47è jour : Flensburg - Haderslev

5 mai 2011

59,8 km, 2342 km au total

La découverte du Danemark se fait avec le plus grand plaisir. Nous suivons la côte quelques kilomètres et c'est juste un endroit de rêve. Le soleil brille, l'eau est magnifiquement bleue et nous rêvons un peu (c'est permis) devant les maisons qui surplombent ce mer bien calme. Le mur de verre accolé à la terrasse en teck... avec vue imprenable.
Nous découvrons (espérons que ça se poursuive) que les Danois proposent des toilettes publiques assez nombreuses et gratuites le long des routes.
Nous roulons ensuite plein nord en direction notamment de Horsens où d'ici deux jours nous devrions avoir de nouveau un vrai lit pour dormir et surtout une habitante pour partager un peu avec nous sur le pays. Nous n'avons pas eu de réponses à notre email et avons donc envoyé ce matin un SMS pour essayer d'avoir une confirmation. Elle est en Italie jusqu'au 6, jour où nous sommes potentiellement censés arriver donc on veut en savoir un peu plus sur le jour exact et l'heure à laquelle on peut venir.
Finalement nous recevrons une réponse nous indiquant qu'elle est en Italie jusqu'au 11, donc c'est râpé... tant pis :-(
On se console en se disant qu'au moins ça sera plus évident d'être le 27-29 mai à Oslo où nous sommes attendus. La fenêtre était courte et finalement c'était très juste pour qu'on y soit à cette date. Là en ayant un détour en moins, ça devient plus tranquille pour y être au bon moment.
Nous reprenons la route et il nous faut faire un petit point sur une légende qui dit que le Danemark c'est plat. Là encore on a tendance à confondre altitude maxi (il me semble que c'est autour de 150-200 mètres le point culminant du pays) et dénivelée. Ce matin la route oscille en permanence entre 0 et 40 mètres. On va encore passer pour des rigolos, mais passer de l'un à l'autre en permanence, même avec des montées plutôt souples, c'est plutôt fatiguant. Côté moral ça va car en effet ça ne sont pas non plus des montées pendant des kilomètres, mais arriver en haut et voir que la descente est immédiatement suivie d'une remontée au même niveau ça n'est pas forcément très agréable.
Le paysage par contre est superbe, très vert, avec des éoliennes (qui tournent bien), et la nature qui évolue à son rythme.
C'est d'ailleurs un sujet que je voulais aborder. Depuis que nous sommes partis le 20 mars dernier on prend un grand plaisir à observer jour après jour l'évolution de la nature. C'est le printemps et c'est marrant de constater que petit à petit lorsque nous avancions plein est (en gros de la France jusqu'au Sud de la région Berlinoise) la nature avançait avec nous : arbres en fleurs, blé qui pousse, canards et cygnes en mode "parade amoureuse"... Ensuite en prenant plein nord le temps c'est quelque peu figé. Les degrés celcius perdus au fil des kilomètres ont décalé d'autant la pousse des végétaux. Pour avoir la chance d'observer ça il faut être dehors chaque jour et pendant un bon moment. Nous nous estimons très chanceux de pouvoir profiter de ces petits détails insignifiants et surtout invisibles pour la majorité des gens. C'est d'ailleurs aussi pour ça que nous voyageons à vélo, en mode de transport lent. Pour voir ce qui - en d'autres circonstances - serait invisible pour l'oeil.
Le faisan observé ce midi ne fait pas exception à cette règle. Alors que nous somme silencieusement perdus dans nos pensées après le déjeuner, un bruit nous attire dans les grandes herbes proches de nous. Nous observons à loisir cet étrange animal qui nous semble un peu perdu dans cet endroit... à moins que ça ne soit nous qui soyons perdus...
Les nuages jouent parfois à cache-cache et nous forcent des réflexions super profondes : "c'est dingue dès que le soleil est derrière un nuage on a l'impression de perdre 10°C... pourtant le thermomètre il ne bouge pas... comment donc ça se fait ?" Passionnant !
Petit à petit les nuages disparaissent complètement et l'après-midi est une fois encore sous le règne du soleil. Génial et très appréciable. Tout le monde nous dit "ah mais c'est exceptionnel pour cette saison, vous avez vraiment de la chance". On profite pleinement de cet état de fait en essayant d'imaginer le même endroit sous la pluie et avec 10°C de moins... ouais moins cool c'est sûr... surtout avec Hélène qui grommelle à l'arrière du tandem et les fringues trempées... Mais on garde toujours à l'esprit que le temps ça change très vite et que dans 3 jours ça sera peut-être la revanche de la pluie... et ce pour le mois à venir. En attendant nous savourons.
En fin d'après-midi alors qu'on passe à côté d'une aire d'arrêt pour les voitures, un monsieur nous fait un énorme coucou depuis sa voiture, marrant, on sourit et on poursuit.
500 mètres plus loin une voiture est arrêtée sur le bord de la route, un monsieur qui nous fait signe de nous arrêter. Tiens, mais c'est le même que tout à l'heure. Que veut t'il ? Juste discuter un peu et nous offrir des petites bouteilles d'eau minérale plus fraîche que ce qu'on doit avoir dans nos bidons. Etrange mais super sympa. Il repart avant qu'on ait pu lui donner une petite carte avec l'adresse du site mais c'est un de ces moments surréalistes qu'on adore. Le sourire d'Hélène en dit long, c'est très rigolo. On repart, un peu incrédules.
Nous trouvons quelques kilomètres une nouvelle aire d'arrêt, avec des toilettes (décidément ça semble se confirmer cette histoire) et un petit chemin qui s'enfonce dans une forêt. On y trouvera un coin un peu isolé, loin de tout passage, parfait pour planter la tente.

J'allais terminer ici, mais forcément je me rends compte que vous devez vous poser une question très pertinente : mais alors, la journée s'arrête au moment de planter la tente ? le reste c'est nul et ne mérite pas de description ?
Ok, alors je vous raconte concrètement un bivouac standard.
Après avoir trouvé le coin idéal pour la nuit tout s'enchaîne très rapidement :
On plante la tente, on rentre les sacs et sacoches à l'intérieur. Là le travail se répartit en 2 équipes : Hélène joue la femme d'intérieur en gonflant les matelas et en sortant les duvets. Pendant ce temps là je range la remorque sous la 2è abside de la tente, je mets le tandem à côté et j'antivole tout ça. Je recouvre ensuite le tandem du tarp pour le protéger les éléments extérieurs : la pluie mais aussi la résine de pins ou autres trucs pas cools. Ca rend aussi l'embarcation plus discrète. Je profite également souvent d'avoir le compteur sous les yeux pour poster sur le site notre position "finale" de la journée avec le nombre de kilomètres. Et quitte a activer le "roaming" (la pompe à fric des opérateurs de téléphonie mobile) je checke les emails.
Nous nous retrouvons ensuite pour une longue douche chaude... ah ben non c'est plutôt toilette de chat façon bidon d'eau et savon ou carrément lingette (ouh pas bien) si le temps est frais ou l'envie de se mouiller trop faible :) On en profite généralement pour faire une inspection "tiquienne" parce que ces bébêtes là on ne les aime pas.
Nous enfilons nos habits de bivouac et selon l'heure soit Hélène bouquine pendant que moi je vous écris soit nous passons directement à la phase diner.
Hélène s'occupe de sortir les ingrédients pendant que moi je gère le réchaud et la cuisson. Hélène n'est pas fan des trucs qui s'allument avec un briquet donc tout ce qui est cuisson c'est pour ma pomme.
Ensuite on enchaîne généralement diner avec les inséparables "vaisselle-lavage de dents" parce que quitte à remettre les chaussures, la doudoune (souvent) pour sortir de la tente, autant optimiser.
Selon l'heure, on poursuit nos discussions du diner ou on bouquine ou j'écris/vide les photos... généralement ça se termine à la lampe frontale avant que Morphée ne débarque.
Voilà voilà, en cette belle journée il est 18h37 et ça va être l'heure de préparer le diner. A+

48è jour : Haderslev - au nord d'Ejby

6 mai 2011

66,1 km, 2408 km au total

Encore une journée exceptionnelle se lève aujourd'hui même si la nuit a été moyenne, quelques bruits, souvent non identifiables nous réveillent généralement pendant la nuit. Hélène met souvent les bouchons (aussi parce qu'il parait que je ronfle) mais pour ma part j'essaye de les garder pour les moments où le bruit est vraiment insupportable. Je rejoins les recommandations de mon médecin à propos de la santé, il disait "sur une telle durée la maladie fait partie du voyage alors qu'en effet sur des courtes vacances on essaye de tout faire pour ne pas être malade". Avec le bruit c'est un peu pareil, il faut s'habituer, et quelque part c'est un peu rassurant de garder certains sens en éveil. Si on peut entendre le garde forestier approcher avec son 4x4, s'arrêter et s'approcher c'est toujours mieux que d'être réveillé en sursaut, lampe dans la tronche parce qu'il vient d'ouvrir la tente.
Enfin bref cette magnifique journée recommence par contre sous le signe du relief. Je ne sais pas quel idiot a colporté l'idée que le Danemark était plat mais c'est vraiment une hérésie (enfin on en reparlera peut-être quand on sera en Grèce et qu'on dira "ouais en fait le Danemark c'était vraiment plat à côté d'ici"). Après avoir rejoint Kolding nous obliquons plein est direction Middelfart (ouioui les anglophones apprécieront). Pour les vélo c'est l'ancien pont, au sud, mais il y a également un pont plus récent qui est une autoroute, interdite aux vélos. Le pont tremble comme une feuille quand il est parcouru par les trains qui y passent régulièrement. Ce pont est également pour nous l'occasion d'observer sous tous les angles la maison de nos rêves qu'on photographie copieusement. Tout y est : le toit plat, la partie nord (entrée) qui donne l'impression d'une maison de plain pied mais qui sur sa façade sud - avec vue et accès sur la mer - révèle un second niveau en dessous du premier. Il vient prendre naturellement sa place via le relief en pente douce vers la mer. Toute la façade sud est vitrée et révèle même un petit jardin d'hiver relié par une seconde série de vitres un peu en arrière.
Un puits de lumière apporte probablement la luminosité idéale dans la salle de bains au centre de la maison.
On est sous le charme... tous les deux perdus dans nos pensées à la recherche d'une solution pour devenir riches... On le sait bien, passer du rêve à la réalité sera loin d'être facile. Il faudra très probablement redescendre sur terre, très bas sur terre, ... mais en attendant rêver est gratuit alors on en profite à fond.
A la sortie de Middelfart nous faisons un point et décidons de remplacer notre projet de camping du soir par un bivouac car selon les estimations nous devrions être tout près du pont à l'autre extrémité de l'île demain soir. Pont qui n'est malheureusement pas pour les vélos. Ca sera train ou ferry et comme ça sera forcément un peu compliqué, il sera donc plus sage d'envisager un camping avant ou après plutôt que d'être en plus à la recherche d'un coin idéal pour bivouaquer.
C'est donc un peu plus loin, au nord d'Ejby que nous plantons le camp. L'endroit est un peu étrange, comme hier c'est une petite forêt attenant à une aire de repos le long de la route. L'endroit qu'on a choisi est très calme, mais au sol sur les feuilles, outre une bouteille de bière qui traine (pas spécialement marquant), on tombe nez à nez avec un concombre plutôt frais recouvert d'un préservatif... espérons que notre coin reste calme toute la soirée et la nuit... verdict demain matin.

49è jour : Ejby - Regstrup

7 mai 2011

58,6 km, 2466 km au total

La journée débute mal, en m'habillant (6h30) je découvre une petite tique plantée dans mon bras droit. C'est donc Hélène et sa légendaire fraîcheur au réveil qui se charge de l'extraction. La bébête étant petite la tâche est ardue. La tique cède mais laisse son rostre dans la peau. Grrr ! pas cool. Il va falloir surveiller de très près l'évolution de la plaie. Au moindre doute ça sera direction un médecin. Je suis dégouté car hier soir je cherchais une tique bien en extension sur une feuille où une branche pour faire un plan vidéo et montrer comment elle passait de son perchoir où elle a pu attendre des jours entiers à son hôte, en une demi-seconde mais impossible d'en trouver... alors qu'à priori j'en avais déjà une en recherche d'un coin peinard pour planter sa tente ! On a beau faire super attention c'est tout juste suffisant.
Enfin... on quitte notre coin bivouac qui finalement était très bien et n'a pas montré de signes d'activités nocturnes. Tant mieux c'est toujours un souci en moins.
Par contre un souci en plus en cette matinée qui commence mal : le câble de dérailleur arrière a un toron qui a lâché et visiblement ça l'a allongé un peu. Les vitesses sont en vrac mais on n'arrive pas bien à comprendre le problème : les 2 pignons les plus petits sont inaccessibles... ça devrait plutôt être l'inverse. Le dérailleur n'a pas l'air tordu ou abimé, ce qui aurait été possible étant donné nos passages dans la forêt qui embarque souvent une branche morte au travers de la roue... bizarre. On réaligne à l'arrache le dérailleur avec le réglage rapide histoire que les indexations tombent en face des pignons et on roule un moment comme ça, il n'y a pas mort d'homme.
Ce matin, courses. Première fois au Danemark, on est impatients de découvrir de nouvelles marques et voir de combien on va se faire saigner... parce que si en Allemagne on nous a véhiculé l'image de la séparation est/ouest, du mur et de sa chute, ... l'image persistante qui nous a été faite du Danemark c'est "tout est horriblement cher, la bouffe, l'hébergement... vous aurez à peine de quoi vous payer de quoi manger au supermarché".
Nous allons donc - après un passage à la banque pour retirer du cash, histoire de se prémunir de toute mauvaise surprise façon Allemagne - chez Fakta, aucune idée du style (discount ou pas) mais le supermarché est tout petit, plus que ne laissait imaginer la façade. Nous ressortons avec 2 jours de nourriture pour 300 DKK, ce qui fait environ 42 € au taux de change actuel avec la commission de la banque. C'est donc en effet nettement plus cher même si dans le magasin sur chaque produit l'écart n'est pas flagrant. On est malgré tout rassurés car on s'attendait du coup à voir la note doublée. Au passage le magasin prend les Visa, cool !
On poursuit direction Odense. On s'arrête au premier magasin de vélo que nous trouvons. On achète un câble neuf... mais comme il est midi cinq le vendeur ne veut pas nous le monter, il est en week-end à midi... on achète donc au passage la petite clé allen microscopique qui nous manque et qui permet de démonter le raccord des câbles qui nous permet de séparer le tandem en plusieurs parties. Vu l'heure on repart sans changer le câble, on verra ça au déjeuner... partons plutôt en quête de l'endroit adapté à notre pique-nique traditionnel. Ce midi c'est un petit parc qui nous accueille. On stratégise le changement de câble... "ouais il fait faim on verra après manger".
Après manger, "hum on va d'abord se reposer un peu, en trainant pas trop histoire d'avoir le temps de s'en occuper".
Pendant la sieste je percute : "on n'a pas de pince coupante, on ne pourra pas ajuster le câble à la bonne longueur pour qu'il rentre dans le bidule"... rhaaaa. Je regrette un instant de ne pas avoir pris le Leatherman et ses pinces... dont une partie "pinces coupantes"... mais bon le poids était rebutant. Tant pis soit on trouvera n'importe quel bricoleur/garagiste avec des pinces, soit ça attendra lundi.
Car on a de la route à faire si on veut rejoindre la côte et un camping. D'ailleurs comme pour le câble ça n'était plus la peine de se presser on a trainé à bouquiner (Hélène était à 13% de son livre hier midi, elle est à 92% ce midi... je vous laisse imaginer sa consommation).
Pour ne rien gâcher, cet après-midi le vent de face qui était supportable ce matin devient... insupportable. Combiné au relief toujours bien présent (imaginez rouler en travers d'une tôle ondulée) on souffre. Oui cet après-midi il faut une motivation forte pour appuyer sur les pédales. Celle d'Hélène ? se laver les cheveux... moi je ne sais pas trop mais c'est vrai que je réfléchissais à la manière de le faire en bivouac si jamais nous n'atteignons pas notre objectif.
Finalement après quelques litres d'eau en moins dans les bidons et évaporés de nos aisselles, et les fesses bien endolories nous débarquons enfin au camping.
Un petit point avec la dame de l'accueil nous confirme que passer le prochain pont à vélo n'est pas possible et qu'il faut prendre le train. En semaine il y en a un toutes les demi-heures, demain dimanche elle ne sait pas mais à priori au moins un toutes les heures. On est rassurés et c'est délestés de 22 € que nous aurons l'autorisation de planter la tente. Là encore on s'attendait à pire. C'est très cher, mais pour un camping trois étoiles avec vue sur la mer c'est finalement assez honnête et dans les normes.
Le vent qu'on a bouffé en pleine face toute la journée sera appréciable pour sécher les vêtements.
Après le diner nous allons rejoindre la mer, à 50 mètres à pied, même pas besoin de sortir du camping. Ici le soleil se couche de l'autre côté, mais la vue est belle, le ressac apaisant malgré l'air très frais qui nous remplit les poumons. Au loin nous découvrons le fameux pont. Des points clignotent à ses côtés. Un coup de zoom d'appareil photo nous apprendra qu'il ne s'agit pas de lumières du pont mais une série d'éoliennes à ses pieds. Très chouette.

50è jour : Regstrup - Herslev

8 mai 2011

37,5 km, 2504 km au total

Grasse matinée pour reposer un peu le physique qui a bien souffert hier avec le vent. Vous pensez aux muscles des jambes, vous avez tout à fait raison... mais il y a aussi les fesses. Quand on affronte du vent violent ou du relief important (et là on avait les deux), on se trémousse sur le vélo. Trémoussements = frottements... et frottements à répétition = on douille bien comme il faut. Tiens d'ailleurs parlons donc du troisième secret le mieux gardé des cyclistes : le mal aux fesses.
Pour les habitués des petites distances, genre petite sortie pour aller pique-niquer à quelques kilomètres, en fin de journée on a mal aux fesses. C'est principalement musculaire, du à la nouveauté du contact fessier/selle. Bref ça fait mal et on pense que c'est la même chose en plus prononcé pour ceux qui font plus de kilomètres. Mais la réalité est malheureusement toute autre. On n'a pas mal aux muscles fessiers, enfin disons que la douleur principale ne vient pas de là, elle vient du fait que comme je le disais plus haut, malgré la peau de chamois synthétique du cuissard on ne peut empêcher les frottements entre la peau et le vêtement. Au bout d'un moment ces frottements produisent des petits boutons sur les fesses, au niveau des points d'appuis selle-fessier. Ces petits boutons sont en quelque sorte des poils incarnés ou truc du genre. La peau s'épaissit, il y a probablement du pus à l'intérieur, mais pas de petite tête blanche pour faire désenfler l'ampoule. On est condamnés à subir notre sort : on dérouille et il faut bien faire avec.
Pour limiter les frottements, en France on a trouvé une crème qui s'appelle NOK, c'est un genre de beurre de karité enrichi en je ne sais plus quoi (du zinc ?) pour avoir la peau toute douce et réparée. C'est appréciable mais malheureusement insuffisant. En Allemagne on n'a pas trouvé l'équivalent et on a une crème un peu différente... dur de savoir les effets positifs car dans tous les cas on a mal !
Fin de la parenthèse et retour au programme de la journée : rejoindre Nyborg pour prendre le train en direction de Korsor pour changer d'île. Rejoindre la gare est aisé, prendre des billets également (borne automatique) mais savoir quel train prendre beaucoup moins. Après avoir demandé à 3/4 personnes on finit par être sûr de notre coup : quai n°2, train vers Copenhague ou équivalent, ils s'arrêtent tous de l'autre côté. 28 € pour quinze minutes de train, on aurait préféré rouler sur le pont nous :)
L'embarquement est délicat : l'ascenseur pour rejoindre le quai est trop petit pour le tandem et pour monter dans le train c'est 3 marches plus emmener le tandem au fond d'un compartiment car interdiction de le laisser dans le couloir à cause du passage "sous l'eau"... car en effet le train n'emprunte pas le joli pont mais s'en écarte un peu et passe sous la mer. Un micro tunnel sous la manche en quelque sorte, avec les contraintes de sécurité qui vont avec. C'est donc avec de la graisse plein les jambes et les bras endoloris que nous débarquons après seulement quelques minutes de transport. Même pas le temps de profiter du wifi à bord, grrr.
De l'autre côté s'impose désormais une phase de réflexion : on va où maintenant ?
En effet nous pouvons couper au plus court vers Copenhague ou chercher un chemin plus intéressant. Les 2 derniers jours à couper n'ayant pas été particulièrement enrichissants et jonché d'embûches nommées vent et relief, nous sommes du coup en quête d'un tracé un peu plus exotique.
Nous rejoignons donc d'abord la mer au nord-ouest avant d'envisager une remontée plein nord (il y a un petit lac) puis ensuite plein est (pour frôler des incursions de la mer dans l'île).
Nous déjeunons aujourd'hui sur la plage. Le vélo restera un peu en retrait car mécanique et sable ne font pas bon ménage. Nous savourons chaque minute de cet endroit un peu magique. Un air de Finistère Nord par temps exceptionnellement beau (il parait que ça arrive quelques heures certaines années). Sable blanc, mer bleue pétant et transparente... et sur cette rive relativement abritée, on dirait un lac que seuls quelques porte-containers au loin viennent troubler.
Le soleil nous réchauffe, nous sommes bien. On pense à tous les salariés en France qui pestent contre ce pont raté du 8 mai et qui rêveraient probablement de poursuivre ce si beau week-end une journée de plus.
Pendant que nous profitons d'un moment de repos une dame vient discuter avec nous. Elle a la cinquantaine, et vit ici depuis toujours. Son grand-père possédait les terres derrière la plage et elles sont désormais découpées en une multitude de petites parcelles avec des micro maisons plantées dessus. Elle a participé à la construction de ce fameux tunnel pour le train mais a finalement changé de direction puisqu'actuellement... elle fait des études. On discute un bon moment du système de retraite Danois qui visiblement est dans la même impasse que celui des français : allongement des durées du travail et des cotisations... et le plus drôle dans l'histoire c'est que le gouvernement vient juste de voter le "non-allongement" pour lui-même : joli pied de nez.
On explique un peu notre situation, nos choix, nos envies. C'est un moment très sympa, assis sur la plage à profiter du soleil et des échanges enrichissants. On l'interroge également sur le "camping-sauvage" et elle nous rassure en nous disant que c'est un peu comme partout, les autorités ont autre chose à faire que de débusquer des voyageurs qui passent une nuit dans un coin de forêt.
Reprendre la route est difficile par ce beau temps et ce calme car on sait qu'une fois de retour sur les routes ça va souffler.
En effet on se prend tour à tour le vent de côté et en face. Les rafales sont violentes, la moyenne est catastrophique et les descentes à 12 km/h nombreuses. On souffre, on fait des écarts sur la route, on joue du petit plateau en permanence... et ce soir c'est des champs bordés de maisons que nous traversons. Pas de forêt, pas de petits chemins, pas d'endroits où se cacher. C'est rude.
On choisit volontairement de contourner une commune pour maximiser nos chances... sans succès.
Finalement au bout d'une voie sans issue qui ne devrait pas en être une selon notre carte et notre GPS, nous trouvons un bosquet et derrière, dans un lieu sans visibilité sur des habitations, un petit coin de terre plat. Nous pourrions être au calme pour la nuit... mais le vent n'est pas de cet avis. Le bosquet n'est pas du bon côté et les rafales de vent toujours aussi dingues. On arrime la tente autant qu'on peut et on couche le vélo au sol histoire qu'il ne se casse pas la figure lors d'une rafale meutrière.
Dans la tente c'est bruyant mais malgré tout assez coocooning. Pour la première fois nous découvrons phénomène intéressant : le vent insuffle une fine poussière de tente via les moustiquaires de la tente. Petit à petit l'écran de l'ordi, le trackpad, mais aussi les duvets et le reste du matériel se recouvre de ces particules. Pour le bien de ce récit et sa pérennité je vais donc terminer ici ce soir, on a encore besoin du Mac pendant quelques mois :-)

51è jour : Herslev - à l'est de Holbaek

9 mai 2011

57,0 km, 2561 km au total

Nuit difficile avec le vente qui a secoué la tente toute la nuit. Au moment de m'endormir je réfléchissais : avec les bouchons dans les oreilles et le cerveau qui fait petit à petit abstraction des bruits liés au vent, on pourrait venir à 30 cm de nous voir ouvrir notre tente sans qu'on se réveille... il vaut mieux être confiant dans l'endroit dans lequel on a posé la tente. Heureusement ce soir on est quand même bien planqués et le champ dans lequel nous sommes manque cruellement d'intérêt pour quelqu'un qui chercherait à s'amuser. Hormis le proprio mécontent les risques frôlent le zéro.
Une fois de plus c'est le ciel d'un bleu d'azur qui nous accueille au réveil, toujours aussi agréable. La dame d'hier nous disait que c'était exceptionnel pour le coin et la période. C'est un peu ce que nous disent tous les gens qu'on croise depuis notre départ de Paris, on est chanceux c'est dingue. Mais on a toujours à l'esprit ce revirement de situation qui peut intervenir à tout moment et nous rappeler que le printemps et le nord de l'Europe c'est aussi du froid et de la pluie.
Aujourd'hui c'est Netto qui nous approvisionnera en produits frais et secs. Bilan : c'est pire que le Fakta de la dernière fois. Imaginez un Lidl passé dans une machine à laver et vous obtenez notre supermarché du jour. Un vrai bordel, hallucinant. A chaque fois on se demande "heu c'est tout ce qu'il y a où c'est juste l'espace promotions"... et une fois sur deux on se plante. Il y a du jus de fruit à 4 endroits mais rien de terrible. Des yaourts ? ah ben en fait à l'unité c'est simple il n'y a qu'un modèle... On erre, refait 3 fois les mêmes (petits) rayons. Bref un moment dont Hélène ne se délecte pas, elle qui est d'habitude si heureuse dans un supermarché, surtout quand c'est dans un nouveau pays. Ah tiens là il y a quelques produits anglais : des gâteaux, du thé, ... mais qui ne sont pas avec les autres... ainsi de suite. Côté tarifs, on est toujours dans un "discount" et notre addition sera autour de 42 € pour 2 jours (première fois que j'arrive à faire le sigle euro du premier coup sur ce fichu clavier Mac). La petite découverte du jour à laquelle on n'avait pas fait attention la dernière fois, c'est le fait que si le Danemark est autrement plus civilisé que l'Allemagne au niveau de la prise en charge des cartes de paiement internationales, ils se font par contre un plaisir d'appliquer les frais pris par la banque qui gère le TPE sur le dos du client. En gros du paye cash c'est X euros, tu payes en CB c'est X euros majorés de 3%. Un peu la haine, surtout quand on paye déjà 2% de commission pour le change DKK<>EUR. Au fond c'est compréhensible, la banque en face elle prend sa commission sur toutes les transactions, mais ça fait un peu bizarre quand même, surtout que 3% c'est énorme comme commission pour une grosse enseigne. Soit les banques en profitent comme des dingues ici, soit les marchands prennent également une part supplémentaire au passage.
M'enfin, on a la chance de pouvoir manger et payer nos courses, ne nous plaignons pas, certains n'ont pas notre chance, nous sommes probablement les plus heureux des SDF.
Bon je vous passe le vent en pleine poire, le soleil qui brille, tout ça vous savez, n'empêche qu'on en bave bien comme il faut, peut-être que ça vous fera apprécier votre lundi 9 mai au boulot (pour ceux qui regretteraient le pont...).
Au pique nique nous découvrons que notre jus de fruit "multifruits" est hyper hyper sucré. En regardant un peu nous découvrons que c'est censé produire 5 litres de jus... ah il faut le diluer... bon ben ok. Encore une bourde issue de l'incompréhension de la langue, mais cette fois c'est moins grave que la colle à dentier :)
L'après-midi est tranquille malgré ce zef toujours aussi présent. Nous traversons depuis ce matin des coins sympa avec des petits lacs, des bras de mer... et c'est très agréable. Nous avons aussi un peu étudié le trajet pour être en fin d'après-midi dans un coin où il y a un peu de forêt et c'est donc relativement sans trop de problème que nous installons notre campement.
Le drapeau de la remorque est toujours là mais il nous en fait baver ce petit con. Je me rends compte que je n'en ai pas beaucoup parlé alors voici quelques infos : ce drapeau est d'origine de la remorque, on a juste remplacé le tissu jaune qui dit "extrawheel" par une création maison tricolore de la maman d'Hélène. Mais le système d'attache entre la tige du drapeau et la remorque est - il faut le dire - tout pourri. Nous en sommes au troisième drapeau depuis que nous possédons la remorque. C'est simple, au bout de quelques kilomètres, la tige sort du support et le drapeau tombe par terre.
Nous avons donc attaché le drapeau à la remorque histoire que même s'il tombe il nous suive. N'empêche que dès qu'il y a du vent le drapeau se barre à un rythme supérieur à celui auquel nous le remettons, c'est vite pénible et on a parfois fini par ranger le drapeau dans la remorque plutôt que de passer notre temps à le surveiller et le remettre.
Pour limiter le problème nous avons commencé (en France puis en Allemagne) à mettre du gros scotch toilé (gaffa ou gaffer pour les intimes) autour de la base. Ca fonctionne plutôt bien mais avec une durée limitée dans le temps. Au bout de quelques jours le vent finit par gagner le match contre le scotch. A la longue ça consomme un peu trop de notre précieux outil de réparation.
A Mohrkrich, alors que nous avions abandonné le drapeau au fond de la remorque depuis quelques jours, las de passer notre temps à le remettre, nous avons donc passé le stade supérieur : la colle. N'ayant sous la main que de la super glu c'est donc avec ça que nous avons fixé "provisoirement définitivement" le drapeau.
Quelques jours après le drapeau tient toujours mais on voit bien que les contraintes subies par ce dernier effritent petit à petit la colle durcie. Combien de temps cela tiendra encore ? Pourront-nous alors le recoller ? La suite dans quelques jours/semaines/mois ou mieux : jamais.
Un autre sujet que je voulais aborder depuis plusieurs jours (et à chaque fois c'est sur le vélo que j'y pense, pas le meilleur moment pour sortir l'ordi) : le tandem de pensées.
Comme dirait Hélène "ça c'est une petite phrase à la Olivier", en rapport avec mon habitude de sortir des phrases incompréhensibles avant que j'en donne les explications détaillées.
Alors le tandem de pensées, c'est tout simplement le fait qu'en étant ainsi Hélène et moi aussi proches et à faire la même chose, on finit par penser la même chose au même moment. Des fois c'est impressionnant, on frôle la transmission de pensée... mais c'est juste le contexte associé aux précédentes expériences qui aboutit à ça. Vous voulez un exemple ? OK.
Pour commencer simple : on passe à côté d'un lotissement, Hélène dit "t'as vu les baies vitrées"... je pourrais répondre "Heu il y a 200 maisons, tu parles de laquelle ?" mais non, on a repéré exactement la même
Jusque là c'est plutôt normal, on a des gouts communs sur certains points, logique qu'on repère les mêmes choses.
Là où ça devient plus fort c'est par exemple quand alors que ça fait 5 km qu'on roule en plein soleil on décide au même moment qu'il est temps de s'arrêter pour retirer une couche de vêtements. Le grand classique aussi c'est que j'aperçois un truc, je fais un jeu de mot à la con et Hélène s'attendait exactement à ce que je dise ça à ce moment là. (Mince je suis si prévisible que ça).
Bon forcément, je me creuse la tête et je ne retrouve plus d'exemples plus probants, mais on va faire attention les prochaines fois et je vous en ferai part dans les jours qui viennent.
Allez, ce soir dans la forêt, faisons simplement attention aux moustiques et aux tiques et ça sera déjà pas mal.

52è jour : Holbaek - Copenhaguek

10 mai 2011

50,5 km, 2611 km au total

Dès les premiers tours de pédales nous sommes accueillis par un paysage magnifique. La mer à gauche et à droite et un pont pour passer au milieu. C'est le royaume des pêcheurs qui profitent de ce rétrécissement pour ferrer les poissons concentrés à cet endroit. C'est aussi le paradis des oiseaux et de la nature en général. Toujours sous le soleil, qui malgré notre aptitude à nous lever tôt (6h3) et à ne pas trop trainer le matin finit par être déjà bien haut. Ca ne va pas aller en s'arrangeant et il va falloir qu'on se résigne à lâcher un peu de lest et à ne pas suivre totalement le soleil sinon il ne nous restera plus beaucoup de temps pour dormir.
En ce moment, le soleil se lèvre à 5h30 et se couche à 21h. A 5h30 je me demande dans quel était serait Hélène si je lui demandait de se lever aussi tôt.
De toute façon plus nous allons aller vers le nord plus il se lèvera tôt et se couchera tard. Comme à priori nous n'iront pas au nord ede la Suède et donc pas au delà du cercle polaire nous ne devrions pas profiter du fameux soleil de minuit mais malgré tout on va s'en approcher quand même.
Nous faisons ensuite un petit détour pour continuer à profiter de la mer encore un peu... à chaque fois on pense (souvent en même temps d'ailleurs) "il faut vraiment qu'au retour on s'installe au bord de la mer"... (ben oui je vous ai dit que rêver était gratuit, et puis ça donne des objectifs à atteindre et donc est un bon vecteur de mise en place des solutions visant à les atteindre...).
Nous traversons ensuite Roskilde, ville assez grande mais le chemin que nous empruntons n'est probablement pas idéal et nous ne profitons pas réellement du centre. La sortie de cette ville est un peu coton, la piste cyclable est bouchée car en travaux, une flèche indique selon l'interprétation qu'on veut bien lui donner "cyclistes prenez la route normale avec les voitures" (ça c'est quand on est habitué aux aménagements cyclables français) ou "regardez, il y a une autre piste de l'autre côté de la route, prenez là" (ça c'est quand on est Danois et qu'on n'envisage pas vraiment de rouler à vélo autrement que sur une voie cyclable). On fait le mauvais choix et la route devient interdite aux vélos, on se fait klaxonner, on voit bien la piste de l'autre côté, mais la rejoindre est complexe, on s'arrête, on bloque un peu la circulation, l'adrénaline monte, comment traverser ? Il faut se décider rapidement, les voitures arrivent des deux côtés, Hélène est en colère "je t'avais dit que c'était à gauche", moi je suis décontenancé "mais que faire ?". En catastrophe on descend du vélo, on le pousse à toute vitesse pour traverser les deux voies et rejoindre enfin l'espace de sécurité apporter par la confortable voie vélos.
20 mètres plus loin on découvre qu'en fait la route passait juste sous un pont et continuait tranquillement de l'autre côté. On aurait pu la prendre sans aucun souci et à la limite ça nous aurait économisé quelques dizaines de mètres. Tout ce stress pour que dalle.
J'avoue que c'est un peu la contrepartie négative à la mise en place d'autant d'aménagements cyclables. Comme je le répète souvent "nous ne sommes pas en sucre" et ce n'est pas parce qu'on est sur un vélo qu'on doit se cantonner aux pistes cyclables et éviter à tout prix le moindre mètre de route un peu fréquentée par les automobiles. Peut-être que 10 ans de vélo à Paris m'ont forgé des habitudes relationnelles avec les fers à repasser (les voitures pour les vélotaffeurs) mais je reste persuadé qu'il est tout à fait possible de cohabiter dans le meilleur des mondes. Si chacun fait un peu attention aux autres il n'y a pas de raison que ça se passe mal. Il faut aussi un minimum de volonté au cycliste pour être un peu plus qu'une mauviette fragile cloitrée à l'extrême bord de la route, attendant de se faire oublier de l'automobiliste. Etant tour à tour automobiliste, cycliste et piéton je pense sincèrement que si chacun prend sa place et respecte celle des autres il n'y a pas besoin de mettre en place des infrastructures de dingues pour chacun. Malheureusement j'ai bien compris que l'empire de la bagnole était tellement puissant qu'il était difficilement contestable par les cyclistes et piétons lorsqu'ils sont en minorités... et quand ils ne sont du coup pas respectés, leur nombre n'a pas vraiment tendance à croître. Il suffit de voir la population non cycliste/non automobiliste parisienne (surtout avant les vélib) "prendre le vélo ? hors de questio,, c'est trop dangereux, les voitures ne regardent pas en tournant à droite et paf c'est l'accident... moi je tiens à ma vie".
Bon il parait qu'il y a plus de traumatismes crâniens de piétons que de cyclistes mais c'est pas grave...
Enfin bref, en suivant notre piste cyclable qui longe la route vers Copenhague nous trouvons un petit espace de verdure où pique-niquer. Sur la fin du repas un conciliabule lointain de 4 personnes se tient, visiblement en nous regardant... on attend de voir ce qui va se passer ou si nous fabulons. Au bout d'une demi-heure, le goupe s'étant finalement disloqué, une des personnes, sur sa tondeuse autoportée vient nous voir pour discuter. Sans un mot d'anglais à échanger c'est difficile mais il est plutôt sympa et ouvert, il nous fait juste remarquer qu'il y a quelques temps, à priori pas loin d'ici des gens ont fait du feu et avec le vent ça a envoyé des braises un peu partout et mis le feu à des arbres. On le rassure en disant qu'on ne fait pas de feu et on comprend mieux les regards inquiets tournés vers nous quelques minutes auparavant quand nous faisions chauffer de l'eau sur notre réchaud à gaz... caché de notre pare-vent, donc potentiellement du "feu" aux yeux de nos spectateurs.
Faute de mots à mettre en communs il repart finalement rapidement sur son petit tracteur.
Quelques bouquins plus loin (Hélène a entamé son 12è livre depuis le départ) nous repartons rejoindre la capitale. Le camping que nous visons semble le plus près du centre d'après notre carte mais n'est pas non plus totalement au cœur de la ville. On réfléchira à comment le rejoindre demain. La nana de l'accueil m'indique qu'il y a un train toutes les 10 minutes, il faudra également qu'on voit combien de kilomètres ça fait pour envisager le vélo ou non.
Nous découvrons (je l'avais lu mais n'y avais pas encore été confronté) qu'il faut une carte de "campeur" pour séjourner dans les campings un peu "officiels". C'est 100 DKK mais valable un an et visiblement ça fonctionne aussi en Norvège et en Suède... espérons parce que sinon ça ne nous servira que pour ce camping :(
Côté tarifs (je continue à les mettre pour donner des indications) c'est 23 euros pour 2 par nuit. Horriblement cher pour un camping, mais finalement pas totalement délirant non plus comparé à ce qu'on a constaté en France et en Allemagne. A ce prix là, la douche est comprise :)

53è jour : Copenhague (jour off)

11 mai 2011

31,2 km, 2643 km au total

C'est finalement à vélo que nous rejoignons le centre de Copenhague. La piste cyclable progresse sans discontinuer, passe devant le très grand Zoo et atteint finalement le cœur de la cité. L'architecture est assez intéressante, des mélanges étonnants entre la tradition historique et la modernité. Comme Berlin la ville est en plein travaux, est-ce temporaire ou une habitude, nous ne le saurons pas. Nous visitons à vélo et au fil de la journée j'ai fomenté cette petite citation "visite à vélo, pas beaucoup de photos". C'est un peu dommage mais tellement agréable de visiter une ville à vélo. A pied passer d'un quartier à un autre prend des heures, fatigue les jambes et l'esprit avant même d'être arrivé à destination. A vélo tout est plus fluide, et les pieds fragiles d'Hélène apprécient également fortement.
Nous rejoignons le nord est de la ville pour voir ce qui semblait ressembler à un château à l'intérieur d'une fortification Vauban. Nous découvrons en réalité plutôt un petit village très bas, dont les habitants devaient aussi bien chercher à se protéger des envahisseurs que du vent :-)
Nous redescendons dans le vieux centre et nous arrêtons devant un marchand de vélo pour régler notre histoire de câble de dérailleur arrière. Je vois un vendeur visiblement sympa qui rerentre tout juste dans sa boutique après avoir aidé une dame. Je rentre à mon tour dans l'atelier, il n'est plus là mais c'est un jeune asiatique qui m'accueille. Il comprend bien ma demande, à savoir j'ai le câble, je le change moi-même mais j'ai juste besoin après d'un coup de pince coupante mais est incapable de prendre une décision pour savoir s'il est ok ou non, étonnant. Il repart sans me répondre en me disant qu'il a beaucoup de travail... Je suis un peu perdu. Son collègue ressort la tête de son arrière boutique et est tout à fait d'accord avec ma demande, il sort voir le vélo, et revient avec des pinces coupantes et la clé allen magique qui permet de déserrer le raccord de câble. Il nous laisse les outils et nous occuper du vélo tranquillement.
On galère bien comme il faut pour sortir l'ancien câble. Même si finalement nous pouvions rouler sans problème avec l'ancien (hormis le fait qu'on n'avait plus accès aux 2 plus petits pignons) en fait le câble s'est un peu effiloché, et c'est au niveau du plomb qui est dans la manette que ça a lâché. Bilan, c'est un mic mac pas possible pour le sortir et ce n'est qu'au bout de 10 minutes à 2 qu'enfin nous sortons vainqueurs. La suite est alors rapidement exécutée, et ma peur de devoir passer 3 plombes à rerégler le dérailleur en soulevant l'arrière du tandem (c'est lourd) pour affiner les réglages, s'évanouit rapidement. On règle la manette sur le petit pignon, on met la chaine aussi sur le petit pignon, on tend bien le câble et on le fixe et hop le tour est joué. Ensuite on peut éventuellement retendre un tout petit peu plus si les pignons ne passent pas super bien et pour ça on a 2 réglages fins, accessibles sans outil, bref opération rondement menée, il n'y a plus qu'à rendre la pince et la clé allen à leur propriétaire.
Allen, ça me fait penser qu'ici beaucoup de noms son en "en", Hansen, Nielsen et forcément pour l'amateur de chaises et de fauteuils que je suis l'inévitable Jacobsen (Arne de son prénom). Malgré mon regard perçant je ne verrai malheureusement pas de la journée d'œuvres de la création du danois, je suis un peu déçu. (Pour ceux qui ne connaissent pas, tapez Arne Jacobsen dans google image et vous repérerez rapidement son iconique fauteuil Egg (dans lequel Hélène rêve de se lover pendant des heures avec une bonne pile de bouquins) ou ses chaises ultra copiées en contreplaqué et tubes acier).
Nous déjeunons au Café Norden, Rolande, on pense à toi, on a fait des photos avant de déguster un plat. Au menu pour Hélène un bBurger façon danois, confectionné avec un petit pain de maïs dans lequel se superposent des couches de choux rouge, médaillon de porc, et... frites de gras de porc (oui, bien grillé c'est pas mal), le tout accompagné avec une petite sauce sucrée salée et de pommes de terre au four. Très bon. Pour ma part je me suis plus tourné vers la mer avec une salade à la rillettes de saumon et aux tomates semi-séchées, concombres et citron vert. Parfait aussi. Bon comme notre tante Rolande finance une partie de nos découvertes culinaires je ne vais pas mettre le prix, mais disons que comme on s'y attendait, oui on peut le dire, manger au restaurant au Danemark est dispendieux. Nous nous passerons de dessert, café & co. Les plats étant très copieux de toute façon c'est suffisant.
A noter comme surprise, ici il semble courant d'aller au bar passer sa commande, la régler tout de suite, repartir avec ses boissons et un numéro à poser sur sa table et ensuite attendre qu'on vienne nous servir.
Nous squattons le wifi du café d'à côté et une prise électrique nichée sous un fauteuil pour se mettre à jour au niveau travail, mails & co. Tout va bien, c'est chouette. Le soleil brille toujours mais les nuages commencent également à s'effilocher pour gagner du terrain.
Nous passons un bon moment à observer cette réalité déjà observée depuis Paris : les Copenhois et Copenhoises (ou quel que soit leur nom) sont quand même bien chics à vélo. Je vous recommande le site copenhaguen-cycle-chic.com (ou un truc du genre, cherchez Copenhaguen Cycle Chic dans Google) qui met justement en avant les jeunes femmes et jeunes hommes super classes sur leurs vélos. Talons, robes, jupes, costumes... c'est le défilé à tous les coins de rue, et c'est bien sympa. En plus pour ne rien gâcher, les danoises sont plutôt bien foutues, en Allemagne on n'avait pas ressentie cette impression, même si les allemands fonts aussi beaucoup de vélo... peut-être une histoire de volume de bière... ? allez savoir...
Nous reprenons nos errances à la recherche de gaz pour le réchaud. Nous profitons d'une grande ville pour aller l'acheter dans un magasin de sport où certes c'est un peu plus cher mais au moins on a la taille de bouteille qui nous convient. L'opération est rondement menée car Google Maps nous a indiqué où trouver l'équivalent d'un vieux campeur lorsque nous avions du wifi et maintenant il suffit de rejoindre le point marqué sur la carte. Nous résistons à l'envie de faire le tour du magasin... pas bon pour les finances, et puis on n'a besoin de rien.
Nous passons à une nouvelle recherche : une grande librairie pour trouver une carte du début de la Suède car demain... Malmö sera tout juste au bord de notre carte danoise. La première librairie nous permet de découvrir que la moitié des livres sont en anglais. On se souvient d'un seul coup d'une phrase qu'on avait entendue aux Pays-Bas "quand on est un petit pays comme nous, tous les livres et films ne sont pas traduits, donc il faut se les procurer en anglais". Ca nous arrange, mais finalement je n'arrive pas à me décider sur un roman. J'ai quelques trucs en attente sur l'iphone donc je vais déjà attendre de les avoir lus avant de chercher autre chose.
Par contre pas de bonne carte à se mettre sous la dent, on repart bredouilles mais avec une indication d'un magasin qui ne vend que des cartes, cool.
Dans le magasin en question, pas mieux !!! mais une indication d'une autre librairie... qui n'a rien à nous proposer. Je précise que ça n'est même pas parce qu'on joue les difficiles, c'est juste qu'en gros ils ont soit du 1:800 000è (genre les autoroutes et les voies rapides) soit les autres bouts que ce qui nous intéresse. Le proprio de la troisième librairie s'avoue vaincu et nous dit que ce n'est pas la peine de chercher ailleurs, on a été aux trois endroits mieux achalandés en cartes. Il nous indique un quartier à Malmö où on devrait trouver notre bonheur... on verra demain.
On se pose dans un café en fin d'après-midi histoire de justement transférer des bouquins de l'ordi vers l'iphone. Mais on enchaine les trucs pas drôles.
Tout d'abord le Mac refuse de se connecter au wifi du café (pourtant totalement ouvert) alors que l'iphone lui est dessus sans souci. Donc ma méthode prévue de transfert (via wifi) ne pourra pas se faire.
En reliant l'iphone par câble usb au mac, laissez tomber ça ne peut pas fonctionner si vous n'avez pas défini cet ordi comme étant exclusivement dévoué à cet iphone. Encore une débilité profonde de la part d'Apple : vous ne pouvez pas gérer un iphone à partir de plus d'un ordi. C'est bête le mien est dans un carton en France. Couillons ! Donc en gros pendant un an, pas de transfert de musique ou de livres depuis itunes. Je hais ce génial Apple. C'est vraiment toute ce que je peux exprimer vis à vis des décisions de la marque. L'ordi est génial, l'iphone encore plus, mais il y a une somme de débilités vraiment affligeantes au quotidien... à peu près autant que de choses génialissimes.
Enfin bref, je tente la solution "hack" pour accéder directement au système de fichier de l'iphone, mais si transférer les bouquins est alors possible, ils ne sont jamais reconnus par le téléphone. Fail.
En checkant nos emails nous découvrons également des galères en France autour de l'activité d'Hélène. Normalement tout est bouclé depuis le 31 janvier mais du côté administratif et fiscal c'est une toute autre paire de manches. Nous découvrons à nos frais qu'en France clôturer une activité est à peu près aussi complexe que de la débuter. Heureusement qu'on a des personnes compétentes sur qui on peut compter en France pour essayer de démêler les galères. Merci maman, et Hélène te remercie encore plus !
Après un chat un peu sportif sur le clavier de l'iphone pour gérer ça au mieux et le constat que nos voisins de table sont en train de diner (il est 17h30) nous regagnons notre vélo que nous avions posé un peu plus loin, dépités, perdus dans les pensées du genre "mais pourquoi donc transmettre aux impôts de la paperasse pour un truc par essence non imposable ?" C'est la magie du système français... et je pense qu'on peut même s'attendre à des pénalités de retard pour ne pas l'avoir fait à temps (dans la série stupide ça serait pas mal).
L'étape suivante en cette après-midi qui commence à être très avancée c'est de reprendre la route vers le camping (10 km quand même) et de s'arrêter en chemin faire des courses car il n'y a plus rien à manger. C'est SuperBest qui nous accueillera ce soir, mais même si c'est toujours aussi mal rangé, c'est à la fois plus chic (style et prix) mais encore plus complexe à comprendre que les fois précédentes car aujourd'hui les rayons sont dans tous les sens, sans logique apparente.
Nos 2 jours de courses nous coûterons 53 euros, et c'est en cet instant qu'on se rend compte une fois de plus qu'on a les mêmes pensées Hélène et moi "Quand on sera en Pologne ça sera moins cher, ça devrait compenser"... on commence à mettre beaucoup de choses sur le dos de la Pologne. Hélène est un peu dégoutée car il est clair qu'on ne fait aucun excès. On prend les choses locales, les moins chères et nos seules contraintes sont la conservation et la facilité de cuisson.
Bon allez je sors le ticket de caisse pour prendre quelques exemples :
Sachet de soupe déshydraté : 15 DKK, soit 2,10 euros... en Allemagne c'était 0,85 euros.
Petite barquette de salade préparée : 21 DKK, soit 2,92 euros, en Allemagne on en trouvait autour de 1-1,5 euros.
...
Je précise que j'en parle pas mal car comme évoqué plus haut c'était une caractéristique qu'on nous avait mis en avant en parlant du Danemark, on confirme donc. On ne s'en plaint pas, ça fait partie du voyage, on s'adapte.
Quand on ressort du magasin, il a plu, c'est bien sombre mais visiblement les nuages ont terminé leur épanchement. Il règne par contre un silence et un calme impressionnants, nous n'en savons malheureusement pas beaucoup sur les habitudes de vie des danois mais il semble que l'après-midi se termine tôt chez eux et que bien vite tout le monde rentre à la maison.
Nous regagnons donc notre camping, sans encombre, bien vannés après ces 31 km de vélo.

54è jour : Copenhague - Lomma

12 mai 2011

26,0 km, 2669 km au total

Hier soir la nuit nous a quelque peu surpris, bon il faut dire que commencer le diner vers 20h30 n'était pas une super idée sachant que le soleil se couche à 21h, enfin c'est les vacances, on fait comme on veut... surtout on fait comme on peut ;-)
La brume est montée très vite, c'était assez magique, le bleu sombre du ciel, l'éclairage de quelques lampadaires qui donne tout son volume à ces fines gouttelettes d'eau en suspension. Une nouvelle fois je suis un peu bloqué devant une problématique inextricable : visuellement c'est superbe mais je ne vois absolument pas comment transmette ça en photo. Je fais quelques essais, on verra bien, mais le contexte d'un camping n'est pas réellement propice à ce genre d'images. Je tente quelques vidéos, rien à faire, la nuit est trop noire pour rendre quoi que ce soit à 50 images par seconde. Tant pis, comme pour la visite de Copenhague il faut que je lâche un peu prise et que j'accepte que seuls mes yeux et mon esprit soient imprégnés de ces images et qu'il n'y aura pas d'image pour les soutenir dans le futur... allez des photos il y en aura un paquet malgré tout... et les quelques-unes faits façon "je suis un touriste qui ne sais pas se servir d'un appareil photo" permettront probablement d'être le petit fil qui dépasse et qu'il suffit de tirer pour faire ressurgir tous les souvenirs enfoncés dans un coin de mémoire.

Ce matin on se réveille donc tardivement pour profiter de notre "droit" de rester au camping jusqu'à 11h. Néanmoins on a un programme chargé car en cette matinée grisouille Hélène va tenter de me couper les cheveux. On a acheté des piles pour la petite tondeuse de mon rasoir, c'est l'occasion de tester sérieusement sa valeur pour ce type d'opération.
Même si la pile neuve redonne une toute autre vigueur à notre outil, il faut se rendre à l'évidence, ça ne va pas le faire. Ca coupe un cheveux sur 10 et un rapide calcul porte à 17 heures et 37 minutes le temps nécessaire pour ratiboiser ma tignasse. Le travail est commencé, il est donc trop tard pour reculer. Le plan B est donc celui que nous souhaitions éviter : les ciseaux du couteau suisse. Alors que dire sur cette méthode ? Elle fonctionne nettement mieux que la tondeuse, puisque tous les cheveux pris entre les 2 lames coupantes sont sectionnés nets. Par contre il faut bien avoir à l'esprit la longueur des deux branches : 2 centimètres à tout casser. Néanmoins on passe à un temps plus respectable d'environ 1h15 en speedant bien. C'est donc le temps pendant lequel je resterai stoïque, torse nu dans le vent bien frais, appréciant les trop rares rayons du soleil qui en ce jour est bien discret. C'est également le temps pendant lequel Hélène patiemment répètera le geste de prendre une petite touffe de cheveux entre ses doigts, la sectionner et recommencer. Parfois pour briser la monotonie le ressort des ciseaux se coince et demande une petite pause nettoyage pour poursuivre son travail.
Vers 10h45 l'opération est à peu près finie. Ca ne sera pas du ratiboisage intégral mais ça permettra déjà de gagner quelques semaines avant d'envisager une nouvelle coupe avec soit des outils plus adaptés, soit un passage chez un professionnel capillaire.
Du coup Hélène va rapidos à l'accueil du camping faire celle qui s'en va, rendre la petite pancarte qu'il fallait accrocher à la tente et récupérer notre toute nouvelle carte de camping scandinave. Pendant ce temps là je retire sous la douche le monticule de petits cheveux teigneux incrustés dans ma peau puis nous plions la tente. Ce n'est que vers midi que nous quittons en sifflotant notre plat terrain herbeux.
Direction la gare du centre de Copenhague qui nous semble la plus logique pour aller vers Malmö. Après un petit détour nous la trouvons et achetons à l'arrache un ticket car le train part dans 5 minutes et nous n'avons pas d'infos sur le prochain. Le tandem descendra aujourd'hui par les escalators qui pour notre plus grand plaisir n'a pas de poteau à la con comme il peut y avoir partout à Montparnasse. Je ne sais pas si vous avez déjà constaté ces bidules là, mais il faut être tordu pour choisir d'en installer à ces endroits, probablement un frustré qui a décidé d'emmerder tout le monde parce qu'une fois il a pris le train avec quelqu'un qui avait des gros bagages et ça l'a dérangé, du coup il s'est dit "tiens moi qui travaille dans l'aménagement des gares, comment je pourrai faire pour pourrir la vie de ce genre de personnes ? Mais oui mais c'est bien sûr, rendons les passages stratégiques bien étroits pour qu'ils s'accrochent partout, ouais voila, ça c'est une super idée".
Bref nous montons dans le train qui arrive tout juste, tout en discutant avec une personne qui nous interpelle en nous disant qu'il a lui aussi un tandem qui se démonte. En 2 parties seulement, mais lui s'est fabriqué une housse pour transporter les morceaux. Et futé comme il est il a fait en réalité 2 bagages pour faciliter le portage mais qui s'assemblent en un seul pour ne payer qu'une fois des frais lors du transport en avion. Malheureusement il prend un autre train donc il a tout juste le temps de nous prendre en photo (pour montrer à sa femme) et nous de lui donner notre petite carte avec l'adresse du site pour qu'il voit plus de photos.
Les 35 minutes de train sont vite expédiées mais on a un peu plus le temps d'en profiter cette fois. On emprunte donc cet immense pont qui sépare le Danemark de la Suède et on arrive à "Malmö C". Même topo pour ressortir, même si c'est un peu physique de maintenir le tandem à 45° dans l'escalator c'est quand même bien plus agréable que l'escalier ou l'ascenseur. Pas besoin de retirer la remorque.
Alors que nous rallumons le GPS pour se repérer un suédois vient discuter avec nous, il connait visiblement un peu la France puisqu'il a habité 15 ans à jesaisplusoù (en Italie ?) à 150 km de Nice. Il est tout gêné de nous ralentir dans notre voyage avec toutes ses questions alors que nous on apprécié grandement ces rencontres fortuites.
Direction ensuite le premier parc venu parce qu'à plus de 13 heures, malgré les 12 km au compteur il fait FAIM. Le programme de l'après-midi est de visiter la ville de Kurt Wallander le héros d'Henning Mankel. Malgré tout il nous faut surtout trouver cartes de Suède. Nous prenons une des rues principales du centre et sommes de nouveaux interpellés par un cycliste cette fois qui prévoir de son côté de rejoindre Paris cet été. Par contre ça sera à moto pour sa part. On lui donne quelques infos sur la ville et de son côté il nous indique la librairie la plus apte à satisfaire nos envies cartographiques.
Ca sera donc au 1:250 000è et via un genre d'atlas relié que nous allons poursuivre nos pérégrinations suédoises. Les cartes sont les mêmes que celles qu'on avait vu hier à Copenhague sauf que cette fois il y a bien la partie qui nous intéresse dans l'immédiat. On se tâte longuement entre 3 cartes séparées et ce roadbook un peu plus lourd, qui contient toute la suède à la même échelle et qui est surtout à peine plus cher qu'une seule carte. Par dessus tout vu comment on maltraite nos cartes, finalement prendre les feuilles du livret une par une chaque jour sera probablement plus pratique. Et puis on se dit que si jamais dans le futur on trouve des cartes mieux on n'aura pas trop de scrupules à en racheter. La dernière fois mettre de côté nos 3 cartes Michelin d'Allemagne sans nous en servir ça nous a fait un peu mal ;-( En tout cas les cartes suédoises elles ont l'air bien pourries. Les routes sont difficiles à lire, pas d'indication des kilomètres entre les villes, c'est vraiment pas génial. On essaiera de coupler ça au GPS pour avoir des infos supplémentaires et estimer les distances. En tout cas il va y avoir du découpage ce soir :)
Nous quittons assez rapidement Malmö pour chercher un coin de bivouac un peu à l'écart de la troisième plus grosse ville de Suède. C'est via une chouette piste cyclable proche de la mer que nous remonterons donc plein nord. Au bout de quelques kilomètres un petit coin de forêt, parfait pour nous.