183è jour : Karavukovo - Rumenka

12 octobre 2011

55,1 km, 7831 km au total

Dans la tente ce matin les cerveaux sont en ébullition : certes on perd un quart d'heure en plans sur la comète mais on va gagner notre journée. La route le long du Danube n'arrête pas de faire des zigzags dans tous les sens et ça n'est pas pour éviter un relief quelconque mais juste pour rester au plus près du fleuve. Comme on aime bien varier les plaisirs on se dit qu'on peut couper en diagonale et gagner pas mal de kilomètres. Direction Backa Palanka. Finalement Après 5 kilomètres on se rend compte qu'on peut même directement obliquer vers Novi Sad. La météo est superbe et c'est donc l'occasion de tracer pas mal. On finira la journée un peu au dessus des 20 km/h, pas mal !
On fait les courses dans une micro supérette, c'est bien simple il n'y a quasiment rien qui s'adapte à nos besoins. On repart donc avec des yaourts, une soupe en sachet et un genre de vache qui rit pour mettre avec un reste de pâtes qu'on a déjà et nos sandwichs seront avec une mousse de foie de... viande (le Serbe n'est pas notre fort, ils ont des lettres bizarres).
Notre premier contact avec la Serbie nous amène des informations variées :
- le concept de poubelle est visiblement très nouveau pour eux vu la tronche des bords de routes : c'est jonché de détritus, pire qu'en Pologne (c'est dire). Des bouteilles en plastique en majorité, c'est juste immonde. L'écologie ça sera pour dans un demi siècle peut-être. Il y a surement un marché à anticiper de ce côté là... avis aux businessmen/women.
- les camions se sentent le besoin impérieux de klaxonner quand ils vont doubler un vélo... ça peut (semble) partir d'un bon sentiment genre "attention à toi petit vélo fragile" mais soyons une seconde intelligents : pour ne pas entendre un camion à 50 mètres il faut être vraiment sourd... donc on a un peu de mal à comprendre le concept... par contre on a constaté que globalement les automobilistes ont le klaxon facile... un peu trop. Un peu comme ces canidés que j'ai envie de trucider qui ont l'aboiement beaucoup trop facile. Cette nuit entre 3 et 4h du matin un espèce de roquet à la con s'est mis en tête d'aboyer jusqu'à mourir d'épuisement... c'était un peu avant que les coqs ne prennent la relève... ah les nuits dans la campagne, le charme...
- les gens sont charmants. Pour l'instant ceux qu'on a rencontrés ne parlent pas un mot d'anglais mais ils sont venus vers nous pour nous aider à trouver notre chemin qu'on ne cherchait pas le moindre du monde. C'est plutôt sympa.
- le wifi est frustrant : l'impression que ça me donne c'est que les petits villages ont été entièrement wificisés par un opérateur quelconque et que les habitants s'y connectent pour accéder à internet plutôt que d'avoir leur propre box ou modem ADSL. Par contre je ne sais pas comment se fait l'identification (peut-être qu'en s'abonnant ils doivent indiquer l'adresse MAC de leur ordinateur, désolé pour les non techniciens c'est un peu pointu) car bien que tous les réseaux soient ouverts il est impossible de s'y connecter. Le wardriving est donc pénible : oh un point d'accès... attend je m'arrête et je teste... 30 secondes... ah non ça ne marche pas, désolé on peut repartir.
En milieu d'après-midi on trouve un réseau qui fonctionne et on envoie une nouvelle demande à un couchsurfeur de Belgrade. Va t'on pouvoir aller partager un moment avec quelqu'un qui habite la Serbie ET parle anglais ou est-on condamnés à faire les touristes pur souche ?

Le déjeuner est l'occasion d'un petit point, 7 jours que nous avons quitté Budapest... notre dernière douche... en l'absence de camping et de couchshower on envisage un hôtel, on a un guide de Serbie, on trouve quelques infos sur Novi Sad mais les tarifs, malgré leur côté "faible" pour un français sont un peu en dehors de note budget voyage. On est déjà au dessus de ce qu'on avait prévu et c'est grâce aux généreux dons qu'on a eu qu'on peut se permettre nos petits luxes mais comme Belgrade se profile toujours mal côté hébergement "gratuit" on préfère garder un peu de marge pour la capitale que pour Novi Sad.

Ce soir on bivouaque donc de bonne heure, juste avant la périphérie de NS et on en profite pour étrenner le concept du shampoing en bivouac. On fait chauffer un peu d'eau, on la met dans un bidon et c'est parti pour le "jte lave les cheveux tu me laveras les miens après". Autant la "douche" en bivouac on a un peu d'expérience même si jusqu'à présent on faisait ça juste avec de l'eau à température ambiante, du savon et accroupis dans l'abside de la tente, autant le shampoing c'est une première. Bilan : ça prend un peu de temps, il faut compter environ 1 litre d'eau par tête en faisant gaffe (oui un litre) mais après c'est une sensation bien agréable...

Malgré la journée courte en kilomètres, on est bien contents de se poser un peu... et d'avoir en quelque sorte fait 90 km aujourd'hui... car c'est ce qu'il nous aurait fallu pédaler si on avait suivi l'itinéraire officiel... ça fait une belle journée, du coup je vais de ce pas me reposer... ah en fait je suis déjà dans le duvet, il me suffit d'éteindre l'ordi, de le ranger sans son petit sac étanche, de prendre l'iphone à côté, de m'allonger, d'éteindre la lampe frontale (il est 18h56) et de bouquiner jusqu'à ce que Morphée prenne la relève...

184è jour : Rumenka - Titel

13 octobre 2011

65,2 km, 7896 km au total

En ce moment on dépend beaucoup de la météo : froid, pluie, soleil, chaleur... on est vraiment à une période clé de l'année par rapport au lieu où on se trouve et selon les conditions climatiques notre journée varie du tout au tout. Ce matin on le sait il va continuer à pleuvoir un peu, comme ça a déjà été le cas une bonne partie de la nuit. On espère plier presque sec car le vent a séché nos affaires lors d'une petite accalmie mais c'est peine perdue, alors que j'ai du mal à trainer Hélène hors du duvet la pluie reprend. Notre journée est mal barrée.
On plie néanmoins et finalement on a une petite fenêtre qui nous permet de partir avec les affaires bien trempées mais sans trop nous mouiller de notre côté.
On rejoint Novi Sad. Premier arrêt : une station service. Plein en eau, toilettes et wifi. Vlan, encore un refus de Couchsurfing. Je refais cette fois 2 tentatives en parallèle, on verra bien.
On se dirige vers ce que Google Maps indique comme un shopping center, parfait pour faire nos courses et trouver une carte d'anniversaire... la pluie redouble, les chaussettes étanches sont bien utiles et je sens bien le flic floc de la couche extérieure imbibée copieusement. Le centre est plutôt un truc d'exposition entouré de magasins de meubles miteux et ne nous arrange pas du tout. Bon il faut dire que depuis 2 jours on navigue totalement à vue. Ok c'est cool de couper à travers champs, mais nous avons les guides "officiels" de la route à vélo le long du Danube (Eurovelo 6) et il n'y a jamais beaucoup de marge de carte autour du trajet prévu. Du coup dès qu'on s'éloigne de 5 km on sort de la carte... et comme nous n'avons pas de carte de Serbie, ben on se débrouille comme on peut. Le GPS de rando n'a pas non plus de cartographie car ça n'est plus l'Europe et seul l'iphone avec des cartes de Google Maps téléchargées nous indique on on est et où on va (vive l'application GPS kit, la seule à contourner les conditions d'utilisation de Google et qui permet de les télécharger pour une consultation offline).
Après une nouvelle demi-heure de perdue on reprend le vélo pour rentrer un peu plus dans le centre de Novi Sad. C'est une ville très étrange, ça nous donne l'impression d'être dans une grosse ville... du Vietnam ou de Chine. C'est un bazar sans nom, avec des petites boutiques qui ont l'air de ne pas avoir bougé depuis 50 ans, à côté bien sûr de celles de téléphones portables. Plein de monde dans tous les sens, ça traine, ça discute. Niveau circulation c'est un peu pareil, il y en a dans tous les sens, on se sent un peu perdus. Le centre n'est pas non plus du genre logique avec quelques petites rues concentriques, bref on ne se sent pas super à l'aise, on trouve rien pour acheter à manger, il pleut... la totale.
On aboutit dans une micro supérette un peu plus grande qu'hier quand même où on trouve à peu près de quoi ravitailler mais ça n'est pas folichon et plutôt cher. Du coup quand on repart il est normalement l'heure de déjeuner, on a 15 km au compteur et si on veut être à Belgrade demain soir (sait-on jamais, si on avait un hébergement) il faut qu'on roule un minimum aujourd'hui.
On repart donc plein pot, pour sortir de ce bourbier et trouver un endroit où monter notre tente pour manger à l'abri... à moins qu'un bel abri-bus ne vienne se présenter à nous.
Pour l'abri-bus on repassera, ici c'est du basique, un peu dans l'esprit des passages à niveau : un stop et regarde s'il y a un train plutôt qu'une barrière automatisée. Jusqu'ici la Serbie ne nous laisse pas vraiment de super image, hormis les gens qui continuent à nous regarder, nous saluer, nous "Dobra Dan"ner, parler avec nous même si on ne comprend pas un mot...
Pique nique au pseudo chaud, et quelques micro éclaircies nous laissent entrevoir la fin du cauchemar. On repart donc sans tout l'attirail du parfait cycliste sous la pluie, ce qui est très appréciable. Chaque couche enlevée est un espèce de soulagement. Nous n'atteindrons pas la satisfaction ultime (cuissard, t-shirt, chaussettes) vu la température et les nuages très très oppressants mais c'est déjà mieux que la tenue intégrale de cosmonaute !
L'après-midi est donc consacrée à rouler pas mal. On a toujours le vent dans le dos et ça aussi c'est bien appréciable. On roule régulièrement au dessus de 25 km/h, c'est plat et la route est plutôt sympa. On voit au loin au sud (de l'autre côté du Danube, la raison pour laquelle on passe au nord d'ailleurs) les montagnes, et notre route s'approche de montagnes également au nord, juste avant d'obliquer pour les longer, au ras mais sans jamais prendre d'altitude. Cool.
En fin d'après-midi, un hotspot wifi miracle dans un bled nous apprend qu'un de nos 2 plans hébergement à Belgrade ne va pas pouvoir se faire mais on a un oui pour Silistra, bien plus loin (en Bulgarie si mes souvenirs sont bons) afin de se faire expédier ce fichu chargeur d'ordi portable pour renvoyer le pack de batterie en SAV aux USA...
On se pose le long d'une chouette rivière alors que le soleil entame déjà son rituel du coucher. Nous finissons donc de diner à la lampe frontale et je profite de jolies couleurs pour tenter quelques photos. Il n'y a pas à dire, les levers et couchers de soleil ça fait des photos sympa. OK il faut qu'on s'attendre à ce qu'il caille cette nuit : ils annoncent 5°C et la proximité de l'eau ne va rien arranger, le petit vent glacial non plus. on sort les doudounes pour aller se laver les dents, ça ne laisse rien présager de bon pour la nuit :-) Vite au chaud dans les plumes. De toute façon l'ordi portable m'indique que la batterie est vraiment sur la fin et j'en ai encore un peu besoin pour charger celle de l'iphone qui est aussi au plus bas. Quoi qu'il se passe demain soir il faut qu'on se trouve un endroit avec prise électrique... alors couchsurfing ou hôtel, that's the question !

185è jour : Titel - Belgrade

14 octobre 2011

55,9 km, 7952 km au total

Ce matin il fait super froid. 5°C dans la tente mais une fois de plus c'est le vent glacial et l'humidité de la rivière qui font le reste. On décolle sans souci car le soleil nous incite à partir rapidement et à profiter de ses rayons. On écrase les pédales, on s'arrête assez peu (ah si, pour faire pipi, mais 1er arrêt, au moment où on met le pied par terre une voiture s'arrête aussi et le conducteur sort rapidement et nous pique le hotspot pipi sous le nez. On repart, arrêt suivant Hélène revient en courant au bout de quelques secondes, c'est blindé de chiens errants... eh oui on croyait que ça attendrait la Roumanie, mais la Serbie est aussi le pays des sales clebs. Le 3e est le bon, ouf).
Donc bref, on arrive à Belgrade par le nord un peu avant midi. La route devient une gentille 2x2 de ville, rien de particulier jusqu'au moment où un panneau précise interdit aux vélos. Il y a une pseudo voie parallèle blindée de piétons qui marchent sans aucune logique, ça sera donc notre piste, à zigzaguer entre les gens c'est plus dangereux que sur la route mais bon, si ils veulent...
Finalement l'espèce de piste s'arrête en n'importe quoi et revient sur la route... bon ben on la prend.
Quelques centaines de mètres plus loin une bretelle qui fait penser à "bienvenue sur l'autoroute" mais non, ça va... on va pouvoir prendre LE pont qui permet de rejoindre l'autre rive et le centre de la capitale. Au moment d'aborder le pont, un panneau à mourir de rire, écrit aussi en anglais et qui dit : piétons et vélo merci de prendre le trottoir. Alors on est plutôt contents parce que ça veut dire que les vélos sont tolérés... là où c'est moins rigolo c'est qu'il n'y a pour monter sur le trottoir qu'une bordure de 20 bons centimètres... infranchissable pour nous sauf à descendre du vélo (on est sur une 2x2 je rappelle). Et avec les voitures qui roulent à 100 km/h on n'a pas vraiment envie de s'arrêter !
On fait donc nos derniers kilomètres sur cette route, en speedant comme des dératés. On se retrouve donc dans le centre vers midi. Pas mal. Lorsqu'on s'arrête pour chercher des rues ou du wifi les gens s'arrêtent, nous regardent, viennent discuter, nous prennent en photo... Autant l'entrée dans la ville est stressante et glauque (immeubles décrépis), autant les gens continuent à être charmants. On trouve du wifi qui nous indique que notre couchsurfeuse n'a toujours pas répondu... il va donc falloir partir en quête d'un hébergement vide et payant. Mais d'abord il nous faut un plan pour savoir dans quel coin se situe tel hôtel ou appartement.
Hélène ressort de l'office du tourisme pendant que j'ai trouvé une petite location d'appartement sur le net. C'est moins cher qu'un hôtel et il y a une machine à laver. C'est bien situé, et je vais vous raconter la suite mais vous pouvez noter : "KALEMEGDAN APT Belgrade" dans Google et vous devriez tomber sur http://www.only-apartments.fr/fr/belgrade/kalemegdanapt_11895 30 euros la nuit plus quelques frais (une dizaine d'euros pour nous) pour le site qui fait l'intermédiaire.
On commence à réserver en ligne avant de constater que comme c'est au dernier moment il faut appeler la société au téléphone, gloups. On réfléchit... et c'est notre téléphone qui sonne : ce sont eux qui appellent. Une personne qui parle un français parfait. Super. On a donc rendez-vous dans quelques minutes à l'appartement. La proprio doit y passer pour faire le ménage.
Le temps qu'on reparte 2 français nous abordent. Alexandre bosse au consulat français et n'est pas là depuis très longtemps. Il nous propose de nous héberger... à 15 minutes près c'était bon, là c'est trop tard, dommage. On prévoit néanmoins de se retrouver dans la soirée autour d'un verre.
On rejoint donc l'appartement et la proprio arrive peu après. On est censés juste laisser nos bagages et repartir mais on est un peu embêtés car on pensait pouvoir pique-niquer dans l'appart. Elle est à la bourre dans le ménage (l'appart est censé être dispo à partir de 14h alors qu'il les est déjà). Mais elle est super sympa, elle nous papote en permanence, s'excuse du retard alors que nous on s'excuse d'être dans ses pattes... Elle nous sert un verre de "brandy" local pour nous faire patienter... à jeun c'est terrible... on lui demande si on peut juste se faire nos sandwiches dans le salon... non non elle nous débarasse la cuisine en quatrième vitesse et nous offre aussi sa super "salade" : un genre de purée de tomates/poivrons froide absolument fabuleuse. Elle nous donne plein d'infos, nous indique des endroits où manger local et pas cher, ... bref c'est pas couchsurfing mais on est quand même super contents de rencontrer quelqu'un de local... et avec un anglais absolument phénoménal alors que sa cinquantaine est derrière elle.
Une fois le ménage terminé et notre hôtesse partie, nous profitons de la douche... qui se termine malheureusement en eau glacée... les habitants du matin ont du vider le ballon :-( Hélène me fait chauffer de l'eau dans la bouilloire pour que je me rince autrement qu'avec l'eau du Danube :-)
Nous lançons une lessive et sortons découvrir la ville à pieds, avec à l'esprit le fait de trouver un magasin de rando pour qu'Hélène achète un collant bien épais car toujours pas de nouvelles de celui qu'elle a perdu et celui de substitut n'a pas les qualités protectrices du précédent. On arpente pas mal le centre sans tomber sur la boutique que la proprio nous avait indiqué. On en profite donc plus pour visiter que chercher la boutique. On pousse jusqu'au temple "Save" puis alors qu'on accroche u point d'accès wifi on trouve quelques suggestions de magasins de sport. Bien sûr c'est réparti un peu partout, et on se fait donc un trajet pour passer devant les 2 principales... qu'on ne trouvera jamais.
On retourne vers l'appart pour diner et en rentrant, par hasard on passe devant l'un des petits restos évoqués par la proprio. On regarde la carte, ça nous branche bien. On dine donc de feuilles de choux farcies (riz/viande) et de porc au paprika (un peu à la hongroise il faut avouer) même si des poivrons et des piments on peut vous assurer qu'il en pousse des tonnes en Serbie, on en a vu le long des routes !
On retourne à l'appart qui n'est qu'à quelques pas pour étendre notre linge et se poser un peu avant de ressortir. Alexandre nous appelle pour nous donner une adresse... gloups ça n'est pas tout près, c'est chez un de ses amis... on va voir où ça nous mène... pour une fois que j'écris avant 1h du matin, on vous racontera la suite demain...

EDIT : nous avons donc retrouvé Alexandre chez Jérôme, en compagnie de Rosemarie et Amandine. Les 4 sont français et sont Volontaires Internationaux (VI) fraichement arrivés en Serbie. Ils travaillent soit sur l'aspect Embrassade, soit sur l'enseignement du français. Nous passons une très agréable soirée à discuter de la Serbie, de la France (cocorico ça fait du bien), de notre voyage, de leur péripéties... On les abandonne vers 2h du matin alors qu'ils sortent poursuivre la nuit quelque part dans un bar ou une boîte. On a un programme chargé pour demain (enfin aujourd'hui) donc on va essayer de grappiller quelques heures de sommeil avant...

186è jour : Belgrade (jour off)

15 octobre 2011

12,3 km, 7964 km au total

Réveil tranquille et on commence pendant le petit déjeuner à s'occuper de l'après-Belgrade : on contacte un certain nombre de personnes sur notre trajet pour essayer d'avoir des points de chute. Ca n'est pas facile car on ne sait pas toujours de quel côté du Danube on sera (Roumanie / Bulgarie par exemple) la plupart du temps, et il n'y a pas tant de ponts que ça. Il ne faut donc pas trop se planter.
On cherche également sur le net des magasins de sport et on en trouve un dans Novi Belgrade, la partie neuve de la ville, de l'autre côté de la rivière Save.
On décide donc du programme suivant : aller trouver le magasin, essayer de trouver aussi une boutique de vélo pour faire réparer les gaines de dérailleurs du tandem et ensuite faire des courses pour manger.
Après pas mal de péripéties on trouve la boutique de sport. C'est cool c'est exactement ce qu'on cherchait, un truc genre vieux campeur mais c'est tout petit et perdu au fin fond d'un immeuble moderne... le mec est super sympa, parle un anglais sans faille et nous prodigue de nombreux et bons conseils. Pour les amateurs, le magasin s'appelle Gora www.gora-i.com On repart donc avec un super caleçon high-tech et bien chaud pour Hélène, du gaz (ce matin je lisais que les serbes, roumains et bulgares n'étaient pas très camping donc pas forcément évident de trouver du gaz donc on fait nos provisions) et de la lessive pour les membranes du type gore-tex et eVent car ça fait quand même depuis l'Allemagne qu'on n'a pas lavé nos coupes-vents... pam pam pam.
Le vendeur nous donne l'adresse d'un bon vendeur de vélo et après avoir avalé quelques sandwiches préparés le matin à l'appart nous allons donc voir cette boutique (Planet Bike, toujours dans Novi Belgrade).
L'accueil est génial, car le temps qu'on gare notre tandem un commercial qui vend des produits à cette boutique vient discuter avec nous et nous introduit ensuite auprès des réparateurs, c'est cool de ne pas arriver comme des touristes :)
Le réparateur s'étonne de nous voir revenir encore aujourd'hui... car figurez-vous qu'hier on est déjà venus !!! Après enquêtes c'est également un couple de français qui voyagent en tandem. Un tour du monde par contre je crois. Hallucinant.
Notre réparateur est charmant, un serbe qui a bossé une dizaine d'années en Autriche avant d'avoir le mal du pays. Il ausculte avec bonheur notre tandem, et confirme notre diagnostic et suggestion : rallongeons donc ces gaines de dérailleurs pour qu'elles passent autour de la sacoche de guidon et qu'elles ne soient plus torturées. Comme toujours notre vélo est un peu spécial, tout ne fonctionne pas forcément comme on s'y attend, ça se termine à la perceuse pour sortir des petits bouts de métal coincés, un changement des 4 câbles des dérailleurs et plus d'une heure de boulot mais on papote, on l'aide même s'il répète souvent "j'ai la situation bien en mains".
On ressort délestés de 18 euros, ce qui est très raisonnable compte tenu du temps passé. Il faudra qu'on prévoie également les changements de chaînes un de ces 4 mais il n'en avait pas en stock... on retarde donc un peu la grosse dépense (100 euros de chaînes à Stockholm la dernière fois ça nous avait bien calmés).
On repart faire un tour avec le vélo non sans qu'il ait bien insisté sur le fait qu'il faut qu'on revienne si ça déconne, parce qu'il aime les choses bien faites.
Le temps a bien passé et le temps de faire nos obligations alimentaires et de rentrer la nuit tombe déjà. On s'attelle donc à nos quelques autres corvées : lessive, gestion des photos... on se fait aussi la vidéo des 8000 km car on les passera demain très probablement mais la prochaine prise électrique et connexion wifi de qualité n'est pas planifiée avant un certain temps :-(
Hélène prépare un bon petit plat pour accompagner le super dessert que la proprio nous a préparé et est venue nous porter en notre absence cet après-midi. Ca rassemble à un genre de tarte aux pommes croisée avec des baklavas, ça s'annonce terrible !
Après le diner nous nous octroyons une petite heure de skype avec ma famille et je dois le dire qu'on rigole bien puisque ma sœur et mon père, totalement novices en "hardware" d'ordi (en pièces détachées quoi) sont en train de changer une alim pendant que je donne de petits conseils de temps en temps. N'empêche que voir via webcam mon père avec les mains dans un pc éventré ça fait quelque chose... le monde évolue qu'on soit là ou pas... en tout cas bravo à tous les deux !

187è jour : Belgrade - Pancevo

16 octobre 2011

19,7 km, 7984 km au total

Nous avons une matinée chargée avec notamment au programme coupage de cheveux pour moi car il y a une super paire de ciseaux dans l'appart, autant en profiter... et en plus c'est au chaud. On a encore des emails, des sites, à gérer, des km à compter, des sacoches à boucler... tout un programme.
A 11h on est presque prêts, la propriétaire vient pour faire le ménage et récupérer les clés mais comme on n'est pas 100% prêts elle préfère aller se balader et revenir un peu plus tard. Du coup c'est l'inverse qui se produit, nous sommes prêts et nous l'attendons, l'occasion pour nous de nous poser, ce qu'on fait finalement assez peu durant le voyage ! C'est un peu paradoxal : en vacances et toujours en pleine activité. C'est un peu ce qu'on racontait à nos ambassadeurs français l'autre soir (une fois de plus) : ce voyage n'a absolument pas de difficulté physique. Pas d'entrainement nécessaire par exemple, mais par contre c'est un effort permanent au niveau mental : repartir chaque jour, tout replier pour tout ressortir... le midi (pour séchage)... puis recommencer le soir. Gérer en permanence et de manière récurrente les contacts, les demandes d'hébergement, répondre aux emails, calculer des kilomètres pour estimer où on sera quand, gérer l'alimentation... certes on n'a pas de facture EDF à payer (encore que ça se faisait tout seul en France) mais il y a forcément dans ce périple une partie logistique assez importante, et ce malgré le relatif dépouillement dans lequel nous vivons.
Bref notre proprio revient, on papote un peu, elle est fière de notre voyage, elle en parlé autour d'elle, on est même censés être interviewés par un ami à elle qui est journaliste, ... elle s'excuse aussi beaucoup de ne pas avoir fait plus de cuisine ou de manière aussi élaborée qu'elle l'aimerait... alors que c'est nous qui somme plutôt gênés de recevoir autant d'attention.
Le tandem rechargé à bloc (et l'iphone, les piles, l'ordi aussi) nous partons visiter le grand parc de l'ouest de la ville, avec une forteresse... il caille mais un banc au soleil nous permet de déguster notre pique-nique bien agréablement avec la vue sur la Save. On repart avec comme ambition de passer voir l'ancien parlement (je crois que c'est ça) qui a été conservé tel qu'il était après les bombardements par l'OTAN en 1999, genre de monument "souvenez-vous...", mais les sens interdits, uniques et sans issue nous déportent finalement assez loin tout en nous rapprochant de notre trajet de sortie de la ville... comme il faut qu'on roule un peu pour trouver à bivouaquer ce soir on abandonne finalement... on reviendra un jour...
La sortie de la capitale est comme l'entrée : catastrophique. La Serbie n'est pas un pays pour les vélo. OK la route officielle Eurovelo 6 passe par ici mais c'est plutôt parce que le Danube passe par là plutôt que par volonté de la Serbie de bien aménager l'endroit pour les vélos. On reprend donc notre super pont avec son trottoir pour les vélos mais imprenable pour cause de bordure de 20 cm. Après le pont on doit prendre la première sortie à droite, on le fait et on aperçoit un panneau Eurovelo derrière la glissière de sécurité... ah il aurait fallu être sur le fameux trottoir. Du coup on prend la bretelle, impossible d'en sortir et on fait quelques centaines de mètres en voyant notre piste s'éloigner et notre tandem se relancer dans un imbroglio de voies rapides. C'est un arrêt de bus qui nous permet de passer derrière la glissière et de revenir sur nos pas de l'autre côté. Tout ça pour atterrir sur une piste qui zigzag entre des maisons, emprunte des petits ponts de 30 cm de large sans rambarde, devient une piste de terre, puis d'herbe... bref vraiment pas la joie. On se traine à 12 km/h pendant qu'Hélène peste copieusement contre ses jambières qui glissent. C'est la dure loi du "fraichement lavé" : ça glisse. Il va falloir un peu de sueur et de crasse pour qu'elle retiennent un peu correctement. Il faudra peut-être qu'on réfléchisse à trouver des cuissards longs... ça sera peut-être plus pratique. Il y a d'ailleurs un truc qu'on n'a jamais trouvé et qui manque dans l'équipement cycliste : un cuissard long dont on pourrait détacher les jambes pour en faire un court. Mon pantalon de bivouac fait bermuda, c'est super pratique, il faudrait la même chose en cuissard. Comme ça en 1 seul élément on aurait quelque chose d'adapté à toutes les situations et aussi la facilité de lavage de la partie haute uniquement, car c'est un souci : un cuissard long c'est encore plus long à sécher qu'un court...
Finalement en fin d'après-midi on n'a pas avancé autant que prévu et nous allons attaquer une ville qui s'étale un peu en longueur... pas idéal pour trouver un lieu de bivouac. On oblique donc plein nord dans un petit chemin (tout aussi pourri qu'avant) et on plante la tente un peu plus loin. Quelques personnes passent dont une dame qui balade des chèvres et qui me dit des trucs qui doivent m'effrayer je crois car elle ne parle pas un mot d'anglais. Donc d'après elle il doit y avoir des animaux pas cool dans le coin... des chiens errants ? des loups ? on ne saura pas avant d'avoir passé la nuit... on décide donc de rester et de voir ce qui va se passer. Espérons juste qu'elle ne mimait pas le bruit du méchant voleur de tandem... tiens ça me fait penser qu'on a eu des nouvelles par email de nos 2 coréens rencontrés à Vienne : l'un d'eux s'est fait piquer son vélo à Budapest :( pas cool.
Bon je vais ranger l'ordi car je commence à me geler les doigts. Le soleil s'est couché derrière les arbres et la température commence à tomber en flèche. On attend 0°C cette nuit, on se prépare !

188è jour : Pancevo - Gaj

17 octobre 2011

55,3 km, 8039 km au total

La nuit a été correcte, j'ai eu plutôt chaud au début, dormir avec la polaire n'était pas nécessaire... sauf sur le début de matinée où c'est vraiment à ce moment là que finalement la température descend au plus bas. Ca n'est pas vers 2/3 heures du matin qu'il fait le plus froid mais juste avant le lever du soleil, c'est à dire quand il n'a pas brillé depuis le plus longtemps possible. A ce moment là la polaire dans le duvet était bien agréable. Avec bonnet et capuche du sac de couchage il ne reste que le visage qui est exposé à l'air. Hélène a dormi avec sa cagoule (balaclava, à ne pas confondre avec les pâtisseries :). On met aussi les loups qui protègent une partie du visage supplémentaire. Ce soir j'essaierai avec bonnet + loup + tour de cou remonté sur le nez histoire de ne rien laisser à l'air...
Enfin bref au réveil il fait environ 1°C dans la tente et -1°C dehors. On dirait un beau jour de janvier, tout est givré, la tente, les herbes, c'est crispy quand on marche, et pour la première fois depuis le début du voyage dans un bidon rempli à moitié et resté à l'extérieur l'eau est gelée !
Comme le soleil brille ça ne nous empêche pas de nous préparer avec le sourire. Ah mettre les fringues de la journée c'est pas un moment facile, le moment où les morceaux de peau sont exposés sont très furtifs !
On époussette la tente et le tarp, le givre s'en va plus facilement que l'eau... mais il en reste quand même suffisamment pour qu'on ait besoin de faire tout sécher à midi. On fait ça sur le bord d'un champ et on déjeune sous la tente car le vent (plutôt contraire à notre progression aujourd'hui) est vraiment glacé.
Tiens j'y pense : pas de vilaines bestioles cette nuit :-) sauf dans un de mes rêves où un chien errant est venu nous attaquer et qu'il refusait de partir malgré les coups de pieds que je lui balançait au travers de la tente. Un peu plus tard, perdu dans mon sommeil j'ai réussi à comprendre que c'était bien un rêve car Hélène m'avait dit "laisse le, là il s'est couché devant la tente, il ne nous dérangera pas"... C'était plutôt mon subconscient qui parlait, Hélène n'aurait jamais dit ça et ne se serait jamais rendormie avec ce genre de danger à proximité :-)
L'après-midi est dans la lignée de la matinée : vent contraire, route potable (on choisit les routes plutôt que les pistes en terre le long du Danube). On évite aussi les pistes cyclables qui bordent les routes tellement elles sont ridicules : bordure à sauter tous les 50 mètres, revêtement pourri, végétation non taillée, voitures garées dessus... de nouveau ça confirme l'aversion qu'à la Serbie pour les cyclistes, dommage.
On n'en peut plus non plus des déchets. C'est désormais officiel : c'est bien pire qu'en Pologne. Ici c'est simple, c'est une bouteille en plastique tous les mètres sur le bas-côté et surtout bien d'autres choses que des bouteilles, il y a des trucs qui n'ont pas pu arriver là juste parce qu'un mec flemmard à jeté la bouteille par la fenêtre de sa voiture en roulant. Il y a des bidons en plastiques, des sacs poubelles entiers, des cuvette de WC, des pneus... c'est immonde ! Le tout entretient et est entretenu par les chiens : ils se nourrissent du contenu des sacs poubelles et les éventrent pour bien répartir le merdier partout. Dégeu !
Au bout d'une grosse cinquantaine de kilomètres, le vent de face a raison de nous. Nous avions projeté une étape plus longue mais le pliage de ce matin a été lent et la progression contre les éléments dans le même genre.
On profite donc d'un changement de paysage : les champs ont été remplacés par une espèce de steppe lunaire qui offre des douces collines pour se planquer derrière. Il fait toujours très froid, on essaye de choisir l'emplacement idéal pour la tente afin de profiter au maximum des rayons du soleil du soir et de ceux de demain matin. Le programme s'annonce identique : 0°C cette nuit.

189è jour : Gaj - Pozezena

18 octobre 2011

50,3 km, 8090 km au total

Bon 0°C en fait c'était vers 20h quand on s'est couchés, ce qui ne laissait rien présager de bon pour la nuit. En effet au réveil à 6h il fait -3°C dans la tente et -6°C dehors. Hélène a assez mal dormi à cause du froid. Il est plus que nécessaire de fermer toutes les écoutilles du duvet à fond. Officiellement, d'après le poids et la qualité des plumes, nos sacs sont prévus pour nous permettre de dormir correctement jusqu'à -4°C avec des vêtements. Il ne faut donc pas qu'on aille beaucoup plus bas car on commence à avoir épuisé toutes les couches chaudes qu'on pouvait mettre sur nous pour dormir.
Dehors c'est aussi magique qu'hier, on croirait noël, en raclant le givre sur la tente on pourrait presque faire des boules de neige. L'eau du bidon resté à l'intérieur est essentiellement liquide malgré quelques glaçons mais ceux qui sont restés dehors sont plus que givrés.
Ce matin c'est donc quasiment 3h qu'il nous faudra pour reprendre la route sous le super soleil qui peine pourtant à nous réchauffer.
Après quelques kilomètres de route nous prenons une piste "à la serbe", bien pourrie ce qui ne va pas arranger nos affaires... hier soir nous avons constaté un gros problème sur notre remorque : il y a 2 tiges (ça doit être de la fibre de verre) qui maintiennent la structure extérieure toile/plastique bien tendue et éloignée de la roue. Ainsi même avec les gros sacs rien ne touche. Bon ben ces 2 tiges ont fini par percer leur logement, exactement comme des baleines de soutien-gorge. A première vue ça s'annonce quasi irréparable. Les tiges menacent de toucher la roue arrière du tandem. Pour l'instant ça semble encore utilisable, les sacs ne touchent pas la roue de la remorque mais s'en approchent très dangereusement... et sur les chemin caillouteux on a peur que ça touche, déchire la structure en toile, perce les sacs, abime les pneus... Là on est très mal. En plus une remorque - si on doit en changer - ça ne se trouve pas n'importe où, ça coute cher, ça n'arrangera pas nos problèmes de recharge (étant donné que c'est la roue de la remorque actuelle qui fait dynamo)... on a donc bien la haine.
On ouvre donc dès maintenant un appel à contribution : aidez-nous à remplacer notre remorque...
Bon hormis ces tracas, à la fin du chemin il y avait... un bac pour changer de côté du Danube. Pas super clairement expliqué mais en discutant avec d'autres personnes qui attendaient on a compris qu'on payait à bord et qu'il y en avait un à 11h (cool il est 10h45)... et le suivant était à 14h. Bon timing.
Là encore la gestion du truc est à la serbe, c'est pas nous qui avons inventé l'expression mais ce sont les français rencontrés à Belgrade qui nous expliquaient qu'ici tout était fait à l'arrache. C'est fait (c'est déjà pas mal) mais au dernier moment, n'importe comment...
Donc là c'est à 11h15 que tranquillement 2 personnes sortent du café à côté et viennent démarrer le bateau qui pousse la barge qui sert de bac. La traversée est sympa mais pas vraiment réchauffante :) En tout cas le paysage est superbe, c'est montagneux des 2 côtés et on prend un peu peur de ce qui nous attend par la suite.
La suite c'est une montée pas trop violente ni trop longue qu'on interrompt d'ailleurs pour discuter avec un agriculteur qui débite un tronc d'arbre à la tronçonneuse devant chez lui. En passant devant lui et en faisant bonjour on entend un peu après "ah vous êtes français". On fait demi tour et on va discuter. Dimitrijevic a 62 ans, il a vécu 4 ans en France, 1 an (je crois) en Autriche mais a fini par revenir sur ses terres d'origine. Il nous dit de nous asseoir sur le banc devant sa maison et revient avec des verres et... ouf... du jus de pomme (non fermenté). Il nous raconte en détail, dans un français combiné à de l'allemand et du sere, ses boulots dans la région parisienne, puis ses allers retours entre l'Autriche et la Serbie avec son camion perso ou visiblement il rapportait d'Autriche ce qui était introuvable ici pour sa famille, ses amis, et toutes les autres personnes prêtes à le payer pour ça. Sympa le trafic :)
On papote un bon moment, on sent qu'il n'a pas envie de retourner bosser et qu'on lui fournit un prétexte pour se poser pendant que d'autres personnes (famille ? ouvriers ?) s'affairent pas loin.
Tous les gens qui passent, que ce soit à pied ou en voiture le saluent, c'est un petit patelin, tout le monde le connait. Au moment re repartir on lui donne notre petite carte/photo et il repart dans sa maison et revient avec un cadeau : un briquet. Oh pas n'importe quel briquet, il doit faire 12 ou 15 centimètres de haut, a une petite lampe à led à l'autre extrémité, on rigole bien et lui aussi ça l'amuse. A côté du mini-bic qu'on utilise en général c'est... très différent. En tout cas on pensera à lui en l'utilisant. La joie des rencontres.
Avec tout ça il est midi et demie, on n'a pas fait 25 km ni déjeuné. On s'éloigne donc un peu et pique-nique dans un champ. On ne traine pas et au moment où on va d'ailleurs partir un tracteur équipé de l'énorme fourche "coupe-maïs" débarque et passe juste là où on était quelques secondes avant. Timing parfait. On le regarde faire son œuvre, c'est impressionnant.
Il nous faut également faire des courses (encore et toujours) et on n'a pas beaucoup de choix car les villes sont éloignées, entre les 2, uniquement des petits villages avec pas vraiment de quoi ravitailler.
Le supermarché qu'on trouve à Veliko Gradiste est un peu étrange, le manager vient nous voir pour nous faire comprendre (pas un mot d'anglais malgré son jeune âge) qu'on doit utiliser soit un charriot soit un panier en plastique mais que notre sacoche de vélo n'est pas réglementaire pour faire les courses. On fait genre on comprend pas et on s'en fout, il laisse tomber... mais revient quelques minutes plus tard avec un caddie. Boulet ! On galère un peu à trouver ce qu'on veut et à la caisse, une seule ouverte personne dans la queue, quand on commence à poser les articles sur le tapis la nana nous lance une tirade (pas un mot d'anglais non plus). Elle n'a pas l'air de vouloir s'occuper de nous... super... finalement elle met sa caisse en marche et passe les articles. On ne comprend rien, on ne saura jamais, peut-être qu'ils ne veulent pas vendre dans ce "Super Market" (c'est son nom).
A la sortie il fait déjà de nouveau frais. Il est temps de trouver à bivouaquer. Une journée comme ça on ne la voit pas passer et c'est un peu frustrant de se retrouver déjà le "soir" alors qu'on a a peine l'impression d'avoir géré les quelques problèmes et nécessités vitales (bac, courses, ...) mais ça fait partie du voyage, alors on fait avec.
On ne traine donc pas et ne fait pas les difficiles. Cette nuit ils annoncent comme hier : 0°C ... alors à quoi devons-nous nous attendre ???

190è jour : Pozezena - Stara Reskovica

19 octobre 2011

67,9 km, 8158 km au total

Ouf, 0°C dans la tente ce matin, malgré ça Hélène a assez mal dormi. Pas cool. Le lever de soleil est néanmoins superbe et le début de journée absolument sublime. Le Danube se rétrécit pour passer dans des espèces de gorges, on voit nettement les 2 côtés de la vallée, en face c'est la Roumanie. La forteresse de Golubac garde l'entrée. Les couleurs sont exceptionnelles, l'automne bat son plein et la rive roumaine est composée d'arbres aux couleurs changeantes. On dirait un peu... le Canada :-)
Par contre le fait de suivre la rive droite (donc au sud) fait qu'on a à notre droite les montagnes et donc pas un brin de soleil. Il caille donc bien comme il faut et on cherche les moindres trous dans la montagne et les arbres pour se réchauffer. On fait des paquets de photos toute la journée.
L'après-midi est sous le signe des tunnels. Pour une fois qu'on a le droit de les prendre en plus. Certains font franchement peur : 250 mètres de long en courbe et sans éclairage, on n'y voit pas grand chose. On sort les lampes frontales histoire d'être vus et Hélène allume ses petites diodes rouge derrière son casque. Elle oublie d'ailleurs un moment d'enlever ses lunettes de soleil et me gratifie d'un "je ne vois pas comment tu arrives à y voir quelque chose, même avec la lampe ?!?" :-) On enchaîne une bonne douzaine de tunnels plus ou moins longs, mais c'est rigolo, ça résonne, ambiance cathédrale, on s'essaye au sermon du dimanche mais on est loin de maitriser la technique... il nous faudra un peu d'entrainement, mais je crois que demain il y aura d'autres tunnels aussi. On se monte aussi quelques belles côtes qui nous font oublier pour un instant que ce matin la tente était gelée.
En fin d'après-midi on commence à bien galérer pour trouver un lieu de bivouac : forcément à gauche ça tombe à pic dans le Danube et à droit ça monte à pic, c'est la montagne...
Comme par enchantement un panneau "camping/hotel/resto 1,2 km" nous tombe sous le nez. Il faut commencer par prendre de l'altitude, forcément aussi. On fait 1,2 km, rien, mais on ne s'inquiète pas car on connaît bien le concept des distances sur les panneaux. Il nous arrive régulièrement de voir "Tralala 9 km" et 2 km après "Tralala 11 km"... ah je croyais qu'on s'était rapprochés moi :-)
1,5 puis 2 km plus loin (et plus haut) toujours rien qui ressemble à un hôtel, resto ou camping. Bon... on commençait déjà à rêver de la douche et de la prise électrique... tant pis. On atteint un petit plateau, ce qui est synonyme d'une nette amélioration du potentiel de trouvage d'un lieu plat pour planter la tente. On trouve en effet un champ pas trop mal et on y plante la tente. On a une vue superbe sur une bonne partie de la vallée. On voit le Danube au loin, bref parfait... même si pour la douche il faudra repasser...
Un des bons côtés de la vallée, c'est qu'on capte le réseau d'Orange Roumanie. Parfait pour nous car la Roumanie étant en "Europe" ça va diviser par 3 nos frais de communications.

191è jour : Stara Reskovica - Jesenica

20 octobre 2011

51,2 km, 8209 km au total

Enfin une nuit douce et agréable... sauf qu'Hélène a encore mal dormi et surtout a très mal au ventre. Dommage car la vue de notre coin bivouac, le lever du soleil, c'est splendide. On entame donc la redescente de ce qu'on a monté hier soir. Au moins 30 minutes pour monter, sans compter les pauses... et 6 minutes pour redescendre, et encore on freine bien car la route est en sale état et très sinueuse.
Première opération, rejoindre doucement l'agglomération suivante pour les traditionnelles courses. Sur une échelle de 1 à 10, 10 étant "j'ai la super méga patate" et 1 étant "je vais mourir" Hélène m'indique se situer autour de 3... pas rassurant. Elle rêve du canapé qui était dans notre chambre à Paris sur lequel elle comaterait, sous une petite couverture, près du radiateur avec un petit bouquin. Néanmoins je sens bien que l'envie de rejoindre la Mer Noire dépasse toujours tout.
Son état est quand même très bof puisqu'elle me loupe le petit supermarché à 5 mètres. En gros on passe devant, on s'arrête, elle descend pour aller voir mais ne regarde qu'à l'extérieur où il y a un espèce de petit marché où sont vendus des choux et du lait. Elle ne pousse pas la porte de l'épicerie ! On ravitaille quand même en eau et on jette la poubelle et par acquis de conscience je lui demande de me confirmer que dans cet espace où sur les vitres il y a des photos de viande, boissons & co il n'y a bien que des choux et du lait. Elle me répond "ah là, heu non j'ai pas été voir" !!!
On va voir et ouf de quoi manger ce midi :-) Alors il faut quand même qu'on vous raconte ces épiceries, parce que globalement depuis qu'on a quitté la Hongrie et en dehors de Belgrade, on est toujours tombés sur des épiceries phénoménales. Même en Pologne il peuvent être fiers de leurs "Sklep". Ici c'est à peu près aussi grand mais avec une logique étrange qui fait qu'on ne trouve quasiment rien à manger pour nous. Ce matin on était partis pour ravitailler pour 2 jours, on ressort finalement avec 5 articles en se disant "bon on a de quoi manger aujourd'hui, on verra plus tard pour le reste". Quelques exemples : sur 30 mètres carrés il va y en avoir la moitié consacrée aux boissons. Ensuite il va y avoir un rayon épices démesuré mais seulement 1 type de yaourts au fruits. Que des trucs comme ça. Il va y avoir des rasoirs pour mesdames ou 12 sortes de collants mais pas piles... Et je ne vous raconte pas l'étal des fruits et légumes, en fait si je vous raconte : prenez une cagette de chacun des 20 produits les plus vendus d'un Leclerc français, laissez les sécher pendant 3 semaines et apportez les dans cette épicerie. Les bananes sont en pire état que lorsqu'elles ont fait 2 jours de vélo dans nos sacoches, les clémentines sont déséchées, je n'ai jamais vu ça ! Bref on sourit et on ressort avec pas grand chose.
A la sortie de la ville, on tombe nez à nez avec un panneau inattendu : à gauche notre destination de la journée (Kladovo) et à droite celle de dans 2 jours : Negotin. Tiens, il serait pertinent de regarder par où passe cette route pour Neogotin. iPhone, cartographie en relief (merci GPS Kit + cartes Google Terrain téléchargées auparavant pour consultation offline). Bon ça va monter mais la route suit autant que possible des vallées. A vue de nez ça divise presque la distance par 2 en coupant à travers la montagne plutôt qu'en longeant le Danube qui fait des méandres de dingues. On médite un moment, avec l'état de santé d'Hélène la grimpette c'est pas l'idéal, d'une manière générale on n'est pas bien fans d'altitude, mais la perspective de gagner une journée contre l'hiver est toujours tentante c'est derniers jours. On choisit donc l'itinéraire le plus court.
Le début est tranquille car il longe un affluent du Danube, puis monte doucement dans une vallée. La suite est moins douce et plus pentue. On se pose entre 2 virages, morts, transpirants, quasiment en tenue d'été tant le couple soleil + relief nous réchauffent. Les gens qui passent en camion nous klaxonnent, nous font bonjour, le tout sous le regard de 2 chiens errants à qui nous avons visiblement piqué le territoire pour pique-niquer.
L'après-midi démarre par la poursuite de la montée pendant encore quelques kilomètres. C'est évident mais quand ça monte on ne fait pas beaucoup de kilomètres (on monte entre 5 et 8 km/h en gros), donc ça prend beaucoup de temps pour ne pas aller loin, donc pour rejoindre la partie où il semblerait que ça commence à descendre ça prend longtemps.
Après un col à 448 mètres (oui on a dit qu'on n'aimait pas les reliefs, pour nous c'est déjà beaucoup cette altitude) on se fait donc quelques belles descentes, certaines très plaisantes, du genres longues, qui descendent peu et remontent légèrement ensuite, ce qui fait qu'avec l'inertie au final on ne pédale presque pas et on n'a pas descendu beaucoup ce qui permet de recommencer à descendre très vite... génial quoi. Mais il y a aussi les descentes aux enfers du genre descente de 200 mètres en moins d'un kilomètre suivi immédiatement d'une grosse montée à 6 km/h qui fait de nouveau bien transpirer. Bref on oscille mais petit à petit on arrive à aligner quelques dizaines de kilomètres.
Lorsqu'on passe 50 km on se met en quête d'un lieu de bivouac, ce qui va être beaucoup plus simple ce soir étant donné les étendues de champs, forêts et autres steppes parfaites pour nous. C'est au moins l'avantage de ne pas être enclavé entre le fleuve et la montagne, on a de la place.
Pendant qu'Hélène monte la tente je commence à plancher sur une réparation de la remorque qui nous a fait une belle frayeur cette après-midi dans une grosse descente. En gros l'un des filets s'est détendu et la structure en toile s'est mise à toucher la roue, le tout à 50 km/h... bruit étrange, pas rassurant. On a longuement réfléchi sur la suite à donner à tout ça. Le plus cohérent est l'achat sur le net d'une nouvelle remorque et livraison à un endroit où on sera d'ici quelques jours/semaines (pas évident à gérer ça). A priori une Bob Yak, la seule qui permettra de stocker tout la bazar qu'on a avec nous. Car l'extrawheel qu'on a ne se fait plus et sa remplaçante n'a qu'un support pour 2 sacoches "normales" ce qui doit faire 50 litres à tout casser contre les 120 de celle qu'on a actuellement. Les sacs ne sont pas bourrés à craquer et ça devrait tenir dans les 90 litres d'une Bob. Par contre la roue dynamo... là aussi il y a réflexion : on peut la mettre à la place de la roue avant du tandem mais elle est moins costaud. Ca veut aussi dire renvoyer celle du tandem en France et croiser les doigts pour que celle de la remorque tienne le coup. On va voir. Sinon c'est se passer de dynamo et trouver à la place un gros panneau solaire par exemple, ou laisser tomber la recharge hors prise 230V ce qui peut aussi éventuellement se faire en allant plus régulièrement squatter un café ou un petit resto pour recharger. A voir.
En attendant on fait la seule réparation qu'on pense possible :
- coller les 2 tiges en fibre de verre directement sur la structure métallique de la remorque.
- faire un genre d'entretoise avec un bout de bois pour maintenir écartées ces 2 tiges pour ne pas qu'elles touchent la roue
(vous verrez avec des photos vous comprendrez).
On teste donc ce soir la colle epoxy (bi-composants à mélanger soi-même) et je coupe et taille une branche d'arbre (mort) pour faire l'entretoise. On colle tout ça avant le coucher du soleil (l'epoxy ça ne prend qu'au dessus de 15°C donc on speede tant qu'il fait encore un peu tiède dehors).
Verdict demain et dans les jours suivants...