361è jour : Retur - Quarteira

29 mars 2012

71,4 km, 13331 km au total

La nuit n'a pas vraiment porté conseil et on ne sait toujours pas si on va ou non rejoindre notre warmshowerien ce soir ou non.
En tout cas on se lève tôt pour reprendre les habitudes liées à cette nouvelle ancienne heure... enfin bref, le soleil se lève plus tôt d'une heure par rapport à hier donc on s'adapte.
On quitte la plage, presque un peu à regrets tellement c'est beau. La route du jour est une longue suite de petites bosses. Rien de bien méchant mais pas vraiment ce que le monsieur anglais d'hier nous a dit "super flat"... on doit pas avoir la même vision du plat !!! Alors ok on a été en Angleterre en 2010 donc on a une petite idée de ce qu'est le relief là-bas, notamment les successions de côtes bien casse-pattes, mais quand même.
La météo du jour est très grisouille. Il doit pleuvoir ce soir et c'est peut-être finalement ce qui nous décide à essayer de rejoindre un appartement bien abrité dès ce soir. Le vent dans le dos nous y aide aussi il faut avouer.
On contourne Faro, on aurait pu visiter un peu, il y a notamment une forteresse qui avait l'air sympa sur le guide, mais on doit choisir entre la pluie et la visite :-) Qui sait, peut-être qu'on aura l'occasion d'y revenir en voiture par la suite.
En fin d'après-midi on atteint Quarteira, un coup de fil à João nous apprend qu'on a une demi-heure devant nous avant qu'il ne soit dispo donc on en profite pour se poser devant l'océan. La météo commence à prendre une mauvaise tournure mais la vue n'en est que plus jolie, ça souffle fort, les nuages chargés approchent et donnent une jolie couleur à l'eau, le sable fait lui aussi ses propres nuages au dessus de la plage, c'est joli... tant que ça ne dégénère pas.
João débarque finalement directement devant notre tandem, ok on n'est pas difficiles à repérer mais on avait prévu un rendez-vous un peu plus loin et plus tard. On le suit jusqu'à l'appartement, enfin l'un des.
João a un boulot un peu compliqué, il s'occupe de préparer et gérer des appartements de 2 immeubles fraîchement sortis de terre. Ses parents possédaient le terrain et un promoteur a proposé non pas d'acheter le terrain pour y faire pousser ses immeubles mais de faire un troc : il construit directement sur le terrain et en échange il donne une partie des appartements. Du coup les parents de João on troqué un champ d'amandiers et autres arbres fruitiers contre... 14 appartements.
C'est bien joli mais il faut du coup s'improviser gestionnaire à plein temps pour les préparer (un peu de matériel genre cuisine, quelques meubles de salle de bain, de l'éclairage...) et ensuite gérer les locataires. Ils y vont petit à petit, un appartement à la fois et c'est João qui fait le gestionnaire.
Là où c'est rigolo c'est qu'on n'a pas encore exactement compris (on ne sait pas trop si lui sait vraiment aussi) mais il vit réparti entre au moins trois appartements. On va dormir dans un où lui aussi à une chambre, mais le reste est vide. Il y a un autre appartement dans lequel il y a une machine à laver et enfin il cuisine dans une troisième. Quant à nous on a laissé le tandem dans un quatrième. C'est assez complexe.
On profite du début de soirée pour se reposer après plus de 70 bornes et ensuite on ressort avec lui pour acheter un peu à manger pour le diner de ce soir et le petit déjeuner de demain. La pluie s'est manifestée entre temps mais l'aller à la petite supérette à 50 mètres n'est pas trop problématique. On passe pas mal de temps à l'intérieur, à découvrir quelques produits, notamment une série de gâteaux faits pour Pâques (ils s'y prennent à l'avance)... ah ben voilà, ça ne fait pas 2 jours qu'on est au Portugal et déjà on trouve des trucs sucrés sympa à manger... espérons que ça continue et que ça soit mieux qu'en Espagne :)
En ressortant c'est le déluge, un truc de dingues. On fait 5 mètres sous la pluie on est trempés. Ensuite on essaye au maximum de rester sous les auvents et autres avancées protectrices des immeubles. On contourne certains bâtiments de manière pas logique d'un point de vue distance mais pour rester protégés le plus longtemps possible. On fait 2 traversées de 5 secondes et ça suffit pour que ça fasse floc floc de partout. Hallucinant.
De retour à l'appart "cuisine" nous préparons à diner. On reste sur une base de pâtes, mais améliorée avec plein de légumes : aubergine, courgette, oignon, champignons, poivron, ... très sympa. Nous dégustons également un vin blanc portugais très original. Il s'agit d'un vit dit "jeune", presque transparent et légèrement pétillant. Le gâteau est également intéressant, un genre de gâteau à la broche mais pas à la broche, une superposition de couches de pâtes, assez dur à décrire.
Nous rentrons ensuite à l'appart "chambre", discutons un peu et le laissons retourner à ses activités pendant que nous regagnons nos pénates.
Ah, la news du soir : http://www.macbidouille.com/news/2012/03/29/roaming-l-europe-impose-une-baisse-de-tarifs
Mince on aurait du attendre 2016 pour partir !!!

362è jour : Quarteira (jour off)

30 mars 2012

0 km, 13331 km au total

Journée consacrée au repos... et enfin de l'internet à plein temps.
On récupère des cartes, répond à des emails, fait un peu de rattrapage de flux RSS...
On passe aussi nos repas avec João et ses parents. Petit dej dans l'appart cuisine, un petit tour au supermarché pour prévoir les repas suivants et on se fait aussi des sandwiches pour manger soit dans l'appart soit dehors suivant la météo.
On discute pas mal avec notre hôte du trajet pour les jours à venir, on a une idée assez précise de comment rejoindre Lisbonne mais ensuite c'est toujours le grand vide. On aimerait bien voir Porto mais c'est vraiment inextricable ensuite. On n'a pas trouvé de bateaux "cheap", côté trains c'est comme toujours "anti vélo" à tout bout de champ et le relief a l'air méchant... on pense de plus en plus qu'on devra se contenter de Lisbonne si on veut maintenir nos genoux dans un état suffisant pour terminer le voyage entier... affaire à suivre...
Vers 15h bien tassés on profite d'une belle éclaircie pour sortir pique-niquer... ah ben non en fait, le temps qu'on ferme la porte il se met à pleuvoir et c'est donc à l'abri dans l'appartement qu'on déguste nos sandwiches. Ca n'est que bien plus tard, un peu avant le coucher du soleil qu'on sort se balader le long de la mer et dans le centre de la ville. C'est très "balnéaire hors saison" mais il y a malgré tout pas mal d'activité car demain il y a un triathlon, la ville regorge donc de sportifs qui peaufinent leur entrainement. Ca court dans tous les sens... mais nous on a hâte de voir la partie natation dans la mer... elle est à 16°C, j'en ai des frissons d'avance, surtout avec la météo qu'ils annoncent demain :-)
On dine tous ensemble, on découvre que la maman de João comptait un peu sur notre présence pour le déjeuner, gloups, on s'est mal compris, pourtant elle a bien dû nous voir préparer les sandwiches dans la cuisine un peu plus tôt... c'est un peu difficile de tout comprendre dans l'organisation familiale, tous ces appartements, et qui fait quoi quand et avec qui. Enfin on s'adapte et ça n'est pas bien grave. Toujours est-il que ce soir on improvise un risotto et on mange aussi la soupe qui était prévue pour le déjeuner.
Un peu fatigués on retourne à l'appart chambre se coucher.

363è jour : Quarteira (jour off)

31 mars 2012

0 km, 13331 km au total

La journée est consacrée... à aller voir le triathlon... qui commence à 13h45 mais on a déjà du mal à être à l'heure puisqu'on a quelques courses à faire et que l'heure du départ sonne avant qu'on ait eu le temps de retourner à l'appart porter nos affaires et surtout chercher un appareil photo. On assiste d'abord à l'épreuve féminine, 2 jolies boucles dans l'océan, pas mal de vélo et de sympathiques kilomètres à pied. Le parcours est assez bien fait pour le public puisque les sportifs passent plusieurs fois au même endroit, le circuit à vélo est quasiment du genre vélodrome, c'est plus agréable que de voir un peloton 10 secondes puis plus rien jusqu'à l'arrivée.
On soutient la seule française, Carole, comme on peut... elle termine troisième.
Après l'arrivée on fait un aller-retour à l'appart récupérer mon appareil photo puis on se refait un tour avec l'épreuve masculine. Alors autant les filles étaient balaises, autant les mecs sont carrément des bourrins. Les vélos en carbone doivent souffrir :)
Les temps de transitions sont aussi super bien gérés, que ce soit à la sortie de l'océan ou la combinaison en néoprène vole en quelques secondes pendant que déjà ils poussent le vélo sur lequel sont déjà accrochées les chaussures qu'ils enfilent... en roulant. Même chose pour le changement de chaussures entre le vélo et la course à pied, hop hop, pieds nus dans les runnings... j'ai mal aux pieds pour eux.
Les trois épreuves sont enchaînées en moins de 2 heures pour les hommes, impressionnant.
Nous passons faire un coucou aux français, on a envie de leur transmettre quelques photos de la course si jamais ils n'en ont pas.
Ensuite petite pause (ça fatigue :-) dans une pâtisseries où nous dégustons des douceurs aux amandes et à la caroube, très bon. Retour ensuite à l'appart "cuisine" pour diner avec les parents de João, puis retour à l'appart chambre pour quelques dernière discussions sur le trajet à venir et autres conseils sur Lisbonne et bien sûr les traditionnels gestions de photos, récit, mails...

364è jour : Quarteira - Estomabar

1er avril 2012

46,4 km, 13378 km au total

Etant donné la nouvelle heure de coucher tardive, nous ne mettons le réveil qu'à 8h30. Juste le temps de finir de ranger les affaires, prendre un petit dej et nous voilà repartis sur les routes non sans avoir dit au revoir à João et à ses parents. Sa maman ne peut pas nous laisser partir sans nous refiler les derniers petits gâteaux qu'il restait du diner hier... pour mon plus grand plaisir :)
On entreprend de traverser Quarteira ce qui n'est pas une chose aisée car la ville est toujours à moitié bouclée pour la seconde partie du triathlon (juniors et fédérations portuguaises). On ne passe pas inaperçus et à peine partis on passe un petit moment à discuter avec un commissaire de course qui parle très bien français. Ah oui d'ailleurs à ce sujet on a donc confirmation : pendant longtemps au Portugal le français était la première langue vivante enseignée, du coup les plus anciens parlent souvent français ou au moins le comprennent plutôt bien, c'est cool. Désormais c'est l'anglais qui remplace (logique) mais il y a toujours une espèce de prédominance du français. Par contre dans l'autre sens pour nous c'est la grosse surprise : on s'attendait à pouvoir baragouiner de l'espagnol pour se faire comprendre et pour comprendre les portugais mais :
- la langue n'a aucun rapport au niveau prononciation. A l'écrit on voit bien des similitudes mais à l'oral quand on écoute les gens parler on a plus l'impression qu'ils parlent un genre de polonais qu'un espagnol ou italien mélangés. Très intriguant pour nous.
- il y a une espèce de rivalité qui nous donne l'impression que les portugais se sentent offensés quand on leur parle espagnol, genre "non ça n'est pas le même pays". Du coup on se sent plus à l'aise à parler français ou anglais, contrairement en Italie par exemple où en parlant espagnol les gens finissaient par nous comprendre.
Une fois Quarteira derrière nous nous arpentons quelques sentiers et petites routes car on nous a confirmé que "oui ça passe". En effet on s'évite pas mal de kilomètres en longeant la mer, c'est agréable. Ensuite on rencontre le relief. On ne l'attendait pas si tôt ni si marqué, mais la côte qui était assez "duneuse" jusqu'à présent devient plus rocheuse et découpée. Les routes grimpent lesdits rochers, avec des pentes un peu sévères parfois. Encore cette bonne blague de passer de 0 à 50 mètres qui fait tant rigoler les autres mais qui nous cassent bien les pattes.
A l'heure où le ventre gargouille il se met à pleuvoir quelques goutes, on se protège dans un abri-bus et on pique-nique tranquillement pendant que le soleil revient.
L'après-midi est de nouveau sous le signe du relief, les genoux trinquent, les pieds s'échauffent dans les chaussettes, les fesses n'aiment pas beaucoup non plus.
En fin d'après-midi on sent de nouveau quelques goutes, on trouve un coin pour poser la tente rapidement, on ne se pose pas trop de questions et on s'abrite bien vite. En effet la pluie se met à tomber plus sérieusement pendant que nous profitons de notre abri préféré.
Après le diner, on sort "tuter" un grillon (pour ceux qui voudraient savoir allez voir la page wikipedia du grillon), on arrive à le faire taire mais il refuse de sortir... et ça n'est pas un de moins qui va nous apporter le silence car le champ en est rempli et ça fait un brouhaha assourdissant ! Vive les bouchons pour dormir.

365è jour : Estomabar - Villa do Bispo

2 avril 2012

51,0 km, 13429 km au total

Ce matin, après une nuit bien pluvieuse et avec les traditionnels bruits pénibles de la campagne genre chiens, coqs et surtout EGLISE, on essaye d'émerger. Alors pour les églises je n'arrive plus à me souvenir si je l'ai écrit ou seulement pensé, mais on trouve que le plan de sonner toutes les demi-heures quand ça n'est pas tous les quarts d'heure c'est tout simplement du tapage nocturne et diurne. Les libertés des uns s'arrêtent où commencent celles des autres et autant on peut comprendre l'idée il y a quelques décennies où l'ouvrier dans son champ était content de savoir que l'heure de la pause approchait bientôt, autant aujourd'hui c'est d'une rare inutilité, le même ouvrier regarde sa montre Casio à 10 euros ou plus traditionnellement aujourd'hui l'heure sur son téléphone portable. Pourquoi donc on continue à se faire emm**der la vie par la cloche de madame l'église ?!? Ca donne selon les caractères des envies de pétitions ou d'action mal intentionnée :)
Enfin bref on a eu le droit à toutes les demi-heures toute la nuit. Malgré les bouchons on était un peu trop près pour pouvoir dormir correctement. Donc à 7h (dong dong dong dong dong dong dong) on rempile pour une heure vu qu'il pleut toujours. Une heure plus tard (dong dong dong dong dong dong dong dong) la pluie s'est finalement calmée et on ose une sortie matinale. On plie au sec, cool, si ce n'est qu'on découvre la vengeance du pote du grillon qu'on a dérangé hier. Il a creusé toute une galerie pour aller sous notre tente (à moins que ce soit nous qui ayons posé notre tente sur son trou :-) et il a grignoté notre bâche de protection de sol, qu'il a traversé totalement puis commencé à attaquer le tapis de sol de la tente. Il était temps qu'on s'en aille, il va falloir rustiner... quand ça sera sec...
5 minutes après le premier coup de pédale la pluie revient bien comme il faut. Pas méchante, pas d'une grande intensité mais sans discontinuer. Pour ajouter un peu à cette journée d'anniversaire qui commence bien le relief n'est pas clément avec nous. On poursuit les oscillations entre 0 et 100 mètres mais ça use bien comme il faut, surtout quand on transpirecaille sous les vêtements de pluie.
Lors d'une pause wifi (A priori on devrait avoir plus de chance de se côté là au Portugal car on a récupéré un identifiant/mot de passe par João qui nous permet de nous connecter à 2 réseaux "presque" publics qu'on trouve assez régulièrement dans les villes, cool). Donc lors d'une pause wifi on découvre quelques messages pour mon anniv, c'est chouette d'avoir des encouragements. On entend même notre neveu Sacha (4,5 ans) nous chanter joyeux anniversaire en français ET en anglais, la classe internationale :-) On découvre aussi la puissance de notre réseau français qui intervient en backup pour gérer les merdouilles traditionnelles qui se produisent autour de nos activités pro : merci Lucas d'avoir rebooté mon serveur récalcitrant.
On s'arrête épuisés et transis devant un Continent... oui les supermarchés, il y en a encore au Portugal. On compte sur une petite galerie commerciale pour se sécher un peu, manque de bol c'est trop petit, on pique-nique donc juste à l'entrée du supermarché... sous un abri de jardin en démonstration, assis sur les fauteuils de jardin en plastique tissé et la table basse du même genre avec plateau en verre (299 euros les 2 fauteuils + canapé + table basse si ça vous intéresse). Alors oui on est zieutés de tous les côtés. Entre le tandem rallongé et les zigotos qui font chauffer leur eau sur la popote sur la table basse il faut dire que le spectacle est pas mal. On n'a pas trouvé de barbecue, mais sinon ça aurait pu être pas mal aussi de se faire griller quelques côtelettes.
La pluie cesse un peu, mais bien entendu elle reprend juste 5 minutes après notre redépart... ben oui tiens.
Côté relief ça empire. On commence à être vannés mais le paysage bien vert que nous côtoyons par ici n'est malheureusement pas propice au bivouac. On poursuit encore pas mal de kilomètres avant de trouver un endroit pas plat, pas vraiment planqué, pas vraiment idéal pour la tente (chardons, fourmilières, crottes de moutons) mais ça ira bien pour la nuit.
On monte la tente entre 2 goutes d'eau et on essaye de faire sécher à l'intérieur tout ce qu'on peut. Ca n'est pas vraiment trempé de chez trempé mais tout ce qui était à l'extérieur des sacoches est un peu humide. Côté vêtements étanches ça fait mal de le constater mais après un an d'usage quasi quotidien de nos vestes de pluie, celle d'Hélène prend pas mal l'eau au niveau des épaules. En bas des manches ça n'est pas non plus très reluisant. On ne sait pas trop si on doit accepter qu'on a fait vieillir notre matériel l'équivalent de 20 ans d'usage normal (15 jours par an) ou s'insurger qu'en a peine un an les vestes risquent d'être bonnes pour la poubelle. Il faudra qu'on essaye une "réimperméabilisation" voir si ça marche avant de relâcher quelques centaines d'euros pour en acheter des neuves ;-(

366è jour : Villa do Bispo - Rogil

3 avril 2012

41,7 km, 13471 km au total

Malgré la météo qui était censée être meilleure, c'est la pluie qui nous réveille ce matin. On attend un peu, ça cesse, le temps de commencer à ranger les affaires, et hop ça reprend de plus belle. A l'intérieur de la tente le tapis de sol est trempé, le dessous des matelas aussi, mais au dessus on est au sec. On attend un peu, la pluie joue à s'arrêter et reprendre 5 minutes après. Résignés on laisse tomber en se disant "voyons comment ça sera dans une demi-heure...". Et ainsi de suite. Chaque demi-heure apporte son lot d'améliorations et de nouvelles vagues de pluie. On poursuit donc longuement nos réflexions autour du retour en France, ce matin c'est de nouveau "plans de maisons".
Vers midi on envisage de passer en phase pique-nique alors que le soleil commence à pointer son nez. On en profite pour tout sortir et mettre à sécher. L'avantage c'est qu'avec le vent le moindre rayon de soleil fait sécher les affaires en moins de deux. On pique-nique donc sur le tapis protecteur de la tente, qui sèche sur le dessus et se réimbibe par dessous dès qu'on marche ou s'assoit dessus, c'est impressionnant.
On finit donc par partir un peu après 13h30 et on entame ce que João nous avait annoncé : en remontant le Portugal vers le nord le long de la côte en général c'est vent en pleine tronche. On n'y coupe pas, pas plus qu'au relief. C'est assez intriguant niveau paysage. Déjà c'est très vert comparé à la côte sud et à l'Espagne et surtout autour de nous pointent des dizaines de grosses bosses. On ne peut pas vraiment parler de montagnes mais de demi-sphères de 50/100 mètres de haut. La route oscille au mieux entre chaque de manière à limiter le dénivelé mais il ne faut pas croire que c'est plat pour autant. On passe notre temps à monter et à descendre, même si descendre on n'a pas vraiment l'impression vu le vent. Par contre les montées on les sent bien comme il faut dans les genoux.
On double et se fait doubler plusieurs fois par 3 cyclistes et on se fait arrêter par une voiture garée sur le bord de la route. Une anglaise désespérée nous demande si on peut faire attention sur le bord de la route pour voir si par le plus grand des hasards on ne trouverait pas ses papiers, sac à main, carte de crédit... car elle s'est fait forcer sa voiture et piquer ses affaires. Elle compte donc éventuellement sur le fait que le voleur pourrait jeter ensuite sur le bord de la route ce qui ne l'intéresse pas. On parcourt donc les kilomètres suivant les yeux rivés sur le bord de la route sans rien voir d'autre que des bouteilles et canettes abandonnées. Ca nous replonge néanmoins pleinement dans notre vision assez sécuritaire qu'on applique depuis le début du voyage et qui pour l'instant nous a permis d'éviter les pépins : ne jamais laisser un truc de valeur sans attention. Depuis 13 000 km quand on va prendre une douche dans un camping on part avec l'ordi portable, l'appareil photo, tous nos papiers... jamais rien ne reste dans la tente. Idem pour les courses. Bon ça n'empêche que si on nous pique toutes les sacoches on serait bien emmerdés mais ça ne resterait que matériel, pas besoin de chercher un consulat ou de pester contre un an de photos disparues (bon dans notre cas comme vous vous en doutez probablement j'ai en général 2 ou 3 sauvegardes).
Tiens allez je vais en profiter pour vous expliquer comment je gère ces sauvegardes de photos :
Première chose, quand je vide la carte mémoire je la vide à 2 endroits :
- sur le disque dur de l'ordi (enfin le SSD pour les puristes)
- sur un disque dur externe 2,5 pouces
L'ordi est protégé dans 2 t-shirts (propres :) dans un sac étanche et le disque dur dans un ziploc à l'intérieur du sac étanche, donc déjà ça limite les problèmes.
Ensuite quand nous avons du wifi je met en ligne des versions basse définition des photos, donc dans le pire des cas il resterait au moins ça.
Ensuite quand nous avons du wifi qui marche vraiment bien et du temps (donc en gros quand on est hébergés) je transfère via internet les photos haute définition sur un serveur (un ordinateur à moi resté en France et connecté au net 24h/24). Ca prend généralement énormément de temps donc j'ai du retard, par exemple à Quarteira j'ai uploadé toutes les photos d'Espagne et pas pu finir la sauvegarde des plus récentes, genre celles faites lors du triathlon. Lorsque ces photos sont en ligne sur mon serveur je les effaces du disque dur de l'ordi portable qui n'est pas très gros et pour lequel j'ai besoin de place. J'ai ainsi toujours 2 copies à des endroits différents.
Enfin quand nous croisons de la famille ou des amis français on essaye de copier l'intégralité des photos et surtout des vidéos (pour lesquelles on n'a aucun backup autrement) sur un disque dur externe à eux.

Voilà, mode parano bien sûr, mais quand on tient à ses affaires...

Le bivoauc de ce soir est en plein milieu d'un petit chemin à priori pas fréquenté, c'est très très humide malgré l'altitude, la terre est du genre glaise qui retient bien l'eau et ça fait flic floc partout dès qu'on s'éloigne. S'il repleut ça va encore être la pataugeoire !

367è jour : Rogil - Villa Nova De Milfontes

4 avril 2012

60,4 km, 13531 km au total

Bon comme on pouvait s'y attendre il se met à pleuvoir à peine le premier coup de pédale donné, on s'harnache donc une fois de plus en conséquence. Ah le Portugal on s'en souviendra ! En même temps vu la proximité de l'océan et de ses vents associés ça n'a rien de spécialement étonnant en cette période de l'année. Le vent n'a pas faibli, pas plus que le relief. Je ne vais pas tout vous reraconter dans les détails, vous voyez l'idée.
Après un nouveau constat qu'Intermarché, pu*ain qu'est-ce que c'est cher on trouve un vague lieu potable pour déjeuner. On prévoit de monter la tente car il y a encore quelques goutes mais finalement les nuages s'espacent un peu et on aperçoit même un peu de bleu. Parfait pour recharger l'iphone au soleil car avec le relief des derniers jours la recharge à 100% est devenue un peu difficile.
Après-midi plus agréable même si le vent nous ralentit toujours autant. C'est un chouilla moins vallonné c'est déjà ça.
On rejoint Villa Nova De Milfontes en fin d'après-midi mais notre plan Warmshower capote. Sylvain n'est disponible qu'après 20h30, c'est à dire alors qu'il fait nuit noire et après 3h30 d'attente donc on laisse tomber et on continue un peu notre route quelques kilomètres. On prend un petit chemin qui semble prometteur mais à chaque fois il y a un truc qui cloche : trop visibles, grillagé, pas plat, trop proche d'une maison... et on enchaine les kilomètres qui nous rapprochent malheureusement de nouveau de VMD Milfontes, On finit par abdiquer lorsque le chemin rejoint une route bitumée mais on aperçoit un sentier qui semble mener à la plage au travers un bout de forêt. On pousse le tandem dans le sable, toujours un grand moment bien agréable quand on a la journée de vélo dans les pattes. On aboutit sur un endroit qui semble plutôt calme, un peu plat et presque caché. Il ne devrait pas y avoir grand monde, le plus dérangeant sera probablement le vent qui va essayer toute la nuit d'arracher les sardines, mais on va essayer d'être plus fort que lui !-)

368è jour : Villa Nova De Milfontes - Aldeia De Brescos

5 avril 2012

51,4 km, 13582 km au total

Une journée simple, sans pluie contrairement à ce qui était annoncé. Une journée sans charme particulier, notamment un passage dans une grande zone industrielle autour de Sines et quelques doublages un peu près dont un par une voiture de la police maritime, la grande classe !
Sinon on continue à observer les changements de paysage. Les chênes lièges sont bien présents même s'il parait que leur culture est en perte de vitesse pour cause de remplacement des bouchons par des modèles en plastique. A la place des forêts d'eucalyptus, pour nous ça n'est pas la joie car c'est un peu comme la forêt de pins : pas génial pour le bivouac : troncs fins et espacés, branches et feuilles en hauteur, et plein de feuilles et morceaux d'écorce au sol. Pas cool. L'utilisation principale de l'eucalyptus ? Facile : la pâte à papier...
Bon sinon vent est toujours bien présent. Depuis quelques jours on croise régulièrement des cyclotouristes, ça fait plaisir. La raison est évidente : nous sommes sur un "grand axe" cyclable. Pas de piste ou d'aménagement, mais simplement une route un peu logique pour suivre la côte atlantique jusqu'au point le plus au sud-ouest de l'Europe.
On croise aussi pas mal de cigognes ces derniers temps, on aime toujours autant ces grands échassiers majestueux un peu symboliques de notre voyage... la migration...
Ce soir comme on arrive à planter tôt j'en profite pour faire une petite mise à jour concernant... les bouquins. Ca faisait un moment que je voulais vous parler de 2 trilogies sympathiques. Je vais commencer par la dernière que j'ai lue : les 3 "Millenium" de Stieg Larsson (Les hommes qui n'aimaient pas les femmes, ...). Encore un écrivain suédois qui produit des bouquins assez proches de sa consœur Camilla Läckberg. De l'intrigue policière avec pas mal de détails ancrés dans le paysage suédois. Pour nous qui avons visité Stockholm par exemple, ça nous parle. Le style est tout simplement excellent, l'intrigue bien ficelée, du suspens, tout ce qu'il faut ou il faut, le genre de livre à ne pas laisser entre les mains d'Hélène trop tard le soir si on veut avoir une chance de la réveiller avant 14h le lendemain :) Bref je recommande vivement.
L'autre trilogie est bien moins connue et plus décalée, moins normée dirons-nous. Il s'agit des "Capital Code" de Kim Stanley Robinson (les 40 signes de la pluie, ...). Il s'agit de 3 livres qui traitent du dérèglement climatique, du réchauffement global enfin vous voyez l'idée. C'est un mélange de fiction croisé avec des études réelles et l'intrigue du personnage principal (Frank) un scientifique en quête d'équilibre entre son domaine la science et en parallèle une envie de retour à la nature. Il a des idées surprenantes sur la question et sans vous pouiller l'histoire je dois dire que je suis assez fan de son idée (qu'il applique) de se faire une cabane dans un arbre dans un grand parc de Washington, d'utiliser son van, une salle de sport, son bureau et quelques restos comme un ensemble de pièces de sa "maison"" plutôt que de louer un appart où il n'irait que pour prendre une douche et dormir. La mise en pratique est très sympa. Il y a par ailleurs beaucoup de réflexions entre la science pure d'un côté et des visions plus bouddhistes de la manière de voir et gérer la situation de ce dérèglement climatique... avec au milieu bien entendu l'inévitable aspect politique. Une petite intrigue policière (pas forcément nécessaire à mon goût mais pourquoi pas) vient s'ajouter histoire de corser le tout. Bref je n'en dis pas plus mais je recommande aussi fortement si le sujet vous intéresse un tant soit peu.
Ca fait 6 gros pavés entrecoupés de quelques autres trucs sans grand intérêt (hormis peut-être "Tuer le Père" d'Amélie Nothomb) donc finalement c'est déjà pas mal. Sur ce je vous laisse, je retourne à un dernier SAS en attendant d'entamer l'Echiquier du Mal de Dan Simmons, je n'arrive toujours pas à me lancer dans Un Monde Sans Fin de Ken Follet, toujours effrayé par le volume du bouquin. Heureusement qu'il ne pèse pas dans les sacoches :)

369è jour : Aldeia De Brescos - Sol Troia

6 avril 2012

46,0 km, 13628 km au total

Il a plu par intermittence toute la nuit et ce matin ça semble bien parti pour continuer. On trouve 15 minutes de soleil pour plier en observant du bleu au loin... bon on devrait être tranquilles quelques temps. Pfff, que nenni ! Avec le vent, 15 minutes plus tard, alors qu'on commence tout juste à pédaler il se met à repleuvoir. Encore une journée qui commence bien. Globalement elle continue sur le même principe, vous savez celui du "si je m'arrête mettre le pantalon de pluie la pluie va stopper dans 2 minutes histoire que je crève bien de chaud et transpire". Si on ne s'arrête pas, bien sûr la pluie redouble. C'est magique, instantané et toujours aussi imprévisible après un an. Il ne suffit pas de regarder le ciel (oh il est tout bleu sans nuage), ni de regarder au loin dans le sens du vent (oh c'est aussi tout bleu)... non non non... quelle erreur de débutant, ces conditions peuvent être réunies et pourtant il vous pleut dessus parce que vous recevez l'eau qui a été lâchée plus tôt quand le nuage n'était même pas encore passé au dessus de votre tête... ouais enfin des trucs de dingues qui pourrissent bien la vie du cycliste.
Du coup ce midi on se trouve une espèce de bicoque de vente de fruits et légumes au bord de la route, sans personne et on se pose juste à côté de l'auvent pour profiter du soleil qui semble être là pour au moins un quart d'heure mais avec une solution de repli rapide si besoin. On profite des rayons pour faire sécher un peu la tente, les duvets et recharger un peu la "batterie solaire" et commencer le pique-nique sous les doux infrarouges de notre astre préféré. Comme prévu, avant la fin du repas on sent que les gros nuages noirs vont nous tomber dessus, on range tout tranquillement mais sûrement et à peine à t'on fini de plier qu'en effet la pluie se déverse sans retenue sur notre tête. Notre abri est donc le bienvenu. Un peu plus tard on se trouve tous couillons d'être au froid à l'ombre alors que le soleil est revenu. On trouve donc l'idéal, protégés par l'avancée de la bicoque mais suffisamment proche pour avoir le soleil. C'est presque parfait (ça fuit un peu quand il pleut) mais on peut bouquiner un peu tranquillement en essuyant juste de temps en temps les goutes sur les écrans de nos gadgets électroniques.
On voit passer les 3 cyclistes avec qui on avait joué à "je te double tu me doubles" il y a 3 jours, marrant. Vu leur chargement limité ils doivent dormir dans des hôtels et manger au resto... ils n'ont pas l'air de faire partie d'un mouvement ultralight de tarpistes mangeurs de poudre déshydratée (oui oui :-)
L'après-midi se joue avec le même scénario que la matinée, ça commence à être pénible. On finit par s'arrêter "mettre le pantalon de pluie le temps que ça s'arrête" avant de le retirer et de repartir :) On tente aussi les plan asymétrique (l'un a le pantalon et pas l'autre) histoire de voir ce qui se passe, bon ben c'est la pluie qui gagne toujours.
Finalement on s'embranche sur ce petit isthme qui mètre à Troia où nous prendrons un ferry pour aller à Setubal. C'est très chouette : à droite une grande baie (dommage par contre le port industriel au loin) et de l'autre, derrière quelques dunes : l'océan.
On s'arrête quand on trouve un petit chemin qui s'enfonce et semble une promesse de coin bivouac peinard. Si nous allons trop loin nous risquons d'être un peu bloqués : S'il n'y a rien vers Troia il serait logique de prendre directement le ferry ce soir, mais de l'autre côté ça sent la grosse ville et le début de banlieues de banlieues de Lisbonne. On préfère assurer le coup, de toute façon on n'est plus très loin de la capitale. 30-40 km et 2 ferrys, ça devrait se faire sans trop de souci demain.
Le coin bivouac est donc près de la baie, c'est agréable, on vire un peu les branches d'eucalyptus pour se faire un petit espace presque plat et on profite de rayons de soleil entre 2 averses.

370è jour : Sol Troia - Lisbonne

7 avril 2012

44,6 km, 13673 km au total

Ce matin on a triplement de la chance :
- il fait un soleil radieux
- on arrive pour prendre le ferry pile à l'heure alors qu'on n'avait pas les horaires.
- on ne paye pas pour le vélo... normalement c'est gratuit pour les vélos après 10h, il est 9h37, il y avait un ferry à 9h40 mais c'est à priori trop tard. On devra attendre celui de 10h15, donc on ne paye pas pour le vélo. On rejoint le quai et oh le ferry de 9h40 est toujours là... on monte a bord et quelques minutes plus tard on décolle... heu on navigue.
Le trajet est tranquille, on voit un peu les 2 côtés : océan et embouchure du fleuve, c'est chouette. Moins sympa par contre l'odeur de l'usine de papier...
Ensuite Setubal, traversée rapide, enfin un panneau en S à se mettre sous la dent au Portugal car pour l'instant toutes les villes en S n'avaient pas de panneau ou alors pas accessible.
Courses chez Continent, à la sortie un monsieur nous aborde et nous dit qu'il nous reconnait, il nous a vu à Sines il y a 2 jours, marrant :)
Le ravitaillement fait on se trouve un coin pour déjeuner histoire aussi de faire sécher la tente qui est bien trempée. Malgré le soleil ce matin la condensation était très importante et comme ce soir on dort "en dur" il vaut mieux faire sécher nos affaires dehors c'est plus pratique. On est un peu dérangés par des chèvres et des nuages mais c'est bien agréable. Malheureusement il faut repartir assez vite car on a un ferry à 15h30 (cette fois on a les horaires) à Montijo, à 15 km du lieu où on déjeune, soit une heure. A 14h30 on reprend la route, et malgré un rythme très soutenu et seulement une pause "poubelle" et "photo de jolie maison" on arrive très très limite à l'endroit où à priori le ferry se trouve. Sauf qu'au terminal fluvial de Montijo il n'y a pas de ferry. On demande à un monsieur qui nous indique vaguement une direction plus loin. Est-ce un autre terminal pour le ferry ou simplement le Pont Vasco de Gamma... qui nous est interdit ? On verra bien.
Côté timing on est très dans le rouge, il est 15h35, on appuie comme des dératés sur les pédales et aboutit dans une zone moitié vide, ça sent le plan foireux à plein nez. On continue quand même et oh miracle, alors qu'on ne s'y attend pas, un terminal de ferry !!! Quelle surprise ! Il est 15h40 ça parait un peu mort pour le bateau et le prochain est dans une heure... sauf que, allez savoir pourquoi, alors que j'avais noté les horaires sur le net, bien fait attention au fait que nous étions samedi... et bien les horaires sont 14h30 et 16h00... donc en gros on arrive un quart d'heure avant le départ, parfait !
On prend nos tickets, gratuit pour le vélo (2,7 euros par personne sinon, ça va) et le gentil monsieur de l'accueil nous ouvre une porte pour qu'on passe tranquillement avec le vélo. La traversée semblait longue étant donné la largeur de la baie, mais il s'agit d'un espèce de catamaran rapide qui file à plus de 35 km/h sur l'eau. Le trajet n'est donc pas bien long. Ensuite au GPS nous rejoignons l'appartement d'un nouveau João, pas le même que celui de Quarteira, mais un autre, c'est un jeune homme d'une mailing list d'on ne sait pas encore trop quoi en rapport avec le vélo dont font partie entre autres ces deux João. Le premier avait passé un appel en notre nom pour essayer de nous trouver un hébergement et on a une 2 réponses. La première personne ne pouvait que avant la date de notre arrivée réelle donc pas pratique, mais la deuxième, ce fameux João numéro deux, est ok pour nous héberger quelques nuits.
Après 7,5 km le long de la côté vers l'est on arrive chez João, il arrive quelques minutes plus tard avec sa femme et un ami, lui aussi prénommé... João, d'ailleurs pour ceux qui se demanderaient, ça se prononce quelque chose proche de "jouant". On descend et accroche le vélo dans le garage au -2 et on monte ensuite dans leur appart. Ils nous montrent leur salon où nous allons squatter le canapé-lit, la douche, la machine à laver... et s'en vont 2 heures pour nous laisser tranquilles !!! Malgré nos remarques sur le fait qu'ils peuvent rester, ils souhaitent nous laisser un peu d'intimité. On adore, on se connait depuis 15 minutes et nous voilà seuls dans leur appartement. Toujours difficile à accepter mais tellement agréable de voir une telle confiance.
La suite ? On verra à leur retour.
En attendant pour vos yeux, une des maisons vue aujourd'hui (depuis 2 jours on voit pas mal de chouettes maisons) : http://www.wix.com/troia1/troyhouses Ouais bon en fait maintenant que j'ai du net pour le voir, je me rends compte que le site est un peu pauvre, désolé :-(
Nous allons finalement au restaurant déguster 2 plats excellents : l'un à base de riz et de fruits de mer et l'autre à base de poissons et crustacés ainsi que pommes de terre, poivrons, ...

371è jour : Lisbonne

8 avril 2012

0 km, 13673 km au total

Une journée bien chargée qui commence par un petit dej tous les 4 dans la petite cuisine mais se poursuit à l'extérieur avec la découverte de la partie moderne de la ville. Un de ces endroits qui nous plait beaucoup, un mélange de La Villette et de la partie moderne de Valencia (en moins extravagant mais plus parlant pour nous). Un théâtre, une halle d'exposition, un aquarium (l'un des plus grands du monde)... le tout le long de l'embouchure du Tage (le fleuve). La majorité des bâtiments a été construite pour l'Expo 98 et forcément côté architecture ça nous parle. On apprécie aussi énormément l'aspect franchement piétonnier de l'endroit, l'impression d'espace, de place, d'air qui résulte de l'urbanisation intelligente de l'endroit. Bon pour les logements sociaux il faudra repasser ça par contre on s'en doute, mais visuellement après la Cathédrale de Séville, on revit :-) on se sent bien, surtout avec le soleil radieux qui règne en maître aujourd'hui.
On se pose quelques instants sur la terrasse d'un café en haut d'un grand centre commercial (tout est ouvert le dimanche au Portugal) afin de profiter de la vue et d'une boisson fraîche avant de repartir continuer nos découvertes. Toujours une myriade de bâtiments géniaux, par exemple une "toile" de béton suspendue sur des câbles pour faire office de pare-soleil pour le pavillon Portugais ou les volets extérieurs du... siège social de Vodafone. Oui bon ok je ne suis pas objectif mais mon appareil photo lui l'est (un jeu de mot pourri se trouve dans cette phrase).
La balade à pied permet aussi de discuter longuement avec Nadia et João. Hélène parle principalement avec Nadia en anglais et moi avec João en français car le but de notre rencontre est aussi de lui permettre de poursuivre son apprentissage du français qu'il désire intensément pratiquer.
Nous déjeunons dans un petit restaurant portugais, ce midi c'est bœuf pour tout le monde, et découverte de quelques desserts : "bave de chameau" (mort de rire la traduction littérale du portugais), un genre de crème au lait concentré et aux œeuf ; un autre type de crème au lait concentré (ils l'utilisent beaucoup ici) ; une chantilly au coulis de fraise (le meilleur dessert des 4) et enfin un gâteau au chocolat et à la meringue.
Nous rejoignons ensuite une gare pour prendre un train pour l'opposé de la ville, plein ouest. Nous marchons un bon moment sur le quai qui ressemble un peu à Bercy-Village version front de mer : d'anciennes bâtisses genre entrepôts en pierres ou briques convertis en boutiques et restos puis après un passage sur l'horriblement bruyant pont du 25 avril (because bande de roulement en grille métallique et non pas bitume) nous arrivons au quartier Belém (historiquement c'était une ville séparée de Lisbonne. et Belém - à ne pas confondre avec Belem genre le bateau nantais - c'est Bethléem en arabe, sauf que bien sûr ça n'est pas le Bethléem de Cisjordanie, faut pas tout confondre :)
Donc à Belém il y a... le lieu idéal pour la réalisation d'un de nos défis en attente : déguster une pastéis de nata. Alors késako. C'est simple, absolument 100% des personnes ayant mis les pieds à Lisbonne qu'on a croisé en vrai ou par email nous ont dit : "si vous allez à Lisbonne, il faut absolument que vous goutiez les pastéis de nata". Nous avions également un défi sponsorisé par mes parents pour aller goûter, bref impossible de passer à côté... et vous vous doutez que quand il s'agit d'aller déguster des pâtisseries, nous ne sommes pas les derniers :) Sauf que comme on aime faire les choses correctement nous n'avons pas été manger des pastéis de nata, mais des Pastéis de Belém. La différence ? C'est que c'est l'originale, la vraie pastéis. En gros partout dans la capitale on peut manger des PDN mais il s'agit de copies de la PDB. Et il n'y a qu'un seul endroit où la "vraie recette secrète façon coca cola que vous ne saurez rien de comment c'est fait" est appliquée. Surtout la différence c'est qu'elle est préparée au fur et à mesure et qu'on les mange à la sortie du four, tièdes, et que en effet il faut l'avouer c'est excellent.
Alors pour vous décrire le concept : un genre de crème aux oeufs très légère et fondante dans une petite pâte feuilletée très craquante (feuilles de pâte filo ?) Oui ça s'engloutit très vite... on regrette un peu d'être sortis du restos un peu pleins auparavant et donc on déguste chacun une pastéis sans faim réelle, si ce n'est celle de découverte. Nos deux hôtes en dégusterons 3 chacun pendant la même durée, ils ont plus d'entrainement que nous, forcément :-)
Nous ressortons bien remplis profiter des derniers rayons du soleil autour du couvent qui se trouve juste à côté ainsi que du centre culturel très moderne. C'est le bus qui nous ramènera proche de l'appartement car la route à pied serait bien longue et tout le monde est très fatigué. Le diner ne sera d'ailleurs composé que d'une soupe et vite au lit. João travaille demain matin et Nadia seulement l'après-midi. Nous essaierons d'aller dans le centre de Lisbonne (là on a fait les "extérieurs") et de déjeuner (on prend notre travail de dégustation très à cœur :-) dans un petit resto à côté du boulot de João.

372è jour : Lisbonne

9 avril 2012

0 km, 13673 km au total

Matinée très tranquille avant de prendre le train avec Nadia pour rejoindre le centre et déjeuner avec João dans un petit resto près de son boulot. Ensuite nous nous baladons longuement dans le centre afin de découvrir l'atmosphère de cette ville. C'est notre 17è capitale... Nous prenons un métro pour aller dans une boutique de rando un peu excentrée pour acheter le fameux produit réimperméabilisant pour nos vestes... et pas de chance, ils sont en rupture de stock. Le vendeur appelle d'autres boutiques pour savoir s'ils en ont mais non, visiblement il y a pénurie :-( tant pis pour nous...
Nous revenons dans le centre découvrir d'autres quartiers en attendant notre rendez-vous avec... João... l'autre, celui de Quarteira qui est de retour à Lisbonne où il vit également (enfin un peu à l'ouest). On le retrouve pour lui rendre les clés de son appartement, ça sera plus pratique pour lui :) On passe un petit moment ensemble à découvrir d'autres quartiers. On prend le fameux petit tramway qui grimpe autour du château, c'est sympa. On fait même 2 fois le tour car on s'est gouré de ligne. Une fois en haut on arrive tout juste pour le coucher du soleil sur la ville. Les couleurs sont magnifiques mais le vent assez glacial.
On redescend pour prendre un bus (on se la joue transport en commun à 100% ici, et le moins qu'on puisse dire c'est que c'est un peu compliqué leur système de carte rechargeable de différentes manières). Le bus arrive rapidement donc on quitte notre premier hôte un peu à la hâte pour aller rejoindre notre João numéro deux qui prépare le diner dans l'appartement. Nadia n'arrivera qu'un peu plus tard, elle travaille de 14h à 21h environ. Ah oui on n'a pas dit : João (faire un ã sur un mac c'est pénible, pfff) est inspecteur de brevets... pas des collèges, des brevets techniques. Son travail consiste donc en grande partie à vérifier que les demandes de dépôt de brevets ne correspondent pas déjà à une invention existante. Nadia est diplômée dans le domaine de la construction civile... mais ne trouve pas de travail correspondant et bosse donc dans un call-center à déranger les gens pour des enquêtes... pas cool. Ici aussi il y a bien un phénomène de crise.
2 effets visibles :
- l'aéroport en plein centre, depuis déjà pas mal de temps il doit y en avoir un nouveau au sud, sur l'autre rive du Tage... mais ça coûte trop cher.
- le train à grande vitesse. Des quartiers ont été dégagés et préparés en vue de l'ajout de lignes de chemin de fer, mais avec le dernier changement de gouvernement tout a été stoppé pour cause de manque d'argent. Du coup il reste un espèce de "fleuve" vide, qui attend d'hypothétiques rails... peut-être qu'un jour ça sera converti en parc comme à Valencia :) En attendant les compagnies privées investies dans le chantier réclament des dommages et intérêts pour le manque à gagner... l'argent du contribuable sert donc à gonfler les profits des actionnaires de ces sociétés plutôt qu'à rendre réel le train à grande vitesse... same old same old... pourquoi tout ça nous donne des impressions de déjà-vu ?

373è jour : Lisbonne

10 avril 2012

0 km, 13673 km au total

Une vraie journée de repos avec réveil tardif, et activités d'intérieur type... emails, planification, ... ça tombe bien il ne fait pas très beau aujourd'hui. Allez, après différents calculs on aboutit à une date d'arrivée "officielle", elle ne satisfera probablement pas tout le monde mais il faut bien en choisir une.
On sort juste pour faire quelques courses pour faire et partager un diner sympa avec nos hôtes.

374è jour : Lisbonne - Infantado

11 avril 2012

57,3 km, 13730 km au total

Allez, on repart. Comme bien souvent quand on est hébergé on a tendance à trainer, à chercher à profiter au maximum de nos hôtes, prendre une dernière douche avant on ne sait pas quand... il est donc plus de 11h30 quand nous décollons. La sortie de Lisbonne par le nord-est est globalement inintéressante, un peu complexe (imbroglio de 2x2 pour lesquelles le GPS est bien appréciable). On profite juste d'une vue sympa (mais furtive) sur le pont Vasco de Gama ainsi que de routes relativement plates. L'itinéraire des prochains jours est d'ailleurs un peu défini par le relief. Il va être difficile d'éviter toute les montagnes mais on limite autant que possible.
Le temps est très moyen aujourd'hui mais on évite la pluie.
Le pique-nique sur un terrain de foot coincé entre 2 bruyantes usines est pour nous l'occasion de faire un petit point sur notre retour. C'est dingue comme le fait d'avoir défini une date nous amène forcément à focaliser un peu dessus. On ne se met pas la pression, on a calculé pour pouvoir en théorie encaisser des imprévus et puis si on est à la bourre on se débrouillera pour trouver des solutions, mais forcément, date + chemin qui nous rapproche de la France + plus de capitale ou grosse ville d'ici Arès = prise de conscience "on est en train de rentrer". Là où c'est rigolo c'est que "rentrer" suppose un lieu de retour censé être à soi. Généralement on "rentre à la maison" ou "chez soi". Nous on n'a rien de tout ça et on rentre vers l'inconnu, vers un nouveau vide qu'il nous appartiendra de combler, vers une page vierge qu'il nous reste à écrire. Et malgré toutes les réflexions qu'on a pu avoir pendant le voyage il n'y a toujours rien de clairement défini. Pas de "à telle date je commence un nouveau boulot" par exemple. Pas de "on va chercher un appart". Beaucoup de flou, de possibilités qui nous amènent finalement à un constat : "on verra quand on sera rentré". On avance sur ce qu'on peut pendant le voyage, mais il y a trop de choses impossibles à mettre en place à distance... on verra bien. On a la chance d'avoir un pied à terre squattable quelques temps pour nous permettre d'être vraiment au pied du mur pour savoir comment on voudra l'escalader (ou le faire tomber :-)
L'après-midi nous permet de retrouver enfin un peu de verdure mais aussi de faire un constat moins drôle. Alors que nous nous mettons en chasse d'un lieu de bivouac nous traversons 10 km de plantations de chênes liège. Depuis la route c'est une merveille, des champs accueillants, un sol plat, des petits buissons pour se cacher, ... génial. Sauf que ce rêve se trouve derrière une clôture, ou plutôt 10 km de clôture. Quand il y a un endroit pour y accéder c'est soigneusement barricadé, cadenassé, on se croirait en Italie. Pas cool les portugais sur ce coup. C'est quoi le but ? Une crainte qu'on leur pique des arbres ? qu'on vienne la nuit gratter les écorces ? Hélène est limite en colère. Heureusement qu'on n'a pas le Leatherman avec sa pince coupante sinon c'est clair qu'elle descendait de vélo nous tailler un passage dans le grillage et le barbelé !
Finalement une fois sortis, pas loin de l'autoroute on trouve un chemin qui nous permet de poser la tente entre l'espace de l'autoroute et... un nouveau champ de chênes. On a fait facilement 17 bornes de plus que ce qu'on avait prévu aujourd'hui. Vu l'heure de départ ce matin il est forcément déjà bien tard. On monte la tente rapidos sous quelques goutes de pluie et Hélène s'effondre de fatigue (là elle dort, il est 18h53). Heureusement ce soir on reprend nos bonnes habitudes : pâtes pour l'énergie et coucher tôt pour le repos.

375è jour : Infantado - Santa Justa

12 avril 2012

49,9 km, 13780 km au total

Comme la journée n'est pas passionnante à raconter (vent de face, météo moyenne, camions qui frôlent, suivre au plus proche le lit d'une rivière pour limiter le relief) revenons un peu sur le Portugal, notamment ce qu'on a pu en percevoir au travers de nos récentes discussions avec nos différents hôtes.
Le Portugal n'a pas grand chose à envier à la Grèce ou l'Italie niveau crise, globalement il y a peu de matières premières et autres ressources, le pays s'appauvrit, la consommation est aussi déréglée qu'ailleurs, pire encore. Le Portugal est le 3è pays européen en matière de nombre de voitures par habitant (derrière le Luxembourg et l'Italie). Je n'ai pas le chiffre mais visiblement ici aussi la voiture est avant tout une question de statut social et de manière de l'exhiber. Là où c'est encore moins drôle (ah bon ça l'était avant ?-) c'est que le Portugal n'a aucune marque locale. Au mieux il y a des usines Volkswagen mais les profits retournent bien vite en Allemagne. Idem pour le pétrole, 100% importé. Bref d'un côté une économie qui s'effondre et de l'autre une consommation inadaptée.
On aboutit a des choses assez étranges, voir paradoxales. Exemple sur la nourriture. Les supermarchés ont bien poussé là aussi : Continente, Intermarché, Leclerc, ... mais les tarifs sont très "Europe de riches". Bref pour nous français on trouve les prix de l'alimentation "normaux" voir un peu élevés mais par rapport au revenus portugais c'est très cher. Le revenu minimum c'est 400 euros... Par contre pour une raison qu'on ne s'explique pas trop, les restaurants sont très bon marché. On trouve, un peu comme en Espagne les menus du midi avec entrée, plat, parfois dessert, une boisson et un café. A Valencia ça oscillait entre 8 et 12 euros. Ici on a mangé un midi pour 6 euros.
Alors côté logement et immobilier ça donne quoi ? Des trucs très hétéroclites, parfois hallucinants aussi. Globalement l'immobilier n'est pas trop cher, du moins à l'achat, notamment parce qu'il y a des regroupements intelligents qui se font. Certains particuliers se regroupent en une espèce de communauté, commencent à verser de l'argent sur un compte commun pour lancer la conception et construction d'un immeuble dont ils possèderont à terme un appartement à l'intérieur, proportionnellement au prix qu'ils ont payé et acceptent de continuer à payer par la suite. João (n°2) a ainsi acheté son 50 mètres carrés neuf pour 70 000 euros. L'idée est qu'en se regroupant ainsi les particuliers zappent un intermédiaire et son bénéfice. La contrepartie c'est le délai, il n'est pas rare que le projet mette entre 5 et 10 ans pour arriver à terme, c'est donc quelque chose qui se pense avant. Dans le cas de João, ce sont ses parents qui se sont occupés de lancer le projet "pour son futur" quand il était étudiant et lui n'avait plus qu'à mettre un peu d'argent tous les mois et finalement aujourd'hui il continue simplement à rembourser un prêt avec une mensualité de 180 euros, pour un appartement qu'il a mis en location 500 euros par mois quand il vivait encore chez ses parents, avant de l'habiter par la suite.
La location est donc relativement chère en comparaison et il semble que beaucoup de personnes préfèrent acheter. Reste que bien sûr tout le monde n'a pas l'intelligence ou la possibilité de planifier ses investissements à aussi long terme.
Il y a aussi pas mal de blagounettes, celle qu'on préfère c'est le fait qu'il y a quelques décennies, un gouvernement a décidé de faire une mesure populaire : le gel du montant des loyers. Ca me rappelle les "baisses d'impôts" en France il y a quelques années... sauf que là l'effet est très pervers. Certes à court terme c'est sympa pour les locataires. On est bien placés pour savoir le plaisir qu'on a à recevoir chaque année la gentille lettre de l'agence immobilier qui te dit "désormais ça n'est plus 850 mais 880 euros que tu paieras chaque mois, à toi de trouver les 30 euros où tu veux)... enfin bref, c'est sympa sauf qu'aujourd'hui il n'est pas rare que des petites mamies payent... 8 ou 10 euros (oui oui ! vous avez bien lu) pour un appart de 100 mètres carrés dans le centre de Lisbonne. Cool pour les mamies ? pas tant que ça... car que pensez-vous que le propriétaire fait avec ce montant ? vous pensez vraiment qu'il a envie de changer le chauffe-eau quand il claque ? Du coup les appartements, et les immeubles en question (quel proprio va voter un ravalement de façade étant donné les revenus qu'il tire de la location ?) tombent en décrépitude. Je crois qu'il y a des possibilités de mettre un terme à un bail de ce genre, mais il faut que le proprio paye des pénalités importantes au locataire, ce qu'il n'a nullement envie de faire... et la situation reste inchangée.
Dans le même genre, un grand classique : le super immeuble en plein centre (il y en a un qui est directement situé sur l'une des plus grandes places de la capitale) totalement inhabité. Le propriétaire attend que les prix flambent afin de le vendre pour faire un hôtel de luxe... en attendant, c'est vide, muré, en décrépitude. Sympa.
Ainsi de suite, il y a beaucoup de petites choses de ce genre qui font que Lisbonne et le Portugal ont eux aussi leurs situations compliquées, (je vous ai déjà parlé du train à grande vitesse), leur crise et que même si on focalise sur la Grèce, c'est un peu partout pareil.

376è jour : Santa Justa - Rosmaninhal

13 avril 2012

52,8 km, 13833 km au total

Hier soir nous avons fait un petit point sur le... traité de Lisbonne. Sous-titre "parodie de démocratie". Souvenez-vous il y a quelques années les gouvernements demandaient aux peuples ce qu'ils pensaient d'un "traité pour une constitution Européenne" ou un truc du genre. La majorité refusait le traité... et peu après le texte était décortiqué, et quasiment chaque proposition transformée en amendement des textes originaux (traité de Rome et Maastricht). En gros c'est tout pareil sauf qu'on procède différemment. Ainsi naquit le traité de Lisbonne, voté par le gouvernement européen (à une écrasante majorité) et hop ni vu ni connu je t'embrouille et je fais passer ce que je veux. A l'heure des élections présidentielles françaises et là encore la parodie de campagne électorale qu'on ressent, que ce soit au travers les quelques médias français que nous croisons, les médias étrangers ou simplement ce que nous racontent les français avec qui on est en contact, on se sent bien tristes. Ce n'est pas tant le contenu qui nous choque, mais la manière de procéder.
Pour revenir à l'Europe, plus on y réfléchit plus on est perdus. Les côtés inévitables "l'Europe est le seul moyen de faire face aux puissances telles que les Etats-Unis ou la Chine" (puissance, front, ça sonne très guerre tout ça). Et faire face dans quel but ? Pour que l'Europe soit elle aussi une machine à pognon permettant d'aller plus vite dans le mur de la consommation, de la pollution et de ce qui va avec ? Pour être plus forts pour mieux exploiter les autres populations plus "faibles" ?
On est aussi perdus avec les attitudes au sein même de l'Union. On voit de grandes disparités, le Portugal nous fait un peu penser à la Pologne et derrière des subventions "pour aider un pays" on y voit aussi bien clairement un moyen de brasser de l'argent. Qui construit les routes roumaines ? Bouygues (ou équivalent) avec les subventions de l'état, donc des citoyens. Donc l'argent circule, part de la poche des européens et retourne dans celles de quelques gros actionnaires, mais n'entre pas ou peu dans les poches des roumains. Ca revient à ce que j'écrivais un peu hier : au Portugal on consomme de la voiture, mais l'argent sort ainsi très vite du pays. Certes je ne suis pas naïf et les infrastructures routières profitent bien entendu aux peuples locaux (quand ils ont des voitures) mais il ne faut pas se leurrer, la construction d'une autoroute roumaine permet avant tout d'accélérer l'arrivée des biens de consommation dans les pays "riches", produits au tarifs des pays "pauvres". C'est grâce à l'autoroute roumaine qu'on peut manger en France du blé roumain moins cher que le blé français. Les semences vendues à prix d'or par les pays riches permettent de bien maintenir le pays en question sous pression et les bénéfices de la production locale repartent ainsi bien vite... Au passage si on peut utiliser les routes dans l'autre sens pour faire débarquer les biens dont les populations n'ont pas besoin mais pour lesquelles on leur vendra le besoin en même temps, c'est parfait.
Voilà, donc derrière notre visage super content de passer une frontière sans sortir ni passeport ni carte d'identité, derrière notre sourire de pouvoir découvrir aussi facilement tous ces pays et leurs populations, derrière cette ouverture apparente, on perçoit aussi très bien les limites du concept d'Europe.
L'économie tire l'Union vers l'avant, vers le haut peut-être, mais il y a des disparités telles entre les pays qu'on se demande s'il y a réellement une logique à vouloir mettre tout le monde dans le même sac. Ca nous fait beaucoup penser à l'école où on retrouve en quelque sorte la même problématique : soit on met les élèves de tous niveaux dans une même classe afin de pouvoir se targuer de leur fournir la même éducation... au risque de larguer les mauvais élèves qui ne peuvent pas suivre et décrochent et d'ennuyer et de castrer ceux qui comprennent tout du premier coup ; soit on essaye de mettre en place des systèmes de "niveaux" avec le dangereux risque de mettre en place un système "à deux vitesses" (ou 3 ou 4).
Bref après plus d'un an de voyage on n'a pas de réponse sur la manière logique de procéder, notamment parce que ce qu'il serait intelligent de faire ne peut que rarement être mis en place car "non économiquement rentable". Hors l'économie menant la danse, il ne faut pas être utopiste et croire en la philanthropie de l'Union. Malgré le changement de nom la CEE est toujours bien là...

La journée d'aujourd'hui est-elle plus rose ? Heu... la première heure nous permet de redécouvrir le soleil qu'on a un peu perdu de vue depuis quelques jours, mais bien vite les nuages se mettent entre lui et nous, sans rien nous demander, et pire, ils appellent leur copine la pluie, qu'on n'aime pas du tout. Notre seul point de ravitaillement de la matinée se trouve être tout en haut d'une colline, et on galère bien comme il faut pour grimper, sous la pluie, la centaine de mètres qui nous permettra de trouver une micro supérette pas reluisante. A la sortie la pluie redouble, on s'abrite sous un oranger en attendant que ça passe.
On repart mais la pluie reste omniprésente, ce qui nous impose ensuite la recherche d'un endroit abrité pour déjeuner. Nous sommes en rase campagne, il n'y a pas grand chose. On trouve 1 mètre de tôle ondulée le long d'un hangar, à 50 cm de la route... bof bof... surtout quand le proprio sort de la maison à côté, ne capte rien à ce qu'on essaye de dire... on laisse tomber et finalement c'est sa femme qui nous gueule après quand on repart, comme du poisson pourri... on se retourne... ah non en fait elle gueule après son chien qui lui-même nous court après...
On finit un peu plus loin par trouver un conteneur, oui le truc qui n'a rien à faire ici, qui serait mieux quelque part sur un bateau au milieu d'un océan, mais il est là... et oh miracle les portes s'ouvrent, pas de cadenas, et oh miracle c'est plutôt clean à l'intérieur, ça ne sent pas l'urine, il y a des étagères (???) vides, bref l'endroit idéal pour rentrer le tandem, ramener 2 palettes qui trainent à côté et s'en fait un banc-table de pique-nique.
Forcément on ne peut s'empêcher de penser à ces transformations de conteneurs en habitations... alors ça fait quelle taille un "container" officiel ? Et bien c'est normalisé : 8 pieds de large (sacrés anglo-saxons) par 20 ou 30 ou 40 pieds de long. Hum pas très large, il faudrait en accoler 2 pour le salon, mais si on... enfin voilà. Je suis sûr que vous trouverez facilement des photos de telles maisons sur le net, je crois qu'il y a un projet pas très vieux du côté du Havre d'ailleurs sur ce thème.
L'après-midi est tout aussi pluvieuse que la matinée, probablement plus d'ailleurs. La route est bien pourrie, une petite nationale de campagne, pas de bande d'arrêt d'urgence et on continue à se faire doubler à 50 centimètres par des voitures trop pressées ou éclabousser par des camions... là on ressent immédiatement la Pologne. Routes étroites, gens roulant à tombeau ouvert... Ici il n'y a quasiment pas de croix et autres pierres tombales, mais on sent bien que ça doit être bien meurtrier. On adopte donc la célèbre technique dite "à l'anglaise" (parce que c'est là-bas qu'on avait commencé à faire ça avec le tandem pour survivre sur les petites routes anglaises) ou "façon rue Condorcet" (rue étroite à sens unique sur mon trajet pour aller au boulot où on me frôlait en permanence alors qu'il n'y avait pas la place de doubler) : rouler à un bon tiers du bord de la route pour empêcher toute personne de nous doubler s'il y a quelqu'un en face mais aussi empêcher ceux qui viennent en sens inverse de se doubler "oh il n'y a qu'un vélo en face, ça passe..." Parce que comment dire, quand Hélène voit passer une voiture qu'elle n'a pas pu voir avant à 50 centimètres d'elle en sens inverses, elle émet un cri assez déstabilisant pour l'ensemble de notre embarcation.
Ce soir, après la seconde tentative, nous trouvons un bout de forêt de chênes lièges pour planter la tente. On profite de quelques minutes d'accalmie pour la monter au sec et s'engouffrer à l'intérieur. Ouf ! Le vent et l'irrégularité de la pluie nous permet de ne pas être trop trempés, mais on attend encore de bons gros millimètres pour cette nuit... et demain. Trop cool :)

377è jour : Rosmaninhal - Monte Novo

14 avril 2012

14,9 km, 13848 km au total

Mésamis quelle journée...
Finalement la pluie torrentielle vers 6h du mat n'était rien, pas plus que celle qui nous a fouettée 10 minutes après le départ pourtant au sec. Non, la bonne blagounette c'est quand on a mis un symptôme clair sur 2 petits bruits qui se produisaient hier sans qu'on trouve d'où ça vient. Ce matin après une douzaine de kilomètres, lors d'un redémarrage tout nous est apparu clairement. Au moment où Hélène se prenait la barre haut du tandem entre les jambes et où je m'écorchais le tibia sur une pédale c'était évident : on venait de perdre la roue libre.
Amis non cyclistes la roue libre c'est ce mécanisme qui fait clic clic quand on s'arrête de pédaler et qui fournit une fonction basique mais pas si évidente que ça : pouvoir avoir la roue arrière qui tourne sans forcément devoir pédaler en permanence. Même si le "fixie" est hyper fashion de San-Francisco à Berlin en passant bien entendu par Paris, pour la randonnée au long court ça n'est pas bien pratique. Pire, dans notre cas notre roue libre s'est transformée en libre tout court, à savoir "ça fait clic clic dans les 2 sens", bref quand on pédale ça tourne dans le vide sans entrainer la roue arrière du vélo... pas très pratique pour grimper les montagnes ou tout simplement avancer sur autre chose qu'une descente.
Globalement c'était LA partie du tandem pour laquelle on croisait les doigts "pourvu qu'elle tienne tout le voyage" car la roue arrière est un élément très spécifique au tandem : on ne peut pas la remplacer par autre chose, donc si quelque chose casse il faut trouver des pièces identiques sans quoi on ne peut pas avancer.
Premier constat : on est samedi et au milieu de nulle part, donc il ne faut pas la jouer trop "on va voir comment ça évolue", vu déjà qu'on n'arrive pas à rouler à plus de 10 km/h sur du plat en moulinant les 9/10è du temps dans le vide en faisant sauter les crans de la fameuse roue libre, autant ne pas chercher à aller plus loin. On se souvient tous les 2 être passés devant un bouiboui où il y avait quelques vieux vélos en exposition... ça parait l'endroit le plus logique à rallier, et nous voilà donc repartis en sens inverse à faire quelques kilomètres en peinant, en mettant pied à terre dès que ça monte, en profitant des descentes pour avancer un peu au dessus de 5 km/h et globalement en galérant bien comme il faut !
Une fois arrivée, un ouvrier, pas tout jeune - qui ne parle aucun langage commun avec les nôtres - comprend un peu le problème. Il démonte la cassette de pignons (il a l'outils, nous non), on essaye de lui faire comprendre que le souci est "ensuite", au niveau de la partie restant sur la roue, il comprend un peu, va nous chercher des vieilles roues poussiéreuses pour nous trouver des pignons de rechange (non non, pas besoin, et c'est un système à vis de 5 pignons, aucune chance que ça se monte dessus), ensuite carrément une roue (non désolé c'est pas du 26 pouces de VTT et de toute façon ça n'irait pas sur le tandem)... au bout d'un moment il comprend qu'il ne pourra pas nous satisfaire, nous sommes trop exigeants et nous indique un magasin de vélo à Ponte de Sor, là où nous étions la veille. Rhhaaa... et comment on y va avec un tandem HS ?
Finalement il m'emmène, on laisse Hélène garder le vélo et les bagages. Il sort sa BMW de compétition, et pilote son bolide pas du tout comme un papy. Je m'accroche pour survivre aux 130 km/h sur la petite route et bénit les voitures qui nous "gênent" dans les villages que nous traversons. Je parlais de gens qui roulaient à tombeau ouvert, ça y est, je vis le truc de l'intérieur, je ne voudrais pas être sur un vélo au bord de la route quand il passe à côté.
Enfin, nous nous trouvons dans une boutique qui fait moins mécano mais vendeur de vélos. Oh un vélo de course en carbone, un vtt à freins à disques... les chances s'améliorent. Après l'attente du technicien qui n'est pas là, on visite enfin l'atelier. De grosses minutes sont consacrées au constat qu'il n'y a aucune pièce genre écrou pour sortir la roue libre. Un jeune passe dans le coin, parle un peu anglais et de fil en aiguille j'arrive à l'emmener sur le site internet de feu Sheldon Brown, LE mécanicien officiel de tous les systèmes compliqués des vélos de tous types et tous âges. Si vous hésitez sur la largeur d'une pneu pour un type de jante ou si vous voulez savoir comment démonter une roue libre allemande d'un vélo des années 70 le seul endroit où vous avez une chance de trouver c'est chez lui. Tapez son nom dans Google vous ne pouvez pas le louper. Oui le site est immonde, en anglais mais très instructif... sauf qu'aujourd'hui il ne nous apprend rien. On découvre qu'un type très particulier pas très répandu de roues libres s'ouvrent avec une clé super spéciale avec un petit picot... je retourne voir la roue pour voir si la nôtre n'aurait pas le petit trou correspondant... rien... mais me souvenant de mes dernière péripéties mécaniques avec le tandem il y a deux ans dont la solution était "il faut donner un bon coup de maillet et ça sort"... là je sors un tournevis, fait levier, et hop un espèce de capuchon saute, laissant place à... rien du tout, pas d'écrou, la roue-libre sort toute seule. Spling un ressort, 2 engrenages et un autre ressort. Cool !
Les techniciens de retour, le verdict semble simple : les ressorts sont fatigués, il faut les renforcer. Ils tirent sur ceux existants, remontent la roue libre, et testent la résistance dans un étau, clic clic, ça lâche comme avant. Ils se lancent dans des tentatives de remplacement de ressorts par des plus balaises pendant que j'essaye de leur faire comprendre que tant que la roue n'est pas refixée et serrée dans le cadre du tandem ça ne sert à rien car en l'absence de tout système de verrouillage (le capuchon en plastique dont je parlais avant est très léger) dès qu'on force sur la roue libre elle lâche et fait son clic clic là où elle devrait bloquer. Dommage mon interprète est reparti et il me faudra de très longues minutes et pas mal d'ouvertures/refermetures pour qu'ils finissent par comprendre, entre temps je leur ait ramené un système de fermeture rapide emprunté sur un autre vélo pour bien serrer toute la roue dans sa largeur, et là ils comprennent et constatent "ah ben là ça tient bien".
On repart à tombeau ouvert dans la BM et nous revoicis devant le tandem, Hélène a finit 3 livres entre temps, se gèle bien comme il faut, crève la dalle... trop cool.
Je remonte la roue... ok, en fait ça ne semble plus "lâcher" mais ça ne fait plus non plus office de roue libre. Dès qu'on pédale en arrière les pignons restent fixes et c'est la chaîne qui saute (dans le meilleur des cas) ou qui s'entoure sur elle même, menaçant le dérailleur et le reste de la transmission.
MERDE, le ressort est trop fort maintenant. Heu LES ressorts vu qu'ils en ont casé 4 là où il y en avait 2 avant !
Redémontage, maintenant on a la technique donc ça va vite. Virer les ressorts, refermer, retester, ah c'est encore too much, rapplatissons un peu le ressort... et ainsi de suite. Mon conducteur de BM a un peu de mal à capter le concept du problème et veut régulièrement remettre des ressorts plus costauds et me repropose aussi sa cassette de 5 pignons à vis... non toujours pas, merci. Il est très gentil et nous a consacré la moitié de sa journée mais a un peu de mal à comprendre.
Au final on se dit qu'on va laisser tomber, qu'on va se faire une roue "fixe" en remettant des ressorts costauds et essayer de faire le 80 km qui nous séparent de Castelo Branco où on devrait trouver un Décathlon et peut-être d'autres magasins plus pointus pour régler le problème.
On fait ça... on laisse passer une grosse averse, file 20 euros au gars pour le dédommager de son temps passé à nous aider et on repart après avoir rechargé le tandem. On fait 20 mètres, crac crac, la roue libre lâche de nouveau, malgré le serrage ça déconne à pleins tubes. RHAAAAA. Il est 15h30 on n'a pas déjeuné, il fait toujours un temps de merde, on n'a pas avancé d'un chouilla par rapport à ce matin.
En rejoignant l'atelier on passe devant un petit bar d'où sort un gars qui nous dit bonjour en français, "ça va ?" "NON !" On pose le vélo devant l'atelier et Hélène repart chercher notre français pour qu'il fasse l'interprète pour nous. En fait...João (sisi) est portugais mais passe beaucoup de temps en France, et sa femme est française. Ils discutent un petit moment avec l'ouvrier et João se propose de nous emmener à Abrantes où il y a un grand magasin genre Décathlon. On accepte, cette fois Hélène vient avec nous, et Denise la femme de João aussi. Elle est originaire d'une petite ville à côté de Mulhouse, lui a travaillé un peu partout en France et ils s'installent ici pour la retraite. On va donc dans la ville en question qui n'est pas à côté. Le magasin de sport c'est Sport Zone, pas vraiment LE spécialiste du vélo mais il y a un petit atelier quand même, le mec regarde 2 minutes la roue libre avant de conclure qu'il n'a rien de ce genre, mais il nous donne l'adresse d'un magasin plus spécialisé, dans la même ville.
On s'y rend, non sans difficultés (pas évident à trouver, on croit même finalement en arrivant devant que c'est fermé)... mais ouf. Le vendeur semble déjà plus compétent et à l'aise... sauf qu'il n'a pas de pièce "en stock"... c'est déjà mieux, il connaît le principe, les engrenages, ... commande possible (on est samedi fin d'après-midi), livraison/montage normalement mardi. Gloups. On fait quoi en attendant ?
Nos 2 accompagnateurs nous conseillent d'accepter la proposition ainsi que de nous héberger. Chouette et très appréciable étant donné la situation. On laisse donc notre roue sur place, aléa jacta est... et on se fait ramener en voiture après un petit passage chez Continente faire quelques courses. On récupère nos bagages chez l'ouvrier qui n'est plus là et on rentre chez João et Denise profiter d'un diner (ah oui le déjeuner n'a pas existé aujourd'hui) simple mais sympa (grillades, salade et vin portugais très bon)... non sans s'être délectés un peu avant d'une bonne douche chaude.
Maintenant il ne reste plus qu'à croiser les doigts pour que tout se règle correctement, j'aurai préféré que le tandem soit aussi chez le vendeur de vélos qui a la roue pour avoir à coup sûr un montage qui marche nickel (puisque ce matin ça marchait bien chez le réparateur mais ça déconnait en remontant et serrant la roue)... de même qu'un respect des délais... mais bon, ne partons pas défaitistes.
En tout cas la journée à été éprouvante et on est rincés malgré moins de 15 bornes de vélo, mais ce soir on a un lit, une connexion au net et mangé au chaud, je crois que cette nuit on va bien dormir.
Sinon bon anniversaire Zola (cf blog), eh oui la petite née il y a un an alors que nous étions déjà partis vient de souffler sa première bougie !

378è jour : Monte Novo (jour off)

15 avril 2012

0 km, 13848 km au total

La journée débute tranquillement vers... 10h, tiens ça faisait longtemps qu'on n'avait pas fait une grasse matinée, même si pour Hélène 3-6 heures de plus n'auraient pas été de trop :)
Après un petit déjeuner agréable à déguster des confitures maison, notamment "courgette", qu'on recommande, on s'occupe de quelques tâches ménagères genre lessive, séchage de tente, ...
Hélène reste avec Denise à papoter à la maison pendant que je sors avec João pour aller... boire un café au bistro. Globalement au prix du café au Portugal dans un bistro (50 centimes ici), les gens ont tendance à aller le boire là-bas plutôt que chez eux. Nous sortons donc aussi retrouver ses copains et faire un petit tour du village. C'est très sympa, tout le monde se connait, discute, et malgré mon portugais globalement inexistant je sens bien les connivences... et le troc à tous les niveaux. "Hé tiens j'ai des plans de poireau, ça t'intéresse ?" "ok, génial, je dois juste préparer la terre et ensuite pas de problème". C'est ainsi que Denise se retrouve le matin avec un sac plastique de 3 kilos d'orange accroché à son portail, ou carrément une bonne cinquantaine d'œufs fraîchement pondus. L'ambiance qui ressort de tout ça est très sympathique.
Nous nous baladons un petit moment, passons devant un second café où on s'arrête juste discuter. Ma présence est le parfait sujet de conversation, dans moins d'un quart d'heure tout le village sera au courant de notre périple... à moins que ça ne soit déjà le cas depuis hier en fait :) L'un des petits vieux est fier de son vélo qui a plus de 70 ans (le vélo et le bonhomme), ils sont contents que je les prenne en vélo... du coup un second va aussi chercher son vélo pour me le montrer... Sous le regard d'une mamie (79 ans) qui ne dira pas un mot (sauf son âge quand je lui demande... bouh pas bien, ça ne se fait pas :) Bonne ambiance en tout cas. João m'explique un peu qui est qui, qui fait quoi, le fils du boulanger, le père du monsieur qui tient le magasin de... Monte Novo n'est pas un si petit village mais tout le monde se connait très bien. On réserve 2 pains de maïs pour demain car le boulanger est au bistro et évoque le sujet, car le pain de maïs c'est rare qu'il en fasse alors il en fait profiter les gens qu'il connait bien... et ainsi de suite. Le gars qui fait des fraises n'est pas là mais on espère bien aller faire un tour dans sa serre,...
On revient ensuite pour s'atteler... enfin plutôt voir João préparer un truc qu'on attend depuis longtemps : la morue ! Tout le monde nous a dit "gavez-vous de Morue" et jusqu'à présent on n'a pas été confrontés à se présence. Ce sera donc le plat de ce midi. Il faut la faire désaler 24 heures avant dans de l'eau bien froide, la changer plusieurs fois, la découper en petits morceaux... et ce midi le plat est donc à base de morue mais aussi d'oignons, de frites et d'omelette. Le tout mélangé, et avec des épices, c'est tout simplement excellent. João est un excellent cuisiner, qui adore cuisiner, mais surtout "inventer". Ce midi en dessert, on profite d'un reste d'une de ses improvisations/créations : une pomme au four pas au four, nappée d'un sirop... de vin. Avec un bâton de cannelle en guise de queue, là encore c'est succulent. Ah oui la confiture de courgette c'est aussi son improvisation face à des restes de courgette de son jardin dont il ne savait pas quoi faire.
L'après-midi est consacrée à une balade en voiture dans les environs. Notamment des environs qui montent et descende. On profite donc bien sûr des chênes lièges dont on en apprend un peu plus : "sortir le liège" ne se fait que tous les 9 ans, on comprend un peu mieux pourquoi ils les protègent comme de l'or derrière des barbelés. D'ailleurs les arbres sont protégés, il est interdit d'en abattre un sans une autorisation spéciale, délivrée par un expert qui vient vérifier qu'il y a une raison valable de le faire (généralement une maladie). Les eucalyptus sont bien récents et implantés pour compenser le manque de rentabilité du liège face à l'arrivée du bouchon en plastique. Visiblement l'utilisation du liège en isolation, notamment dans l'aviation, ne suffit pas à compenser le déclin de l'activité. Du coup l'eucalyptus pour le papier est beaucoup plus rentable.
On observe une marrante "rivière de pierres", phénomène assez marrant d'une rivière qui passe sous une grande quantité de gros cailloux. On entend l'eau mais on ne la voit pas, on pourrait se balader, sauter de pierre en pierre sans jamais voir une goute d'eau.
On découvre aussi des villages bâtis sur des "gros cailloux", du granit, qui nous fait penser un peu à certains coins de l'ouest de la Suède. Granit qu'on retrouve ensuite un peu partout dans les bâtiments : tours de portes et fenêtres, églises, ... On traverse quelques petits villages très pittoresques, maisons blanches aux angles jaunes, pavés en granit, ... Quelques châteaux, chevaliers, ... des chevaux aussi, sauf que l'endroit où on veut aller en voir en quantité est fermé, dommage. Je vous passe tous les détails, j'ai fait pas mal de photos, c'était un peu le thème de la journée "on va là c'est bien pour les photos", c'est chouette d'être à l'honneur :) surtout baladé en voiture, on a évité un paquet de montées aujourd'hui...
De retour à la maison nous dinons rapidement, on essaye de faire une brioche qui refuse globalement de lever... je pense qu'on a une malédiction avec les brioches pendant ce voyage. Probablement la levure... on verra au petit déjeuner demain matin l'étendue du désastre ou non (elle a quand même "un peu" levé). On montre aussi quelques photos de notre périple sur l'ordinateur de Denise, qui désormais pourra être utilisé pour imprimer aussi (docteur ordi est passé par là :-) Du coup avec une journée remplie comme ça il est plus d'une heure du matin, et demain on se lève un peu tôt pour aller au marché, alors bonne nuit les petits...

379è jour : Monte Novo (jour off)

16 avril 2012

0 km, 13848 km au total

Ce matin, marché à Ponte de Sor, bonne ambiance, João connait tout le monde, c'est marrant.
On repasse également chez le premier marchand de vélo histoire de vérifier si on n'a pas oublié une pièce du moyeu de la roue car hier soir j'ai trouvé sur le net un document technique du moyeu et il y a une pièce que je n'ai pas l'impression d'avoir vu lors de nos diverses tentatives de remontages... J'ai envoyé un email dans la foulée pour que le gars du magasin numéro deux vérifie s'il y a ou non cette pièce mais on n'a pas encore de réponse, donc je préfère faire le tour de l'atelier du premier magasin histoire de vérifier si on ne trouve pas la pièce en question... on ne la trouve pas.
Petit passage au supermarché et nous rentrons ensuite déjeuner rapidement avant de repartir pour une après-midi d'expédition dans d'autres coins de la région. Divers villages, châteaux, ...
En fin d'après-midi nous passons chez... un petit producteur. Je n'en dis pas plus car on a notre défi du 30 prochain alors je ne pouille pas la surprise :) En tout cas c'est un moment très sympa, on prend même un verre de la petite liqueur maison à la cerise (non ça n'est pas la production et non ça n'est pas trop fort).
Retour à la maison alors qu'il est 2 heures plus tard que prévu, ce qui complique un peu notre planning de diner, mais Hélène réussit quand même à faire un gâteau au chocolat... c'est pour utiliser les œufs. Après la brioche (finalement très mangeable bien qu'un peu dense) on continue à se faire plaisir.


380è jour : Monte Novo (jour off)

17 avril 2012

0 km, 13848 km au total

Jour off oui donc pas de récit rédigé (si je commence à 1h27 du matin la nuit sera trop courte :-)
globalement :
- visite d'un autre petit producteur
- retard d'un jour dans la livraison de la pièce pour notre tandem... c'est donc prévu demain après-midi, ce qui nous ferait repartir après demain si tout va bien !

381è jour : Monte Novo (jour off)

18 avril 2012

0 km, 13848 km au total

Ce matin enfin un coup de téléphone du réparateur de vélo : les pièces sont arrivées et notre roue est réparée !
On part João et moi en voiture la chercher pendant qu'Hélène plie les bagages en vue de partir après déjeuner.
Finalement comme le trajet est assez long, qu'il est déjà tard, et qu'il pleut on sursoit notre départ d'une demi-journée.
Je remonte rapidement la roue sur le tandem et fait quelques mètres avec : Yeah ça marche !
On déjeune donc tranquillement, la pâte à pizza de Denise ne lève pas, avec le gâteau au chocolat d'Hélène qui n'a pas levé non plus la malédiction se poursuit... Ensuite direction le bistrot pour prendre un café, cette fois nous y allons tous les 4. L'ambiance est impressionnante puisque la fille qui est au bar fête son anniversaire. On a donc le droit à du gâteau de sa conception. Pour rigoler João se plaint qu'elle n'a pas sorti de bouteille, elle revient donc avec la petite liqueur à la cerise et des verres... Son père part chercher un album photo avec des photos de sa fille gamine, mais aussi des photos de lui plus jeune, de son petit fils (avec le fusil et le lapin, les gamins sont initiés à la chasse très tôt)... et ainsi de suite, on profite des orchidées magnifiques qui sont derrière le bar, mais aussi des objets en liège (casquette, cuillères, louches pour boire de l'eau...) et ainsi de suite. Impossible de payer le café, les gâteaux ou quoi que ce soit au bar... c'est un peu comme ça ici.
Hier en revenant de chez le petit producteur secret (vous saurez ça le 30 avril :-) une dame nous donne un pain tout chaud qui sort de son four. Ce matin c'est une nouvelle douzaine d'œufs qui débarquent... ce village n'a à priori rien de spécifique au Portugal mais tout le monde se donne de tout pour se filer un coup de main, l'endroit idéal pour la retraite ça c'est sûr !
On imagine la même chose appliquée à un lotissement français... ah ben non les gens sont au boulot toute la journée, le soir ils se cloitrent chez eux... non ça ne peut que marcher dans un village où la majorité des personnes sont présentes (et plutôt dehors) la majeure partie du temps. Ca n'empêche que ça donne de belles leçons de civisme, d'entraide et de gestion au niveau "de la ville" plutôt que de lois venues du pays/région/... chaque village n'est bien sûr pas en autarcie, et les lois s'appliquent comme partout ailleurs, mais il y a une espèce de vie parallèle qui passe outre ces règles. T'as besoin d'un truc pour régler un problème, tu ne commences pas par contacter une assistante sociale, faire un courrier ou je ne sais quoi, tu vas au bistrot discuter et tu as trois personnes qui vont t'aider. Exemple au pif : si Mme Michu a des soucis et qu'elle doit aller à l'hôpital à un paquet de kilomètres, que va devenir M. Michu tout seul ? Faut-il aller chercher des aides à domicile ? Pas besoin, tout le village est au courant et va venir prendre soin de M. Michu. Alors forcément il y a le revers de la médaille, qui fait qu'on ne sait pas si on pourrait vivre de cette manière : tout le monde est au courant de tout. C'est radio moquette en permanence, intimité zéro si tu veux faire partie de ce "groupe" et profiter de ses avantages. Et je peux vous dire que tout le monde sait que des français sont ici pour cause de problème avec leur tandem.
Exemple d'effet pervers : hier Denise avait comme chaque mardi un cours de peinture à quelques km du village. D'habitude c'est une personne qui l'emmène avec d'autres amies dans la ville où à lieu le cours et une autre qui les ramène.
Rendez-vous au bistrot pour savoir qui emmène et qui ramène. Ce mardi personne n'attendait Denise car "ils ont des invités en ce moment"... ils ont failli partir sans elle !

Fin d'après-midi culinaire, on n'a pas trop le droit de vous dire quoi mais c'était bien bon et on a bien noté comment faire :)
Diner rapide, et allez ce soir je me couche tôt ! On a du vélo à faire demain

382è jour : Monte Novo - Coxero

19 avril 2012

65,1 km, 13913 km au total

Réveil un peu plus tôt que ces derniers jours pour finir les préparatifs. On repart avec quelques vivres et de l'eau de la source "de la forêt" dans nos bidons. Au Portugal il y a des sources partout, ce qui explique en partie la verdure du pays. La pluie aussi, bien présente peut expliquer ça, mais il parait que c'est plutôt exceptionnel et que comme en Espagne les agriculteurs sont au bord du gouffre en raison du manque d'eau. Nous ça ne nous arrange pas qu'il pleuve mais on fera avec. On a du retard sur notre planning il faut bien rouler.
On dit un dernier au revoir à nos hôtes et on remonte la côte qui nous ramène à la route principale, le tandem tourne comme une horloge, ouf !
La pluie est omniprésente toute la matinée et vient même nous faire un coucou de 10 secondes lorsque nous pique-niquons sur un banc au soleil à... Arez, non pas Arès, Arez... Tout le monde nous regarde et vient faire son curieux, c'est marrant.
Une dame sort même de la maison d'en face pour accrocher un caleçon fraichement lavé sur le fil juste à côté du banc. Elle entame la discussion, en portugais et on ne comprend pas grand chose. On essaye d'expliquer vélo, France, elle a l'air de comprendre. Elle dit encore quelques phrases et se met à pleurer. On comprend que quelqu'un est à l'hôpital, ou y est mort, son mari ? On ne saura pas, on ne sait pas quoi faire, médusés, incapables de réagir. Heu pourquoi nous dire ça à nous, étrangers par excellence, incapables de comprendre 3 mots de Portugais ? Etrange. Elle repart peu après dans sa maison, nous laissant un peu désarçonnés !
Nous repartons sous les nuages mais la pluie se tient désormais un peu éloignée, par contre c'est le relief qui commence. Jusqu'à Nisa c'est ok, nous en profitons pour faire quelques courses pour demain mais après commence une série de grosses descentes jusqu'aux rivières puis remontées sévères derrière. La pente est néanmoins respectable et nous permet de monter sans avoir à pousser le vélo.
Comme pour nous titiller le tandem se met à craquer au niveau de la roue arrière... hum, pas cool. On essaye d'identifier la source du problème sans trop comprendre.
Peut-être le serrage de la roue, un peu léger... je resserre, ça craque toujours. Ce soir sur notre lieu de bivouac l'explication la plus logique (même si c'est étrange) semblerait que ce soit lié à une surpression au niveau du gonflage du pneu. Il a été gonflé au compresseur, aucune idée de la pression qui a été mise mais c'est très dur. En inclinant le vélo de gauche à droite en montant dessus ça craque... donc à priori ça n'est pas dans la roue libre (cool) mais c'est bien étrange. Je dégonfle un peu, ça n'a plus l'air de faire le bruit, mais bon, ça n'est qu'en roulant demain qu'on saura.
J'en profite aussi pour jouer à un jeu dont j'ai horreur mais auquel il faut bien se coller : dévoiler un peu la roue qui commence à passer très très près du cadre du vélo, on est au demi millimètre, ça commence à être critique. On a des trop gros pneus par rapport au cadre du vélo, mais c'est nécessaire pour notre confort et surtout pour pouvoir rouler un peu sur les sentiers et autres chemins pas bitumés de temps en temps.
Alors comment on dévoile une roue ? Le meilleur moyen : la filer à un professionnel. La solution du pauvre (qui a déjà payé l'équivalent d'un demi vélo de supermarché pour les 2 engrenages et 2 ressorts de la roue libre Suisse haut de gamme) : sortir sa clé à rayon et tendre du côté opposé à "où ça frotte" et desserrer là où ça frotte. Bon pour faire bien les choses il faut aussi ajuster la tension à l'opposé sur la roue... et c'est là que ça commence à partir en vrille. Plus on essaye d'améliorer les choses moins ça marche et plus la roue se tord de rire. Tu ne sais jamais dans quel sens tourner, tu ne sais pas s'il faut serrer à l'opposé ou déserrer au point critique, et c'est le genre de chose qui peut se finir par un grand "clac", rayon cassé, suivi d'un "pu*ain de bo*del de me*de !!!" car même si on a des rayons de rechange cachés dans le tube de selle, ça veut dire tout démonter : roue, pneu, chambre, ruban qui protège la chambre des trous des têtes de rayons (je ne retrouve plus le terme technique)... et bien souvent : la roue-libre :) Bref le genre de truc dont tu n'as pas envie du tout, surtout quand tu n'aspires qu'à te poser dans la tente, prendre une bonne douche (heu non peut-être pas non plus), ... Ce soir coup de bol ça n'a pas pété. La jante n'est pas vraiment beaucoup mieux, mais au niveau du pneu ça ne frôle plus trop le cadre. Le truc sympa c'est qu'avec tout ça j'ai une fois de plus les mains très cracra. On a mis des tonnes s'huile et de graisse dans la roue l'autre jour pour essayer de faire fonctionner la roue-libre avant le changement des pièces, du coup la roue est dégeulasse, et mes mains c'est un peu pareil. Toujours sympa en bivouac.
M'enfin, on ne va pas passer non plus son temps à se plaindre car il faut l'avouer les paysages de la journée étaient très sympas. Gros cailloux, vallées, rivières, petits villages perchés, ... c'était bien agréable.

383è jour : Coxero - Après Escalos de Cima

20 avril 2012

48,6 km, 13962 km au total

Pour ces 13 mois de voyage, la pluie est toujours là. Tranquille mais un peu pénible, du genre qui réhumidifie la tente qui était tout juste sèche, et surtout du genre qui se met à tomber 3 minutes un peu fort juste quand on fait une pause "tentative de réparation".
Car malgré mon léger dégonflage d'hier la roue arrière continue à craquer, on essaye donc d'éliminer les possibles causes les unes après les autres. L'option du moment : on constate que le bruit se produit lorsque nous forçons, en montée, et donc que nous sommes sur le petit plateau, chaîne détendue au maximum. Et il semble que dans ce cas là, le dérailleur soit dans une position qui puisse induire le bruit. Lorsque j'ai changé la chaîne à Rome, j'ai du me contenter de la mettre en entier alors qu'en théorie pour bien faire les choses il aurait fallu que je retire au moins un maillon, mais voyez-vous le dérive-chaîne m'avait un peu pété dans les mains, m'obligeant à aller au plus simple.
Je m'attaque donc au retrait d'un maillon, tout en inaugurant le nouveau dérive chaîne Décathlon, qui se tord de rire, nous empêche presque de remonter correctement la chaîne car il vrille un maillon, bref la qualité légendaire. On réussit tant bien que de mal à remonter la chaîne et on repart... ça craque toujours. GRRRR
On refait 2/3 autres tests sans succès. Resserrage du pédalier, non ça ne change rien. Un peu d'huile sur les supports de remorque, car en fait peut-être... c'est toujours le même problème : quand ça craque sur un vélo, ça résonne dans toutes les pièces et rend l'identification du problème très délicate. Bien souvent il faut tester des trucs improbables les uns après les autres pour finir par constater que le souci venait d'un truc sans aucun rapport.
De fil en aiguille nous arrivons à Castello Branco où on avait repéré un Décathlon (mouhaha) qui vend un produit pour réimperméabiliser les vêtements. On ne se fait pas d'illusion, mais si ça peut aider un peu quelques semaines, ça sera suffisant. Hélène regarde aussi les gants de vélo car les siens fatiguent mais rien de terrible à se mettre sous la dent. Par contre il faut avouer que sur guidon "avec guidoline", cad guidon de vélo de course et non pas poignées caoutchoutées, ses gants D4 ont tenu depuis trèèèès longtemps. Il datent de... 2005 ! Pas mal. Sur guidon caoutchouc des vtt qu'on utilisait avant, leur durée de vie était de l'ordre d'un peu moins d'un mois !
On échange donc (je garde toujours les tickets de caisse D4) le dérive-chaîne, ça se fait sans souci... c'est le même, il resservira probablement une seule fois, mais au moins il est neuf...
Nous passons aussi au rayon chaussures et Hélène retrouve une paire de Merrell confortables. Les D4 achetées en même temps que le dérive-chaîne à Barcelone lui font mal aux pieds et montrent déjà des signes de faiblesse au niveau du talon (vous savez quand on voit le plastique qui frotte bien comme il faut sur le cou du pied... sympa). Par contre on ne réussit pas à les faire reprendre, on a mal joué notre coup, si on avait su qu'on trouverait des remplaçantes on aurait du bien nettoyer les D4 et débarquer direct à l'accueil pour se les faire rembourser en disant qu'après 2 mois elles sont déjà pétées. Là elles ont l'air d'avoir bien vécu donc on essuie un refus. Tant pis.
Le pique-nique se fait entre 2 goutes d'eau (il se met environ 30 secondes à pleuvoir un peu fort juste quand on sort nos affaires) pas loin du centre commercial dans lequel nous prévoyons de faire quelques courses ensuite. Il y a un vent à décorner les bœufs mais on réussit à déjeuner au sec.
On découvre donc ensuite Pingo Doce, une nouvelle enseigne qu'on ne connait pas... bon ben c'est un supermarché comme les autres :-)
On roule une bonne partie du reste de l'après-midi car avec toutes ces pauses on n'a pas vraiment avancé. Ca monte pas mal... et ça craque toujours. Notre analyse nous amène à repenser à la pression des pneus.
Ce soir au bivouac (trouvé facilement pour une fois) je dégonfle totalement le pneu, la roue craque bien comme il faut lors de l'opération... toucherait-on enfin la source du problème ? Le gonflage au compresseur, un peu violent (genre en 2 secondes c'était dur comme du bois) aurait-il créé des tensions entre la chambre, le pneu et la jante ? Je regonfle tranquillement à la pompe à main, et on verra demain. Tiens au passage un petit conseil pour les cyclovoyageurs : partez avec une vraie pompe de 50 cm de long, pas une merdouille de 20. On a une bonne vieille Lapize en alu, c'est plus léger que la majorité des mini pompes D4 et ça gonfle vraiment bien. Allez mettre 6 bars avec une mini pompe (même si c'est marqué que c'est possible sur l'emballage je n'y crois pas une seconde).
Au programme aussi de la soirée : Hélène tente la réimperméabilisation à la bombe. Visiblement ça n'est pas trop compliqué à appliquer (elle a fait ça dehors, donc je n'ai pas tout vu :) mais par contre D4 recommande un séchage de 12 heures. On fait les 2 premières à l'extérieur et ensuite (ça a l'air déjà sec au toucher) on laisse sa veste à sécher sur nos sacoches dans la tente.


384è jour : Escalos de Cima - Terreiro das Bruxas

21 avril 2012

49,7 km, 14011 km au total

Oui bon ben voila, ça craque toujours... on poursuit l'identification du problème avec 2 nouvelles possibilités : la tension des rayons, ou plus rigolo une friction chambre à air/pneu/jante qui coincerait un peu pour cause d'huile qui a coulé à l'intérieur lors de nos bidouilles de roue-libre et qui en séchant et avec la pression ferait des bruit, genre caoutchouc humide contre caoutchouc, vous voyez l'idée... Programme de ce soir donc : démonter totalement le pneu pour inspecter l'intérieur, laver et sécher le tout et éventuellement mettre un peu de talc...
En attendant on commence notre journée de montagne 1 sur 2. Après le soleil pour le petit déjeuner le temps redevient très menaçant mais on passe la majeure partie de la journée en t-shirt, ce qui est plus agréable quand on grimpe que de devoir fermer toutes les écoutilles des vestes et pantalons de pluie. Le relief reste plutôt correct jusqu'en fin d'après-midi ou on attaque le gros morceau. Nous sommes passés de 300 à 500 mètres tranquillement dans la journée, mais désormais il va falloir atteindre un peu plus de 800. Nous passons les 14 000 km et après quelques micro averses qui nous obligent à nous arrêter mettre les vestes de pluie juste le temps que ça passe, après quelques pauses pour reprendre notre souffle, on commence à en avoir plein les pattes. On se trouve un petit bout de forêt à la sortie d'un bled et on se pose... enfin on essaye.
Hélène passe une heure à s'acharner sur les racines non repérées au départ et qu'il faut ratiboiser pour planter la tente pendant que moi je fais la totale côté roue : ça craque bien à certains endroits quand on pousse la roue perpendiculairement à son sens de rotation, c'est donc probablement les rayons, je commence à rejouer de la clé à rayon sans pour autant avoir un réel succès. Je mélange donc toutes les données pour essayer de régler ce pu*ain de problème, qui n'est probablement pas grave mais très pénible quand on roule.
Donc retrait du pneu et de la chambre, et réglage de la tension des rayons et du voile de la roue "à vide". C'est un peu plus simple comme ça mais ça reste un boulot horrible. Quart de tour par quart de tour, rayon après rayon, tu tends, détends, essaye de trouver un compromis entre la gauche et la droite (tiens demain c'est le premier tour des élections...), quand tout va bien tu te rends compte qu'un rayon est quand même bien mou, alors tu le retends, et ça déforme la roue, alors tu compenses de l'autre côté, en espérant que ça ne soit pas trop tendu, et ainsi de suite. Heureusement qu'Hélène se débat toujours avec ses racines, au couteau et à la scie sinon je me sentirais un peu seul à galérer :)
Je nettoie bien la jante (qui n'est pas si crade en fait) et inverse pneu et chambre avec ceux de la roue de la remorque. Ca permettra d'user les pneus différemment et de changer au passage 2 facteurs dans la problématique de craquement.
Je remonte le tout et pour l'instant ça ne craque plus... mais comme hier : verdict demain...
Ce soir on poste le point... en wifi. Il y a un point d'accès assez puissant quelque part dans le village à côté, et en sortant un peu de la forêt on arrive à s'y connecter, A peu de choses près on pourrait presque avoir le wifi dans la tente au milieu de la forêt, comment ça je rêve ? rhooo... ça serait sympa quand même non ?
Avec tout ça il est déjà tard et on a les crocs. Alors comme Hélène me le faisait remarquer hier, on n'a pas beaucoup parlé de ce qu'on mangeait en bivouac.
Ce soir c'est (presque) comme d'habitude : pâtes (fettucine alors qu'en général on prend des spaghettis) à cuisson rapide qu'on fait cuire dans une soupe déshydratée (réhydraté bien sûr). Ce soir c'est soupe à la tomate, l'une de nos préférées. On met aussi généralement du fromage (ce soir c'est fromage râpé "divers" mais souvent c'est le même fromage en tranchettes que pour le pique-nique du midi), et du jambon plutôt sec. En dessert : compote et petits gâteaux. Les alternatives aux pâtes c'est purée, qu'on agrémente parfois de saucisses "plastiques" (= de strasbourg)
Ce midi c'était comme souvent sandwich : pain, jambon (souvent cuit), fromage en tranches. On ajoute souvent des crudités issues d'une salade toute prête... quand on en trouve. Ici au Portugal ça n'est pas la joie, donc soit on utilise du beurre si la météo est plutôt fraîche, soit on trouve autre chose... ce midi c'est une sauce composée de poivrons écrasée, très appétissante mais quasiment inmangeable pour cause de beaucoup beaucoup trop de sel. A priori c'était plutôt prévu pour badigeonner sur un rôti ou quelque chose comme ça, bref grosse déception, on a réouvert les sandwiches pour racler la sauce et retirer tout excès mais c'était encore beaucoup trop salé :( En dessert... compote petits gâteaux. Mais parfois on mange des fruits (souvent des bananes) ou des yaourts.
Allez j'ai un bouquin dans lequel avancer, on parlera d'autres trucs au sujet du Portugal demain soir... si on y est encore car la frontière espagnole approche. Je poursuis toujours mon apprentissage de la langue et j'ai hâte de retrouver un pays dans lequel on pourra un peu comprendre et parler ou du moins se faire comprendre.


385è jour : Terreiro das Bruxas - Aldeia da Ponte

22 avril 2012

40,2 km, 14052 km au total

Le trajet du jour commence par une belle côte suivie d'une petite pause pour discuter avec un couple franco-portugais, ils vivent à Brest et viennent en vacances ici régulièrement dans leur maison. On papote quelques minutes avant de réattaquer la montée. Il faut donc passer de 500 à 800 mètres, ça ne se fait pas en 10 minutes. Il y a pas mal de vent, beaucoup de gros nuages, et la roue craque toujours. Un peu moins ce matin quand même... mais ça n'est toujours pas réglé et je commence à être à court d'idées.
On atteint Sabugal et on profite de l'intermarché qui est ouvert (comme toutes les grandes surfaces le dimanche) pour se trouver une sauce de remplacement pour nos sandwiches. Vu qu'il n'y a pas grand chose à se mettre sous la dent, ce midi on se la joue association "terre-mer" avec un pâté de sardines qui vient agrémenter le sandwich jambon-fromage... oui on est un peu barges, mais c'est mieux que le bidule salé d'hier.
On pique-nique sur un petit espace-vert qui fait partie du parking, derrière le supermarché. C'est tranquille et un peu abrité du vent qui associé à l'altitude et aux nuages rend l'atmosphère glaciale. Difficile de se réchauffer de toute l'après-midi malgré l'alternance épuisant de côtes. Les descentes nous paraissent bien courtes et peu agréables (vent qui glace la transpi et perspective de remonter). On subit aussi le regard de petits groupes dans certains villages qui nous dévisagent alors qu'on peine comme des dingues sur certaines côtes "façon italiennes"... pas très agréable même si on moins on a le droit à des bonjours (contrairement à l'Italie).
Après 40 bornes, on est rincés, épuisés, éreintés, vidés. On se pose au premier endroit accueillant, boit un petit thé à la menthe pour se réchauffer. La météo annonce 4°C cette nuit... l'altitude, le vent, ... ça pèle.

EDIT : bon ben voilà, le maître en informatique vient de se faire avoir, j'ai passé deux heures à vous parler de pleins de détails supplémentaires sur le Portugal et je m'aperçois que tout à disparu quelque part dans mon copier/coller pour créer la section "Espagne le retour"... on verra si j'ai le courage de réécrire ou non... si vous les retrouvez perdus dans un autre bout de récit, n'hésitez-pas à me le faire savoir.