été pour autant, mais ce petit trou dans les nuages booste instantanément le moral et réchauffe le corps et le cœur.
Nous repartons donc toujours plein nord sans tout l'attirail de pluie. Les 3 premières minutes c'est assez dur parce qu'il caille bien, mais c'est très vite beaucoup plus agréable sans pantalon de pluie, moufles étanches... Outre la météo, l'après-midi signe aussi notre retour le long de la côte. Revoir la mer qui plus est sous un rayon de soleil est toujours aussi intense pour nous... et pour ne rien gâcher de l'autre côté nous tombons de temps en temps sur quelques maisons pas déplaisantes.
Finalement on suit exactement le même protocole qu'hier : route principale au milieu, train à gauche, on prend une petite perpendiculaire à droite qui plonge vers la forêt. Au bout de quelques centaines de mètres on trouve un chemin qui s'enfonce dans les bois et un endroit pas vraiment plat mais bien mœlleux (j'ai 2 corecteurs orthographiques qui me disent que mœlleux s'écrit moelleux, mais pourquoi ???). On fait sécher un peu la tente, le tarp et nos fringues de pluie pendant qu'on se lave et on rentre bien au chaud dans la tente préparer nos spaghettis à la soupe.

60è jour : Värö-backa - Billdal

18 mai 2011

51,7 km, 2979 km au total

Matinée tranquille malgré la météo qui se couvre. On retente un Coop, un plus petit pour faire les courses. On hallucine toujours devant les conditionnements parfois étranges et surtout atypiques de nos amis suédois. Les Vasa sont emballées dans les formats géants qui ressemblent à des grosses boules de fromage, la compote est dans un boudin en plastique (ou dans les pots en verre, mais dans les 2 cas pas adapté à nos besoins grrr), ... Hélène devrait faire un billet de blog là-dessus. Néanmoins pas de barres de céréales aujourd'hui, tant pis, on s'achète 2 snickers, ça fait un bail qu'on n'a pas mangé ça, je ne sais même plus d'ailleurs si ça s'écrit comme ça.
A midi la météo s'empire et c'est dans un parking couvert que nous nous posons. 0% glamour mais pratique pour se protéger de la pluie qui menace et qui tombera pendant le repas. Il y a quatre places libres sur ce parking de 5. On prend la seule place qui n'a pas de numéro, statistiquement c'est la meilleure chance de ne pas être dérangé... loupé. La seule voiture qui viendra viendra sur notre place. grrr.
L'après-midi est semi-pluvieuse, le genre un peu pénible où on ne sait jamais comment s'habiller pour être à la fois protégé et ne pas tremper inutilement les vêtements dessous... mais ne pas non plus transpirer comme un bœuf. Jamais très pratique.
En fin d'après-midi on s'arrête pour définir le plan d'attaque pour le bivouac. On a à manger, de l'eau et il nous faut voir comment rejoindre un bout de forêt.
Pendant qu'on discute autour de la carte une dame nous aborde pour nous demander si on cherche quelque chose. On explique notre désir de trouver un bout de forêt pour poser la tente... et elle nous propose de venir chez elle. On accepte et la suit quelques kilomètres pour rejoindre sa maison. Elle rentre du travail, elle est prof (d'un peu tout).
On pose le vélo dans le jardin et on rentre profiter de la chaleur de la maison, d'une douche, d'une chambre et surtout comme vous pouvez l'imaginer de super moments à discuter avec elle et son mari.
Lui a fait pas mal de moto, notamment un peu en France le long des côtes du nord, et à Saumur. On discute des ours (pas à s'inquiéter), des tiques (ils nous recommandent un outil pour les retirer meilleur que le tire-tic en plastique qu'on avait en prévision d'acheter). Il s'agit d'un petit outil plat avec un trou pour glisser la tique et en tirant vers l'arrière ça la pince et la fait sortir. A priori pas besoin de tourner et du coup c'est plus facile à utiliser et plus efficace. On va tâcher d'en trouver un... ils nous donnent les adresses pour. C'est chez Clas Olshon un "vieux campeur du jardinage". Ils nous proposent même de rester 1 journée de plus pour que Thomas puisse nous faire visiter Göteborg. On a voir mais il est bien possible qu'on en profite.
Ici encore le sujet des retraites vient sur le tapis et les comparaisons générales des régimes français vs suédois. Ici la retraite c'est entre 61 et 67 ans... et je peux confirmer qu'une fois de plus on fait figure de mauvais élève sur pas mal de sujets. Notre réputation de grévistes semble décidément internationale. Les tracteurs qui bloquent les routes, les défilés de manifestants... Ici en suède, en tant que prof Inger voit ses classes se charger de plus en plus, ses horaires s'allonger et son salaire... diminuer, mais personne ne proteste. Différentes mentalités... un peu comme la vision du vélo et des cyclistes... très différente ici qu'en France même si la Suède n'est pas le royaume parfait du vélo il y a quand même beaucoup plus de cyclistes et d'aménagements qu'en France :-)
On discute autour d'un thé pendant que Inger en profite également pour manger un peu. Encore un système alimentaire différent. Elle n'a pas mangé depuis 11h ce matin. Toujours aussi étrange pour nous, habitués à nos trois repas par jour. Pour info, malgré la traversée de ces pays aux rythmes différents nous restons sur nos habitudes alimentaires car il colle assez bien à notre besoin de faire une bonne pause le midi, à la fois pour se reposer et également pour faire autre chose de la journée que simplement rouler. Je pense qu'on pourrait faire 100 km par jour en mangeant régulièrement une barre de céréales, mais où est le fun ? L'idée de départ n'a pas évolué, le but n'est pas de faire des kilomètres pour les kilomètres mais de prendre le temps de voir, de profiter, de se poser, aussi pour réfléchir, pour bouquiner...

61è jour : Billdal - Götenborg - Billdal (jour off)

19 mai 2011

0 km, 2979 km au total

Ce matin au réveil un petit bouquet de fleurs attend Hélène sur la table avec un mot "happy birthday", elle aura également le droit de boire son thé dans un tasse spécifique pour son anniversaire. Nous discutons longuement avec Thomas (Inger est partie au travail tôt ce matin) avant de partir en voiture pour Götenborg.
Premier arrêt, Claus Olshon. Le magasin est très intéressant, l'opposé des supermarchés bordéliques Danemark. Globalement le process est le suivant : on sait qu'on vient chercher un truc pour retirer les tiques. A l'entrée on prend le catalogue, via l'index on trouve la page et le produit. En dessous il y a un numéro unique de produit. A côté un ordinateur, on tape le numéro dans un champ de recherche et ça nous sort dans que numéro de rayon c'est... on aurait pu aussi faire la recherche du produit directement dans l'ordi. Quand on parle de numéro de rayon c'est pas un parmi 30, non en fait chaque mètre linéaire porte un numéro, les numéros sont bien sûr dans l'ordre, en gros de 1 à 1000. Il suffit d'avancer jusqu'au numéro en question et hop en une demi seconde nous trouvons notre minuscule outil. Impressionnant. Il nous a fallu à tout casser 1-2 minutes entre l'entrée dans le magasin et le produit dans les mains (je vous ferai des photos plus tard).
Nous achetons également de la colle epoxy car le drapeau de la remorque s'est encore fait la malle. La super glu que nous avons mise à Mohrkirch a lâché hier...
Ensuite direction un park au nord de Götenborg pour avoir une vue panoramique de la ville. C'est très chouette. Nous redescendons, heureux de ne pas avoir eu la montée à faire en vélo. Direction un autre magasin pour acheter du gaz pour le réchaud à pas cher.
Nous posons ensuite la voiture pour rejoindre le centre à pied. Thomas est notre guide exclusif et nous profitons des petits détails de la ville que nous n'aurions pas vu autrement. Nous sommes réellement chanceux et apprécions chaque minute de la visite.
Nous profitons également d'un marché couvert pour comprendre un peu comment les suédois mangent... un peu comme les allemands : gros petit dej suivi de "quand on a faim on achète un truc en route". C'est donc un genre de sandwich kebab qui nous sustentera en attendant le diner. Nous profitons des petites rues anciennes, de l'architecture, des oppositions d'architecture... très chouette.
Avant de rentrer nous dégustons une glace, seconde de l'année, très appréciable par ce temps bien meilleur que la veille. Pas de pluie signaler aujourd'hui, encore une très bonne chose pour la "journée d'Hélène".
Nous rentrons ensuite nous occuper de nos bricolages.
Le premier n'est pas le drapeau de la remorque... mais un arceau de notre tente. En effet nous avons une fêlure dans l'arceau principal, pas critique dans l'immédiat mais on préfère s'en occuper. Nous avons attaqué le problème sur 2 fronts : j'ai contacté MSR pour essayer de nous faire envoyer un morceau d'arceau neuf à Oslo où nous aurons une adresse postale pour quelques jours (sinon nous n'en aurons pas avant mi octobre...) et une réparation en parallèle. La réparation ça sera donc un collier en métal autour de l'arceau et du scotch pour éviter que ça ne frotte et déchire le tissu de la tente.
Ensuite c'est finalement la colle à base de fibre de verre + un tout nouveau support pour le drapeau, "hand-made". Espérons que cette fois ça tienne.
Nous discutons un peu avec ma sœur et avons l'occasion de voir notre nièce Zola gigotter un peu. C'est un peu compliqué de gérer la réparation, les 2 discussions en parallèle et l'apéro avec un verre de vin italien en même temps mais on fait de notre mieux.
Nous profitons ensuite d'un diner d'anniversaire pour Hélène avec du poisson, de pommes de terres nouvelles et une salade... et avant le dessert une petite balade autour de la maison. Nous escaladons les grosses pierres qui bloquent le vue pour surplomber un peu le quartier et découvrir une vue sur la mer, les petites îles et le soleil couchant. Encore un moment parfait et la furieuse envie de faire poser une maison juste là via un hélicoptère...
Nous rentrons manger un gâteau à la rhubarbe, maison bien sûr, autant que la rhubarbe elle-même poussée dans leur jardin. Le happy birthday se prolonge avec l'un des défis difficiles qu'on nous a donné (qu'est-ce qu'il ne faut pas faire pour avoir ses meubles gardés au sec et se faire héberger à notre retour quelques semaines... Sandrine et Lucas il est bien possible qu'on reste plusieurs mois chez vous pour se venger...). Le défi ? Revenir avec des vidéos des personnes que nous rencontrons qui chantent leur hymne national. Pas évident mais nous en avons au moins une, difficilement négociée contre l'autorisation de nos hôtes de mettre un drapeau suédois sur le gâteau :-) Jusqu'à présent toutes nos tentatives avaient échoué. A Mohrkirch en Allemagne on y était presque arrivés car c'est une famille de musiciens mais le regroupement père-fils nécessaire à l'élaboration de la chanson n'a finalement pas pu se faire faute de temps... mais ça n'est pas faute d'avoir essayé.
Au moment d'aller se coucher les parents d'Hélène appellent pour lui souhaiter un bon anniversaire. Timing parfait. Nous profitons également d'un petit moment pour lire les gentils emails et même les dons reçus pour l'occasion. Merci à tout le monde, on va essayer de répondre aux emails du mieux qu'on peut dans les jours à venir (sur l'iphone donc excusez par avance la concision et les fautes de frappe :-)
Hélène a passé une super journée et a même eu le droit aux bougies. Cette année oublions les paquets cadeaux et les fraises pour quelque chose de totalement différent. Nous avions pensé à aller passer une nuit dans un petit hôtel pour avoir quelque chose d'un chouilla plus confortable pour cette journée un peu spéciale, mais il faut l'avouer nous avons eu vraiment beaucoup beaucoup plus aujourd'hui que n'importe quel hôtel aurait pu nous offrir. Un ENORME merci à Inger et Thomas pour votre gentillesse, votre anglais*, votre maison et tous les excellents moments partagés.

*cool une petite astérisque, une première, je vais essayer de ne pas trop y prendre goût. Donc oui comme Sandrine me l'a demandé aujourd'hui par chat, j'imagine que ça peut être utile de le préciser, notre langue principale de discussion est l'anglais. Et je dois avouer que contrairement à l'allemand où j'étais tellement déçu de mon niveau, là, nous prenons un réel plaisir tous les deux à discuter en anglais. Pratiquer est difficile en France, notamment dans une situation de business où vous avez à l'autre bout du téléphone un américain et à côté de vous un open-space qui écoute savamment votre accent lamentable et toutes vos fautes de grammaire. Ici c'est différent, le but est de se comprendre, de faire passer des idées, on cherche bien plus souvent un mot de vocabulaire qu'un temps compliqué. Bon allez je l'écris histoire de me mettre la pression mais j'aimerai bien essayer d'apprendre un peu l'espagnol avant d'aller en Espagne. Malheureusement j'ai lu cette petite phrase de Tim Ferris il y a quelques jours "il vous faut apprendre seulement 2500 mots pour être à l'aise dans 95% des situations". Le plus difficile étant de trouver ces 2500 mots et de trouver une méthode pour les apprendre. Je suis parti avec une méthode Assmil sur l'iphone mais je n'ai ni les mp3 (ben oui pas possible de les transférer sur l'iphone because notre ami Apple...),la méthode est un peu illisible sur l'écran du téléphone et normalement il faut écrire dans les "blancs" pour faire les exercices... c'est mal barré... je vais compter sur Hélène pour faire la prof et un dictionnaire...

62è jour : Billdal - Ingetorp

20 mai 2011

50,1 km, 3029 km au total

Nous profitons encore un peu de la chambre, du lit, du confort d'une table pour le petit déjeuner et poursuivons notre enquête sur la vie en Suède, sur les pratiques suédoises, ... Thomas nous parle longuement de ses 2 anciens boulots pour lesquels il s'est fait licencier. Actuellement il est au chômage mais pas vraiment motivé pour retrouver autre chose. Il est très proche de la retraite et n'a pas spécialement envie de se replonger dans des plans galères.
Après une dernière douche et avoir chargé le vélo il est temps de repartir. Le voisin vient nous prendre en photo et discuter un peu, finalement dans cet échange on commence à prendre conscience que tout le monde y gagne. A chaque fois nous nous sentons fortement redevables envers nos hôtes mais nous voyons avec plaisir que eux aussi y trouvent leur compte. Les moments passés à discuter, le bien être d'avoir fait une bonne action, la fierté de dire à son voisin "nous avons accueilli des français". Thomas est d'ailleurs très content d'avoir eu un drapeau français dans son jardin pour la première fois. D'ailleurs petit parallèle sur les drapeaux. Depuis le nord de l'Allemagne nous avons vu énormément de maisons avec un drapeau. Au départ c'était le drapeau de la région de l'Allemagne, une manière de dire "ici c'est l'Allemagne et au dessus c'est le Danemark, il ne faut pas confondre" car la frontière entre les 2 pays a été déterminée par référendum. Ensuite au Danemark c'est simple 90% des maisons ont leur mât avec le drapeau du pays. En suède c'est un peu moins flagrant mais quand même il y a toute une culture autour du drapeau que nous n'avons pas en France. C'est simple Thomas et Inger ont un mât dans leur jardin avec un drapeau aux couleurs de la Suède et un porte drapeau devant la porte d'entrée de leur maison avec cette fois-ci le drapeau officiel. Par ailleurs comme on a pu le voir hier soir ils ont des petits drapeaux sur des petits bâtonnets en bois (genre pique-olives) pour planter dans les gâteaux. Toute une tradition.
Le départ est émouvant, encore une de ces situations où en l'espace de 36 heures nous avons partagé tellement de choses qu'on a l'impression de se connaître depuis longtemps.
Heureusement quelques minutes après le départ nous prenons "probablement la plus belle piste cyclable de Suède", elle longe la côte à quelques mètres de la mer et des petites îles. C'est aussi un coin qui semble très riche et où poussent les belles maisons. Paysages superbes, météo plutôt très bonne, bref ça nous aide à penser à autre chose.
Nous retraversons Göteborg, assez rapidement cette fois et traversons la baie via le pont au centre de la ville car c'est le plus simple. A peine sorti dans un nouveau réflex sorti de je ne sais où je vérifie le kilométrage total : 2999 km. Ouf on n'a pas loupé les 3000, on pourra faire la photo. Sous la dent en arrière plan pas grand chose, ça sera donc un panneau de direction "Oslo" (notre prochaine grande étape) ou l'enseigne du magasin où nous avons acheté le gaz hier :)
Nous prenons plein nord pour suivre le relief naturel autant que possible avant de rejoindre la côte. Le trajet n'est pas passionnant c'est une espèce de zone d'activité toute en longueur, tant pis. On trouve malgré tout un coin pour ressortir notre pique nique qui a mijoté pendant 2 jours dans les sacoches au chaud dans la maison. A priori pas de casse (6 heures après nous ne sommes toujours pas malades :-) Le jambon, la salade de crudités & co ont bien vécu les 2 jours de pause. Vive les conservateurs :)
Nous obliquons ensuite nord est pour rejoindre la côte en vue de traverser ensuite quelques îles et presqu'îles. Mais ça, ça sera pour demain car avec notre départ tardif ce matin nous ne pouvons guère envisager plus d'une cinquantaine de kilomètres ce qui est déjà plutôt très bien. Vent dans le dos et beau temps, ça aide.
On plante donc la tente près d'un petit lac, encore un de ces endroits parfaits (juste vérifier les tiques et les moustiques). On en profite pour faire notre petite vidéo des "milliers de kilomètres" qu'on mettra en ligne lors d'une prochaine rencontre avec du wifi, probablement à Oslo. La température est très agréable ce soir, Hélène bouquine sur un rocher près du lac, c'est très calme, bref magique.
Nous pouvons même, pour la première fois depuis notre départ de Paris, diner dehors, avec la vue sur le lac, très agréable.

63è jour : Ingetorp - Kalseröd

21 mai 2011

46,2 km, 3076 km au total

Aujourd'hui nous rejoignons la mer et après les traditionnelles courses nous découvrons cette côte ciselée aux îles multiples et aux couleurs magnifiques. Quelques ponts nous permettent des vues spectaculaires sur la baie, avec le soleil c'est exceptionnel. Nous trouvons un gros rocher plat un peu surélevé pour admirer le paysage et pique-niquer. Encore un de ces moments qui vaut tous les efforts faits pour y parvenir. Je crois que je ne peux pas rajouter grand chose, j'espère simplement que les photos parleront d'elles-mêmes.
Repartir est difficile, mais heureusement que le sol dur nous pousse un peu à redémarrer avant d'avoir trop mal partout :-)
Nous enchaînons encore quelques ponts, discutons un peu avec un couple de français en week-end prolongé dans le coin. Ils viennent de Marseille et rentrent demain en France... très contents du voyage mais visiblement la météo pour demain s'annonce moyenne. On verra bien.
Ce soir nous étrennons notre Fästingplockare, le tire-tique suédois en métal. 2 jours qu'on l'a et il sert déjà... et encore une fois c'est pour ma pomme. 4-0 cette année. Hélène a du retard :) Bon en tout cas le premier essais est très concluant. Tique retirée du premier coup et sans laisser ses crochets. On se perfectionne.
Par contre depuis tous ces jours à se surveiller partout et en permanence on a une furieuse envie d'acheter un marqueur rouge et d'entourer nos grains de beauté qui ressemblent à des tiques. A chaque fois c'est la même chose : "oh là attend on dirait bien que... ah non c'est un grain de beauté, ouf". Lundi on se fait avoir, mardi aussi, mercredi c'est pareil... toujours aux mêmes endroits, toujours les mêmes interrogations... Alors parmi les conseils qu'on peut avoir autour des tiques du genre "portez des vêtements clairs, rentrez votre pantalon dans vos chaussettes..." nous on ajouterait "démerdez-vous pour ne pas avoir de grains de beauté !"

Allez, comme je n'ai pas grand chose à écrire aujourd'hui, je vais en profiter pour faire un petit état des lieux des finances. On est presque bien sur notre prévision d'environ 1000 euros par mois. On est ok au niveau alimentation/campings/petits extras. On est sortis des rails notamment au début du voyage pour l'achat de matériel (porte-bagage, sacoches, cuissard et t-shirts en laine pour Hélène) mais sinon ça roule.
Côté alimentation globalement notre manière de manger : le midi c'est sandwich jambon-fromage-salade de crudités et le soir pâtes-soupe-jambon-fromage. Côté desserts on alterne un peu yaourts, bananes, pommes, petits gâteaux, compotes quand on en trouve (aujourd'hui on en a trouvé, rayon petits pots de bébés !)... et il faut ajouter les en-cas en cours de route : barres de céréales (introuvables dans nos 2 derniers supermarchés !), fruits secs, fruits oléagineux, crackers.
D'un point de vue monétaire, le plus cher c'est le fromage suivi de près par le jambon/viande (plus c'est sec et sans gras plus ça douille, du simple au quadruple). Malheureusement pour nous pour que ça se conserve c'est mieux si c'est du jambon un peu sec...
En Suède niveau prix, on est autour de 40 euros pour 2 jours d'alimentation pour 2 personnes.
Petite règle de proportionalité, 10 euros par jour et par personne ça fait donc environ 600 euros de nourriture par mois pour nous deux, c'est donc clairement notre poste de dépense principal. En second, c'est le camping et vient ensuite les "loisirs" (restos, cartes postales...)

Sur ces considérations bassement monétaires, je vous souhaite une agréable soirée.

64è jour : Kalseröd - au nord de Brastad

22 mai 2011

56,7 km, 3132 km au total

Les rayons du soleil du réveil se transforment bien vite en gros nuages qui amènent avec eux la traditionnelle pluie. La matinée est une alternance de "on crève dans ce pantalon étanche" et de "heu on remet les moufles il recommence à pleuvoir". Les cyclistes expérimentés connaissent bien ce problème j'imagine. Pour corser le tout le relief est assez marqué dans ces petites îles pourtant si jolies. On enchaîne des bonnes pentes suivies aussitôt d'un retour au niveau de la mer, un peu minant pour le moral. Nous prenons un bac pour traverser un bras de mer et rejoindre Lysekil, c'est cool car rapide et gratuit... et puis c'est un bateau alors même si on est comme des cons sous la pluie à l'extérieur pendant que les autres lisent le journal bien au chaud dans leur voiture, nous on s'en fout, on profite de la vue même s'il faut bien l'avouer elle est un peu bouchée.
Ce midi vu la météo on cherche un abri bus. Ici ils sont plutôt cools les abris de bus car ils sont prévus pour la météo du pays : ils sont presque fermés, et ça nous arrange plutôt bien. Pour ne rien gâcher il y a du wifi ! Non ce n'est pas la compagnie de transports en commun qui gère ça, c'est simplement un voisin de l'abri qui a ce fameux et magique "linksys" (pote de "dlink") que nous apprécions tant : le vieux routeur de l'époque où tout le monde se foutait de la sécurité des réseaux. Il y en a trop peu de nos jours.
Profitons de cette petite pause le long de la route pour faire un constat. J'ai attendu plusieurs jours avant de vous en faire part histoire de valider mon hypothèse et ne pas faire une généralité à partir de quelques cas isolés.
Alors allons-y : En Suède, quasiment une voiture sur deux est un break et quasiment un break sur deux est une Volvo V70 (ou son ancêtre) ! C'est juste impressionnant. Il suffit de se mettre sur le bord de la route ou sur un parking de supermarché pour le constater. Je n'ai jamais fait trop attention mais ça serait quoi LA voiture la plus représentée en France ? Renault Twingo ou Clio ? Peugeot 307 ? En tout cas ici c'est un énorme break... on cherche à comprendre... pour quelle raison une si grosse voiture dans ce pays comparé aux autres ? La natalité n'est pas différente de la France, en tout cas pas supérieure, donc pas plus d'enfants avec leurs valises à transporter, si quelqu'un a une suggestion (de même que l'info de la voiture la plus représentée en France) n'hésitez pas à nous le faire savoir.
Nous profitons donc du wifi pour travailler un peu, notamment corriger quelques problèmes sur le site de cours photo. L'image est quelque peu surréaliste, en tenue de cosmonaute, dans un abri bus, avec le macbook sur les genoux. Priceless.
L'après-midi ne nous gâte pas vraiment côté météo et on finit par abdiquer vers 16h après s'être un peu abrité pour laisser passer une violente averse. Le relief ne se calme pas et les muscles commencent à chauffer dans les vêtements à effet de serre. La première tentative est la bonne. On maximise notre efficacité au montage de la tente et on laisse nos malheureuses sacoches dans les absides tellement elles sont trempées. Pas le droit de dormir dans la partie "chambre" de la tente ce soir.
La toilette est sommaire mais mettre des vêtements chauds est salvateur. Globalement sous les vêtements de pluie le t-shirt et le cuissard ne sont pas mouillés par la pluie, c'est déjà ça. Le bas des jambières un peu, mes chaussettes étanches sont bien trempées à l'extérieur, et pour Hélène tout va bien. Il y a quand même beaucoup de mieux par rapport aux premières années où on finissait trempés dès la première heure de pluie. Il est difficile de faire un réel jugement mais globalement l'E-vent (la matière de nos vestes de pluie) c'est quand même assez génial. Même en montée et en transpirant l'intérieur de la veste reste plutôt sec, plus que dans les pantalons qui sont d'une matière moins performante. Maintenant on bouge plus les jambes que le haut du corps donc difficile de comparent. En tout cas pour les cyclistes qui chercheraient du matériel, un pantalon de pluie du type Rab en E-vent (modèle Drillium je crois) ça me parait un très bon investissement.
A l'intérieur de la tente il fait bon, surtout que la pluie redouble, c'est une sensation agréable, je suis sûr que vous la connaissez. Dimanche après-midi, temps de merde depuis le matin mais vus êtes assis sur le rebord de la fenêtre, avec un bouquin et un thé bien chaud et vous savourez le fait de ne pas être sous la pluie. Vous êtes presque heureux de ce temps merdique qui vous permet justement de constater l'écart entre l'extérieur et le confort de votre intérieur. Ca marche aussi pour la voiture sous la pluie pendant les vacances. Par exemple la pause pique-nique à l'intérieur, la voiture garée sur un petit parking en face de la mer avec les bourrasques de vent et de pluie (en Bretagne par exemple) qui font doucement bouger la voiture. Dans ces moments là on savoure son confort... Ben pour nous c'est pareil. Hélène dans le duvet avec le kindle... elle a l'ait heureuse... elle s'enfile des petits crackers en même temps pour recharger ses batteries à elle. Je suis fière d'elle, elle n'a pas râlé de la journée sur la météo.

65è jour : Brastad - Fjällbacka

23 mai 2011

32,2 km, 3165 km au total

Les 4 heures de pluies d'affilée d'hier soir ce sont transformées dans la nuit en un magnifique ciel bleu. Un peu dommage par contre, l'endroit du bivouac n'est pas du tout propice au séchage du linge : sous les arbres ça goute et c'est à l'ombre et dans la clairière un peu plus loin il n'y a rien pour tendre un fil. C'est finalement le tandem qui servira de séchoir à linge pour quelques dizaines de minutes car il faut l'avouer, dans la nuit rien n'a séché. Enfin on n'est pas vraiment embêtés car les fringues humides sont celles dites "de pluie" donc qu'on n'aura pas à remettre aujourd'hui, hormis mes chaussettes étanches (qui finissent par être mouillées de transpiration à l'intérieur au bout d'un certain temps). Bref pour sortir de la tente c'est chaussettes normales + sacs en plastiques dans les sandales qui elles sont bien humides. Au moment de partir mes fameuses chaussettes magiques sont relativement sèches à l'intérieur donc parfait pour reprendre la route. On en profite également pour rehuiler la chaîne car la pluie est assez destructrice à ce niveau là. 1 jour de pluie = plus d'huile et début de rouille, il faut surveiller tout ça car comme on dit : qui va loin ménage sa monture.
Aujourd'hui courte étape car on a prévu de s'arrêter à Fjällbacka, de bonne heure et dans un camping pour profiter de l'après-midi pour se balader et s'imprégner de l'atmosphère de la ville de Camilla Läckberg (écrivain) et Ingrid Bergman. L'étape en question commence donc sous le soleil mais avec le vent et le relief pas vraiment en notre faveur. Néanmoins la côte nous surprend toujours par sa beauté. Du côté des trucs pas cools par contre c'est l'absence de réel point de vue. Après une rude montée on se retrouve coincé entre deux masses rocheuses de part et d'autre de la route... ensuite ça redescend et oh entre les arbres on aperçoit la mer, les petites îles au loin... mais pas de quoi faire une photo étant donné la densité du feuillage. En bas de la descente, la route s'écarte un peu de la mer autour d'une plaine marécageuse, idem : plus rien à photographier. Un peu décevant.
Nous arrivons à Fjällbacka à midi sous un temps devenu un peu moyen et trouvons un camping non indiqué sur la carte, plus proche que celui qu'on envisageait, parfait. On plante la tente et déjeune dans un luxe inhabituel : sur nos matelas, bien à l'abri. Du coup le confort se prolonge en une sieste du genre de celle qui laisse des traces d'oreiller sur le visage :) Bon je précise qu'on n'a pas d'oreillers, ce sont nos polaires et autres doudounes qui s'y substituent.
En milieu d'après-midi on repart sur notre fidèle destrier, délesté de son chargement habituel. C'est toujours marrant les premières centaines de mètres on a l'impression d'avoir troqué un lourd vélib contre un vélo de course en carbone.
Nous faisons le tour du village et des petites rues, c'est très chouette, toutes les maisons sont en bois, peintes de couleurs vives, il y a plein de petites cabanes de pêcheurs qui abritent probablement aujourd'hui plutôt des personnes aisées que des pêcheurs. C'est assez petit mais très mignon. On sent que la ville devient un peu touristique et que l'effervescence de l'été est en approche : tout le monde repeint sa devanture, les ponceuses et autres outils sont de sortie.
On rentre ensuite dans quasiment la seule boutique qui semble ouverte et qui vend des accessoires de bateau mais aussi un peu de tout, des seaux en plastique pour la plage et des bouquins de Camilla mais pas de carte postale, ce que nous cherchons aujourd'hui. Le propriétaire de la boutique nous oriente vers Coop, le petit supermarché de la ville.
Avant de rejoindre ce magasin d'alimentation nous tentons l'ascension d'un gros rocher... enfin d'une petite montagne. C'est assez étrange, parfois des escaliers en bois, parfois des pierres consolidées avec un peu de béton et parfois juste de la caillasse en vrac. Au final, à 74 mètres de hauteur nous avons une vue dégagée sur toute la baie, le soleil s'est un peu fait la malle mais la vue est juste magnifique. Les petites îles à perte de vue, les maisons colorées en bas, les bateaux entre les deux. Bref un petit coin de paradis juste transformé en enfer par le vent qui rend l'appareil photo difficile à stabiliser. Aglagla.
Nous redescendons chercher nos cartes postales et en profitons finalement pour faire des courses, c'était prévu pour demain mais quitte à être dans un supermarché autant en profiter. Surtout que pour la première fois depuis le départ on fait les courses le soir avec la possibilité d'acheter des choses pour le diner (ce qu'on avait prévu pour ce soir on le mangera demain ou après demain). Du coup on en profite pour se lester comme il faut : pâtes fraiches, sauce tomate en bocal en verre, et même une bière fraîche !
De retour au camping il faut reprendre le petit rituel : douche, lessive, étendage, écriture, ...
En tout cas c'était une bien belle journée, et le petit kilométrage permet de calmer un peu les douleurs des fesses. Par contre nous apprenons dans l'après-midi l'histoire du volcan Islandais. On croise les doigts car on a un rendez-vous de programmé à Oslo dans 4/5 jours avec des visiteurs censés prendre l'avion à Paris... gloups, pas cool.

66è jour : Fjällbacka - Hogdal

24 mai 2011

61,8 km, 3226 km au total

La nuit a été... mouvementée... ah non pas comme vous imaginez avec des stripteaseuses, de l'alcool et de la musique... non simplement du vent et de la pluie. En fait le mot vent est très faible pour décrire la tempête qui a secoué la tente absolument toute la nuit sans discontinuer. La pluie elle a régulièrement cinglé la paroi de la tente histoire de nous réveiller si jamais la vent nous avait bercé au point de nous endormir. Dehors le linge tente désespérément de sécher en silence. Chaque gramme d'eau évaporé par le vent est soigneusement remplacé par la pluie... ça peut durer un moment.
Au réveil le quota est finalement en faveur du sec puisque le linge est moins mouillé que lorsqu'on l'a étendu après la lessive. Ca doit faire 2/3 heures qu'il n'a pas plu, c'est cool et pratique pour plier la tente. AU moment de partir grosse averse qui nous force à enfiler la tenue de cosmonaute. Juste pour aller payer notre nuit de camping, super le pantalon qui dégouline sur la moquette de la caravane dans laquelle habitent visiblement les propriétaires du camping.
Le temps d'un dernier tour aux sanitaires pour se laver les dents la pluie cesse et on profite même de sympathiques rayons de soleil aux propriétés calorifiques appréciables. Le vent lui continue de jouer avec le tandem. Il a réussi à le mettre par terre cette nuit en l'avançant de 60/70 cm au passage, on a du mal à comprendre comment. La remorque, à plat sous l'abside de la tente et accrochée par un antivol a également suivi ! Impressionnant. Mais comme ça ne suffit visiblement pas, les éléments du ciel soufflent sur notre tank préféré pour le remettre une nouvelle fois au sol. Il n'est pas KO mais par contre le bâton de rando lui ne s'en remettra pas. La poignée déjà en sale état fait désormais un angle de 45° et le tube (pourtant le plus gros) est complètement plié.
Les premiers kilomètres sont rudes car le relief laissé de côté hier n'a pas évolué au cours de la nuit. C'est très vallonné mais cette côte "spéciale" comme l'avait décrit Thomas est réellement impressionnante. C'est très rocailleux, avec beaucoup de falaises très abruptes mais en même temps les rochers sont très vieux et on subi l'érosion. Ce sont donc des douces falaises, bref assez indescriptible, j'espère que quelques photos transcriront mieux cette notion que mes mots.
La météo du jour indique un vent de sud ouest, ce qui n'est pas pour nous déplaire vu notre direction plein nord. En réalité ça serait plutôt "vent de sud avec des rafales venant de l'ouest". Toute la journée nous serons crispés sur le vélo, roulant régulièrement au milieu de la route pour encaisser les bourrasques qui cherchent en permanence à déstabiliser notre embarcation. Pour ajouter au bonheur, la E6, route principale vers Oslo est en travaux et notre petite route peinarde se transforme en autoroute. Pas de piste cyclable, pas même de surlargeur nous permettant de rouler tranquille, non, nous sommes mêlés à ce trafic dense et ininterrompu. Nous profitons donc de l'immense plaisir de la situation suivante : Vent dans le dos, bourrasques venant de gauche, on compense avec la position du corps sur le vélo et le guidon, soudain oh un camion qui double... forcément assez près puisqu'il y a des voitures en face. Au moment précis où il arrive à notre hauteur il coupe la bourrasque et notre "contre-braquage" devient inutile... le vélo se rapproche donc dangereusement du camion qui de son côté cherche justement à se rabattre pour ne pas se prendre la voiture en face. On fait un écart vers la droite, puis l'arrière du camion nous dépasse et laisse de nouveau la place libre à la bourrasque... on est déjà à fond en train de se diriger sur le bas-côté mais le vent nous y aide encore plus...
Ah ces moments magiques... quand je disais qu'on avait plus de chances de mourir sur la route qu'éventrés par un fou au milieu de la forêt...
Bon rassurons les mamans inquiètes : raconté comme ça on a l'air de frôler la mort à chaque instant, dans les faits on fait quand même très attention, le mains rivées sur les freins et les épaules crispées et verrouillées. C'est surtout le physique qui trinque, les fesses aussi vu comment on se trémousse sur le vélo.
N'empêche que le vent dans le dos nous donne des ailes puisque aujourd'hui la moyenne atteindra les 19 km/h. Etant donné le relief c'est assez impressionnant, même pour nous qui avons l'habitude. L'adrénaline nous a peut-être aidée... et la météo est restée clémente toute la journée... enfin disons qu'il n'a pas plu quoi :-)
Allez, ce soir c'est notre dernière nuit en Suède. Nous y retournerons dans pas très longtemps pour rejoindre Stockholm, mais dans l'immédiat, cap sur Oslo. En checkant nos emails nous trouvons avec grand plaisir deux nouveaux "défis sponsorisés", il va falloir qu'on trouve du renne et de la morue séchée ce qui nous permettra d'améliorer les pique-niques et par ailleurs photographier des ruches... tout un programme. Merci Catherine, Claude, Brigitte et un second Claude, on va faire de notre mieux pour relever les défis.

67è jour : Hogdal - Skiptvet

25 mai 2011

63,2 km, 3290 km au total

Sous un vent à peine plus faible qu'hier nous passons ce matin la frontière entre la Suède et la Norvège. C'est un grand pont qui enjambe une sympathique rivière et qui amène par contre ses rafales de vent bien comme il faut. Nous saluons 2 douaniers pas vraiment motivés et profitons du paysage. On en prend plein les yeux. Et au passage heureusement que nous avons des lunettes parce que le vent sinon ça assèche la cornée, et nous on en a besoin pour profiter pleinement des étendues devant nous. Petite aparté sur les lunettes d'ailleurs. Après un peu plus de 2 mois d'usage, globalement ce qui a le plus servi c'est bien sûr les lunettes de soleil. Pour l'instant je n'ai pas une totale maitrise du changement de verres pour passer des verres incolores aux verres teintés et ça demande un peu de pratique. Globalement je suis quand même très satisfait du système, notamment parce que niveau look, ça passe très bien, même à la terrasse d'un café en ville, ce qui est plus étrange avec les verres photosensibles jaunâtres même si ces derniers sont je pense plus pratiques à l'usage. Choix cornélien il faut l'avouer. Allez si je trouve le changement trop pénible à l'usage je pourrais toujours trouver des verres photosensibles chez Oakley et les monter sur ma monture pour tenter l'expérience, c'est aussi l'avantage du système interchangeable.
Retournons donc à la Norvège, notre première ville Sarpsborg est plutôt sympa même si notre petit banc peinard à côté d'un kiosque dans un parc pour déjeuner se retrouve finalement au milieu d'une classe venue faire un espèce de jeu de piste. Ca aurait pu être sympa mais le truc est tellement mal organisé que finalement les 2/3 des élèves glandent en attendant que leur camarade revienne et c'est un peu oppressant de se sentir zieutés puis de voir les échanges à voix basses dont on est probablement le sujet. On a envie qu'ils se cassent mais tout ce qu'on voit c'est cette masse de jeunes qui crachent partout (surtout les filles, étranges) et la nana qui laisse "négligemment" tomber sa bouteille d'eau et qui la laissera par terre... c'est donc comme ça qu'on produit des déchets qui trainent partout.
Ils finissent par se barrer et Hélène prend possession de l'endroit en changeant de banc pour être au soleil. Tiens ça fait bizarre d'être éloignés de plus de 20 mètres pendant plus de 5 minutes. Elle est de l'autre côté du kiosque, je ne la vois pas, étrange.
Nouvelle aparté sur ce truc que beaucoup de personnes nous ont demandé, avant et pendant le voyage : "mais vous n'avez pas peur d'en avoir marre l'un de l'autre en étant toujours ensemble ?". La réponse courtes c'est "jusqu'à présent non". Après si on rentre plus dans les détails on constate qu'en fait malgré la proximité physique évidente, nous ne sommes pas si "ensemble" en permanence. Prenons une journée type. Le matin je suis du genre levé et pétant la forme 2 minutes avant que le réveil sonne, Hélène c'est plutôt "doucement au démarrage, une demi heure après le réveil". Bilan : chacun est un peu de son côté, en tout cas mentalement. Le petit-déjeuner est l'occasion de papoter mais c'est assez court car j'ai tendance à avoir commencé avant Hélène (appétit d'ogre versus appétit d'oiseau. Ensuite nous plions nos affaires, on a tendance à l'usage à optimiser un peu cette phase, du coup chacun fait des trucs de son côté, concentré sur sa tâche. Puis nous roulons, chacun perdus dans nos pensées. Le midi est une pause privilégiée mais elle s'enchaîne généralement par une sieste/lecture où chacun retrouve son monde (et Hélène ses romans d'amour). On roule une partie de l'après-midi puis montage de la tente, la encore optimisation oblige c'est souvent chacun de son côté. La soirée est plus "tous les deux ensemble", notamment le diner. Mais vous voyez que dans l'ensemble on n'est pas à se taper sur les nerfs en permanence. On s'étonne même à se prendre dans les bras et constater que "ah tiens ça manque" ou "ça faisait longtemps". Un peu un comble étant donné notre proximité 24h/24.
Ah oui la Norvège... alors cet après-midi c'est juste magique. C'est exactement comme je m'imaginait... la Suède ! Disons qu'en remontant le long de la route 114 on rentre vraiment dans des zones sauvages. La météo est exceptionnelle et nous retirons pour la première fois depuis plusieurs semaines les vestes de pluie (qui servent de coupe-vent hein, pas juste quand il pleut) et les jambières. La température est douce (pourtant ils annonçaient 4° ce matin à Oslo) le soleil nous réchauffe... de même que les montées. La route zigzague dans la forêt, monte et descend au rythme du paysage. Nous approchons des étendues d'eau (Mingevannet) difficile de dire si c'est un bras de mer ou un lac... le concept de Fjord commence à prendre forme dans nos esprits. Les vues sont magnifiques, les forêts aussi même si point en moi une frustration importante : le nord de l'Europe à l'approche de l'été c'est le cauchemar des photographes : lever du soleil 4h23, coucher 22h03. Va faire des photos du soleil qui se lève toi ! Pour le coucher ça serait un peu plus gérable, mais on a tendance à être dans le duvet voir à dormir à cette heure là. Bref, difficile de faire des photos avec les lumières magiques qui magnifieraient le paysage. On se contentera de ce qu'on voit et c'est déjà exceptionnel.