404è jour : Hendaye - Anglet

11 mai 2012

35,2 km, 14625 km au total

La météo a changé dans la nuit, hier soir nous avons dormi en tenue d'ève à peine protégés de nos sacs de soie... et ce matin il fait un temps... breton. La chaleur en plus quand même. C'est simple on n'y voit pas à 50 mètres, il y a une purée de pois/brume de chaleur très étrange et atypique pour nous.
Nous longeons tranquillement la côté, enfin aussi tranquillement que possible car le relief est bien corsé. La vue sur Socoa est toujours aussi jolie malgré la grisouille (et des photos probablement pas géniales). Ca fait bien plaisir de revoir l'océan Atlantique, en France il a une saveur différente. On l'a bien vu au Portugal par exemple, mais ça ne signifie pas la même chose !
La baie de St Jean de Luz cède la place aux rochers de Biarritz, c'est sympa mais vraiment pas plat.
La pause dej est un peu atypique ce midi puisqu'un monsieur vient papoter et s'asseoir sur le banc que nous squattons ce midi. Ce n'est que 2h plus tard alors que nous avons à peine réussi à manger que nous repartons. Que dire ? rien c'est mieux...
Le jour peine toujours à se lever, la pluie refuse de tomber (cool) mais c'est vraiment bizarre. On enchaîne quelques kilomètres en constatant qu'on ne trouvera pas de camping pour ce soir et que le bivouac s'annonce délicat vu l'endroit où nous sommes.
On ravitaille finalement en eau dans des toilettes proches de la plage avant d'aller s'enfoncer dans ce qui ressemble à une forêt dans Google Maps (vue satellite, cool on peut faire ça maintenant grâce à l'accès au net !). Sur place le forêt est bien là, elle n'est pas partie en vacances, c'est déjà ça. Par contre s'il y a beaucoup de petits chemins, ils sont très pratiqués par les sportifs du vendredi et ils ne mènent jamais à une petite clairière tranquille ou un coin isolé. Tout débouche partout et on va donc devoir planter la tente au bord d'un de ces chemins. On attend donc que le soleil (mouhaha il est où lui ?) se couche un peu avant de monter la tente. On commence donc nos activités du soir (écriture, diner, ...) sur le paréo.

405è jour : Anglet - Bec du Gave

12 mai 2012

40,1 km, 14665 km au total

La nuit a été tranquille, pas de dérangement intempestif du type garde forestier, c'est du tout bon :) Au réveil ce sont plutôt les joggeurs matinaux qui passent soit perdus dans leur bulle soit un peu étonnés de notre présence mais sans plus. Un groupe de 3 dames promenant le chien d'une des trois en guise de justification de sortie matinale s'arrêtent discuter un petit moment avec nous. Ca me fait penser à une phrase entendue il y a quelques années le long d'un canal où nous bivouaquions lors d'un précédent périple "vous êtes mieux ici qu'au camping". Ca fait plaisir de voir des gens ouverts plutôt qu'une agression "c'est interdit de camper ici !" comme on pourrait parfois s'y attendre. D'ailleurs hier soir avec Hélène on s'est dit qu'il fallait qu'on essaye de traiter la France comme les autres pays et vous faire un petit bilan de l'attitude des gens rencontrés jusqu'à présent en essayant de faire abstraction du fait que c'est la France.
Alors comment sont les français ? Globalement on peut dire qu'on a jusqu'à présent reçu un très bon accueil. En soufflant lors d'une montée avant Saint-Jean-de-Luz on a échangé quelques mots avec une dame sympa qui nous a encouragé. Les cyclistes qu'on croise sont plutôt à nous saluer ou à répondre à nos "Hola" spontanés (encore un peu espagnols dans la tête). Hélène a été visiter les toilettes d'un musée océanographique à Biarritz (avec une magnifique villa comme on aime en construction juste en face :) et elle n'en est ressorti qu'un gros quart d'heure plus tard puisqu'entre temps elle a papoté avec la fille à l'accueil du musée. Hier midi une rencontre spontanée également plutôt sympa sur le principe. Bref dans l'ensemble c'est très agréable.
Il y a bien quelques cyclistes un peu trop le nez dans le guidon ou quelques automobilistes pressés mais ça reste assez rare.
Nous arrivons à Bayonne tranquillement alors que les boutiques ouvrent à peine sous la grisouille. On pose le vélo et on visite le vieux centre à pieds. Lors d'une première boucle qui nous amène à repasser devant le vélo on voit une personne qui regarde avidement notre tandem, on entame la discussion. C'est le mec qui bosse dans la boutique de vêtements devant laquelle on est garée et qui observe un peu la complexité du système de recharge dynamo/panneaux solaires. On discute un petit moment avant de poursuivre nos errances dans la ville. Lorsqu'on revient c'est un sympathique couple avec 2 enfants charmants qui examinent notre "vélo à deux" préféré. On n'est pas pressés, on discute donc encore un bon moment, c'est agréable. Hélène est déjà partie sur les troubles alimentaires avec la femme (on ne connait pas leurs/vos noms, désolé) qui est médecin. On dirait de vraies amies, il faut les séparer pour qu'ils puissent aller faire le marché tranquillement... Qui sait on se reverra peut-être une autre fois (en tout cas nous ça nous plairait, vous avez nos coordonnées, c'est quand vous voulez...)
Pour notre part la suite du programme c'est... courses. Oui encore... On n'est que moyennement convaincus par le petit supermarché en plein centre, on aimerait bien quelque chose de plus grand et moins cher... grave erreur...
On reprend donc le vélo pour passer rive nord (droite pour ceux qui savent dans quel sens coule un fleuve :-) puisque c'est le chemin qu'on nous a conseillé. On passera probablement devant un supermarché en sortant dans la ville. La bonne blague c'est que le pont sur lequel on comptait est... HS et en reconstruction. Il y a une travée à 45° plantée dans l'eau, on ne sait pas si c'est du démontage officiel ou s'il y a eu un souci mais ça fait bizarre. Du coup on va prendre le prochain... ah ben non, notre route passe dessous... et le prochain, ah mince c'est l'autoroute. Tant pis on continue, il y a une route qui longe l'Adour sur la rive gauche, ça sera probablement aussi très bien. En effet ça l'est, c'est calme, plat, ... sauf que c'est industriel et non pas commercial. Prochain supermarché : Carrefour Market à Urt à 15 bornes.
Bon ben c'est parti.
L'arrivée sur Urt est un peu violente puisque dès qu'on s'éloigne des rives pour entrer dans la ville ça monte sévère. Et surtout la combinaison "petite pause toilettes en forêt" et erreur de positionnement du Carrefour sur le site internet de Carrefour fait qu'on perd les quelques minutes qui auraient pu nous faire arriver avant 12h30, heure de fermeture du petit supermarché. On est un peu sur le cul parce qu'on est encore un peu au rythme espagnol (tout ferme le midi... mais c'est vers 14h/14h30) et pour une fois on n'a vraiment rien a manger. Gloups. 2 personnes qui sortent du supermarché qui ferme (mais refuse de nous laisser entrer) nous conseillent un resto et une boulangerie. Après un savant calcul basé sur la température, le taux d'humidité dans l'air, la charge de l'iphone et l'état du budget on finit par se décider pour le resto. Confit de canard, fromage de brebis/confiture de cerises, gâteau basque font taire notre appétit.
On retourne donc à 14h30 tapantes pour faire nos courses et repartir rapidement faire quelques kilomètres avec déjà à l'esprit la recherche d'un coin bivouac pour ne pas faire "trop" de kilomètres aujourd'hui si on veut s'en garder pour demain :) C'est aussi bien agréable de prendre le temps, on ne regrette pas notre saut en train pour revenir à un rythme tranquille et ne pas terminer le voyage en mode "va t'on réussir à être à l'heure sur la ligne d'arrivée ?".
Nous reprenons donc la route le long de l'Adour puis des Gaves réunis mais les coins bivouac se résument à des champs de céréales en cours de préparation et des champs de kiwis. Pas de forêts comme on pensait en trouver en regardant la carte. C'est bien vert mais un peu différemment de ce qu'on imaginait. On fait donc pas mal de kilomètres avant de trouver un micro chemin coincé enter un champ de kiwis et la haie d'une maison. Pas terrible mais ça devrait le faire... comme souvent en fait. Finalement on a fait une quarantaine de kilomètres, il doit nous en rester 25 pour demain, parfait, on va faire la grasse matinée (c'est dimanche)... il faut juste croiser les doigts pour que les canards à côté, les poules et surtout le coq nous laissent un minimum tranquilles... sinon je crois qu'on aura le déjeuner de demain midi... coq au vin ? On imagine tout à fait Hélène plumant le volatile à l'arrière du tandem... après on s'étonne que tout le monde dise "elle ne pédale pas hein, elle se repose derrière".

406è jour : Bec du Gave - Pouillon

13 mai 2012

27,1 km, 14692 km au total

Réveil exactement comme anticipé : par le coq vers 6h du mat... du coup les canards sont eux aussi réveillés et se joignent à la cacophonie déjà esquissée par le réveil des poules... bref toute la basse-cour se met de concert pour nous empêcher de nous rendormir... mais on lutte ferme et on réussit à n'émerger que vers 9h bien tassées. On traîne, on prend notre temps, en chuchotant pour ne pas se faire repérer lorsqu'une porte s'ouvre ou qu'une voiture démarre juste de l'autre côté de la clôture.
La route reprend très tranquillement vers 11h, une petite heure avant de s'arrêter dans un champ profiter des rayons du soleil qui commencent enfin à percer. On fait la sieste, on bouquine, tient il faudra que je vous fasse un bilan de mes 3/4 derniers livres du coup. Demain si vous êtes sages.
Nous reprenons la route pour une petite quinzaine de kilomètres pour rejoindre Pouillon. Il nous faut quitter les fleuves que nous suivons, en l'occurrence le "Gave de Pau" et passer une jolie bosse autour de 100m d'altitude. Le soleil est désormais bien de retour et vient nous rappeler que non, définitivement la montagne et nous ça n'est pas ça.
Nous arrivons chez Dominique vers 15h45 et découvrons une petite partie de la famille : Dominique bien sûr, Jocelyne sa femme, Titouan leur fils cadet, Florence la sœur de Jocelyne et Yvette leur mère ainsi même que Nicole une tante et son mari. Rien que ça :)
Nous profitons du soleil sur la terrasse de la maison et découvrons nos hôtes. Nous expliquons un peu qui nous sommes et ce que nous avons fait à la famille mais c'est une sensation très étrange de rencontrer Dominique qui sait tant de choses sur nous. Pour lui aussi c'est bizarre de nous voir pour la première fois tout en nous connaissant aussi bien.
Les discussions sont donc ponctuées de phrases du type "A quelle heure vous pensez vous lever demain ? Hélène je sais que tu es une grosse dormeuse..." alors qu'on n'a jamais passé une nuit sous le même toit.
Jocelyne part en fin d'après-midi pour Bordeaux avec son fils Titouan pour que ce dernier ailler passer un examen d'entrée en DUT... oui maintenant ça n'est plus seulement sur dossier, mais aussi sur examen... tout se perd...
Nous passons donc la soirée avec Dominique. Une soirée bien sympa à déguster du foie-gras, boire du Tariquet Première grives (mais pas trop :-) du melon, une tarte à la rhubarbe... toujours un peu perdus dans ce qu'on peut dire de "nouveau" que Dominique ne sache déjà. Sensation vraiment bizarre mais aussi agréable, nouvelle expérience et des partages sur les sujets communs qui font qu'on se retrouve aujourd'hui. Si Dominique nous a lu c'est parce que lui aussi est fan d'architecture moderne et confond les oiseaux (tant que ça a un bec, des plumes et que ça vole)... à moins que ça ne soit l'inverse :-D En tout cas il y a pas mal de points communs dans nos choix de vie, passions, manières de penser qui font qu'on se sent bien ici et qu'on va passer 3 jours à Pouillon avant de repartir pour l'épopée finale en 3 autres jours afin d'arriver le 19 mai "à 15h30" comme on nous l'a fortement conseillé.

407è jour : Pouillon

14 mai 2012

0 km, 14692 km au total

Oh du repos, des discussions au soleil sur la terrasse, de la bonne cuisine, beaucoup de bon et très bon esprit, on se sent bien.

Tiens vu que je viens de publier les photos un peu grisouilles de Socoa, en voici 2 autres plus anciennes mais avec une meilleure météo...
http://www.olivierbouillaud.com/photos/paysages/83/au-pied-de-socoa et http://www.olivierbouillaud.com/photos/paysages/84/un-point-de-vue-sur-socoa
Et une gratuite de moutons : http://www.olivierbouillaud.com/photos/paysages/85/qu-est-ce-que-tu-me-veux

408è jour : Pouillon

15 mai 2012

0 km, 14692 km au total

Nouvelle journée tranquille. L'activité principale de la journée : cueillir des fleurs d'acacia (pardon, de Robinier pseudo acacia) pour en faire... des beignets. Enfin on les trempe dans un genre de pâte à crêpe puis direction la friteuse. Simple mais très bon... et puis le petit plaisir que de manger une fleur ça ne s'explique pas.
La journée est aussi placée sous le signe de l'effervescence du côté du site : tout le monde se déchaîne pour nous adresser des petits mots gentils, l'impatience se sent dans vos messages, d'autres ont un petit goût de "c'est fini là, va falloir s'y faire", non mais c'est vrai on a encore 160 km à faire et certains parlent déjà au passé, non mais :-)
Bon en tout cas ça nous fait super plaisir d'avoir des nouvelles, des proches comme des plus éloignés : on a 9000 [Edouard] et 20 000 km [Emilie] en compétition... et pourtant on a de fortes chances de vous voir cet été, c'est une idée très chouette. Comme quoi la Terre c'est plus ce que c'était : même loin on peut être proche.

409è jour : Pouillon

16 mai 2012

0 km, 14692 km au total

Aujourd'hui Dominique ne travaille pas, nous en profitons donc pour faire une petite escapade (en voiture) pas très loin d'Espelette, dans les Pyrénées Atlantiques pour aller voir... des vautours.
Petite rando sympa au milieu des chevaux, moutons, fougères, et autres hêtres, aubépines, ... (zavez vu on fait des efforts), on observe un paquet d'oiseaux de vautours fauves. Certains se prélassent au soleil sur un rocher plat, d'autres font des allers-retours pour amener à manger aux petits dans les nids le long de la falaise, c'est vraiment très dépaysant, tant au niveau du paysage que de la faune. La balade nous permet de discuter longuement, mais aussi de profiter d'un petit coin de paradis pour pique-niquer. Une baignoire naturelle sur le cours d'un petit ruisseau, à l'ombre d'un magnifique hêtre, en observant le vol des rapaces. Magique, et quasiment personne en ce mercredi, hors vacances, hors saison. Vraiment un endroit exceptionnel.
Les photos parleront probablement mieux que moi... mais je crois que ça ne sera pas ce soir que je les mettrai en ligne, car le contrecoup de la balade fait que Morphée a un désir profond de s'emparer de mes paupières.
Nous rentrons donc tranquillement à Pouillon (Hélène roupille à l'arrière de la voiture pendant que je prends un cours d'Automobile avec Dominique) où pour la soirée, de manière totalement improvisée, la famille s'agrandit, la tablée s'organise autour de pizzas "du ch'nord" pour de grands moments de n'importe quoi et de rigolade. Peut-être que le rhum n'est pas étranger à la chaleur de l'ambiance, même si pour ma part et celle d'Hélène nous préférons anticiper la reprise de demain... car une fois de plus (oui on sait tu l'écris à chaque fois) ça va être difficile de partir... sauf que cette fois, comme à Valencia, on va avoir la chance de pouvoir jouer les prolongations car Dominique nous accompagne à vélo demain jusque chez notre prochain couchsurfeur improvisé, un ami de Dom, qui nous accueille à côté de Mézos (toujours dans les Landes). Jocelyne nous rejoindra en voiture dans la soirée pour un diner tous ensemble... et aussi pour ramener le vélo de Dominique... lui on ne sait pas comment il rentrera... peut-être en négociant une petite place dans la voiture... nan j'y crois pas trop en fait, en tout cas la négo sera dure... Jocelyne est dure en affaires :-)
Allez vite, aux plumes !
Juste avant on veut vous dire que même si on ne peut pas répondre à tout le monde on a encore été beaucoup touché par tous vos petits mots, continuez, nous on adore. Au moment où je publie le récit un nouvel email m'alerte d'un message qui me fait bien plaisir : je croyais que mes laborieuses photos d'églises gavaient tout le monde mais visiblement il y a au moins une personne (Seb) qui est émerveillé, alors moi ça me rassure et fait un immense plaisir... et puis tous ces messages, un peu dans toutes les langues, avec des citations (on sent qu'on se prend le bon retour de manivelle des citations de nos vidéos des X milliers de km), des attentions gentilles, enfin tout ça tout ça, c'est vraiment sympa, merci.

410è jour : Pouillon - Mézos

17 mai 2012

66,4 km, 14758 km au total

Oh il fait beau ce matin, l'occasion parfaite pour une expédition à Mézos (encore un joli port de pêche :-), un de ces endroits, que comme Pouillon, ma maman qualifierait de "mais il y a quoi là-bas, ça m'a l'air bien paumé". Alors pour faire une petite aparté, il faut savoir que globalement Pouillon c'est aussi grand que Paris... oui vous avez bien lu, une dizaine de kilomètres de diamètre... Alors oui, peut-être, il y a moins de population, mais ça n'en est que mieux...
Bon bref, tiens continuons les parenthèses, après le petit-déjeuner 3 faits passionnants :
1/ Jocelyne et Dominique nous offre un super fromage, le même qu'on mange depuis quelques jours, un fromage Pouillonais fait par un basque qui est remonté vers le nord avec son troupeau. Ca va alourdir les sacoches 3 jours ? Même pas car...
2/ On percute que Jocelyne venant en voiture à Mézos ce soir, elle peut transporter des choses dans le méga grand coffre de la ford mondéo break... notamment notre nouveau copain le fromage, mais aussi... une remorque avec des gros sacs jaunes !
3/ On découvre un sketch de Dany Boon qu'on ne connaissait pas : Ercédes Tourcoing ! A voir...
Bon bref, il faut bien décoller et vers 10h on entame notre journée cycliste, à trois personnes, deux vélos dont un tandem à seulement deux roues (oui oui). Le pilotage est atypique car on a fait régulièrement tandem+remorque+bagages ainsi que tandem seul à vide (lors de visites), mais c'est la première fois (il était temps) qu'on fait tandem + sacoches bien chargées, car on part quand même avec l'intégrale pique-nique, les fringues de pluie, l'ordi, la trousse de toilette pour l'arrivée... Bon ben voilà, un nouveau comportement du vélo... si c'était à refaire on repartirait sans remorque... ah oui sauf qu'on n'aurait pas eu de tente, de duvets, de matelas, ... ouais bon ben si c'était à refaire on aurait refait pareil !
La route est tranquille, quelques raidillons entre Pouillon et Dax, mais ensuite ça se calme nettement pour ressembler beaucoup plus à l'image qu'on peut avoir des Landes.
On visite Dax, ville que nous avions à peine effleurée en 2003 lors de notre tout premier voyage à vélo (Nantes-Dax le long de l'Atlantique) puisque nous avions rallié la gare de Dax un matin, pris les billets pour un peu plus tard le temps de visiter... ah ben non en fait le train partait 10 minutes plus tard... du coup la visite avait quelque peu été reportée... c'est donc 9 ans plus tard qu'on découvre le centre, les eaux thermales de la fontaine principale (grillagée de partout pour éviter les fous qui se noie/crament lors des férias) et l'Adour quittée quelques jours plus tôt.
Nous poursuivons nord-est vers Castets mais nous arrêtons un peu avant pour pique-niquer dans la forêt. Dominique poursuit notre éducation faune et flore, on part de tellement loin que c'est pas dur de faire mieux, mais on n'est pas spécialement de très bons élèves, il va nous falloir encore un peu de temps pour reconnaître les huppes fasciée, les compteurs d'écus et autres faucons... et globalement les seules buses que nous saurons distinguer ce sont... nous :) C'est déjà pas mal non ?
Nous prenons notre temps, partageons sandwichs, pain d'épice (aujourd'hui on a le dessert) et quartiers d'orange amoureusement pelés par Jocelyne ce matin (ah oui c'est jeudi de la Pentecôte aujourd'hui, c'est férié). On initie même Dominique à notre petit rituel "café" sur la popote.
On repart sous une météo étrange, qui ressemble un peu à celle des jours précédant notre arrivée à Pouillon : ciel gris uniforme, humidité ambiante d'environ 200% et chaleur étouffante. Oui, tout à fait c'est ça : tropical. Bizarre. La pluie ne se décide pas à tomber pour notre plus grand bonheur. Nous enchaînons les kilomètres sur les petites routes, dont une ligne droite d'un peu trop de kilomètres, typique des landes, mais qui te rappelle combien ça commence à faire un peu trop de kilomètres que tu roules. On passe les 60, nous ça fait quelques temps qu'on n'a pas fait ça et pour Dominique qui a encore moins l'habitude que nous ça fait un peu longuet, notamment pour les fesses qui préfèrent probablement le doux siège de la voiture ou du tabouret de son cabinet de dentiste :)
Nous arrivons donc chez Thierry et Annie un peu avant 17h. Annie est médecin et Thierry "mielleux" selon l'appellation de Dominique, apiculteur dans le langage officiel. Après les présentations et une tentative échouée de filtrage de miel pour cause de cuve pas assez chaude (si c'est trop froid le miel n'est pas assez fluide pour être filtré) on se sépare en 2 groupes - alors que Jocelyne arrive aussi - les courageux (héhé :-) c'est à dire Thierry et moi vont voir les ruches car il faut faire une petite vérification d'où elles en sont de leur consommation d'acacias (heu de robiniers pardon) et également voir si elles ne sont pas en train de faire des nouvelles suites présidentielles... pour une nouvelle reine. Alors moi je pensais que c'était plutôt cool qu'il y ait de nouvelles reines, mais dans les faits c'est tout pourri, car la nouvelle reine se barre avec un paquet d'ouvrières pour s'installer au vert, et Thierry il veut que ses abeilles elles restent dans les ruches ! Voilà, donc cadre par cadre il inspecte et détruit les efforts des ouvrières qui ont tenté de faire les malines. J'apprends aussi qu'il y a des sélections faites sur les abeilles pour faire des colonies un peu "zen" plus faciles à gérer. Les premières ruches sont donc très tranquilles, le cadres sont sortis, retournés, remis sans qu'elles bronchent. C'est donc tout un concept qui me saute désormais aux yeux, c'est d'une telle évidence en fait que je me demande pourquoi je n'y ait pas pensé plus tôt : ces abeilles butinent des plants de cannabis, elles sont donc très calmes, douces, "tout va bien tu vois...". Du coup le miel... ben vous imaginez... et maintenant vous êtes comme moi vous savez pourquoi le petit verre de lait chaud au miel vous fait si bien dormir !!!
Les autres abeilles sont un peu moins contentes d'être dérangées, elles repèrent d'ailleurs très précisément leur agresseur principal : la moumoute de mon appareil photo, vous savez la fausse fourrure qui protège mon micro des effets néfastes du vent. Thierry me précise qu'elles ont ce genre de comportement vis à vis du velours et du noir en général. Là où c'est marrant, c'est qu'une vient carrément piquer la fourrure, du coup les autres sont attirées par l'odeur du venin. J'en déduis globalement que si ça sent le venin c'est qu'une copine à du se défendre et qu'il faut aller à sa rescousse pour réduire à néant la menace. Bon donc 2, 3, 10, 20 abeilles débarquent sur l'appareil photo, essayent de tuer le petit animal à fourrure, essayent de s'introduire dans l'objectif... restons zen, la combi en coton et le grillage sur le visage ne protègent pas grand chose, mais suffisamment pour ne pas flipper. Il faut juste faire gaffe à ne pas les écraser avec le zoom, et finalement je vire carrément la moumoute et l'éloigne un peu pour avoir la paix. J'imagine l'état d'Hélène si elle était venue. Je comprends que si t'as un peu peur à la base, ce genre d'expérience c'est pas une bonne idée pour tenter de se réconcilier avec les bébêtes. On aurait pu penser que "à l'abri dans la combi rien ne peut t'arriver" mais si on reprend le concept du "cerveau qui déconnecte pour céder place à de la pure panique" le raisonnement n'a plus sa place et ça peut mal se terminer et je pense ne faire qu'empirer la peur.
Pendant ce temps la seconde équipe va visiter la miellerie, le bâtiment où le miel est récolté et filtré, où les ruches sont fabriquées (à la main)...
Pendant ce temps famille et amis continuent à se déchaîner sur leurs claviers pour nous laisser des petits mots sur le site. On vous sent tous très "au taquet", c'est très chouette ! J-2, ... vous mettez la barre haut, il reste encore 2 jours pour encore monter d'un cran :) Mais on sait que vous en êtes capables... pas de raison que nous soyons les seuls à avoir des défis...
Ensuite différentes équipes : épluchage de asperges, préparation du gigot d'agneau, de la purée et surtout papotage en règle autour d'un verre. Outre le voyage, on discute aussi d'un sujet qui nous tient beaucoup à cœur : la construction de maisons, puisque Anne et Thierry ont construit et fait construire la leur, ainsi qu'un gite, avec des avis et expériences très intéressants sur la construction, les différents corps de métiers, techniques, ...
Annie qui voyage et randonne pas mal vient aussi d'acheter une tente, une MSR mutha hubba HP, ah ben tiens comme la nôtre... normal elle a vu une vidéo sur le net qui dit que c'est une super tente... ah ben tiens c'est moi qui ait fait la vidéo... vous voyez l'idée...
(Ah mon conseiller en écriture me dit que j'ai épuisé mon quota de points de suspension pour la journée).
Je découvre aussi que Dom&Jojo viennent de nous offrir des petits pots de miel, c'est adorable, c'est nous qui squattons, c'est eux qui nous hébergent depuis trois jours et c'est eux qui nous font des cadeaux, non mais c'est quoi cette histoire ? On a un peu mélangé les rôles là ! Voilà, une fois de plus on est touchés par autant de gentillesse, de générosité, et j'ai envie de le répéter parce que c'est vrai depuis notre premier coup de pédale : les gens sont fondamentalement et profondément gentils. Il faut arrêter de croire qu'on risque en permanence de tomber sur les tordus et les désaxés (même si on peut être un peu tout ça à la fois :-) Bien sûr qu'il y a des tordus et désaxés, mais c'est une portion tellement infime de la population que c'est une hérésie d'y consacrer autant de place dans les JT et autres médias à la con. On continue à clamer haut et fort qu'il faut un minimum de précautions mais surtout beaucoup d'ouverture pour oser, pour se mettre dans la situation de recevoir, comme disait Dom ce soir, c'est sûr que si tu te fermes à tout tu es sûr qu'il ne t'arrive rien... de mauvais, mais aussi rien de bon. Ca sera probablement une des morales du voyage, la nôtre en tout cas, mais c'est tellement important à faire savoir !
Le diner est excellent, les discussions passionnantes mais trop courtes (et une fois de plus on ne fait pas que parler de nous, du voyage, ... le but c'est le partage, pas l'écrasage). On apprend d'ailleurs qu'Annie - même si elle reçoit beaucoup de gens de tous origines dans sa maison - était un peu intimidée par notre venue, ben oui des gens qui ont fait plus de 14 000 km à vélo c'est probablement des courageux, des gens qui en imposent, peut-être un peu trop sûrs d'eux, qui ont bravé vents et marées pour se dépasser, combattre la nature... (je fais un crédit sur mon quota de points de suspension de demain), enfin c'est un peu ce qu'on comprend, bon visiblement elle est rassurée de voir que nous ne sommes que des petites bêtes fragiles, qui on fait leurs raisonnables 50 km par jour pour aller voir un peu comment ça se passait en dehors de nos frontières et qui reviennent toujours un peu perdus dans leurs têtes, et (on l'espère) toujours aussi (ou même plus) ouverts aux autres.
Après un au-revoir à Dom&Jojo qui rentrent (tous les deux en voiture, c'est bon ils se sont mis d'accord... avec un vélo négligemment mis dans le coffre de la mondéo) on dit également bonne nuit - et au-revoir - à Annie et Thierry qui travaillent tôt demain matin et qu'on ne verra pas au réveil. Une chose est sûre, on reverra ces deux couples avec qui nous nous sentons vraiment bien.

411è jour : Mézos - un peu avant Sanguinet

18 mai 2012

50,3 km, 14809 km au total

Ce matin la maison est bien vide et nous émergeons doucement, prenons un petit déjeuner forcément à base de mielS, avant d'harnacher complètement le tandem qui a retrouvé la remorque et de partir en direction du centre de Mézos pour quelques courses histoire de se concocter les 3 derniers repas d'aujourd'hui et demain.
La route du jour est assez linéaire, les grandes droites tracées au cordeau entre les pins. C'est relativement plat, plutôt roulant, un tantinet ennuyeux et triste sous la grisouille du jour. Avons-nous une météo en rapport avec notre moral ? Mais non on ne déprime pas. On vient de passer des jours exceptionnels et on se doute que ceux à venir - bien que différents - s'annoncent aussi d'une rare qualité.
Pas grand chose à raconter sur les paysages : des pins, une jolie maison à Parentis-en-Born (où nous passions il y a un peu moins de 9 ans), on se surprend à chercher les noms d'oiseau, Hélène me tente "ça c'est un pinson", j'explose de rire ! ouais on a encore beaucoup de chemin dans ce domaine. Bon enfin une journée calme, un peu chacun dans son coin à méditer.
Parlons plutôt de sujets passionnants, mes derniers bouquins. J'ai donc un peu réattaqué ce que j'appelle la lecture "utile", à savoir des bouquins qui t'apprennent des trucs plutôt que des romans. Le bouquin qui m'a fait un peu mal c'est "Architecture et efficacité énergétique" (ça fait peur hein un titre comme ça :-) de Roberto Gonzalo et Karl J. Habermann. Si on devait en sortir une synthèse en quelques phrases ça serait : Pour vivre en limitant autant que possible nos consommations énergétiques,
- Il faut faire de l'habitat de masse, à savoir des immeubles car c'est le seul moyen de limiter les surfaces de déperdition thermique car c'est ainsi qu'on a le moins de murs extérieurs et de toits par rapport à la surface habitable globale.
- Il faut densifier l'habitat par la proximité des constructions, afin de limiter les infrastructures (routes, canalisations par ex, qui consomment de l'énergie, nécessitent de l'entretien) ainsi que l'utilisation de l'automobile pour les trajets boulot-maison.
- Il faut rénover plutôt que construire du neuf. Car toute construction est une consommation d'énergie.
Un petit passage qui fait bien mal comme il faut quand tu envisages de trouver un grand terrain pour construire une maison :
"La nostalgie de la nature et la fuite hors des villes qui en a résulte expliquent la croissance atone et anarchique des villes durant ces dernières décennies. La conséquence la plus récente du mouvement moderne consiste, outre la séparation des fonctions, en une tendance qui a été sur le tard reprise par un courant écologique mal compris. Les villes ont été délaissées car elles seraient inadaptées à la vie en symbiose avec la nature. La vie «au vert» ne pouvait en réalité être envisagée sans renoncer aux infrastructures de services et de distribution. La ville en tant que centre de services proche devait en outre satisfaire la demande en emplois et en commerces. Conséquence d'une socieété de consommation, dans laquelle l'écologie devient aussi un produit, cet état de fait ne peut se prolonger que pour un petit groupe de «bobos» privilegiés, qui peuvent se le permettre. Car la maison individuelle, même énergetiquement très efficace, ne peut être une solution valable partout et pour tous.
Le résultat en est le mitage du paysage, de telle sorte que la vie tant désirée en pleine nature devient une illusion. Au lieu de cela, on trouve, autour de quelques maisons individuelles énergetiquement peu efficaces, d'étroites bandes de pelouse de la largeur prescrite par les règles de lotissement. L'aspect négatif de ce développement est renforce par les mesures fiscales (par exemple les allocations de logement non différenciées, les abattements lies aux trajets domicile/lieu de travail), la consommation d'énergie, les émissions polluantes et le bruit occasionne par les navettes quotidiennes."
Ainsi de suite, oups :)
Sinon autres bouquins sympa : Le guide de l'habitat passif de Brigitte Vu et je termine actuellement L'auto éco-construction de Pierre-Gilles Bellin, livre plus terre à terre avec des maisons un peu n'importe-quoi qui font bien sourire et d'autres qui inspirent le respect pour les idées et le boulot réalisé. Je ne vous fait pas de résumé, si le sujet vous branche je vous invite à trouver les livres :-)
Ah on me souffle dans l'oreillette que je ne devrais pas être en train de partir sur des réflexions sur les bouquins mais me pencher plus sérieusement sur des bilans du voyage ou des trucs qui font sérieux, c'est vraiment obligé ? Les bilans c'est pas après être arrivés ? C'est pas "demain je le fais ?". Je pourrais me mettre à la procrastination moi aussi tiens. D'ailleurs en ce moment j'ai plein de mails en retard, c'est pas dans mes habitudes ça. Est-ce qu'une liseuse de marc de café pourrait essayer d'interpréter la signification de tout ça ? Allez on va plutôt fêter un truc hautement important ce soir : il n'y a pas de points de suspension dans le récit du jour !!!

412è jour : Sanguinet - Arès

19 mai 2012

50,5 km, 14859 km au total

Ce matin c'est la pluie qui fouette sur la tente qui nous réveille. Ca s'annonce bien... mais fort heureusement depuis que nous sommes en France, nous pouvons accéder à la seule donnée sympa de l'application Météo France pour iphone (le reste est vraiment d'une piètre qualité et surtout blindé de pub comparé aux données qu'on peut obtenir sur les villes françaises via une application norvégienne ou étasunienne !) Donc bref la donnée en question c'est la visualisation de la pluie dans l'heure à venir. En gros vous savez s'il (et quand) il pleuvra ou non dans l'heure suivante. Ce qui nous amène à nous rassurer un peu : nous pouvons prendre le petit-déjeuner sous la pluie, lorsque nous aurons terminé il fera beau... ah non faut pas croire au père noël non plus, même s'il nous a écrit... en tout cas on pourra plier la tente au sec, même si cette dernière est trempée.
La prophétie se réalise et nous fourrons la tente trempée dans son sac... On a la pêche mais ça signe quand même la fin du dernier bivouac. On aura fait ces 12 dernières heures un paquet de "derniers". spaghettis dans la popote, lavage de dents dans la nature, ... enfin derniers jusqu'à la prochaine fois :)
Nous renfourchons le tandem et prenons de la vitesse pour s'approcher très concrètement de la ligne d'arrivée. Quand tu commences à voir le "point final" sur la carte ça fait bizarre. Je crois qu'on ne réalise pas le moindre du monde ce qui se passe, comme je l'explique à Hélène, c'est probablement plus simple de ne pas trop chercher à cérébraliser le moment, il vaut mieux ne pas chercher à comprendre ce qui va se passer, ce qui se termine ou ce qui va démarrer. On verra bien, vivons déjà le moment.
Alors le moment justement, c'est une route pas terrible, beau goudron (mouillé) mais voie entre Sanguinet et Mios très étroite, sans surlargeur et plutôt fréquentée en ce samedi grisouille. Ca double à l'italienne (ou à la polonaise) : MAIS YA QUELQU'UN EN FACE LA !!! ouais, rien à faire les conducteurs ne se referont pas. Nous postons régulièrement notre position en temps réel en imaginant l'effervescence de la famille derrière l'ordi. Sentiment renforcé par les emails qui continuent à pleuvoir au fil des kilomètres que nous parcourrons.
Vers Biganos nous troquons la route pour de la piste cyclable. Un peu cavalière au début elle devient royale ensuite, une vraie piste en site propre, au milieu des forêts tout en ressentant la présence des petites villes du bassin à quelques mètres. Seul gros carton rouge aux intersections dont la priorité est systématiquement donnée aux voitures. On sent qu'on est en France et pas aux Pays-Bas. Mais c'est déjà un bel aménagement avec peu de concessions hormis celle-là.
Nous découvrons un peu par hasard un panneau atypique, le poteau est un piquet en bois un peu tordu, peint partiellement en bleu... pas très réglementaire mais ça nous donne une grosse indication sur son origine... Il est surmonté d'un panneau rectangulaire au format lui aussi hors des normes françaises. Dessus... ah ben tiens, c'est notre tente, et notre tandem... et notre linge qui sèche. Mais c'est la photo de la page d'accueil de notre site. Rho, mais qui a osé utiliser une de mes photos pour une utilisation publique sans mon autorisation expresse, écrite et sans reverser de droits d'auteurs. En dessous un petit mot sympa : il vous reste 18,41980 km à parcourir. Etrangement précis mais rigolo. Visiblement certains ont balisé le terrain.
On hésite un moment sur le choix de prendre le panneau avec nous mais ne sachant pas combien il y en aura, on risque d'être un peu encombrés avant l'arrivée !
Comme il est midi, on se pose un peu après pour pique-niquer... pas facile. Il fait toujours un temps qui nous dit "sortez le sandwich et je crève les nuages pour vous noyer" mais on ose malgré tout. On sort "une dernière fois" le tapis de sol de la tente pour protéger le paréo des remontées d'humidité, on enfile les pantalons de pluie pour rajouter en protection et on se fait une petite soupe chaude déshydratée (un reste d'Espagne !) en plus des sandwiches. Quelques micro goutes nous incitent à transformer le tapis de sol en tente complète histoire de finir le repas à l'abri si jamais la météo décide de jouer un peu plus avec nous. Bien calés et protégés on s'offre malgré tout un petit café pendant que le thé au lait d'Hélène se transforme... en lait vu qu'elle a fini le dernier sachet hier.
La petite bulle protectrice nous permet de bouquiner et de faire la sieste. Nous ne sommes pas attendus avant 15h30, du coup on a largement le temps. On a choisi stratégiquement le lieu du pique-nique à pile-poil une heure de vélo du coup c'est facile de savoir quand repartir.
C'est donc... bravo lecteur tu es bon en calcul mental, à 14h30 tapantes que nous reclipsons pédales et cales-pieds pour les derniers tours de manivelle. C'est sans compter sur de nouveaux panneaux qu'on ne peut que s'arrêter photographier ainsi que 2 km avant l'arrivée un convoi d'éclaireurs composé de mon petit neuveu Sacha (tambourinant sur un couvercle de poêle), beau-père, oncle et cousin qui débarquent à vélo nous intercepter. On s'arrête quelques minutes, ça fait tout bizarre, par où commencer ? et si on commence ça va pas prendre 5 minutes... On renfourche le vélo, fait une photo du panneau "Arès" TADA, ça y est, quelques minutes plus tard nous voilà sur la ligne d'arrivée. En ruban plastique rouge et blanc, c'est différent de la craie sur les pavés de la place des Abbesses il y a... 14 mois jour pour jour. Sommes-nous réellement partis ? Visiblement oui vu le monde qui nous attend à l'arrivée. La famille est en excellente représentation : mais pas seulement. Nous avons aussi des amis, des voisins, monsieur le maire et sa première adjointe, quelques journalistes, bref c'est le grand accueil. Ma sœur, enfin ! Même Dominique ("j'aime pas trop la foule" nous disait-il il y a quelques jours) et Jocelyne sont de la partie.
En fanfare et flashs, en larmes à l'œil et en émotion, en Zola en poussette (elle a bien grandi), en vélos rouillés, en convoi cycliste qui traverse la piste cyclable (ah oui on n'est pas les seuls à l'emprunter)...
Heu ah ben voilà 14859 km on n'ira pas plus loin aujourd'hui. On avait bien pensé à faire des tours de Pouillon l'autre jour pour arriver avec un joli 15 000 km au compteur mais finalement, c'est quoi l'intérêt du nombre ? Nous on est content, mais entre beaucoup et un peu plus encore ça ne change pas grand chose. C'est là que tout commence, le début de quelque chose de différent, de nouveau, le début d'un peu moins de vélo pour plus d'autre chose, il nous reste simplement à définir ce qu'on mettra dans "autre chose".
L'accueil est donc exceptionnel et inattendu. Nous sommes ravis de rencontrer le maire d'Arès, on répond à quelques questions, toujours très difficile de répondre à des choses comme "c'est quoi le fait le plus marquant ? le pays le plus ceci ?"... J'aurai envie de répondre "le seul moyen de le savoir c'est de prendre son vélo et d'aller voir", on a essayé de transmettre beaucoup de choses par écrit, visiblement ça vous a plu, ça vous a marqué, on en a rendu quelques-uns accros (dans un genre totalement différent je vous invite à aller trouver les DVD de la série "24 heures chrono" si vous voulez une nouvelle drogue pour quelques jours supplémentaires) mais bref, malgré ce que j'ai pu écrire il y a des choses qui se vivent et ne se transmettent pas. Quand j'y repense, notre meilleur moment c'est probablement celui où un dimanche du printemps 2010 (oui oui) je disais à Hélène "attention, si on commence à envisager un tant soit peu sérieusement de partir à vélo il faut vraiment qu'on le fasse ensuite, car sinon, si on ne va pas jusqu'au bout de l'idée on risque de le regretter fortement par la suite". On s'est regardés et on s'est dit : on le fait !

THE BEGINNING...