227è jour : Ipsala - Alexandroupoli

25 novembre 2011

57,2 km, 9631 km au total

La nuit passée à 10 mètres de la route s'est finalement bien passée. C'est idiot mais en s'étant couchés avant 22h et levés à 6h, même en dormant un peu en pointillés ça fait une bonne nuit de repos par rapport aux précédentes !
On prend un petit dej tous les deux dans la tente car on sait à l'avance la réponse d'Oguz si on lui propose de partager notre petit dej. Il ne mange pas grand chose ce garçon. On plie ensemble nos affaires et un peu avant 8h vient le moment douloureux, celui de se séparer. On ne s'éternise pas mais ça fait mal quand même. On espère sincèrement se revoir. Je pense qu'Oguz va continuer à potasser le français et qu'il a comme projet d'essayer de venir en France d'ici 3/4 ans. On sera là. De notre côté il n'est pas exclu qu'on revienne faire un tour en Turquie, probablement pas en vélo, mais c'est un pays qui mérite vraiment le détour.
Sa camionnette repartie nous nous retrouvons seuls pour faire le dernier kilomètre qui nous sépare de la frontière. Simple formalité et nos 40 kilos d'héroïne dans la remorque sortent sans souci de Turquie et rentrent sans le moindre contrôle en Grèce (tiens ça fait 2 fois que j'écris Grève au lieu de Grèce, lapsus ?). En tout cas il faut avouer qu'être résident dans un pays de l'UE est une chance pour voyager car les contrôles sont basiques et passer d'un pays à l'autre très facile. Hier on discutait avec le vigile qui nous expliquait que pour un turc, rentrer dans un pays de l'UE est compliqué. Si on a bien compris il faut un visa et on a tendance à ne pas trop les donner. Peur de l'immigration semi-clandestine ? (genre on rentre avec un visa de touriste et on ne ressort jamais de l'UE ?).
Nous saluons les militaires qui par contre sont bien présents le long de la frontière, ça fait un peu bizarre, y aurait-il des hostilités passives entre les 2 pays ? Juste à la sortie des "formalités" d'entrée en Grèce il y a un point d'information et on y trouve une carte routière. Pas géniale niveau échelle (1:425 000é) mais on fera avec.
le paysage change doucement et nous trouvons sur les bords de route ce qui semble être du coton et pas mal d'oliviers. le relief est toujours un peu marqué mais rien de bien méchant après les dizaines de côtes à 7% évitées hier. On rejoint Alexandroupoli vent dans le dos, pour notre plus grand plaisir.
A l'entrée on tombe nez à nez avec un Intersport assez grand, l'occasion d'allez voir s'il n'y aurait pas une petite bouteille de gaz, avec notre stock acheté à Varna on a de la marge mais étant donné le froid actuel on a tendance à faire plus de soupes, thés, infusions... donc on consomme plus. Pas de gaz mais mon amour pour Hélène fait que je lui achète une petite thermos pour qu'on puisse boire le matin quand on roule parce que l'eau à 3-6°C ça n'est pas génial et on a tendance à ne pas assez s'hydrater. Je ne regarde pas le poids pour ne pas me faire mal et planque la thermos dans un sac intersport pour lui faire la surprise un peu plus tard. Je ressors du magasin genre "c'est bon j'ai trouvé", comme si de rien n'était.
Juste après oh miracle, un Carrefour. Quel havre de civilisation cette ville. En toute sincérité on sent déjà nettement une différence entre la Turquie et la Grèce. Les routes sont moins bonnes :) mais on y trouve des pistes cyclables, des vélos (on croisera 2 fois des cyclotouristes dans la journée, ça faisait un bail). Les mosquées ont également disparues dès la frontière et à la place ce sont des dizaines d'églises et surtout des centaines de "calvaires", sauf qu'au lieu des simples croix comme en France, ici ce sont des modèles réduits d'églises, elles sont toutes différentes et c'est très mignon. Dans beaucoup il y a une petite port en verre là où se trouve l'entrée et on peut y faire brûler une bougie à l'intérieur. A la tombée de la nuit ça doit être très sympa.
Carrefour donc, l'occasion de retrouver des prix en euros, des prix assez élevés d'ailleurs. Pas critique mais quelques produits sont étonnamment chers. La grande surface est en réalité plutôt petite (type Carrefour express ou market en France) et il y a... je vous le donne en mille, du gaz. Mais dans le genre à profusion je n'ai jamais vu ça. 3/4 styles de bouteilles, 2/3 marques. On découvre pour l'occasion des bouteilles camping gaz dont ont peut choisir la couleur : rose, verte, ... hallucinant... et pas cher. Du coup je joue le coup du mec un peu déçu de ce qu'il a acheté à Intersport et j'en prend une "autre en plus" ici. Ni vu ni connu je t'embrouille.
Bon ok les histoires de gaz ça ne vous passionne pas. Pourtant pour nous c'est un peu comme avoir des piles dans la lampe frontale, non pire, d'avoir de l'énergie dans l'iphone : vital !
Il est déjà bien tard, on doit trouver une poste mais comme visiblement elle n'est pas sur la route principale, finalement on laisse tomber et on oblique plutôt vers la mer, descend une petite rue et on aboutit sur la plage, parfait pour pique-niquer.
La vue est magnifique sur l'île de Samothraki, de loin on dirait un volcan (ou le mont Fuji, au choix) et les percées dans les nuages font des rais de lumière superbes. On s'abrite un peu du vent et on déguste notre déjeuner avec la plage pour nous tous seuls, en s'imaginant le même endroit surpeuplé l'été. Hélène est absolument ravie de son cadeau, c'est noël avant l'heure !
On repart néanmoins rapidement car il est déjà tard. Le programme de l'après-midi va consister à s'éloigner un peu de la ville et de trouver le premier endroit pour bivouaquer car on a déjà pas mal roulé, qu'on est un peu fatigués des derniers jours et qu'on a envie d'un peu de repos. Au bout de quelques kilomètres on trouve un champ d'oliviers, les arbres sont magnifiques et bien espacés, mais quand on s'enfonce de quelques dizaines de mètres nous ne sommes plus visibles de la route. Parfait. On se pose, Hélène fait un peu de couture, on se repose et déjà la nuit arrive bien vite... Un des fils du petit module "de rechange" nous permettant de charger l'iphone à partir de 2 piles AA (au lieu du gros pack de batterie parti en SAV) a lâché, GRRR. N'ayant pas de fer à souder ni d'étain dans les bagages (étrange hein) on tente la soudure au briquet... avec une aiguille aussi, chauffée à blanc... rien à faire ça ne fait pas fondre l'étain sans risquer de cramer tout le plastique du petit circuit. On termine donc en enroulant un bout de fil dénudé contre celui qui a lâché et en collant le tout au gaffa. Je ne sais pas si ni combien de temps ça va tenir mais ça fonctionne !

228è jour : Alexandroupoli - Prof. Ilias

26 novembre 2011

46,4 km, 9678 km au total

La nuit dans les oliviers à été royale, seuls les clébars au loin nous pourrissent un peu le réveil. C'est dingue comme parfois ça peut être stupide un chien... et c'est encore pire quand ils sont en groupe. On commence la journée par remplir la thermos de thé vert menthe et ensuite faire le plein d'eau dans une station service. La suite c'est une grosse prise de risque. On a 2 possibilités : longer un autoroute, se rallonger pas mal, passer au travers de montagnes ou suivre la côte qui a l'air avec un relief "relativement limité"... seul hic - et de taille - ni mon GPS, ni les cartes Google Maps dans l'iphone n'ont la route côtière, seule la carte d'Hélène achetée hier l'a... et c'est une petite "blanche"...qu'en déduire ?
On commence par de la route bien sympa, qui nous donne l'occasion de passer dans un paquet de champs d'oliviers où s'activent bon nombre d'ouvrier pour récolter les précieux fruits. Ensuite 1 petit km de piste plutôt praticable. On retrouve ensuite un village et un monsieur nous interpelle depuis son 4x4 pour nous avertir de ne pas prendre la route côtière car il n'y a pas de bitume. On essaye de lui demander si avec son 4x4 lui il passe, il dit que oui, donc on lui répond que ça ne devrait pas poser de souci pour nous.
On ne sait pas trop si on a eu raison... le relief est corsé, le revêtement catastrophique par endroits. On descend du vélo à plusieurs reprises, soit pour éviter de se vautrer en patinant dans le sable ou sur des cailloux féroces, soit tout simplement parce que ça monte trop... ou les deux ! On regonfle d'ailleurs les pneus à bloc car on a encore à l'esprit notre crevaison en Croatie... si on pouvait éviter de réitérer ça serait plutôt pas mal. On avance entre 5 et 8 km/h. La moyenne est catastrophique et n'est pas rattrapée par les descentes. On profite néanmoins de vues toutes plus délicieuses les unes que les autres. La mer, les oliviers et les pins, les moutons, les sites archéologiques également, bref même si côté vélo on galère, niveau moral c'est plutôt très sympa.
Un croisement fatidique sonne le fin de notre progression régulière. Tout droit ça a l'air de s'enfoncer dans la montagne, à gauche ça descend un peu plus près de la côte pour - on l'espère - contourner une grosse bosse au plus près de la mer.
Après une descente sur sol meuble on arrive sur un espèce de no man's land. Des oliviers espacés, des traces de roues un peu partout mais pas vraiment de route. Des pierres dans tous les sens, des fossés par endroit, des buissons qui bloquent le passage... On descend du vélo et fait quelques tentatives, par endroit ça pourrait le faire, à d'autres non. On erre sans trouver de solution. On remonte la route en question, trouve une autre dérivation, on s'y essaye et on aboutit sur le même genre d'endroit. Finalement après une petite excursion à pied j'aperçois la réponse définitive : il n'y a aucune route contournant côté mer, c'est une falaise qui tombe à pic dans l'eau. Au moins c'est clair, mais le temps de remonter au niveau de la première intersection on a perdu une heure. Hélène positive le truc en disant qu'on a "visité" et moi "qu'au moins on n'aura pas de regret à galérer dans la montée qui s'annonce car on a la certitude que c'est le seul chemin". On se rassure comme on peut :-)
La monté est en effet sévère, le chemin toujours aussi pourri. En arrivant en haut une seule envie : se poser pour emmagasiner des calories et faire la sieste. Autour de nous, petit à petit les vaches qui broutent dans la montagne viennent nous voir. On entend leurs cloches se rapprocher. Quand on ouvre les yeux après la sieste elles sont juste à côté, c'est marrant, à croire qu'elles cherchent la compagnie. La suite du trajet est identique : ça monte toujours beaucoup, ça descend sur du sol peu fiable et il faut être en permanence en mode vigilance rouge, je vais finir par percer mes gants à force d'avoir les mains crispées sur les leviers de frein. C'est physique. Finalement en milieu d'après-midi on retrouve la route, comme souvent dans ces cas là on a envie d'embrasser notre revêtement chéri tant il est doux et lisse, même si c'est un pauvre bitume pourri ! Le paysage s'aplatit un peu mais la vue reste phénoménale. On est seuls à en profiter, on passe entre les résidences secondaires fermées, mais ici la côte n'est pas bétonnée à mort, c'est plutôt quelques grappes de maisons tous les 2/3 km, ce qui laisse beaucoup de place pour la nature. C'est splendide. Le soleil a fini par percer après une bonne partie de la journée très nuageuse et on aimerait bien qu'il soit un peu plus haut. A 15h on a l'impression qu'il est 18h, c'est toujours aussi déroutant. Après quelques villages on se trouve un coin bivouac "avec vue sur la mer" parce qu'étant donné l'endroit ça serait dommage de ne pas en profiter.

229è jour : Prof. Ilias - Koutso

27 novembre 2011

46,5 km, 9724 km au total

Malgré le lieu de bivouac idyllique la nuit a été catastrophique. Hélène est malade, genre brulures d'estomac et digestion difficile. Il est bien possible que ce soit à cause des épices de ces derniers jours (on mange une salade à base de tomates, oignons, piments par petite quantité depuis 3 jours, avec les sandwiches et les pâtes tellement elle arrache). Pour ma part j'ai un peu chopé froid hier soir et du coup le nez bien bouché ce qui ne facilite pas le sommeil. Pour tout dire mes ronflements me dérangent... allez comprendre :-)
Bref le réveil à 5h50 reste sans effet sur nous deux. Sur Hélène c'est plutôt normal car ça serait naturellement le cas tous les jours si de mon côté je ne lançais pas le mouvement, mais le fait qu'on reste tous les deux couchés en dit long. Finalement on émerge vers 8h, le soleil illumine la tente, il commence à faire presque bon à l'intérieur. Dehors c'est magnifique mais il caille sévèrement. On décolle donc vers 10h15, très tranquillement. Petites routes plus ou moins plates, mais en tout cas aujourd'hui c'est du bitume. Seul le passage d'un gué au milieu de nulle part nous laisse un peu sans voix. Heureusement c'est un sol stable et peu profond, mais sans gardes boues il faut qu'on avance à 2 à l'heure sous peine d'être trempés. A côté les 4x4 passent à toute vitesse en faisant de belles gerbes d'eau...
Le paysage a bien changé depuis hier puisque les oliviers se font plus rares et sont remplacés par des champs d'agriculture plus intensive... et donc totalement ratiboisés à l'heure actuelle. C'est moins sympa. On déjeune néanmoins à côté de quelques petits oliviers et non loin d'une vigne. Encore un pays où le vin est réputé. Par contre les vignes sont irriguées, tout comme les oliviers d'ailleurs. Notre coin déjeuner est bien en vue, le vélo bien perpendiculaire à la route donc tout le monde le voit à 2 kilomètres. Du coup on passe notre temps à faire bonjour et à se faire klaxonner. Un monsieur fait même demi tour et vient se garer près de nous et vient discuter. C'est un policier (à croire qu'on les attire) du coin, il fait lui aussi du vélo (mais à plus petite échelle). On papote un moment mais on sent qu'il est pressé. Il fait quelques photos et nous laisse à nos pâtes aux champignons. On trainasse car Hélène n'est toujours pas dans son assiette. L'après-midi est du coup assez courte mais très sympa. On passe un genre d'isthme entre la mer d'un côté et un énorme lac de l'autre. On voit même des pélicans (enfin, vu qu'à Silistra en Bulgarie ça s'était un peu soldé par un échec). Le soleil descend doucement et on se trouve un nouveau champ d'oliviers à squatter pour la nuit. Il est moins luxe que celui d'il y deux jours, mais ma copilote est fatiguée donc on ne fait pas trop les difficiles ce soir.

230è jour : Koutso - Xanthi (à peine)

28 novembre 2011

12,3 km, 9737 km au total

Oh les menteurs de la météo, ils annonçaient 2°C cette nuit, mais c'est un -4°C qui nous accueille au petit matin. La tente est gelée, l'eau dans les bidons restés dehors également ! Ah ouais la Grèce en hiver - ah non, en fin d'automne - ça peut être frais. Nous prenons donc la direction de Xanthi puisqu'il est impossible de longer la côte comme on l'aurait aimé. On va même pousser jusqu'au centre histoire de trouver une poste parce qu'on a des trucs à poster depuis plusieurs jours. Mais avant d'entrer dans la ville un superbe panneau "Carrefour" (le centre commercial) nous accueille. Oh magie de la civilisation, joie du consumérisme, paradis de la dépense, allons remplir les sacoches au temple de la nourriture. On gare notre tank à côté de 2 vélos couchés équipés façon tour du monde... dont l'un est orné d'un drapeau français. Les 3 montures côte à côte ça en jette, on dirait une délégation française en train de ravitailler. On laisse une petite carte de visite sur leur vélo mais ce sont finalement eux qui nous attendent à la sortie du supermarché. Guilhem et Eglantine sont partis depuis 71 jours de Bretagne et entament un tour d'une partie du monde en 2 ans. Leur voyage : France - Japon - retour en partant vers l'est. Pas branchés par l'Afrique ni l'Amérique (en tout cas dans l'immédiat) ils privilégient l'Europe, les pays d'ex URSS, l'Asie, ... On discute un bon moment au chaud dans l'entrée du supermarché puis finalement en bons français on s'interroge face à l'heure du déjeuner qui arrive. Ayant ravitaillés tous les 4 on s'oriente donc vers un plan pique-nique dans le champ juste à côté du parking. On papote un bon moment, c'est très agréable de partager des expériences, aussi bien en terme de rencontres que de matériel. On se retrouve dans leurs paroles du type "j'ai fait mon deuil de Décathlon", phrase que les non-avertis ne comprennent pas. Il y a des tas de trucs géniaux chez D4... mais très peu de matériel adapté à un long voyage où le matos sert chaque jour et qu'on doit compter dessus à tout instant. Même chose chez les attitudes des parents respectifs qui oscillent entre "génial votre truc" et angoisse du "vous nous dites où vous êtes tous les soirs"... finalement on est super biens au soleil, du -4°C de ce matin on doit passer à 20°C au soleil. On en oublie de faire sécher la tente... qu'on sort finalement bien tardivement... donc on traine encore un peu en papotant avant de commencer à envisager un coin bivouac commun. On fait finalement 50 mètres pour aller vaguement se planquer derrière les entrepôts de Praktiker (un genre le Leroy-Merlin). Les girls vont faire un brin de lessive aux toilettes du supermarché, ça sèchera dehors pendant la nuit (mouhaha la bonne blague !!! ça risque surtout d'être dur comme du bois... mais ça finira bien par sécher). Les boys finissent de monter la tente, les matelas et papotent de trucs de geeks genre "ah ouais t'arrives à maintenir ton téléphone portable chargé et allumé sur l'e-werk, nous on galère un peu avec les bidules électroniques". Ainsi de suite. On dine à la lueur de l'éclairage public en continuant nos échanges. On est biens, la température descend doucement (entre 0 et 2°C), on prend un petit thé, c'est cool (même si je m'enrhume sévèrement depuis 2 jours, ça va ronfler dans la tente cette nuit). On finit par rejoindre nos dortoirs respectifs vers 21h30... il faudra qu'on essaye le vélo couché demain matin.
L'adresse de leur site web : http://www.cycloreveurs.fr Il y aurait tant à dire de cet échange, encore une rencontre géniale, inattendue, qui se passe et s'enchaine avec beaucoup de spontanéité et de plaisir. On adore comparer et partager nos modes de vie : ils mangent du pain avec du nutella et de la confiture (en pots en verre) au petit dej quand on reste aux céréales et leur rapport poids/énergie intéressant. Ils ont un réchaud à essence (oui hors Europe trouver du gaz peut s'avérer compliqué... déjà qu'en Europe c'est pas toujours évident), ils ont un smartphone étanche et sous Android en guise de tout système de guidage (pas de cartes papier), une tente 2 personnes mais avec grande avancée... c'est toujours extrêmement enrichissant de voir les choix des autres et de les comparer avec les siens.

231è jour : Xanthi - Petropigi

29 novembre 2011

44,5 km, 9781 km au total

Comme nos deux compatriotes se lèvent plus tard que nous, on fait une exception et c'est donc vers 7h qu'on émerge après une nuit difficile. Les chiens au loin sont d'un pénible, les coqs prennent le relais bien avant le lever du soleil, ... pas évident, malgré les bouchons d'oreilles.
On trainouille, je teste le panneau solaire de Guilhem pour recharger l'iphone car n'ayant pas roulé hier, les piles qui servent à le recharger son vides. On lorgne sur leur panneau (j'en veut un) pendant qu'ils lorgnent sur notre tente... c'est aussi le côté sympa du voyage, les échanges d'expérience sur le matériel.
On plie tranquillement nos affaires, on profite des toilettes du supermarché pas loin et Hélène refait même quelques courses car finalement on a déjà tapé dans la moitié de ce qu'on avait acheté hier. Avant le décollage j'essaye le vélo couché. Le sol est meuble et pas droit ce qui ne facilite pas l'essai (mode excuse) mais autant être honnête, ce matin je ne ferai pas 10 mètres sans me viander. Ca demande visiblement un peu d'habitude au début avant d'arriver à filer droit. En tout cas ils ont des bien belles machines, ça fait envie. Peut-être pour un prochain voyage. Ils essayent de leur côté le tandem, mais c'est sur le bitume du parking alors forcément ils réussissent presque du premier coup à le piloter, même avec son chargement intégral :-)
On se sépare finalement parce que bon quand même ça serait bien de rouler un peu aujourd'hui. On a averti nos hôtes qui nous attentent à Stavros qu'on aurait à priori un jour de retard, on va essayer de s'en ternir là et de ne pas devoir décaler de nouveau parce qu'aujourd'hui aussi on a trainé :) Encore une fois une séparation. On a passé 24 heures ensemble mais partagé beaucoup plus de choses qu'avec certaines personnes qu'on connait depuis des années... dur.
Rapidement on se rend compte que c'est mal barré pour tenir notre timing. Tout d'abord on s'arrête chez un marchand de vélo qui nous tend les bras sur la route pour acheter des cales de rechange pour mes chaussures de vélo. Depuis quelques centaines de kilomètres ça fait clac clac à gauche, à chaque tour de pédale au niveau du contact entre la chaussure et la pédale. Je suspecte une usure des cales et il n'y a qu'un seul moyen de tester. On trouve du premier coup, c'est pas cher, parfait.
On enchaîne avec un passage à la poste. C'est Hélène qui s'y colle pendant que de mon côté je change donc les fameuses cales. La pauvre Hélène prend le ticket n° 509... et ils servent le 403 !!! J'ai donc eu largement le temps de faire ma bricole, de me laver les mains, de checker les mails, de me geler un peu à l'ombre, de discuter avec quelques passants... quand Hélène ressort... souci, ils ne prennent pas la carte bancaire, il faut du liquide et on n'en a pas assez. Mais heureusement on a la "cache secrète". Afin de pouvoir se débrouiller en cas de coup dur du genre vol de la sacoche de guidon ou "braquage" ou équivalent, on a quelques billets en euros dans le fond de la sacoche "réparation", sous le multitool, la petite bouteille d'huile bien grasse et les maillons de rechange de chaîne du même genre. Hélène peut donc rapidement retourner payer sans qu'on ait à partir à la recherche d'un "crache thune" en catastrophe.
Le temps de se faire un petit arrête à la station service pour trouver des toilettes, il est presque 13h quand on quitte Xanthi... pour trouver un endroit pour pique-niquer. Pour une fois on fait un déjeuner rapide et on repart sans avoir bouquiné jusqu'à satiété pour ne pas trop se décaler. On a compté 140-160km entre Xanthi et Stavros, donc en gros parfait pour nos 50 km par jour... sauf qu'aujourd'hui c'est mal barré pour faire les 50 (en plus de ce qu'on a déjà fait pour rejoindre le centre de Xanthi ce matin).
On roule donc une bonne partie de l'après-midi sans trop s'arrêter, les nouvelles cales ont réglé le problème de claquement dans la pédale, on croise quelques cyclistes du dimanche, on se fait prendre en photo et filmer aussi par un "vélo carbone" ça nous fait sourire. C'est pas la grande chaleur de la Turquie au niveau contact mais bon il va falloir qu'on se réhabitue dans l'autre sens.
On plante la tente avant le coucher du soleil en observant les Canadairs à l'entrainement pour l'été prochain. On voit la mer au loin et on les voit passer au dessus de nos têtes avant d'aller amerrir doucement pour remplir leur gros réservoir et redécoller. C'est joli à voir.
Nouvelle séance de reprisage pour Hélène, gants de soie, c'est fragile ces bêtes-là.
Finalement presque 44 km au compteur, on est un peu revenus dans les clous, on devrait pouvoir tenir notre planning :) même si en fait les dates, les obligations, on n'en a pas vraiment, si on a un jour de retard, ben tant pis ça sera comme ça... faut aussi que ça ait des avantages de voyager à vélo :-)

232è jour : Petropigi - Kariani

30 novembre 2011

70,2 km, 9851 km au total

Journée simple, sous le signe du soleil, du longeage de mer, coincés entre le rivage à gauche et les montagnes à droite. Le relief est contenu mais nous donne de temps en temps des points de vue magnifiques sur les petites baies. Celle de Kavala avec toutes ses maisons posées sur les flancs des montagnes est particulièrement sympa.
Au programme du moins sympa : une crevaison. Tiens, en parler avec Eglantine et Guilhem il y a 2 jours ça nous a porté la poisse... coup de bol c'est la roue de la remorque, c'est moins galère à démonter. On trouve une belle épine dans le pneu mais pas à l'endroit du trou... visiblement c'est plutôt un petit caillou qui a fini par traverser le pneu "bas de gamme". On répare rapidement car on a des kilomètres à faire.
On pique-nique de nouveau sur une plage, c'est désert... sauf à un moment, une dame d'un certain âge... va se baigner. On la regarde, incrédules, on est le dernier jour de novembre. On ne sait pas la température mais c'est trop frais pour nous. On a posé le vélo sur de l'herbe à 2 mètres de la plage mais l'herbe est aussi couverte d'une espèce de plante terrible qui lâche des petites "fleurs-épines" conçues pour tuer : 2 épines à 90° histoire d'être sûr de se piquer dans tout ce qui les touche. Outre nos chaussures, les 3 pneus sont couverts de ces horreurs. En repartant après le déjeuner on fait 3 mètres pour sortir de ce guet-apens et on épile consciencieusement les pneus. Hélène croit voir et sentir le souffle d'un petit trou en retirant une des épines du pneu arrière... on est maudits.
Contre toute attente le pneu reste finalement gonflé. Crevaison lente ou illusion d'optique ? Je pense qu'on le saura d'ici quelques heures.
On poursuit nos zigzags entre les monts l'endroit est vraiment superbe, surtout en cette saison où on a la route et la vue pour nous tous seuls. On imagine le truc l'été, blindé de touristes, les parkings des "beach bars" pleins à craquer... le tout sous un soleil de plomb et 45°C au thermomètre, ça nous fait moins rêver. Là c'est juste parfait, le soleil nous réchauffe, Hélène roule même sans gants cet après-midi (c'est dire !).
Le pneu semble résister et nous aussi, donc on enchaîne les tours de pédale sans trop d'efforts et après 65 km on se met en quête... oui vous savez. Il nous faudra 5 km pour trouver le bon champ d'oliviers, un peu en hauteur, avec vue sur la mer, ça semble parfait. Aujourd'hui on a même un peu d'avance, et se laver avant que le soleil passe sous l'horizon c'est quand même bien agréable car la température reste compatible avec la station "tout nu". Ca faisait un bail. On peut même regarder les cartes sans lampe frontale, écrire sans avoir à pencher l'écran pour qu'il éclaire le clavier (ou la lampe frontale aussi), bref c'est une micro parenthèse de confort.

233è jour : Kariani - Stavros

1er décembre 2011

41,9 km, 9893 km au total

Le soleil se lève de nouveau sur la mer, nouveau réveil bien agréable. On prend notre temps car avec la journée d'hier on n'a finalement qu'une grosse quarantaine de kilomètres à faire aujourd'hui. On s'amuse beaucoup avec un petit (genre de) rouge gorge pas farouche qui vient sous l'abside grignoter on ne sait quoi. On lui met quelques céréales et on sort l'appareil photo. Il ne vient alors plus... il revient quand je repose l'appareil et ainsi de suite. On laisse tomber, on commence à plier... il revient... on refait une pause pour essayer de le photographier. Il joue avec nous un bon moment. Finalement on lui laisse quelques céréales et on quitte notre lieu de bivouac. La météo est absolument magnifique et comble de bonheur le pneu arrière du tandem est toujours gonflé à bloc !
On entreprend donc de continuer à longer la côte. On s'arrête devant le "Lion d'Amphipolis", une statue en mémoire d'un commandant de bateau d'Alexandre le Grand. On s'approche tranquillement d'Asprovalta. On oblique alors pour rejoindre la plage et de nouveau se trouver un coin pique-nique idéal. En ce premier jour de décembre c'est un régal de profiter de la mer. On pense énormément à tous ceux qui bossent, pas par méchanceté, juste parce qu'on se trouve chanceux d'être là et maintenant. Certes on a bossé pour ça mais quand même il faut savoir apprécier ces petits moments de bonheur.
On traine histoire que la tente soit bien sèche pour ne pas avoir à la faire sécher à l'intérieur ce soir. On bouquine un peu sur le banc, c'est très agréable.
Nous repartons faire les 5 derniers kilomètres qui nous séparent de la maison de Savvas. On a eu les coordonnées GPS hier par email et on arrive à bon port sans souci. Merci Garmin et merci Françoise et Jean-Louis pour ce cadeau qui nous sert beaucoup.
Savvas est donc le neveu d'Anestis, pour ceux qui suivent, Anestis et Reingard étaient le couple gréco-allemand chez qui nous étions il y a exactement 8 mois. Ils nous ont arrangé la rencontre et on est reçus comme des rois chez Savvas et chez ses parents (donc la sœur d'Anestis, Sofia). On déguste notre premier café grec (comme en Turquie, avec le marc au fond) avec une part de gâteau maison. On passe quelques minutes au téléphone avec Reingard puis on change d'endroit... puisque la sœur de Savvas, Rula, nous prête un petit appartement au dessus de sa pizzeria qu'elle loue d'habitude l'été. Quand je vous disais qu'on est vraiment accueillis comme des rois.
On profite donc de la douche chaude, d'un peu de repos avant de retourner chez la sœur d'Anestis pour diner. La suite ? On verra, on ne sait pas encore trop combien de temps on va rester car il faut qu'on calcule un peu les kilomètres pour rejoindre Athènes un peu avant noël. Je crois qu'on n'est pas trop pressés mais on va voir tout ça avec la famille.
Le diner est excellent, vous verrez les photos. On découvre aussi la manière grecque de gérer les repas : c'est Sofia qui prépare tout et sert sur assiette. Interdiction formelle de mettre la main à la pâte pour quoi que ce soit, même débarrasser. On mange donc ce qu'on nous donne, et comme bien souvent on a tendance à croire que 50 km de vélo par jour demande une alimentation 5 fois plus importante qu'un non sportif... on est donc servis copieusement. On ressort de table bien lestés mais en ayant super bien mangé.
On va faire un rapide tour dans la maison de Savvas pour profiter du wifi et discuter avec lui et Tessoula, sa femme qui rentre juste du travail de l'itinéraire pour rejoindre Athènes. Ensuite retour à l'appartement pour dormir.

234è jour : Stavros (jour off)

2 décembre 2011

0 km, 9893 km au total

Après avoir profité du bonheur d'une salle de bains on prend la direction de notre seconde maison pour y prendre le petit déjeuner. Sans surprise ici aussi on mange salé : charcuterie, fromage, olives (superbes), pain... le café reste international mais on a également du thé et du jus d'orange frais.
Nous partons ensuite nous balader le long de la plage de Stavros. Le temps est toujours aussi superbe même s'il fait frais. Le soleil nous réchauffe, c'est très chouette. On prend notre temps, on se pose pour observer quelques "wagtails", ces petits oiseaux noirs et blancs qu'on avait découvert en Suède, qui marchent en oscillant la queue et piquent un sprint de 50 centimètres toutes les 30 secondes pour aller attraper on ne sait quoi. Ca nous fait toujours autant sourire.
On rentre à l'appart se faire un petit thé. On allume la télé pour constater que les chaînes publiques n'affichent qu'un message et de la musique... on interprète ça en "en raison de grèves nous ne sommes pas en mesure de diffuser nos programmes habituels"... et on nous confirmera plus tard que c'est bien le cas. Tiens en Grèce ça serait donc une période un peu difficile ?
Nous rejoignons ensuite la famille pour le déjeuner. Là encore c'est pantagruélique et délicieux : poivrons et tomates farcies, crudités, feta et en dessert une crème fouettée avec du coin confit et de la confiture de coin. Riche mais succulent.
Nous ressortons nous balader à Anos Stavros, la petite ville qui s'étend sur le flanc de la montagne juste à côté. Par moments ça grimpe sévère, on est bien contentes d'être à pieds. La vue en haut est très sympa puisqu'elle découvre Stavros, la baie, la montagne, la ville un peu plus au nord... il fait un peu brumeux c'est dommage mais ça reste néanmoins agréable. Ouais je sais ça ne vous avance pas beaucoup que je vous ponctue le récit de "agréable, sympa, très chouette..." mais ça doit vous indiquer qu'on est biens, qu'on se repose, qu'on farniente un peu, bref que le rythme ralentit un peu pour quelques jours. De toute façon il ne faut pas qu'on se presse on a du temps pour rejoindre Athènes à priori.
On redescend par un autre chemin en observant l'architecture des maisons (il y a de tout), les chauffe-eau solaires (ils mettent le ballon d'eau à l'extérieur ici), les orangers et citronniers couverts de fruits, ...
Retour à l'appartement, mais auparavant je passe à l'agence de voyage juste en face de notre chambre... et autant pour demander de l'eau j'ai un peu de mal, là c'est pour demander leur mot de passe wifi car on capte leur réseau sécurisé depuis la chambre. J'y vais donc au culot en disant que j'ai un email à envoyer (ce qui est vrai) et que j'ai vu qu'ils avaient du wifi mais qu'il y avait un mot de passe et s'ils étaient ok pour me le donner. La dame est seule, ne comprend pas grand chose à ma demande, passe un coup de fil et parvient à me donner l'adresse email de l'agence... pas gagné. Je vois le routeur, elle me dit de faire ce que je veux, dessous je trouve donc imprimé la clé wifi... je teste, mince elle a été changée entre temps. J'ai maintenant l'expérience d'hier chez Savvas où nous avons eu le même souci... et je sais qu'il est possible de récupérer le mot de passe dans l'interface d'administration du routeur... il faut juste un ordinateur déjà connecté pour y accéder... et ça tombe bien puisqu'elle me propose sans que je demande d'utiliser son ordinateur. 5 minutes plus tard j'ai la clé, ça fonctionne, on peut checker nos emails... et par la même occasion avoir du wifi depuis la chambre !
On passe donc pas mal de temps à gérer un peu nos petites affaires, à discuter via skype avec notre famille, c'est chouette.
On va ensuite chez Savvas car on avait auparavant convenu d'un rendez-vous pour justement pouvoir utiliser leur connexion au net (oui on est des gros geeks, et on assume !). On ne décommande pas et c'est aussi l'occasion de discuter un peu avec lui. Hélène s'initie à l'art et la technique du café grec et regarde des photos des randonnées qu'il fait avec une équipe/association. Les enfants sont également dans la même pièce et jouent à la playstation, c'est une belle ambiance.
Nous partons ensuite diner à la pizzeria sous l'appart et discuter un peu en anglais avec Rula (la sœur de Savvas) et des cousins... toute la famille habite ici visiblement. On se perd un peu dans les "frères du mari de la sœur" mais c'est pas grave. Une fois de plus on est pris pour des fous de faire le tour d'Europe à vélo mais c'est bon on a des nouveaux repères avec Eglantine et Guilhem, qui vont beaucoup plus loin et 2 fois plus longtemps... donc on n'est en quelque sorte qu'à demi fous :-)
On rentre se coucher, cette petite journée a finalement été longue.


235è jour : Stavros (jour off 2)

3 décembre 2011

0 km, 9893 km au total

Le soleil est de nouveau en rendez-vous pour nous accueillir ce matin. Il donne dans la chambre, ça donne l'impression qu'il fait 25°C dehors... mais c'est loin d'être le cas. Il ne faut pas oublier la polaire-doudoune. Nouveau rendez-vous petit-dej chez Sofia.
Après le petit-dej nous faisons quelques courses pour nos journées de vélo de lundi et mardi et rentrons discuter avec... le frère d'Hélène. Premier contact via Skype depuis que nous sommes partis, c'est très agréable d'avoir des nouvelles de vive voix et de se voir.
Nouveau déjeuner pantagruélique, mais on adore car ce qu'on déguste est vraiment délicieux.
L'après-midi est consacrée au travail sur l'ordi, au repos, à la lecture. Nous avons rendez-vous à 21h chez Savvas... mais en fait il y a eu une petite incompréhension puisqu'on débarque et qu'on n'est pas trop attendus. Pas grave on passe quand même la soirée à discuter, autour d'un diner improvisé : un croque monsieur et une salade de fruits, parfait pour ce soir car avec les excès des derniers jours un "petit" repas est nécessaire.

236è jour : Stavros (jour off 3)

4 décembre 2011

0 km, 9893 km au total

Aujourd'hui nous changeons d'endroit pour le petit dej et le déjeuner puisque nous allons chez l'autre sœur d'Anestys. Même concept : on mange 2 fois plus que nécessaire mais qu'est-ce que c'est bon ! Ca nous change des sandwiches et des spaghettis !
On se balade de nouveau sur la plage, on continue à profiter du net pour écrire, papoter, travailler un peu.
L'après-midi nous faisons une petite excursion en voiture un peu au sud de Stavros, vers Olympiada, une petite ville également sur le flanc de la montagne. On adore la vue, le calme hivernal, ...
Diner tranquille aussi et retour à l'appartement.
Oui je sais pas grand chose à se mettre sous la dent ces 2 derniers jours, on se repose et on profite...

237è jour : Stavros - Analipsi

5 décembre 2011

48,2 km, 9942 km au total

Ce matin le soleil nous accueille de nouveau pour notre départ. Après un dernier petit déjeuner "en famille" je répare... la chambre à air de la remorque qui est de nouveau à plat. Le pneu arrière du tandem est également mou mais pas critique;.. étrange. 3 jours sans rouler et le vélo nous fait des siennes :) Je regonfle juste à l'arrière, on verra ce que ça donne. A ce stade si c'est bien crevé c'est de la crevaison "ultra lente", ça va être coton pour trouver le trou.
Après un dernier au revoir nous revoilà donc sur les routes. Une nouvelle séparation difficile. Nous avons été reçus comme des rois, on a mangé la crème de la cuisine grecque, tout le monde a mis les petits plats dans les grands, tout le monde s'est relayé pour nous accueillir, nous balader, nous conseiller. Bref encore une fois on se sent redevables et dans la grande difficulté de proposer une "compensation" pour tout ce qu'on a fait pour nous. On continue à travailler là dessus, accepter le don, c'est finalement quelque chose de bien plus difficile qu'il n'y parait.
On a bien tenté quelques approches : samedi midi on est arrivés pour le déjeuner avec un pain frais, il n'a pas été mal accueilli mais du coup on est repartis avec 2 kilos de fruits pour manger "à l'hôtel" pour quand on a faim... heu comment dire... comment on pourrait avoir faim entre les repas avec les volumes de nourriture qu'on nous sert ?!?
Hier soir on est venus avec quelques photos de nous et du tandem pour donner à Sofia... et on a du repartir de nouveau avec 2 kilos de fruits, des parts de gâteau d'avance et des petits roulés à la saucisse et au fromage pour le pique-nique d'aujourd'hui. Plus on essaye de rendre ce qu'on reçoit plus on reçoit... l'échange est complexe.
De nouveau sur la route le soleil nous abandonne, remplacé par la brume, épaisse, qui descend le long des montagnes et monte des 2 grands lacs que nous longeons aujourd'hui. L'ambiance est humide et bien fraîche, c'était plus sympa au bord de la mer.
On aperçoit de temps en temps l'eau, les oiseaux mais c'est tellement bouché que la plupart du temps la visibilité ne dépasse pas 50 mètres. Pique-nique uniquement composé de ce qu'on nous a donné ces 2 derniers jours, nos sandwiches seront pour demain. On déjeune sur un banc près d'une petite église dans un petit village, pas un chat... enfin si justement on assiste au défilé des chats et des chiens dont un viendra une fois de plus s'asseoir juste à côté de nous en attendant qu'on lui donne quelque chose à manger. Parfois les chiens savent se montrer d'une patience phénoménale, on a du mal à comprendre comment ils peuvent être également aussi stupides à courir après nous en abboyant...
L'après-midi voit le soleil percer, ce qui permet enfin de se réchauffer un peu. On traverse quelques petits villages sympa dont un avec une nouvelle "forêt de pierres" comme à côté de Varna. C'est moins impressionnant mais toujours sympa comme concept : comment diable l'érosion à t'elle pu créer ce genre de sculptures ?
On galère un peu à trouver un coin de bivouac car les terres fertiles entre les 2 lacs sont surtout occupées par des champs à perte de vue. Pas d'oliviers ou de forêt à se mettre sous la dent. Du coup on roule plus que prévu, on se rapproche de Thessalonique, la journée de demain devrait donc être courte en km. L'autoroute est également un peu proche mais une nouvelle fois, on accepte de ne pas faire les difficiles.
Hélène recoud les gants de soie qui n'en finissent pas de percer. Il y aura bientôt plus de coton que de soie :) On découvre aussi que les appartements qu'on commençaient à regarder à Athènes sont déjà réservés, sauf un, un peu cher mais je crois qu'il va falloir qu'on ne fasse pas trop les difficiles... comme pour les coins bivouac.
Bon puisqu'Hélène n'a pas fini je vais en profiter pour vous faire un petit bilan des mes récentes lectures. Je ne sais toujours pas si ça vous intéresse ou si vous zappez mais dans le doute, allons-y.
Actuellement en cours : Le Shack de W. Paul Young. Très mystique et religieux, l'histoire d'un homme qui essaye de se reconstruire après l'enlèvement et la mort d'un de ses enfants... qui n'y réussit pas et qui part en excursion trouver des réponses... et rencontre Dieu... plutôt sympa même pour le total athée que je suis... je n'ai pas fini mais je le conseille quand même. C'est remarquablement bien écrit et au delà du côté religion on peut y voir beaucoup d'autres interprétations plus proches de la psychologie, de la philosophie de vie que de Dieu pur et dur.
Un peu avant : Tom Clancy, Sans Aucun Remord. Polar/Thriller. Histoire d'un ex Marine qui a perdu sa femme puis sa nouvelle copine et qui échoue sur pas mal de point à chaque fois qu'il essaye d'entreprendre quelque chose. Il se met donc en route pour régler 2 problèmes en parallèle, qui ont certains liens. Faire la peau aux personnes impliquées dans l'assassinat de sa copine (réseau de drogue) et essayer de libérer des prisonniers d'un camp au Vietnam... les 2 histoires ont quelques liens car la drogue en question passe par le Vietnam... Bouquin sympa par le côté "sort qui s'acharne", mais parfois un peu long et lent.
Frédéric Dard : Quelqu'un marchait sur ma tombe. Par l'écrivain de San Antonio, style très différent, bouquin court sur l'évasion d'un prisonnier organisée par sa petite amie... et les choses ne se passent pas exactement comme prévu. Un livre agréable avec des trucs assez inattendus même si ça ferait plus un court métrage ou une pièce de théâtre qu'un film de 2h étant donné qu'il doit y avoir l'équivalent de 4/5 scènes dans tout le bouquin.
Un petit SAS, le 160è du nom : Aurore Noire, c'est sympa de lire un bouquin de fiction, post 11 septembre, qui parle d'Al-Quaida et d'une autre tentative d'acte terroriste.
Charles Stross, Palimpseste. De la pure fiction avec une base intéressante, celle qu'un groupe d'hommes très avancés à la capacité de donner quelques directions dans le développement de l'humanité, de prélever des "spécimens" et de les réimplanter sur la terre des millions d'années plus tard une fois que les humains se sont autodétruits ou ont été détruits par l'évolution du système solaire par exemple. Il y a forcément quelques couacs car les interventions de ces personnes laissent des traces et peuvent modifier le cours de l'histoire, ils peuvent revenir réécrire des choses qui se sont passées (d'où le titre). Mais bon globalement c'est trop court et fumeux pour être vraiment passionnant.
Je crois que j'ai fait le tour des derniers trucs lus, fin de la revue de presse... même si Hélène coud toujours en râlant régulièrement du genre "ah non, il y en a un autre que je n'avais pas vu..."

238è jour : Analipsi - Thessalonique

6 décembre 2011

39,6 km, 9982 km au total

La journée étant à priori courte en kilomètres on s'offre 40 minutes de rab, réveil à "seulement" 6h30... ben oui c'est les vacances on vous dit :-) Tout est trempé, c'est l'ambiance humidité à 200% mais la grisouille de la météo nous apporte aussi une douceur bien agréable. Pas besoin de gants ce matin, ça fait toute la différence.
Après une vingtaine de kilomètres tranquilles nous arrivons face au problème qu'on avait un peu anticipé : le passage cool au travers de la montagne pour rejoindre Thessalonique, c'est de l'autoroute, à priori interdite aux vélos. La carte d'Hélène est d'une rare imprécision, on est un peu justes en définition sur les cartes dans l'iphone et le GPS de rando a une cartographie très moyenne. Par chance on trouve un point d'accès wifi ce qui nous permet :
- de valider la réservation de l'appart à Athènes, on sera donc au chaud au moins du 18 au 22 décembre... après ça va être un peu l'aventure.
- de récupérer des cartes Google Maps un peu plus précises... qui nous permettent d'optimiser un itinéraire qui monte sévère mais nous permet de passer pas trop loin de l'autoroute et ensuite de rattraper une petite route qui la longe. Merci Internet. Allez je m'offre d'ailleurs une digression technique. Guilhem qu'on a rencontré sur le parking de Carrefour il y a quelques jours avait longuement réfléchi sur le choix d'un GPS, il envisageait l'achat d'un Garmin un peu comme celui qu'on a depuis 3/4 ans maintenant... sauf qu'il a fait le constat que d'autres ont fait avant lui : la cartographie est un peu pourrie. Du coup il a plutôt acheté un téléphone portable étanche (un Motorola Defy pour les connaisseur), un genre d'iphone pour les non connaisseurs, il le charge en roulant et ça a l'air de plutôt bien fonctionner. L'avantage c'est qu'il télécharge la cartographie de Google Maps, gratuitement et avec un niveau de zoom important, l'ergonomie est bien meilleure que celle d'un GPS "dédié" et le coût final bien inférieur. Si ça peut donner des idées à d'autres... le seul inconvénient c'est donc que ça consomme plus (l'écran) mais avec la dynamo de moyeu c'est apparemment réglé. On va d'ailleurs essayer un peu ce système avec l'iphone un de ces 4 si on arrive à récupérer quelques câbles et autres trucs pour charger. On vous tiendra au courant.
Donc nous montons comme des dératés, un grec fige au bord de sa maison en voyant une côte qu'on prend sans mettre pied à terre. Je suis toujours aussi nul pour évaluer les pentes mais je dirais le double de ce qui nous fait d'habitude souffler comme des bœuf ce qui doit faire dans les 15% !!! ok ça dure 30 mètres mais c'est un vrai mur. On en enchaîne 2/3 comme ça dans la petite ville de Lagyna avant d'arriver sur une route de montagne plus traditionnelle. Ca monte régulièrement et doucement, on est un peu navrés de voir l'autoroute en contrebas profiter du trajet idéal dans la vallée mais bon on à l'habitude de la suprématie de la voiture... et en Grèce on commence à comprendre que la mentalité du sud nous a rattrapée... la bagnole et ses conducteurs sont loin d'être exemplaires...
Nous arrivons à Thessalonique vers 11h30. On sent bien que c'est la seconde plus grosse ville du pays. C'est dense, la circulation est affolante, ça bouchonne, ça enfume, mais on finit malgré tout par aboutir sur la mer. Cool. Nous trouvons même une piste cyclable qui longe jusqu'à la "tour blanche". On se fait interpeller en français... on s'arrête et on discute avec 1 français en vadrouille et 2 grecs. Alors qu'on papote en anglais on entend derrière nous "Ollllliiiivier, Héllléénaaaa !!!!" On se retourne et oh, c'est Rula qui est venue à Thessalonique faire des courses pour la pizzeria et l'hôtel hier, qui a passé la nuit chez un ami et qui poursuit ses emplettes et qui se trouve là pourquoi ? par hasard ! Encore une fois on hallucine, après Pierre et Anastasia à Istanbul, des frenchies en route vers le Japon à 8h sur le parking du Carrefour... ces derniers temps on les accumule.
On papote un peu avec tout le monde et Rula nous dit de retrouver Lena, la sœur de Cristos (là où on a été manger au resto Grec en Allemagne... eh oui tout est lié on vous dit) vers 13h30 sur son lieu de travail (on avait initialement rendez-vous à 17h).
On se trouve un coin à l'abri pour pique-niquer car il s'est mis à pleuvoir. Pas cool.
Direction ensuite la petite boutique de création graphique/impression de Lena. On cafouille un peu pour comprendre qui est qui car c'est une collègue de Lena qui parle bien anglais qui nous prend en charge et fait l'interprète avec Lena. C'est assez compliqué car l'idée est de laisser le vélo à la boutique, de mettre nos affaires dans la voiture de Lena et ensuite d'aller se balader puis de revenir quand elle aura fini de travailler. On met un certain temps à organiser tout ça, Rula débarque aussi quelques minutes... mais on finit par régler ce qui doit l'être et on repart à pied nous promener dans la ville. On erre dans les rues comme toujours, l'appareil photo pas loin malgré la météo très moyenne, vous verrez bien.
On se pose dans un petit café pour profiter de la fin d'après-midi car on a finalement un petit décalage d'horaire. On capte un peu de wifi on en profite donc pour aller voir ça : http://blog.cycloreveurs.fr/2011/12/lamigration-vs-cycloreveurs.html
et ça : https://picasaweb.google.com/112750662977423955461/CycloreveursRecits#5682639309457878162 (et suivantes)
ça nous fait bien plaisir de voir que ce qu'on a vécu avec Guilhem et Eglantine est réciproque !
On retourne à la boutique pour découvrir que Lena parle un peu anglais, ça va être plus simple que ce qu'on commençait à imaginer. Cool.
Direction son appartement, en voiture.
Nous dinons d'une soupe aux légumes qu'elle a préparé, c'est très bon, avec des olives toujours aussi exceptionnelles (on n'a pas d'olives correctes en France une fois qu'on a mangé celles-là qui ne sont pas fripées et on une vrai "chair") et des oranges et... citrouille confites. Lena ressort pour son boulot pendant que nous profitons de la douche, de la machine à laver et d'internet.
Elle revient à l'appart puis une amie à elle qui parle bien anglais débarque pour nous aider à communiquer. On peut alors s'avancer un peu plus dans la discussion et ça va être pour moi l'occasion de vous faire un point sur un sujet qu'on s'était bien gardé d'aborder jusqu'à présent par manque de recoupement d'informations : la crise !
On en a pas mal discuté avec la famille à Stavros mais c'est le genre de sujet dont l'opinion peut grandement varier d'une personne à l'autre, notamment par le simple fait qu'elle soit directement touchée ou non, et ses sources d'informations également. A la télé on a vu tourner en boucle les images choquantes de billets de banques, dans des machines qui servent à les compter, à l'imprimerie, ... on a l'impression que tout est fait pour renforcer la focalisation sur le problème, une fois de plus ça nous navre bien. Encore un de ces cercles vicieux : Dans un climat serein dites "c'est la crise", répétez-le à l'infini et tout le monde agira comme si c'était réellement le cas et finalement créera le problème. Prenez le touriste moyen français qui planifie les vacances de son prochain été. Si on lui suggère la Grèce, je pense qu'il y a de fortes probabilités pour qu'il exclue ce pays de son choix "parce que là-bas c'est la crise". Moins de touristes, moins d'entrées d'argent... ah ben ouais le secteur du tourisme souffre... c'est la crise...
Même chose pour la consommation en général : "c'est la crise" alors on fait attention. Même si dans les faits rien n'a vraiment changé. En France les salaires n'ont pas diminué, les prix pas plus augmenté que les années précédentes... bref le climat attentiste suffit bien souvent à créer et entretenir le problème.
Bon alors qu'en est-il en Grèce ?
Tout d'abord à Stavros nous avons perçu que le problème était bien réel. Les prix augmentent, les salaires diminuent. Les familles se serrent les coudes pour partager les frais, limiter les dépenses. Si on a bien compris il n'est pas rare que soit retirés 50 euros sur la fiche de paye d'un employé d'un mois à l'autre, comme ça, sans justification ni avertissement. La population n'est pas contente et ça commence à se faire sentir.
A Thessalonique on a beaucoup parlé du sujet et ressenti la même chose. Tout d'abord dans l'organisation de notre journée on nous a conseillé de ne plus être à 18h dans le centre car il y avait une manifestation. On a pu voire dans les heures précédentes qu'il y aait des policiers et CRS en masse un peu partout. Je me suis même fait interpeller par un flic parce que je prenais des photos (d'une rue) et qu'il ne voulait pas que je photographie le commissariat... que je n'avais même pas vu et qui n'était absolument pas dans le champ.
A 18h30 quand nous sommes rentrés dans la voiture de Lena le centre était limite verrouillé à la circulation. On ne sait pas si les manifestations sont pacifiques ou pas mais en tout cas côté forcé policière ça ne rigole pas.
Ensuite à propos des emplois et salaires, on nous confirme qu'en effet il y a pas mal de licenciements, de non renouvellements de contrats et également de baisses de salaires. (privé ? public ? par contre on ne sait pas).
Mais visiblement ce qui est très nouveau ici c'est l'apparition massive de taxes qui n'existaient pas auparavant. Un peu pour tout, sans que la population comprenne à quoi ça correspond. Tu reçois dans ta boîte aux lettres un nouveau papier de l'état qui te dit que tu dois payer X euros avant telle date parce que c'est comme ça. Certaines taxes sont bien vicieuses, par exemple couplées à ta facture d'électricité. Donc si tu ne payes pas, ben on te coupe l'électricité. Simple et efficace.
On ne saura pas (c'est un truc que vous pourriez chercher pour nous vous qui avez internet 24/24) quel est le taux d'imposition global des différents foyers européens histoire de savoir si la Grèce revient au niveau de la moyenne (et du coup ça serait plus un problème d'adaptation de la population face à des problèmes évidents) ou si au contraire elle crève les plafonds. Ca serait un paramètre intéressant à savoir.
On a aussi perçu l'animosité grecs<->Angela Merkel. On n'a pas compris exactement l'attitude actuelle de Merkel (le grec à la tv bof on a un peu de mal et on a envie de laisser les médias français de côté durant le voyage) mais globalement il semble que les grecs aient un peu de mal à encaisser le fait qu'ils ont emprunté de l'argent à l'Allemagne, qu'ils consomment beaucoup de produits issus de l'Allemagne (trucs militaires, voitures, électroménager...) et que maintenant qu'ils vivent avec l'habitude de consommer des produits "de luxe" on leur demande de rembourser leur dette avec intérêts. Bon c'est peut-être pas très clair, vous avez probablement sous la main plus d'infos que nous mais en tout cas les grecs avec qui on aborde le sujet ne sont pas très enthousiastes :-) Quand on commence à entendre que l'Allemagne veut diriger l'Europe et qu'on nous évoque le passé des deux précédentes guerres mondiales on ralentit la conversation sur le sujet...
A plus de 2h du matin on rejoint la chambre pour se coucher. Notre tente sèche sur le balcon, nos duvets sont en vrac car ce soir on dort de nouveau dans un vrai lit !

239è jour : Thessalonique (jour off)

7 décembre 2011

0 km, 9982 km au total

Réveil ultra tardif et mode trainage. Après un petit dej tranquille on quitte l'appartement à... presque 12h30. On se met au rythme du sud quoi !
On part à pied direction nord-ouest pour découvrir Ano Poli, la ville haute, qui ressemble à Montmartre version sud. Les géraniums sont remplacés par des lauriers rose et des orangers. La vue en haut est sympa mais la météo n'est pas au rendez-vous et les câbles électriques ainsi que les voitures sont toujours dans le champ de l'objectif, pas évident.
On découvre les anciens remparts de la ville puis on redescend, Hélène adore le marbre humide et je suis obligé de la retenir un certain nombre de fois pour ne pas qu'elle se casse la figure. On se balade de nouveau dans le centre et on pique-nique entre 2 goutes en observant les altercations de gypsies.
On se pose ensuite dans un café au confort et à la chaleur bien agréables. On en profite même pour bouquiner. On rentre par le chemin des écoliers à l'appartement. On a facilement 15 km dans les jambes. Si on avait un podomètre et qu'on ajoutait les kilomètres à pied à ceux faits à vélo on aurait déjà dépassé les 10 000 !
On se pose un peu avant de ressortir diner avec Lena qui rentre du travail.
Direction avec 2 de ses copines dans un petit resto où nous mangeons grec traditionnel. Excellent, comme toujours beaucoup de choses différentes. On adore essayer cette cuisine, et on rejoint pleinement ma cousine Claire, jusqu'à présent c'est la meilleure cuisine Européenne qu'on ait pu manger : fin, varié, gouteux, ... on boit un peu de vin, très doux, pendant que tout le monde se fout de nous avec nos problèmes de digestion de l'alcool. Pas grave on a l'habitude :)
Ensuite direction un petit bar local où on boit un... café. Un "double grec" pour moi. On apprécie assez le concept du marc mélangé au café, c'est plutôt sympa. Il faudrait poursuivre les expérimentations avec différents cafés, mais c'est plutôt bon. Le fait de sucrer le café en amont (pour ceux qui l'aiment sucré) a aussi ce petit côté agréable de ne pas avoir besoin de cuillère (plutôt recommandé si on veut laisser déposer le marc au fond de la tasse).
Après de longs papotages et échanges on finit par rentrer avec en plus une sympathique proposition : nous faire de nouvelles cartes de visite. On est sur la fin de notre stock et comme Lena tient une société de design et impression c'est l'occasion de découvrir un peu son travail.
On fait donc le design de la carte dans l'appart en continuant de discuter avec l'amie d'hier qui est également de la partie. Encore une fois on se couche bien tard sachant que demain on est attendus frais et dispos à 8h30 au pied de l'immeuble pour aller récupérer (en voiture) notre tandem préféré.

240è jour : Thessalonique - Kleidi

8 décembre 2011

37,2 km, 10019 km au total

Après une courte nuit on rempaquette une nouvelle fois notre bardas puis on prend un petit déjeuner rapide avant de repartir comme prévu pour le bureau de Lena. Il y a pas mal de bouchons dans le centre, ça prend donc un certain temps.
Sur place nous entreprenons donc de faire imprimer et couper les cartes de visite. On est super contents du résultat. J'essaye de réparer un des ordis du local mais en vain, Windows XP refusera de démarrer en mode normal... et gérer les menus et messages d'erreur en grec n'est pas une mince affaire.
Nous repartons finalement bien tardivement et avons encore à faire des courses pour les repas à venir. Un Carrefour se jette sous nos yeux après même pas 5 minutes de vélo. C'est trop tôt à notre goût mais on ne refuse pas le fait qu'il n'y a pas de détour à faire pour y arriver, autant optimiser un peu. On ravitaille aussi vite qu'on peu même si on est loin des standards de formule 1 et on entame donc notre parcours rigolo sur... l'autoroute. Ca va être probablement une constante des jours à venir : il y a une route principale pour aller à Athènes, c'est de l'autoroute. Par chance juste à côté, genre 10 mètres il y a une vieille route... à peu près partout... et qui longe à peu près tout le temps. Tout le problème réside dans ce "à peu près". On a téléchargé des cartes Google Maps assez précises donc on sait de quel côté passer, quand changer de côté (car parfois il y a une petite route de chaque côté) mais on a aussi vu qu'à certains endroits la route finit par faire un joli angle à 90° et s'éloigner définitivement de l'autoroute. A d'autres endroits il y a une rivière à traverser, l'autoroute à un pont, mais la petite route s'arrête net. Et de l'autre côté de la rivière la route reprend... mais aucun moyen de passer d'un côté à l'autre. Ca s'annonce sportif et on va donc à priori régulièrement devoir prendre l'autoroute.
Histoire de vous rassurer, sachez qu'on a discuté avec différentes personnes et toutes nous ont dit qu'il n'y avait pas de souci, que ça se prenait à vélo, qu'on ne nous embêterait pas. Cet après-midi un 4x4 s'arrête même et un papy qui parle un peu français discute avec nous et nous indique tout naturellement un trajet qui emprunte l'autoroute plutôt que de faire un gros détour.
En fin de matinée nous passons le cap si symbolique des 10 000 km ! On s'arrête faire quelques photos et pique-niquer. On aurait pu se faire un repas pantagruélique ou au moins avec des mets exceptionnels, mais on reste finalement dans la simplicité. N'oublions pas que c'est le chemin qui compte, pas le but final. Chaque kilomètre est l'occasion de profiter du paysage, des gens... on n'est pas tellement là pour parader et considérer ces 10k comme une fin en soi. Enfin bon on l'avoue quand même, on est bien contents.
La météo est superbe, on se réchauffe au soleil, on est bien, c'est génial.
Au moment de repartir le temps change brutalement. En l'espace de 10 minutes on se retrouve avec des gros nuages et surtout des bourrasques de vent impressionnantes. Le vélo devient difficile à manœuvrer, on manque de se faire éjecter à plusieurs reprises. On fait des écarts d'un mètre sur le côté... Au loin on à l'impression d'assister à la fin du monde tellement le ciel et noir et bouché. On espère juste ne pas se prendre un mélange tempête et déluge de pluie... et finalement on s'en sort plutôt pas mal. On poursuit nos zigzags pour s'éloigner et revenir le long de l'autoroute puis avant de reprendre cette dernière pour au moins 6-8 km alors qu'il est déjà bien tard on avise un coin bivouac pas totalement pourri derrière un hangar désaffecté. Le vent a tendance à soulever les plaques de tôle ondulée du toit (corrugated iron en anglais, on a appris ça il y a quelques jours à Istanbul) et certaines sont mêmes déjà au sol. On croise les doigts pour ne pas se faire trancher par une tôle volante au milieu de la nuit mais aussi plus simplement pour que le vent se calme un peu car ça fait un bruit du tonnerre et on commence à avoir des doutes sur la possibilité de s'endormir avec un tel raffut. Ils annoncent également -2°C cette nuit... on se prépare donc à affronter le pire.
Allez petite nouvelle "santé". Je me suis pesé chez Lena et (en supposant que sa balance soit cohérente par rapport à celle qu'on a à Paris), j'ai pris du poids... et pas qu'un peu : 3,5 kg ! Physiquement j'ai aucune idée d'où ils sont. Probablement du muscle un peu partout (je n'ai pas trouvé où il y aurait du gras) mais ça m'a fait quand même un choc. La dernière pesée était à Oslo et n'avait absolument rien révélé. Il faudra confirmer par la suite si c'est une élévation ponctuelle du genre "nourriture grecque" ou si c'est permanent, je vous tiendrai au courant.

241è jour : Kleidi - Neoi Poroi

9 décembre 2011

78,7 km, 10097 km au total

Finalement le vent s'est calmé ce qui a permis une nuit relativement agréable. On avait un peu de sommeil à rattraper.
Le soleil se lève sur ce qui semble bien être le Mont Olympe au loin.
Comme prévu on prend donc la bretelle magique qui nous amène sur l'autoroute. C'est calme à 8h30 du matin et on a la bande d'arrêt d'urgence de 3 mètres de large rien que pour nous. Finalement c'est plus sécuritaire qu'une nationale étroite avec les camions qui doublent alors qu'il y a quelqu'un en face. Vu que tout le monde nous a recommandé de la prendre on se sent pas totalement illégitimes ici. Bon l'arrivée sur un péage nous fait un peu peur... tu crois qu'il va se passer quoi ? On ne sait pas trop à quoi s'attendre. Finalement tout est ouvert et personne ne s'arrête, parfait. On s'arrête 20 mètres plus loin pour faire un point sur l'intérêt ou non de rester sur cette route. Il y a bien toujours des petites routes qui longent mais il faut vraiment regarder super précisément pour savoir de quel côté passer et si ça passe vraiment. Vu le trafic léger, le bitume super agréable et sa platitude on se décide à rester mais une personne de la gestion du trafic routier vient nous voir et nous indique qu'on n'est pas censés être là. Il n'est pas super convaincant, et on lui explique un peu la situation. On lui monte la carte papier sur laquelle il n'y a pas d'autre route que l'autoroute pendant encore 20 bornes. On lui demande si c'est ok qu'on fasse ces 20 bornes puis qu'on sorte, il n'est pas contre. Cool.
Nous voila partis pour la poursuite de l'expérience. Hormis les bretelles d'entrée et de sortie c'est assez tranquille en fait. Il y a même les petits luxes du genre toilettes et aires d'arrêt qui sont bien agréables. Les voitures et cars arrêtés nous regardent un peu comme si on était des martiens, mais c'est pas grave :-)
On flippe un peu à l'entrée d'un tunnel a Katerini mais c'est bien éclairé et personne ne nous embête. On sort finalement un peu plus loin car désormais la route qui longe semble cohérente et sans rallongis notables. Ca nous permet également de trouver un coin pique-nique dans un champ plutôt que sur le bitume d'un parking... c'est un peu l'inconvénient de l'autoroute. A midi on a quasiment fait 50 bornes. C'est l'avantage de ce genre de route non ? rouler vite et avaler les kilomètres... On déjeune avec une vue magnifique sur les montagnes que seuls ces pu*ains de poteaux et câbles électriques gâchent.
On change de côté pour se rapprocher de la mer et c'est bien agréable. Le champ avec les chèvres et la falaise avec la mer en arrière plan c'est splendide. On poursuit à bon rythme avec l'espoir d'atteindre Mesagkala où on a potentiellement un hébergement. Seul souci on a du coup un jour d'avance sur ce qu'on avait envisagé et le plan en question n'était absolument pas sûr. On devait avoir des nouvelles hier soir mais j'imagine que la personne en question n'a pas donné signe de vie. C'est un peu l'inconvénient des amis d'amis d'amis quand on passe par toute la chaîne c'est que couplé à nos incertitudes au niveau des dates et heures ça peut parfois cafouiller et mettre du temps pour faire remonter les infos.
On poursuit jusqu'à un passage un peu compliqué : sur la carte il n'y a pas d'autre choix que de se grimper un truc énorme, du genre passer du niveau de la mer à 400 mètres en l'espace d'un kilomètre. En fin d'après-midi on ne le sent pas très bien. Par contre on voit qu'un bout de route commence à contourner le massif montagneux du côté de la mer avant de terminer en jus de boudin. On se dit qu'on a rien à perdre à faire les 500 mètres en question pour aller voir ce qu'il y a au bout.
Après ce court parcours on tombe face à la mer, mais aussi sur une ancienne ligne de chemin de fer... hum c'est tentant. Hélène n'est pas convaincue car il y a un tunnel bien noir et caillouteux mais finalement la perspective de ne pas transpirer l'emporte et on pousse donc le tandem dans le noir quasi total. On voit finalement la lumière au bout du tunnel (hihi) et les rails poursuivent encore quelques centaines de mètres à l'air libre. Ouf. Ca rattrape ensuite la route, on vient de s'éviter une belle boucle, on est bien contents. Seules 2 micro côtes bien sévères nous permettent de regagner ensuite le front de mer bien plat.
On poursuit encore et toujours, on s'approche doucement de Mesagkala même s'il reste toujours pas mal de kilomètres pour arriver jusqu'au centre. On choppe du wifi en fin d'après-midi pour constater qu'on n'a pas de nouvelles. On part donc en quête d'un coin bivouac. On se dit qu'au moment où on trouvera on vérifiera une dernière fois s'il n'y a pas de news et dans la négative on plantera la tente.
On galère un peu à trouver un endroit potable car il y a pas mal de résidences secondaires et de petits champs fermés, mêmes les champs d'oliviers sont entourés de grillage :( On trouvera néanmoins au détour d'un virage en endroit squattable... C'est entre le train, les chiens et les coqs, donc une fois de plus les bouchons seront recommandés mais le soleil passant derrière les montagnes il ne faut pas trop trainer.

242è jour : Neoi Poroi - Platykampos

10 décembre 2011

55,6 km, 10153 km au total

Hier soir à 20 heures il faisait... -7°C dehors. A peine le soleil couché la température est descendue en flèche, c'était impressionnant. A croire que le froid descend direct du Mont Olympe.
On a pris peur et fait un petit inventaire de tout ce qu'on pouvait mettre pour se protéger du foid. Les t-shirts de rechange, les chaussettes, et même le paréo étaient à portée de main. Finalement ce matin avant le lever du soleil la température n'est "plus que" de -4°C. On ne comprend pas trop, c'est peut-être la présence de la lune, pleine, qui réfléchit le soleil et a fait remonter la température. On y voit comme en plein jour car il n'y a pas un nuage, c'est impressionnant. Il y a peut-être d'autres phénomènes météo qu'on ne maîtrise pas, on en découvre tout les jours. Toujours est-il que finalement on n'a pas eu froid dans la tente cette nuit.
Les chiens et les coqs ont en effet été pénibles à souhait... malgré les bouchons. On se demande pourquoi ces clebs aboient à 3h32 pour quelque chose de nouveau qu'il n'y aurait pas à 3h31. Et pourquoi à 3h33 ils s'arrêtent avant de reprendre ensuite. Elle est où la logique ??? Pour le coqs, la présence de la pleine lune doit un peu les détraquer puisque visiblement pour eux c'est tout le temps le lever du jour. Ouais, vivre au contact de l'extérieur a aussi son lot d'inconvénients... et ils ne font pas les tentes triple vitrage et parois en placo isophonique.
Bref ce matin on décolle lentement. On emprunte des routes qui n'existent pas sur nos cartes mais qui finissent par nous faire arriver au pied de la route qui traverse la vallée de Tempi, un passage étroit entre 2 montagnes, le long d'une rivière. On arrive juste avant... le péage qui termine l'autoroute. On a du mal à comprendre mais la nana au guichet n'a pas l'air étonnée et nous demande juste de contourner par un trottoir plutôt que de nous soulever la barrière. Bon au moins on sait qu'on a le droit d'être là. De toute façon après c'est une simple nationale et il n'y a qu'une seule route. On regrette un peu d'avoir ôté polaire et pantalon de pluie (qui coupe aussi du vent) car à peine engagés dans la vallée on se retrouve à l'ombre, avec un vent glacé qui nous fige les traits du visage. L'endroit est néanmoins superbe.
Je m'arrête pour essayer de faire quelques photos, ça n'est pas évident car la route est souvent derrière des arbres qui obstruent un peu la vue. Pas de point de vue sympa. Je finis par descendre le long de la rivière sans trouver de lieu terrible et quand je remonte, à côté du tandem il y a une camionnette orange, genre DDE, avec quelqu'un qui essaye de parler avec Hélène. On ne capte pas tout mais le mec n'a pas l'air très content de nous savoir en vélo sur cette route. C'est une "nationale" voyez-vous. On lui fait comprendre qu'il n'y a pas de souci, qu'il n'y a de toute façon qu'une route et qu'ensuite nous on sort reprendre nos petites routes de campagne. Il parle dans sa CB un moment et nous demande d'attendre... la Police. On ne capte pas trop le délire mais à priori c'est pas pour nous foutre une amende mais pour nous escorter !!!
La voiture de police arrive, un peu avant qu'on soit transformés en blocs de glace, et le mec très gentil nous explique que la camionnette va nous escorter. Quel bordel. Il fallait bien une voiture de police et faire déplacer un policier pour ça.
On repart donc et finalement la camionnette nous suit juste derrière. Super. C'est débile, on est navrés, surtout pour les automobilistes derrière. Cette route n'a qu'une seule voie et la camionnette fait bouchon alors que les voitures pourraient passer à côté de nous sans souci car il y a largement la place. Hélène fulmine, moi je me rappelle les "trucs de psy" : c'est leur décision, c'est pas toi qui a choisi, c'est leur problème. Du coup pour s'arrêter prendre des photos c'est un peu mort. Certains automobilistes doublent rageusement, prennent des risques car il y a des voitures en face... Finalement au bout de la traversée la nationale se retransforme en autoroute mais juste avant il y a une magnifique bretelle de sortie pour rejoindre une route plus civilisée pour les vélos. Notre escorte repart en sens inverse, on est dégoutés. Sous couvert de "sécurité" on nous a fait finalement plus créér de problèmes (et prendre des risques pour les autres usagers de la route) qu'autre chose. M'enfin... On ne leur a pas dit qu'hier on fait fait 50 km sur l'autoroute...
On se pose ensuite une petite demi-heure pour se réchauffer avec du thé de la thermos (Hélène la bénit chaque jour :-) mais surtout pour décider de la suite de l'itinéraire : soit on poursuit notre jeu du chat et de la souris le long de l'autoroute (il y a bien "toujours" une petite route qui la longe, mais ça n'est jamais la même, jamais du même côté, avec toujours autant de surprises...) ou alors on coupe plein sud, mais ça a l'air nettement plus montagneux. Après consultation de toutes les cartes dont on dispose on se décide finalement pour longer l'autoroute car elle est plus près de la mer et à moins haute altitude. Si on doit bivouaquer à 500 ou 600 mètres on commence à prendre un peu peur pour le froid.
Comme du coup ce choix nous amène à éviter Larissa on fait quelques courses dans une micro supérette de la ville d'avant. Ca avait l'air petit de l'extérieur mais en fait c'est pire que prévu puisque la moitié des rayons est consacrée à des produits non alimentaires. On va manger un peu différemment dans les jours qui viennent :)
A la sortie un groupe de jeunes sur des bicross sont attroupés autour du vélo. On discute quelques minutes, ils nous suivent quand on repart mais sont très vite distancés. Ca descend, on est avantagés et eux moulinent un peu dans le vide.
On leur laisse une chance en ravitaillant en eau à une fontaine, comme il y en a beaucoup ici... mais ils lâchent bien vite l'affaire.
On se pose pour pique-niquer un peu plus loin et faire le point sur 2 problèmes techniques :
depuis quelques jours notre poche à eau fuit. On ne sait pas exactement où se situe le problème car la poche est dans un espèce de tissu épais et qu'il faut la vider pour la sortir de son étui. Pas très pratique quand on en a besoin tous les jours. Encore un truc facile à gérer si on ne peut pas réparer !
Le second problème est moins rigolo : une des attaches de fixation d'une sacoche avant a lâché. On a d'abord cru à un problème qu'on pourrait résoudre facilement mais en fait c'est un truc en plastique qui est cassé. On tente actuellement une réparation avec de la colle , mais c'est mal barré : le point est difficile à atteindre, crade et on n'a que de la colle néoprène sous la main, pas l'idéal pour réparer quelque chose qui est soumis à de la pression. On utilise de la ficelle et un mouchoir en papier en guise d'étau et on laisse sécher. On verra demain matin ce que ça donne. En attendant la sacoche tient avec juste la 2è attache donc il n'y a pas mort d'homme, mais bon ça va lui mettre 2x plus de pression donc elle risque de péter elle aussi et la sacoche a tendance à glisser sur le porte bagages lorsqu'il y a des secousses. Pas terrible. Là encore ça s'annonce coton pour remplacer la pièce. Contacter le SAV, se faire livrer une pièce ? En trouver une neuve à Athènes ??? Peu probable. Au pire ça sera donc gafattage de la sacoche sur le porte bagages. Moins pratique forcément mais bon... il faudra bien s'adapter.
Je ne crois pas en avoir parlé mais à Athènes on va retrouver Mathieu, Kati et leur fils Camille. Ce sont des amis à nous qu'on ahâte de revoir car ça fait très longtemps qu'on ne les a pas vus (comme beaucoup de gens je vous l'accorde). Notre tour d'Europe avait suscité en eux le désir d'aller faire un tour en Norvège cet été mais côté dates nous y étions trop tôt pour pouvoir se retrouver. Là ils seront en vadrouille pour quelques jours (du 19 au 23) et outre le fait qu'on est super contents de les voir, ils vont aussi venir les sacs chargés de trucs pour nous. On va récupérer le pack de batteries revenu du SAV (comme prévu c'est un neuf, ils sont stupides chez Tekkeon), quelques petits accessoires pour le vélo et l'iphone, un peu de ravitaillement en pharmacie,... et des "trucs" qu'on ne sait pas encore envoyés par notre famille... on a hâte.
Bon sinon une fois notre pique-nique terminé, on reprend le long de l'autoroute, là encore les différentes cartes sont parfois éloignées de la réalité. Il n'y a pas à dire la cartographie grecque c'est pas ça ! On finit par rattraper la perpendiculaire au "périph" de Larisa et on part sud-est sur une nationale... et on se fait la même réflexion en même temps : il n'y a pas la bande d'arrêt d'urgence qu'il y avait sur l'autoroute et c'est finalement beaucoup plus dangereux. On retrouve les camions qui nous doublent un peu proche, les voitures qui doublent alors qu'il y a quelqu'un en face... C'est con à dire mais la notion de sécurité est quelque chose de parfois très très subjectif. Il faudrait vraiment que certains prennent un vélo et roulent un peu avant de concevoir des aménagements routiers...
Le coin bivouac de ce soir est un peu n'importe quoi, on ne prend pas la peine de chercher le lieu idéal car on sait qu'on ne le trouvera pas. Il y a dans cette plaine que des champs à perte de vue, un peu trop pour espérer se planquer. Entre les 2 pleins de petits villages régulièrement espacés. On plante donc sur un beau champ vide et bien plat. Dans une heure il fait nuit, on ne nous verra plus.
Hélène se met à la couture des gants de soie pendant que j'écris quelques emails et le récit. On finit notre thé, un peu tiède mais bien agréable. Le soleil se couche et apporte avec lui sa fraîcheur... mais un réseau wifi capté en fin d'après-midi nous a un peu rassuré sur la température attendue cette nuit, même si on a tendance à se méfier car ces derniers temps les prévisions même à 12-24 heures n'ont pas trop recoupé nos constats...

243è jour : Platykampos - Aidinio

11 décembre 2011

49,9 km, 10203 km au total

Ah, enfin une nuit "tiède" où on peut dormir duvet un peu ouvert, sans la doudoune sur le dos... ça fait du bien. La tente est sèche en plus, c'est cool. 7°C ce matin, ça change des -7 de l'autre jour !
Ce matin c'est très nuageux par contre. On reprend notre nationale, pas passionnante mais plutôt directe, on roule bien, c'est lisse.
On essaye de faire sécher la poche à eau qu'on a sortie de sa housse. A priori la fuite est au niveau du raccord entre la poche et le robinet.
La suite est plus reliéfée, le paysage devient plus sympa même si forcément ça monte. On observe les panneaux solaires "orientables" en haut des bosses, ici il y a quand même une bonne quantité de panneaux, c'est rassurant.
Le midi on se pose sur un terrain de foot et le soleil perce enfin au travers des nuages. On peut déjeuner juste en t-shirt (à manches longues quand même), ça fait un moment que ça n'était pas arrivé. Un tel pique-nique mi décembre ça fait très très plaisir.
On sort la colle néoprène et on se lance donc dans la réparation. On recharge en eau tous les bidons et même le thermos car on va être sans poche à eau ce soir le temps que ça sèche bien. En remplissant le thermos on découvre que le fond est cassé !!! super, on a la poisse avec le matériel en ce moment. Et bien sûr j'ai jeté la facture hier en me disant "bon on l'a testé plusieurs fois, il tient bien le chaud, pas besoin de garder le ticket". Bon à priori ça n'est pas la partie "sous vide" qui est cassée mais juste un socle au fond qui permet à l'ensemble de tenir debout. Ca devrait être recollable... on verra ce soir.
Le temps se recouvre un peu, on repart donc après seulement une petite heure de lecture :)
On rattrape l'autoroute... enfin la route qui longe et ô miracle il y a des indications. On a un peu observé avant sur Google Maps et il faut s'accrocher pour savoir de quel côté longer l'autoroute tellement ça passe d'un côté et de l'autre, s'arrête... Mais là, on tombe nez à nez avec un panneau "Athina, to special road". On ne comprend pas très bien cette traduction du grec juste au dessus mais ça nous rassure, on a presque l'espoir que les panneaux vont continuer jusqu'à Athènes comme ça. Ca longe donc bien, et les zigouigouis qui contournent les bretelles d'accès sont même correctement indiqués. Cool.
Au milieu de l'après-midi on tombe nez à nez avec un champ d'oliviers magnifique(s). De beaux arbres bien espacés avec un gazon digne d'un golf autour. Ca s'enfonce en profondeur ce qui est une invitation très tentante d'aller planter la tente... et c'est ce qu'on fait. On a presque 50 km au compteur, les derniers jours ont été plutôt élevés en kilomètres, donc on peut se le permettre.
Alors quelques nouvelles de la réparation du système de fixation de la sacoche avant-droite : ça n'a pas tenu ! Bon en mettant le crochet défectueux à l'avant de la sacoche ça n'est pas trop critique et on va probablement mettre du gaffa tout autour pour sceller la sacoche au porte-bagages. Lucas notre spécialiste ès "recherches de solutions à distance" nous a trouvé quelques adresses pour essayer de trouver de quoi remplacer ça. On arrive même finalement à avoir l'adresse d'un revendeur Vaude en Grèce, un peu au nord d'Athènes et sur notre chemin. On envoie un email, on verra bien.
Comme on plante la tente de bonne heure c'est aussi l'occasion de faire un peu de maintenance de vélo pendant qu'il fait jour : réglages de patins de freins, huilage de chaînes...
On ressort aussi la colle néoprène pour le fond de la thermos ainsi que pour réparer des trous dans nos sacs jaunes de remorque. Ouais c'est vraiment la période "matos en détresse". On continue aussi notre liste de courses pour Mathieu, j'espère qu'il ne fera pas la gueule parce qu'on va finir par le faire venir à Athènes avec 20 kilos de matos pour nous.
Sinon, on prend notre temps, il fait très bon, c'est agréable.

244è jour : Aidinio - Achladi

12 décembre 2011

54,8 km, 10258 km au total

La route nous mène rapidement à Almyros où après quelques errances nous tombons sur un Carrefour Express. A croire que Carrefour est omniprésent en Grèce. Nous, hormis les prix un peu exorbitants, ça nous plait bien car les packagings sont souvent au moins partiellement en Français. On retrouve une fois de plus du gaz, en bouteilles de super couleurs... merci les grecs de faire votre café sur des petits réchauds à gaz, nous ça nous arrange bien. A la sortie nous revenons sur la place principale pour trouver une banque où tirer du cash... oui en Grèce aussi ils sont un peu à la bourre sur la prise en charge de la CB, c'est très aléatoire, certes bien moins qu'en Allemagne où la l'absence de CB est plutôt la norme, mais en Grèce on ne sait jamais trop sur quoi on va tomber, la preuve ce matin, le supermarché quand même pas ridicule ne prenait pas notre carte chérie. Alors que je descend du vélo un couple de jeunes retraités nous interpelle en français. On discute 30 secondes avant qu'ils nous invitent à prendre un café au bar qui est juste à côté. Bien entendu on accepte. On s'assoit avec la dame pendant que son mari part on ne sait où. On discute un peu, déguste notre café grec et nescafé au lait (toujours avec un grand verre d'eau, ça c'est appréciable en Grèce, dès qu'on s'attable un serveur débarque toujours avec des verres d'eau).
On apprend que le couple vit ici mais passe 2 mois par an en France où ils ont leur fille (à Toulon), d'où leur très bon français. Le mari revient avec... des pâtisseries. On en a une chacun (c'est énorme et on vient juste de prendre le petit dej) pendant qu'ils en partagent une à deux. Dans un sac à côté il y a aussi 2 autres choses "salées" pour ce midi. On est gâtés. On échange quelques dizaines de minutes, on leur raconte notre périple, on leur donne une petite carte mais malheureusement ils ne sont pas très branchés internet. Peut-être qu'avec d'autres membres de la famille ils découvriront quand même les photos... car on en prend une avec eux.
Au moment de partir la dame nous donne le sac en plastique qu'elle avait avec elle. Dedans une énorme boîte de gâteaux qu'elle vient d'acheter pour emmener à l'enterrement auxquels ils doivent se rendre dans la ville d'à côté. Elle nous dit "maintenant ils sont à vous". On a beau essayer de lui faire comprendre qu'elle vient de les acheter pour elle, qu'elle en a "besoin", rien n'y fait. On repart donc avec 1 bon kilo de petits gâteaux au miel qui sont faits visiblement uniquement autour de la période de noël. On en avait goûté quelques uns dans le bureau de Lena c'était délicieux donc on se lèche les babines d'avance.
On repart une fois de plus l'esprit dans les nuages. Il faut néanmoins se concentrer un peu sur le vélo car ça monte un peu. Aujourd'hui mini étape de montagne. Rien de méchant mais pas mal de petites montées descentes. Le soleil a bien percé les nuages, il fait chaud et ce matin, pour la première fois depuis... pfff... des mois probablement maintenant, on roule en t-shirt (à manches longues quand même) et on retire les jambières ! Ca fait un bien fou au moral. 12 décembre, on est en short ! Vive la Grèce. Mou areisi i ellada (ou un truc du genre, merci Julien [d'Auschwitz] pour les petites phrases en grec, ça nous sert beaucoup). Pique-nique de nouveau au soleil, c'est bon...
Après-midi au même rythme que la matinée, relief, puis on finit par arriver au point le plus haut et là boum, une vue terrible sur la mer au loin. Un peu de brume, les champs d'oliviers, les crêtes, les sommets déshydratés, les nuages... C'est splendide. Et pour ne rien gâcher ça descend désormais. La route est belle, personne dessus (ils sont tous sur l'autoroute à côté). C'est juste parfait. Même quelques ruches avec vue sur la mer pour nous permettre de poursuivre notre chalenge sponsorisé de photos de ruches. En bas on arrive vraiment au ras de l'eau. On longe un petit moment avant de reprendre un peu d'altitude. On sent un plan foireux venir, la petite route qui longe l'autoroute se termine en cul de sac, pas mieux de l'autre côté... enfin ça c'est ce qu'indique Google Maps. On tente quand même et après une montée sévèrement burnée on se retrouve comme deux couillons... logique... la route s'arrête, comme ça, sans qu'on ait vu de panneau du genre "sans issue". Là on est vraiment mais alors vraiment dégoutés. Il y a l'autoroute à 5 mètres, mais derrière un grillage et une glissière de sécurité (et une autre glissière centrale pour passer du "bon côté") donc pas envisageable. Là on c'est encore plus pénible c'est qu'il n'y a sur nos cartes aucune route pour passer... Si ce n'est retourner au moins 5 km en arrière, et passer au travers la montagne, style 10 bornes de rallongis avec probablement une pente de dingue.
On revient un peu en arrière quelques centaines de mètres, jusqu'au précédent passage possible pour changer de côté de route qui longe l'autoroute. C'est à moitié barré mais sur le béton du pont on voit indiqué à la bombe le nom de la ville qu'on est censés rejoindre. Je vais voir à pied quelques mètres, c'est un sentier de montagne, ça monte comme pas possible mais potentiellement ça a l'air de passer. La dernière fois qu'on a joué à ce jeu on a perdu une heure et finalement dû rebrousser chemin mais au moins on savait qu'on avait essayé tout ce qu'on pouvait. Je convainc Hélène de recommencer, et hop en poussant le tandem on grimpe dans la caillasse. Après quelques arrêtes pour que notre cœur retrouve un rythme compatible avec la vie humaine on aperçoit une route en construction. Ce chemin la rejoint, il n'y a personne sur la route en question, on l'emprunte... c'est toujours quitte ou double, ça passe ou ça passe pas. Chaque kilomètre de gagné peut vouloir dire un kilomètre de plus à faire en sens inverse... ça se termine en jus de boudin, caillasse, engins de chantier garés sur la piste, ... mais ça passe ! On aperçoit un champ d'oliviers bien plat, on ne réfléchit pas longtemps, on s'arrête pour y planter la tente.

245è jour : Achladi - K. Damasta

13 décembre 2011

46,6 km, 10304 km au total

Hier soir il a plu et ce matin ça recommence. Ca faisait très longtemps... et ça nous interpelle sur la météo de ce pays : on passe de -7°C à +7 en l'espace de 24h (et 50 km), on est en t-shirt le matin et en pantalon de pluie le soir...
Du coup Hélène en profite pour trainer dans le duvet genre "à quoi bon s'habiller, il pleut dehors...". Finalement la pluie cesse et nous oblige :-) à partir. On rattrape notre fausse route en construction alors qu'il se remet doucement à pleuvoir. La terre, l'eau au sol, en l'espace de 100 mètres on est cracras comme pas possible. On fait quelques méandres autour de l'autoroute qui finalement redevient enfin une nationale comme espéré sur nos cartes. On en profite pour l'emprunter et c'est tout de suite plus agréable.
Après un panneau indiquant un projet de conversion de la nationale en autoroute - budget 800 millions d'euros dont la moitié provient de l'UE, ce qui veut dire que 1,5 mètres d'autoroute coûtent plus cher que le budget total de notre voyage d'un an - donc je disais après ce fameux panneau on découvre que les travaux sont déjà bien avancés puisque le petit panneau vert "autoroute" nous nargue et nous impose donc, sans aucune chance de sortie, de rester sur cette route de la mort. Nous on s'en fout on aime bien, et on commence à avoir l'habitude, mais j'imagine le pauvre cycliste du dimanche qui se retrouve bloqué sur cette route sans possibilité d'en sortir ni de revenir en arrière. Une fois de plus on sent bien qu'en Grèce le concept du cycliste n'est pas arrivé jusque dans ce pays. Le cycliste qui irait d'une ville à une autre n'en parlons même pas ("pour quoi faire ??? il y a la voiture pour ça"). Ca me rappelle une question d'un des jeunes d'il y a 2 jours qui zieutait notre tandem à la sortie du petit supermarché "mais pourquoi vous faites ça ?". Ca nous avait bien fait sourire.
On poursuit donc à 120 km/h (à moins que ça ne soit les voitures). Mais finalement une fois de plus c'est plus sécuritaire que la nationale. D'ailleurs nos amis grecs ont une façon assez étrange d'utiliser la route nationale. Une voie dans chaque sens et une bande d'arrêt d'urgence ce chaque côté... à l'utilisation ça donne : chacun route 2/3 sur la voie d'urgence et 1/3 sur la voie normale, ce qui du coup laisse une bonne largeur au milieu pour doubler. En gros, malgré le marquage au sol ils se font leur propre 3 voies !
A une station essence on se fait un petit point "Google Maps" pour continuer à constater que la route qui longe a tendance à avoir des trous, notamment quand il y a des petites rivières. Donc de toute façon pas le choix, c'est autoroute ou rien. On poursuit donc. L'inconvénient comme on l'avait dit c'est que côté coins pique-nique c'est pas génial. On enchaîne donc finalement les kilomètres pour aller déjeuner ET bivouaquer au même endroit.
A 12h30, en sueur sous les vêtements de pluie (elle continue à jouer au chat et à la souris avec nous), on se pose dans un nouveau champ d'oliviers, pas terrible celui-là mais c'est probablement le dernier en terrain plat. Notre programme est d'arrêter de longer la côte le long de l'autoroute mais d'aller couper la montagne qui est sur notre droite pour changer de vallée. Ensuite, une fois le col passé ça redescend entre 2 lignes de montagnes et ça devrait être quasi plat jusqu'à Athènes. Comme on ne veut pas bivouaquer trop en altitude on préfère se poser au pied des monts. Un rapide coup d'œil nous indique que ça va monter sévère et au passage qu'il n'y a pas l'air d'avoir vraiment d'endroit plat pour poser la tente.
On sort tout notre bardas pour le faire sécher un peu car un petit rayon de soleil filtre. On mange nos sandwiches et vlan il se met à pleuvoir. On monte la tente par dessus notre paréo en catastrophe pour finir le déjeuner tranquillement. Heureusement qu'on a les petits gâteaux au miel d'hier, ça nous réchauffe le cœur et c'est vraiment terriblement diablement bon.
Le soleil repointe un peu, on en reprofite pour refaire sécher les affaires. On tend un fil, tiens ça faisait un bail qu'on n'avait pas fait ça. On profite également du soleil pour se faire un shampoing qui fait du bien et une micro douche. La poche à eau fuit toujours, il faut croire qu'on n'a pas réparé où il fallait. Pendant qu'Hélène finit d'installer le campement je ressors la poche de sa housse, l'inspecte sous toutes les coutures et trouve en effet ce qui semble être l'origine de la fuite. Renéoprène, mais là j'ai comme un doute que ça tienne. Le seul espoir est que je vois un peu de colle ressortir de l'autre côté du trou donc ça devrait faire un genre de bouchon évasé des 2 côtés, donc boucher le trou et empêcher la colle de partir, parce que jusqu'à présent on a constaté que ça ne tenait pas super bien sur le plastique de la poche, même sec ça se décolle. Bref, encore 24h à attendre avant de se prononcer. Et la colle néoprène en contact de l'eau à l'intérieur de la poche, c'est peut-être pas idéal non plus pour la santé...
Du coup avec ce programme chargé l'après-midi passe vite, on prend le petit thé de notre thermos et on se pose un peu. Y aura t'il de la couture ce soir ? On verra bien. On va surtout se reposer pour attaquer la terrible montée de demain. Quand on voit la carte, les zigzags de la route et la route en vrai vu qu'on est au pied, on prend un peu peur. Mais bon au moins après on aura une nationale bien balisée à suivre, ça sera aussi un peu plus reposant que de passer son temps à vérifier sur 3 cartes si ça passe ou pas, pour constater que malgré tout ça n'est pas toujours conforme à la logique...

246è jour : Damasta - Kato Tithorea

14 décembre 2011

50,2 km, 10354 km au total

La pluie a laissé place à un ciel parfait, même s'il fait frais ce matin on sent bien que la journée est superbe. C'est aussi pour ça qu'on s'est gardé la montagne pour demain, pour profiter de la vue sous un beau temps et non pas la pluie.
L'ascension commence dès le premier tour de roue. Il est 9h quand on part, on sait qu'on a une quinzaine de kilomètres de montée... on en a pour jusqu'au déjeuner !
En effet ça monte sans relâche. Au moins pas de mauvaise blague du genre "oh ça redescend" suivi d'une côte sévère derrière. La pente est correcte et en montant doucement on ne s'épuise pas trop. On enlève les couches chaudes au fur et à mesure que le soleil pointe son nez et on profite de la vue absolument phénoménale sur Lamia et la mer. C'est splendide, on est contents de notre choix de route.
Le vélo nous fait quelques couinements étranges. On huile tout ce qu'on peut, on resserre aussi tous les écrous possibles sans régler le problème. Pas cool.
Un peu avant midi on arrive au sommet, environ 650 mètres, encore une fois ça n'est pas impressionnant, mais côté statistiques ça donne : 14 km de montée, 8,0 km/h de moyenne. 2h30 en tout pour monter si on inclue les pauses et une pointe à ... 11,5 km/h !!!
La haut c'est magnifique, on change de vue mais c'est tout aussi bien. Les couleurs pètent, le soleil domine, la petite pointe de vent sèche notre tente et duvets bien humides, c'est parfait pour pique-niquer. Une fois de plus on se fait la remarque qu'on déjeune dehors au soleil un 14 décembre pendant que tout le monde est au boulot, on a le sourire au lèvres, un peu sadiques, presque à espérer qu'à Paris il flotte et qu'il caille et que tout le monde grelotte dans son manteau en laine et sous son parapluie. Mais non on ne pense pas ça, mais ça ne nous empêche pas de profiter du moment. On s'octroie une bonne pause lecture (bon j'ai fini le Shack, c'était bien et 2 nouveaux SAS sympa... qu'est-ce que je vais lire maintenant ?).
Le redépart est assez marrant puisqu'en 45 minutes on double notre nombre de kilomètres, pause pipi/recharge en eau comprise ! Ca descend bien, doucement mais sûrement, un peu comme la montée, mais dans l'autre sens :) On profite, nouveau paysage dément, c'est vraiment beau la Grèce. On atterrit donc au fond d'une nouvelle vallée, avec en face de nous un nouveau pic, le Mont Parnassus, enneigé au sommet et majestueux. On se refait quelques petites montées mais globalement on roule plutôt sur notre plus grand plateau (rare) entre 35 et 45 km/h pendant une bonne partie de l'après-midi.
Quand on se met en quête d'un lieu de bivouac on a finalement fait 50 km. L'honneur est sauf et on ne pensait pas avec 14 km à 14h que 2 heures plus tard aurait fait 36 bornes de plus. Donc 18 km/h de moyenne pauses comprises versus 5,6 km/h ce matin !!! C'est dingue la différence entre les montées et les descentes :-)
On se trouve un nouveau champ d'oliviers, et on bivouaque donc avec en arrière plan le Mont imposant. Météo : 2°C cette nuit au plus froid, on est au pied de la montagne, on sent qu'on risque plutôt de passer les -2C... on verra demain qui aura eu raison, mais du coup, une fois de plus on se prépare au pire.
Hélène pense beaucoup à ses parents en imaginant qu'ils aimeraient beaucoup randonner dans ce coin. Hop un petit vol pour Athènes, un train et ils seraient au pied des sentiers de rando. Pensées aussi pour Jean-Louis et Françoise (mon oncle et ma tante) qui ont beaucoup randonné en Grèce (par contre on ne sait pas s'ils ont été dans ce coin, il faudra qu'on se renseigne).
Voilà, une magnifique journée, qui nous a un peu réconcilié avec la montagne, une montée douce et régulière et avec un paysage à couper le souffle, chose plus difficile quand tout est plat. C'est l'éternel problème.
La nuit tombée je sors le trépied pour essayer d'immortaliser ce Mont quand même bien sympa.

247è jour : Kato Tithorea - Après Aliartos

15 décembre 2011

67,2 km, 10422 km au total
Aujourd'hui c'est Hélène qui dicte.
Une nouvelle belle journée montre son nez. Le Mont Parnassus est magnifique au lever du soleil. Le lieu de bivouac était vraiment super, relativement plat avec de multiples coins toilettes bien cachés et des oliviers en veux tu en voila. Hier soir on a eu le droit à un ciel étoilé magnifique avec des étoiles filantes.
On a plutôt bien dormi tous les deux, il n'y a pas à dire mais j'arrive pas à sortir du duvet avant 6h30, je n'entends pas le réveil, donc Olivier est tout seul pendant une grosse demi-heure, mais ce petit moment de solitude à l'air de lui convenir, cette justification apaise ma petite culpabilité :-)
On a repris la route avec pour objectif de ravitailler. Cette fois-ci les sacoches sont vraiment vides. Malheureusement les 2 "grosses" communes qu'on traverse dans les premiers kilomètres n'ont pas de supermarché ou vraiment très (trop) petit. On tombe nez à nez avec un nouveau "lion" d'Alexandre le Grand... on apprendra plus tard qu'il y a bien un lien avec celui déjà vu un peu avant Stavros.
Du coup on fait un petit détour de 5 km en direction de Levadia pour trouver un vrai supermarché. On tombe sur un Metro un peu avant d'arriver dans la ville. On s'arrête pour ravitailler. On ne connait pas cette enseigne. Ca semble être de la vente en gros (comme en France mais le logo et le style sont différents) mais on s'y essaye quand même. Bilan : c'était pas trop mal, on a trouvé tout ce dont on avait besoin, le seul inconvénient c'est qu'on n'y trouve que des "marques", donc même si elles sont à prix inférieur à ce qu'on trouve en grande surface c'est pas moins cher pour nous d'acheter là-bas. Comme il n'y avait personne, on n'a pas trainé et une demi-heure plus tard on était sortis, ce qui est plutôt cool. Ca nous a pas trop empiété sur la journée comme ça peut parfois le faire. On a repris la route pour trouver un lieu de pique-nique et surtout pour faire sécher la tente et le tarp qui étaient trempés ce matin. Finalement on trouve un coin pas trop mal à côté d'oliviers, c'est un peu en bord de route mais ça ira très bien pour ce midi. Le soleil joue un peu à cache-cache mais malgré tout la tente et les duvets finissent par être secs au bout d'une heure. Vers 14h on reprend le vélo. Ca devrait être une bonne journée en terme de kilomètres puisque ce matin on a bien roulé. Le coin n'est pas trop reliéfé et la route plutôt en bonne état donc on enchaîne les kilomètres assez facilement. L'après-midi se poursuit dans la même mouvance que la matinée si ce n'est qu'à un moment on tombe sur une boulangerie et on fait une pause pour voir si elle ne vendrait pas les mêmes petits gâteaux que ceux qu'on nous a offert à Almyros et que nous avons terminé hier soir. Ô miracle ils en vendent, donc j'en achète une très petite quantité comparé à la boîte précédente, juste pour prolonger le plaisir de manger ces gâteaux. Cette petite pause faite on reprend le vélo et on poursuit notre route. Après la commune d'Alyartos où Olivier ne trouve pas de wifi on s'enquille une bonne montée, courte heureusement car en fin de journée c'est un peu dur pour moi et là le paysage change. Au lieu des petits champs entrecoupés de champs d'oliviers on découvre un paysage presque lunaire, des champs immenses à perte de vue entre les 2 flancs de montagnes et uniquement de la terre retournée, de la terre rouge, c'est impressionnant et légèrement inquiétant puisque nous sommes en phase de recherche de bivouac. Il n'y a pas d'arbre, pas de bosquet, juste la nationale qui traverse ces champs à perte de vue. Finalement au bout d'un certain nombre de kilomètres on aperçoit un rang de cyprès et juste derrière un portail ouvert donnant sur un terrain avec une maison en construction... ou en état de démolition... on ne sait pas trop. Finalement vu le paysage on décide de planter la tente derrière la construction, comme ça on est invisible de la route. C'est moins féérique qu'hier soir mais au moins on a un lieu pour dormir, à cet instant c'est ça qui compte. Et là je suis dans le duvet, en train de dicter à Olivier et je suis bien, je sens la fatigue de la journée, la fatigue agréable, quand on a bien transpiré, qu'on se pose, il y un petit moment de relâchement, de "plannage", qui est bien agréable.
Je rêve beaucoup à Athènes en ce moment, on approche, l'excitation monte. Je commence à rêver à ce qu'on va faire, à réfléchir à ce que j'ai envie de faire, et ça c'est bon aussi. Ouais finalement c'était une journée presque silencieuse. Il ne s'est pas passé grand chose de spécial, il n'y a pas eu d'évènement particulier, mais tout à coulé. Je suis désolée, ça n'est pas palpitant mais il y a des journées comme ça. Ca n'est pas une journée extra, mais pas une mauvaise journée non plus. C'est ça le voyage aussi !

248è jour : Aliartos - après Oinofyta

16 décembre 2011

48,6 km, 10470 km au total

Ce matin il pleut, ok c'était un peu prévu et bien sûr j'ai oublié (ou plutôt fait la feignasse) de mettre le tarp sur le tandem. Un petit pincement au cœur pour notre monture qui prend l'eau toute seule. Bon elle en a vu d'autres, notamment quand on roule sous la pluie (point de tarp dans ces cas là) mais ça n'est pas une raison. On prend donc notre temps, notamment pour répondre à quelques emails. J'essaye de prendre un peu de distance, de ne pas répondre toujours du tac au tac, mais le naturel revient toujours au galop, je crois que malgré l'absence d'adsl et de connexion permanente à la maison comme au bureau on arrive toujours à répondre plus vite que la majorité des gens qu'on connait :-) On se soigne, ouais enfin je me soigne. J'essaye de laisser un peu trainer, de ne pas me sentir obligé... mais comment ne pas répondre immédiatement quand on voit un email "don la Migration Aquitaine" ? Ces derniers temps, noël approchant on reçoit des marques d'attention très notables pour nous autres pauvres tandémistes SDF condamnés à dormir sous une tente malgré des températures pas toujours clémentes... enfin bref je m'égare...
Après une demi-heure de trempette le soleil pointe son nez et chasse définitivement les nuages. C'est splendide, clair et sans une trace de pollution. Seule ombre au tableau, la pluie ça mouille la terre... et notre lieu de bivouac n'est qu'un terrain boueux. Nos chaussures quadruplent de poids, les pneus et coins du cadre du tandem se recouvrent de cette glaise rouge qui colle tout.
Il nous faut un bon quart d'heure pour décrotter tout ça, notamment pour permettre de clipser les cales sur les pédales automatiques. La route est également bien humide ce qui a tendance à projeter de l'eau - rarement propre - sur nos beaux vêtements - rarement propres - de vélo.
Matinée tranquille, rien de particulier. Le paysage est toujours sympa mais au loin. En attendant c'est de la nationale au milieu de rien, pas passionnant.
La traversée de Thiva (Thèbes) est l'occasion de découvrir un nouveau lion, plus petit celui-là et juste en face une magnifique église. On en aperçoit également une autre en hauteur, mais on galère déjà suffisamment dans le centre ville au relief impressionnant pour avoir envie de pousser le tandem pour la rejoindre.
On se rapproche ensuite de l'autoroute et le paysage change un peu mais nous permet d'apercevoir de nouveau la mer, toujours aussi bleue sous le soleil claquant.
On a le vent dans le dos mais il se fait un peu violent pour notre pique-nique en haut d'une colline. On cherche donc à s'abriter entre quelques oliviers... et on se recrotte les chaussures dignement ! Fichus champs retournés et fichue glaise ferrugineuse.
L'après-midi est d'ailleurs l'occasion de longer l'autoroute... et les usines de métallurgie. Il semble bien qu'il y ait un lien entre tout ça.
Le paysage urbain nous fait énormément penser à l'arrivée un peu avant Istanbul avec toutes les usines de textile. Ici c'est exactement pareil sauf que le textile a laissé place au métal et les mini-bus à des cars plus traditionnels. Néanmoins on retrouve le concept du transport massif d'ouvriers (qui semblent d'ailleurs dans l'ensemble plus pakistanais que grecs !?!) entre les villages alentours et ces centres ouvriers.
Un rapide point sur la carte et le GPS nous confirment qu'on est laaaargement dans les temps. Notre objectif demain est de rejoindre Afidnes (une vingtaine de km) où il est censé y avoir un revendeur Vaude, fabriquant de nos sacoches, où on espère trouver de quoi changer le système de fixation. Par contre toujours aucune réponse à notre email envoyé en début de semaine, pas rassurant. Si ça se trouve c'est un grossiste, si ça se trouve il n'est pas ouvert le vendredi, si ça se trouve il ne vent que les vêtements de la marque, pas les accessoires de vélo... si ça se trouve il n'existe plus ! Bref beaucoup d'incertitudes.
Pas de nouvelles non plus de Vaude tout court à qui on a écrit en parallèle pour essayer de faire fonctionner la garantie et se faire envoyer un système de fixation à l'appart où on sera à Athènes. Bref c'est mal barré.
Donc demain : sacoches, courses alimentaires et trouver un lieu de bivouac ! Ca veut dire 20-30 bornes dans la journée, on devrait y arriver. Le plus dur sera probablement de trouver un nouveau lieu de bivouac si près d'Athènes (25 km). Là également on a contacté le gérant de l'appartement pour lui dire qu'on serait là de bonne heure l'après-midi mais à priori on ne peut pas rentrer dans les lieux avant 14h au plus tôt et encore vraiment en négociant. On attend donc une réponse, on verra bien.
Pas de nouvelles non plus de où on passera noël, c'est toujours en cours de négociation entre Reingard et ses amis d'Athènes. On ne stresse pas trop, on se débrouillera bien pour dormir quelque part pour le réveillon de Noël :-)
Ce soir on bivouaque un peu près de l'autoroute mais il n'y a pas un choix énorme, on sent déjà nettement l'influence de la proximité de la capitale. Néanmoins on se trouve un petit coin tranquille, cachés de la route, bref on devrait être biens... pour faire la grasse mat demain matin ?

249è jour : Oinofyta - Afidnes

17 décembre 2011

23,4 km, 10494 km au total

Chose promise chose due, nous nous octroyons 40 minute de rab ce matin... mais finalement comme il fait chaud et qu'il y a du vent on passe moins de temps à s'habiller et le pliage de la tente est plus facile que quand elle est trempée... du coup on décolle à 8h45, presque comme d'habitude, non sans avoir observé les panneaux solaires photovoltaïques en face de nous. Ici en Grèce ils sont souvent en "champs" et non pas sur les toits des particuliers (ils ont les chauffe-eau solaires c'est déjà pas mal). Et dans ces fermes solaires, bien souvent les panneaux sont montés sur des systèmes orientables afin qu'ils soient toujours dirigés de manière optimale vers le soleil. La grande question qui se pose est : le système fonctionne t'il de manière analytique (le panneau pivote un peu et si le rendement est meilleur alors il pivote encore un peu, si le rendement baisse il revient un peu en arrière...) ou alors plus basiquement comme la position du soleil est prédictible, le support s'oriente tout seul là où le soleil est "censé être". On penche pour la 2nde solution mais la première a son charme aussi, on ne sait jamais, si le soleil avait un imprévu, qu'il était à la bourre suite à un rendez-vous avec la lune qui aurait duré un peu plus longtemps que prévu...
La route de se matin se fait avec le vent globalement dans le nez et la pente très globalement contre nous. Il y a un nouveau petit col à franchir, dans les 400 mètres donc pas énorme sachant qu'on ne commence pas non plus au niveau de la mer, mais avec le temps grisouille et l'énergie d'Hélène qui frôle celle d'une pile saline éco+ périmée on se traine laborieusement.
On longe l'autoroute, puis s'en éloigne pour rentrer dans Afidnes, où on trouve sans aucun souci Resoul, le revendeur Vaude. Comme anticipé, c'est tout foireux. L'enseigne est magnifique mais il s'agit... d'un entrepôt. Probablement un grossiste. On est samedi, personne hormis les gardiens qui ne parlent pas un mot d'anglais. On tente sans espoir de faire comprendre notre problème mais ça n'avance à rien. On est dégoutés. On grimpe ensuite vers le centre de la commune pour acheter à manger. La micro supérette d'altitude est digne d'un bar de pistes de skis au niveau tarifs. On prend le strict minimum pour tenir jusqu'à demain soir et on s'en sort pour quasiment 30 euros avec 10 produits. Les 375 grammes de céréales à presque 5 euros ça fait mal ! Mais on n'a aucunement envie de rejoindre l'autoroute et un centre commercial plus loin car on a vu quelques lieux bivouaquables en arrivant et vu comment on approche d'Athènes il vaut mieux assurer ses arrières sous peine de se retrouver à planter la tente au pied d'un immeuble ou dormir dans un hôtel trop d'étoiles.
En effet après 10 mètres de recherche on trouve le coin pour planter la tente et pique-niquer. Il fait un vent à décorner les bœufs, on est bien protégés par le silnylon. On s'offre une bonne sieste et de la copieuse lecture même si l'iphone arrive en fin de course niveau batterie. C'est dur car vu la petite étape d'aujourd'hui ça n'a pas beaucoup rechargé les piles qui nous servent à la recharger. Il me reste 4 piles pleines, 2 pour demain et 2 pour les GPS de rando dont on va avoir besoin aussi pour rentrer dans Athènes. Bref après 10 jours d'autonomie totale on commence à être sur les fins de batteries de tous les côtés. L'ordi tient le choc, plus que ce que j'imaginais en fait. En écriture de récit, écran au minimum, wifi coupé à priori il tient autour de 5-6 heures. Avec une demi-heure d'écriture par jour, le compte est bon.
La seconde batterie de l'appareil photo est quasi vide, je l'ai déjà rechargée une fois sur la dynamo... ce qui du coup a empêché la recharge des piles pour l'iphone donc vidé un jeu de 2 piles qu'on n'a plus l'opportunité de recharger ensuite... c'est compliqué tout ça, ça tient vraiment toujours à un fil.
J'ai hâte de retrouver le pack de batterie et quelques câbles pour tenter de charger l'iphone directement sur la dynamo histoire d'éviter les multiples pertes dues au passage par des piles intermédiaires. Il y a toujours en cours de réflexion l'achat d'un panneau solaire. Celui de Guilhem m'a bien fait envie, MyPowerAll 25 watts, mais ça coûte vraiment un rein et l'usage est quand même limité vu qu'on arrive "presque" à s'en sortir sans.
Une fois de plus l'après-midi "repos" passe vite mais est bien agréable. On se doute qu'à Athènes ça va être un peu la course même si on a hâte d'y être pour de nouveau dormir dans du dur, revoir des gens, cuisiner un peu... Normalement on a rendez-vous à l'appart entre 14h et 16h probablement, il faut qu'on finisse de goupiller tout ça. Allez je vais aller checker les mails voir si on a des nouvelles.

250è jour : Afidnes - Athènes

18 décembre 2011

35,4 km, 10529 km au total

Oh la nuit... le fait de dormir près de la ligne de chemin de fer n'était pas une mauvaise idée, c'était plutôt calme niveau trains... non le problème c'est encore une fois cest pu*ains de clébards de me*de. Au risque d'être radical, un bon chien est un chien mort !!! je n'arrive pas à comprendre comment leurs propriétaires (car là ils étaient dans des jardins) peuvent laisser un tel barrouf toute la nuit. C'est insultant pour les gens autour, c'est un manque de respect total de ses voisins, ça nous écœure ! Les coqs prennent la relève avant même que le jour n'ait eu la moindre chance de poindre son nez et l'alarme d'un entrepôt ou d'une usine enchaîne par la suite. La nuit de dingues. Heureusement que la route du jour est courte.
On se fait une dernière série de montées pour rejoindre les banlieues de la capitale, on erre un peu (mais de manière optimisée) dans un genre de Beverly Hills Grec, avec des baraques hallucinantes, des vieux châteaux, des villas sans goût et d'autres modernes qui nous plaisent beaucoup... il y a de tout. Ensuite c'est une longue descente sur la ville, un peu comme l'arrivée à Thessalonique, on s'enchaîne tous les sous-terrains pour éviter un paquet de gros carrefours et finalement à 10h30 on débarque en plein centre. Comme on ne peut pas avoir l'appart avant le début d'après-midi on pose le vélo devant un café et nous à l'intérieur. Ca fleure bon noël. Bien que nous soyons dimanche tout semble ouvert et il y a foule. On traîne bien copieusement, il y a du wifi (anémique) mais une prise électrique pour enfin récupérer quelques ampères dans les batteries !
On ressort pour pique-niquer dans un parc à côté puis vers 14h on part rejoindre l'appartement où on a rendez-vous un peu après. C'est un peu la déconfiture quand on découvre qu'il n'y a pas de machine à laver ni de lave vaisselle (ni de micro-ondes), contrairement à ce qui était indiqué. Le routeur wifi est HS et après quelques coups de fils on comprend qu'il faut visiblement squatter le wifi d'un autre appartement au dessus (qui doit être aussi géré par la même société). Bref on est assez loin de l'appart de Belgrade avec Alexandra qui nous accueille avec sa petite salade aux poivrons maison, sa gentillesse, sa machine à laver, ... mais bon on est à Athènes, de toute façon c'est ce qu'on a trouvé de mieux en rapport qualité/prix... car ici les logements sont très chers. La section "bien et pas cher" de notre petit futé commence à 70-80 euros la nuit pour une chambre d'hotel simple. Là on paye environ 60 pour un appartement complet pas trop mal situé... on ne peut pas tout avoir.
On profite de la douche... allez on sort ses doigts... ah mince il n'y en a pas assez... cette fois on a battu un nouveau record : 12 jours sans douche !!! Que je vous rassure quand même, on se lave et on a quand même fait un plan mini-douche/shampoing en bivouac il y a quelques jours... l'honneur est sauf. Le constat est simple : on ne pue pas tant que ça, on n'a pas développé de champignons ou mycoses, les gens ne nous regardent pas (plus) bizarrement (que d'habitude), ne détournent pas la tête ni ne se pincent le nez.
Hélène a toujours ses poussées régulières de boutons sur le ventre et autour, rien n'a vraiment évolué depuis le départ mais ça ne semble absolument pas lié à l'hygiène. Enfin bref ça fait quand même du bien de retrouver l'eau chaude.
On hésite longuement sur l'endroit où on va dormir. On voulait laisser la chambre à Mathieu et Katy mais finalement le tandem sera mieux dans la chambre (parce que dans le couloir, avec Camille qui gambade, ça sent la graisse de chaîne à tous les étages :)... et le séjour ferme et dispose de 2 futons ce qui permettra à Camille d'avoir aussi un lit correct. Ca semble plus adapté pour eux trois. Bon on va encore réfléchir un peu.
On sort ensuite faire quelques courses parce que l'appartement est quand même désespérément vide, pas de sel, de sucre ou d'huile à se mettre sous la dent, si on veut cuisiner un minimum il nous faut quelques ingrédients de base. Le petit supermarché le plus proche est ouvert, même en ce dimanche, c'est cool.
On revient uploader notre vidéo des 10 000 km... première fois qu'on va avoir un wifi correct depuis qu'on les a passé ces 10k, mais on en a déjà 500 de plus au compteur... heureusement qu'on va trainer un peu à noël sinon vous auriez presques 10 et 11 000 km en même temps. Je déguste un petit thé vert menthe pendant que je vous écris, mais retrouver le wifi est aussi synonyme d'avoir de nouveau accès aux outils pour gérer les éternels paperasses en France, vous savez les documents envoyés par les impôts dont vous n'avez aucune idée de pourquoi c'est, les trucs à remplir, les emails pas drôles à répondre, ... ouais c'est aussi ça le voyage, après 11 jours un peu déconnectés on retrouve la civilisation, le bon et le moins bon...