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Départ de Paris - Un peu avant Meaux

20 mars 2011

45,8 km, 14,3 km/h de moyenne

Ce matin réveil 7h... mais bon autant être honnêtes la nuit a été très fragmentée. Le cerveau à 200 km/h dès qu'un bruit nous réveille. Prévisible.
N'empêche que tourner le dernier petit papier du compte à rebours et retirer la feuille qui dit "plus qu'une nuit à dormir" c'est tout un symbole.
On se prépare tranquillement, prend une dernière douche... On se décrasse à fond car on sait que les prochains jours sans camping et en bivouac au froid ne vont pas être propices à la toilette en profondeur.
A 8h30 on descend doucement les bagages et le tandem dans la cour de l'immeuble. Un dernier coup d'oeil dans l'appart et on tourne la clé sur plus de 8 ans de rue Lepic.
A 9h on est comme prévu devant le café de la place des Abbesses où on a réservé une petite salle. On prend toujours aussi tranquillement un petit déjeuner en compagnie des parents d'Hélène tandis que les miens surveillent le tandem. Rien à faire ils ont trop peur qu'on nous le vole... Il faudrait savoir : ils veulent qu'on reste mais pourtant ils souhaitent que le tandem soit là pour notre départ !

Petit à petit nous somme rejoints par des amis, anciens collègues, d'autres membres de la famille.
Discussions sur le coin de la table, derniers conseils, dernières mises au point, photos en masse et petites attentions de toute part.
Merci Rolande pour les brownies, merci Pascale pour le slam et les petits chocolats "Paris mon amour", merci maman pour le beurre, la baguette fraîche pour le pique nique... j'en oublie. En tout cas merci à tous pour voter présence. Certains sont venus de très loin, certains pour seulement quelques minutes avec nous, mais sachez que si ça a peut-être été rapide et furtif au point que vous vous êtes faits la remarque "c'était vraiment utile de passer 2h dans les transports pour être là quelques minutes ?" Pour nous la réponse est évidente : oui. Ca nous a énormément touché que vous soyez là, que vous nous permettiez de quitter Paris comblés, heureux et que derrière le vide du départ il y ait votre chaleur pas très loin.
On s'imaginait quitter Paris comme 2 SDF, seuls à descendre notre vélo de l'appart, seuls à aller ramener les clés à l'agence et à dire au revoir à la rue Lepic... le vague à l'âme... il en a été tout autrement, et c'est grâce à vous. Merci Merci Merci

On est partis rapidement, pour ne pas éterniser ce moment de pincement au cœur (héhé j'ai trouvé comment faire le oe collé sur le mac), on a zigzagué et on a disparu à un coin de rue, de nouveaux anonymes... enfin aussi anonyme qu'un tandem puisse l'être à Paris.

La Villette, Pantin (en plein travaux, impossible de suivre le canal de l'Ourcq sous le périph), et ce trajet qu'on connait bien pour sortir de Paris. On met les jambières, les gants plus chauds et le bonnet (pour avoir moins froid aux pieds, classique) et on poursuit.
Le pique-nique est l'occasion d'une première prise de conscience, ça y est, "we did it", put*in cette fois c'est vrai, on a plaqué 2 boulots, un appart et tout notre confort pour aller se cailler les miches pendant un an. Les dingues !
Au soleil, en enfournant le sandwich jambon de pays/beurre/edam on ne réalise toujours pas vraiment, "pour l'instant c'est un peu comme des vacances..." une fois de plus on se dit que c'est progressif, qu'on n'est pas totalement partis, mais que c'est vers Berlin au bout d'un mois qu'on percutera sur le fait que "non, il n'est pas l'heure de rentrer, on peut continuer".

L'après-midi ensoleillée est bien appréciable, la température bien que fraîche nous permet de rouler avec beaucoup de plaisir. Perdus dans nos pensés on quitte la piste bien goudronnée pour des sentiers plus caillouteux, la moyenne se réduit doucement, on fatigue au même rythme.
On recharge en eau... oui, dans un cimetière, on ne perd pas les bonnes habitudes et on part en quête d'un lieu de bivouac. Le long des canaux c'est souvent plus compliqué qu'il n'y parait car le chemin est étroit et ne laisse que peu de place au plantage de tente discret. Au bout d'une demi heure (17h) on trouve un chemin parallèle au canal, un peu entre des haies, ça ira pour la nuit.
On étrenne le tapis de sol de la tente et on essaye pour la première fois de la monter à l'envers (chambre après), ça fonctionne, mais ça va nous demander encore un peu de pratique pour être fins prêts le jour de pluie torrentielle. On essaye aussi le tarp qui servira dans l'immédiat à protéger/cacher le tandem et la remorque.

Toilette mode "chat" (enfin sans la langue) et fringues chaudes et déjà il est l'heure de se faire une plâtrée de pâtes.
Dans la tente le thermomètre indique 14°C, jusque là tout va bien


Meaux - Luzancy

21 mars 2011

43,8 km, 89 km au total

Cette première nuit a été... non partagée. J'ai dormi comme un loir de 20h30 à 5h30 pendant qu'Hélène a eu froid et s'est retournée dans tous les sens toute la nuit. Il va falloir adapter l'habillement pour compléter le duvet.

Au lever à 8h, il fait 5°C dans la tente et dehors les herbes sont givrées. Je suis assez nul en météo mais je serai tenté de dire qu'on a pas dû passer loin du 0°C. Tu m'étonnes qu'Hélène ait eu froid. Il faut dire qu'elle galère un peu avec la capuche du duvet. De mon côté, dormant sur le dos c'est assez simple, tu serres à fond et tu gardes juste un petit trou pour respirer. Par contre pour ma marmotte préférée qui dort sur le ventre c'est nettement plus compliqué. Première nuit et premiers ajustements à envisager.

Le soleil nous réchauffe néanmoins assez vite. Le canal de l'Ourcq qui se poursuit nous offre un décor magnifique. Malgré la fraîcheur on prend un peu l'ampleur du problème : pendant que nous on va profiter d'une journée tranquille au grand air, vous allez bosser. Petit instant sourire, même si pour nous ça sera camping gaz et doudoune pendant que vous allumez la cafetière d'un geste machinal ! (va falloir que je m'habitue à aller chercher le ! sur le mac (au niveau de la touche 8)).

Premier coup de pédale... ah le tandem a déraillé... classique quand on fait du tout terrain dans les ronces et les branches pour atteindre le coin discret du bivouac. Pas grave on maîtrise, c'est pas comme si c'était la première fois pour nous. Malgré 5000km parcourus on n'a toujours pas trouvé (ni vraiment cherché) de nom au tandem. C'est un truc qui se fait beaucoup mais nous ça ne nous a toujours pas inspiré... qui sait peut-être qu'un jour ça viendra tout seul.

On essaye de traverser Meaux sans longer tout le canal mais c'est finalement relativement compliqué. On constate aussi que notre pneu arrière est mou, j'enrage. Le précédent a fait les mêmes 5000km que le tandem et celui tout neuf qui n'en a même pas 50 voudrait-il déjà faire des siennes. Non, c'est la chambre à air toute neuve qui a la valve qui déconne. Vous saviez vous qu'une valve presta ça se démontait ? Et voilà notre pneu à plat. Je la remonte à la main, serre comme je peux un peu incrédule devant ce mini bidule en métal, retire mon coupe vent et m'attelle à ce sport si sympathique de la pompe à vélo. Et c'est comment qu'on fait pour savoir quand on est à 6,5 bars ? La technique que je peux vous conseiller : si vous avez le moindre doute, c'est que ça n'est pas assez gonflé. J'avais fait quelques tests à la maison, le verdict était toujours le même : essoufflé de va et vient (héhé) avec la pompe à main, je vérifiais la pression avec un manomètre : 1,5 bars !!! OK on continue... après une gorgée d'eau et 1 minute de repos, le pneu gonflé à bloc, nouvelle vérification : 3 bars !!! Bon ben c'est clair, tant qu'on arrive à faire sortir de l'air d'une petite pompe à main, c'est qu'on n'a pas encore atteint la bonne pression.

La valve semble résister, tant mieux, mais ça sera à surveiller.

On reprend, effectue quelques méandres pour rejoindre la Marne. Les abords sont splendides, les cygnes et canards... appétissants... et ça sera donc notre lieux de pique-nique. Le soleil est plus que radieux, il fait chaud, on enlève les épaisseurs et se lance dans notre première séance de bronzage du tout jeune printemps.
La météo favorable nous incite à prolonger notre pause. Un an de préparation, bordel, on a payé pour ça ! On traîne donc. Hélène s'empaffe et se réveille en mettant le coude dans son bol de café non terminé, étrange...
On gère quelques soubresauts de vie parisienne : Tiens GDF se réveille, ils nous avaient dit "rien à faire pour appelez juste le jour de votre état des lieux pour clôturer le compte"... et là on découvre qu'ils vont passer mercredi entre 12 et 14h... et que quelqu'un doit bien sûr être présent sur place... on sourit, et transfère l'info à l'agence qui gère notre logement, on n'a plus ni clés ni bail, chacun son travail...
On fait notre première rencontre, un papy édenté qui dans un patois local :-) nous fait part de son admiration pour le voyage... et pour le bivouac à la fraîche. On sourit, pas très à l'aise... oui les gens, tout ça, il va nous falloir un peu de temps pour s'adapter.
L'après-midi commence par une montée, c'est sûr qu'à vouloir couper les méandres de la Marne, il y a forcément des contreparties.
L'après-midi s'avance et le soleil décline doucement. On a bien vu hier qu'il ne fallait pas traîner pour se poser car la nuit tombe vite, et le froid avec elle. On teste un premier coin bivouac, pas très caché et à 1m de la Marne. Hélène grelotte déjà. On rebrousse chemin, reprend la route pour faire quelques km de plus avec un vent de face. C'est l'un de ces petits moments de désaccord où nous apprenons justement à nous entendre et à faire bloc. Moi le coin m'allait parfaitement étant donné l'heure déjà tardive, mais il faut faire des concessions ;) On trouve finalement un coin plus sympa et plus tranquille dans un petit coin de forêt. On enchaine rapidos le montage de tente/toilette/diner et la nuit tombe à la même vitesse. Parfait. Quelques échanges rapides d'emails autour de problématiques de compta et alors que je vais éteindre le téléphone on reçoit un coup de fil de la famille du côté de mon père qui peut nous accueillir du côté de Châlons-en-Champagne. Cool.

On étrenne également le complexe système de recharge à partir du pack de batteries, pour mettre quelques watts dans l'iphone, la batterie de l'appareil et maintenir l'ordi portable en état de fonctionnement. Demain baptême du feu pour l'autre morceau : la recharge de ce même pack de batteries sur la dynamo. Tout un programme. Mais pour l'heure (20h30 oui oui) c'est l'heure de s'allonger au chaud dans les plumes, cette fois avec sac de soie, doudoune, bonnet et carrément cagoule pour LN, Verdict demain.


3è jour, Luzancy - Barzy-sur-Marne

22 mars 2011

42,6 km, total : 132 km

L'idée était finalement bonne puisque la nuit a été plus confortable. Hélène a adopté le fameux concept "mi-femme mi chenille" et a dormi au chaud. 4°C dans la tente à 6h30... et dire qu'on affrontera probablement bien plus froid l'hiver prochain, pas très rassurant quand même tout ça.

La route reprend et nous passons en Picardie. A peine le panneau passé, les vignes et les enseignes "Champagne" affluent de partout. A tel point que nous traversons 3 bleds d'affilée où s'enchaînent les pancartes des caves... mais pas une boulangerie. Le petit creux se fait sentir et le temps d'une barre de céréales nous discutons avec 2 colleurs d'affiches 4x3. Ils n'en reviennent pas qu'on puisse partir comme ça sans emploi salarié, sans RMI, bref un peu sans rien, juste en ayant assuré ses arrières. On papote un petit moment, ils sont du coin et espèrent nous recroiser bientôt... comment dire, ça ne va pas être trop possible. En tout cas ils sont fiers de faire partie de nos premières rencontre et espèrent qu'on se souviendra du coup d'eux. Je fais une photo, ils sont tous les 2 appuyés sur les manches de leur balai à colle, c'est pittoresque :)

Comme souvent le long des fleuves, alors que tout est censé être plat, la route principale est taquine, enfin ce sont surtout les villageois d'il y a quelques siècles qui se sont dit : ok pour habiter près de la rivière pour le commerce que ça procure, mais on va plutôt bâtir le village un peu sur les hauteurs, pour se protéger des crues et surtout des potentiels envahisseurs. Nous on est juste haïsseurs de ce concept, on passe notre temps à grimper et redescendre pour pas grand chose... enfin comme toujours pour nous l'altitude et les cols, c'est passer de 40 à 70 mètres. Vive le tandem !

Alors qu'on ressort du Carrefour du coin pour un ravitaillement express parce que sinon demain on n'a rien a manger au petit dej, le tandem refuse de rouler. Rapide coup d'oeil, ah ben tiens on a perdu une vis du porte bagages, ça alors... moi qui frimait parce que j'avais resserré toutes les vis avant de partir et "collé" certaines au "frein-fillet", je suis bon pour me faire discret. Par chance c'est le même filetage qu'une autre vis qui ne sert à rien (enfin si, à rendre le cadre hermétique... parce que sinon je sens qu'on va me dire "quoi, une vis inutile, mais tu aurais pu gagner 3 grammes en la retirant" !!!) Réparation rapide et ça repart.

Pique nique au soleil à Château-Thierry, comme hier avec les cygnes et les canards, ça sent le printemps les palmipèdes se coursent dans tous les sens et c'est à qui aura les plus belles plumes... on verra si d'ici quelques mois les petits sont au rendez-vous... en attendant on imagine ces belles plumes en rab dans nos sacs de couchage...

Avec tout ça on se rend compte qu'on est quand même super décalés par rapport au soleil. Certes la nuit nous contraint à nous coucher comme les poules (avant 21h) mais à l'autre extrémité on est un peu mous du genou. Rien ne nous presse mais c'est un peu frustrant ces journées en dessous de 50 km. Lever à 8h, décollage à 10... heures 30 parce qu'avec le froid c'est comme la pluie, toute activité est ralentie. Donc ça fait 10h30-13h le matin (2h30 mais avec les pauses ça ne fait même pas 2h à rouler) et ensuite l'après-midi, en repartant vers 15h, ça fait 15-17 soit 2 heures au total donc à la louche 1h30 à rouler.

Ca se vérifie, puisqu'aujourd'hui, avec la pause courses, on a réellement roulé que 2h50... et même pas 43 km. Un peu frustrant. Demain on essaye d'émerger un peu plus tôt. Non mais quand même on a un standing à ternir et si on veut faire les 19 868 km restant en moins de 2 ans il va peut-être falloir se bouger un peu. A on me dit qu'en fait c'est normal c'est pour préserver les délicats fessiers des tandémistes... il faut dire qu'aussi bien Hélène que moi, on déguste à ce niveau là. Espérons que ce soit juste intense mais rapide et qu'on puisse passer à autre chose par la suite.

4è jour, Barzy-sur-Marne - Bisseul

23 mars 2011

52,2 km, total : 184 km

Malgré l'alarme mise 1h plus tôt qu'hier, elle a sonné 20 minutes enfouie dans les plumes avant qu'on l'entende. C'est un peu le souci de l'isolation thermique : ça isole aussi phoniquement. Malgré tout on profite enfin du soleil proche de l'horizon et de cette luminosité qu'on aime tant.

Nous poursuivons notre route plein est le long de la Marne, et la vallée révèle pleinement ses vignes sur ses flancs. Malgré le froid, l'activité bat son plein entre les rangs. Les ouvriers, assis sur un petit tricycle ligaturent pied après pied chaque branche afin de lui donner la forme qui va bien. On voit également passer les Manitou chargés de sacs d'engrais, Un peu comme sur la côte où à la même période les boutiques sont dans leur phase "préparation du touriste" avec une ambiance peinture fraiche et placoplâtre, ici c'est fil de fer et pesticides.

Les méandres de la Marne sont toujours aussi verticaux pour nous. Malgré nos choix de routes les montées sont inévitables. On fait avec, c'est gérable. Nous pique-niquons à Epernay, ville placée sous le signe du champagne. Ici tout respire le Champagne. Nous passons devant un superbe château, et en le prenant en photo nous découvrons que c'est Moët et Chandon. Jolie bâtisse. Dans le centre on retrouve le côté plus "usine" de la même maison, ainsi que de nombreuses autres : Mercier, la tour Castellanne (verifier l'orthographe)... Ca sera d'ailleurs notre programme de l'après-midi, trouver une cave, si possible à échelle humaine à visiter. Même si Moët est une maison prestigieuse, ça sent l'accueil touristique à plein nez, les visites sur rendez-vous, la nana en tailleur qui connaît son texte par cœur... on a envie de quelque chose d'un peu plus "tradition". Même si ça peut paraître paradoxal on se rapproche du syndicat d'initiative, histoire d'avoir quelques conseils ainsi que des infos sur ce fameux canal latéral à la Marne qui pointe le bout de son nez : praticable à vélo ou non ?
Pour la cave on a 2 adresses à Ay, ville natale du Champ' et pour le canal, à première vue c'est jouable...

Nous voilà donc partis chez Richard&Filniau. L'accueil est charmant, on débarque un peu à l'improviste, ça n'est pas spécialement la saison non plus. Même si le lieu est petit et les process de plus en plus industrialisés ça nous fait plaisir de découvrir comment la profession vit réellement. Derrière quelques grands noms qui trustent un peu le marché il y a aussi un bon nombre de petits exploitants qui vivent du mieux qu'ils peuvent dans des conditions pas toujours simples. Le pressoir traditionnel par exemple sert à la production familiale mais presse également autant de raisin pour d'autres entreprises plus grosses.
Pour faire des économies de personnel et de machines certaines opérations sous également sous traitées ou un peu industrialisées. On ne retourne plus les bouteilles à la main mais elles sont mises dans de granges caisses en métal et une machine effectue les rotations régulières automatiquement. Idem pour la mise en bouteille finale Une mini chaîne d'embouteillage permet à quelques personnes de gérer 10 000 bouteilles par jour, le tout dans un tout petit local.
C'est appréciable de voir que tout n'est pas si simple, que la gestion des stocks d'une année sur l'autre (pour les assemblages notamment) est assez délicate : je vends pour faire de la trésorerie ou je stocke pour faire un produit de meilleure qualité les années moyennes ? Tout le monde ne roule pas sur l'or ou en Porsche Cayenne et les choix d'une année ou les crises d'une autre ont un réel impact sur la vie de l'entreprise.
On passe une bonne heure à discuter, à déguster également, bref un très chouette moment.

Avec tout ça vous vous en doutez, l'après-midi file et nous devons déjà trouver un lieu de bivouac pour diner autrement qu'à la lampe frontale. Fichu soleil. On trouve assez rapidement vers Bisseul un champ (un peu fermé mais on est rentrés quand même tellement c'était accueillant).

5è jour : Bisseul - L'Epine

24 mars 2011

40,3 km, 224 km au total

Le long de la Marne nous croisons Laurent-Perrier, un mec sympa qui fait un de nos champagnes préférés (pour les amateurs : l'ultra brut de la marque est un champagne parfait pour accompagner un repas complet. Léger, fruité, pas sucré ni acide, bref très plaisant. Repenser à une gorgée de ce nectar nous met du baume au cœur car ce matin le départ a été surtout le constat d'un pneu à plat. La maudite valve de cette maudite chambre à air Schwalbe. Je ne voulais pas les citer parce qu'ils ont été sympa de nous filer 2 chambres à air, mais bon si on replace un peu le contexte en fait c'était juste normal. On leur a écrit en fin d'été dernière pour leur raconter nos déboires avec l'un de leur pneu (super mais qui a fini par percer notre chambre par abrasion de l'intérieur du pneu sur la chambre. Suite à leur demande on leur a envoyé le pneu + la chambre pour "analyse". On nous avait promis de nous dédommager de nos frais d'envoi. 2 mois plus tard, après une relance on reçoit finalement un pneu neuf en vrac dans un colis... bon ok, merci... mais je le remonte comment moi le pneu si je n'ai plus de chambre. J'ai été racheter une chambre chez D4 parce qu'ils trainaient comme des dingues pour nous en expédier une. Finalement encore 2 mois plus tard, un colis avec 2 chambres à air (et toujours pas un petit mot). Cette chambre est celle qui a la valve qui lâche... sympa le cadeau.

Le canal nous mène doucement à Châlon-en-Champagne, historiquement Châlon-sur-Marne mais qui visiblement (d'après James qui nous a fait visiter ses caves hier) a changé de nom pour profiter de la renommée du breuvage... les petits filous.

Dans un parc on discute un moment avec Nordine (j'espère que je n'écorche pas son nom) qui réfléchit pour accompagner un copain pour un Châlon-Marseille à vélo. On lui raconte un peu notre expérience : le long du Rhône ça n'est pas idéal, mais le voyage à vélo en lui-même est vraiment à essayer si on en a un peu l'idée. Il y a toujours une part d'inconnue du genre "mais où vais-jes dormir ce soir ?" mais ça fait partie du dépaysement.

Aujourd'hui on a du temps, une petite étape car on est hébergés un peu au nord de Châlon, ce soir on dort au chaud, (3°C ce matin dans la tente). On en profite pour visiter Châlon et ravitailler. On sent bien qu'on est chargés, par forcément trop en poids, mais surtout en volume. Les sacs rentrent difficilement dans les filets de la remorque, et ce même quand le garde manger est vide. D'habitue il y a un équilibre, genre à la sortie de Leclerc ça force pour rentrer, et petit à petit ça devient de plus en plus facile, jusqu'au ravitaillement suivant. Là c'est toujours pareil : ça forccceeeeeeee... mais tu vas rentrer... aie mes doigts...

Premier bilan côté matériel : on a bien fait de prendre du chaud puisque malgré le duvet prévu pour -5°C "confort" on se pèle à 3°C. On a donc depuis quelques jours la totale niveau vêtements : t-shirt manches longue + polaire + doudoune. En bas : legging chaud + pantalon. Cette nuit 2 paires de chaussettes, c'était parfait. Au niveau du cou et de la tête c'est aussi là que c'est le plus délicat. Fermer totalement la capuche du duvet c'est encore un peu difficile psychologiquement, alors on se couvre bien la tête : buff + bonnet ou cagoule . capuche de la doudoune... de cette manière on dort correctement.
Les duvets prennent l'humidité en fin de nuit il faut donc faire gaffe à les sécher pendant la pause du midi. Tant qu'il fait beau ça va, si le temps se gâte... on verra.
Rien de trop inutile pour l'instant, le chapeau peut-être (le buff fait chapeau).
Côté recharge électrique on a un gros problème : visiblement la dynamo de moyeu n'arrive pas à recharger notre gros pack de batteries. Pas cool. Ca va être à creuser pour voir si c'est un problème de connectique ou un problème plus simple du genre "la dynamo ne débite pas assez" mais c'est pas cool. Certes on a de l'autonomie et on peut toujours charger les piles du GPS et les batteries de l'appareil photo sur la dynamo mais pour l'ordi ça risque d'être un peu problématique. Affaire à suivre.

Sinon du côté de la France tout semble aller bien pour l'instant. Pas de nouvelles de GDF qui devait passer dans notre ex appart... on imagine que l'agence qui gère le logement a fait le nécessaire. Les emails qu'on reçoit (je compte les jours avant le sevrage une fois la frontière passée) sont tous plus cool les uns que les autres : encouragements, petits mots gentils, c'est très agréable.

Après la sieste le pneu est de nouveau à plat. Cette fois malgré tous nos efforts la chambre ne reprendra pas un gramme de pression. On décharge le tandem, le retourne et c'est opération démontage de pneu. Chambre à air neuve, dire que celle là n'aura pas dépassé les 200 km.
On rejoint ensuite un supermarché non sans traverser Châlon. Pour cette petite journée de vélo on en profite pour recharger en nourriture... et en chambre à air.
On rejoint l'Epine où on en profite pour visiter la basilique qui est superbe. On est ensuite accueillis comme des princes dans la famille de ma tante. On en profite pour prendre notre première douche chaude depuis 5 jours, un vrai bonheur. Même chose pour le diner, merci Annie et Yves pour l'accueil, la soirée, les discussions... et le lit au chaud.

6è jour : L'Epine - Blisson

25 mars 2011

59,4 km, 284 km au total

Ce matin le petit déjeuner est luxueux et assis sur une chaise. On en profite pour prendre des forces et on plie bagages en moins de deux heures... facile quand il n'y a pas de tente à plier !

Le soleil nous réchauffe toujours autant, et on enquille quelques montées pour rejoindre le canal sans repasser par notre nationale de la veille. Les valons sont acceptables et nous avançons à bonne allure. Nous retrouve notre canal latéral à la Marne, le chemin de halage un peu chaotique au départ devient plus roulant.

Nous réfléchissons à un nom pour notre tandem vu que ça se fait beaucoup. Hélène pense que ça serait pas mal, moi je ne suis pas convaincu. On écume les noms de super-héros ou équivalent, les trucs en rapport avec notre pratique du vélo, le bivouac... sans trouver quelque chose qui nous convienne, on va probablement devoir ouvrir un vote sur le blog...

Après le déjeuner on s'empaffe au soleil, il fait chaud, on sent qu'on prend des coups de soleil, dur dur de ne pas oublier qu'on est tout juste au printemps. Je pense que la nuit prochaine nous le rappellera très bien mais en attendant on en profite. On a retiré notre attirail "hiver" et l'après-midi on roule en t-shirt (à manches longues quand même), c'est agréable.

Virty-le-François, la ville suivant sur notre carte nous laisse un goût pas terrible. Alors que la cité est le cœur et l'intersection de multiples rivières et canaux, les aménagements sont inexistants. On se fait renvoyer sur la nationale avant même de mettre un pied dans la ville et on zigzague au mieux de ponts en ponts, de petits chemins en impasses, le grand n'importe quoi, énorme carton rouge. L'ambiance n'est pas au top non plus, on s'enfuit rapidement via une départementale en mettant de côté nos espoirs de canaux un moment, autant assurer quelque km tranquilles parce qu'avec leurs conneries on a vite fait de passer une heure à tourner dans tous les sens sans avancer d'un iota.

On croise une cigogne, elle allonge la liste des volatiles croisés dans la journée, hérons, aigrettes (on est un peu nuls en zanimaux alors on va supposer que c'était ça) et même... des mouettes. Nous ne sommes pas seuls à être un peu perdus dans notre migration !

Le problème des canaux c'est que souvent le chemin de halage est étroit et juste à côté il y a un bon gros dévers et un fossé qui sert à gérer le niveau du canal. Bilan : pour trouver un coin bivouac ça n'a rien d'évident. On s'éloigne donc un peu ce soir pour trouver un petit coin de forêt plus accueillant pour manger nos pâtes, notre semoule.

7è jour : Blisson - Ligny-en-Barrois

26 mars 2011

57,5 km, 341 km au total

Première journée pluvieuse. Je répétais à Hélène de ne pas trop s'habituer à l'effet "oh c'est l'été" car la météo s'annonçait changeante, ça y est on est en plein dedans. Froid et humide au réveil et pluie pendant le petit dej. Tout de suite c'est moins fun. N'empêche que le paysage est toujours aussi chouette et longer les canaux ça nous botte toujours autant.

On ne peut néanmoins pas s'empêcher de constater la totale absence de conciliation entre les villes et villages. 5 km de bitume correct, 3 de chemin à peine praticable, puis un super goudron puis... plus de chemin du tout. Bref pour paraphraser Tom Hanks, un chemin de halage c'est comme une boîte de chocolats, on ne sait jamais sur quoi on va tomber... c'est probablement ce qui fait tout son intérêt. On oscille donc entre ce chemin et les petites routes avoisinantes. Là encore malgré la carte IGN on a toujours des interrogations existentielles autour du relief. Il faudrait faire une bonne fois pour toute des tests pour définir l'équation "chemin pourri mais plat versus belle route mais avec du relief : on prend quoi ?" Même chose d'ailleurs avec le "ok ça monte un peu mais ça économise X km... ça vaut le coup ou pas ?".

Au moment où l'estomac crie famine on tombe nez à nez avec un abris de bus de compétition, mention spéciale abri de tandem. On pile dans un crissement de freins et dérapage de pneus (ok j'abuse un peu là, mais c'est pour pimenter la scène). Marche arrière (idem, vous voyez l'idée) et hop on peut retirer nos vestes de pluie, pantalons de pluie, surchaussures de pluie et moufles de pluie, la plupart étrennés ce matin. On rigole beaucoup avec nos moufles de pingouins, on a un de ces looks. En attendant l'attirail en question fonctionne plutôt bien, et le déperlant des vestes neuves un plaisir. Ca ne durera pas mais c'est chouette quand c'est neuf.

Si les photos des préparatifs du voyage sont en ligne, j'en profite pour faire une petite aparté pour expliquer un peu ce qui peut faire la qualité d'une veste de pluie. Outre évidemment sa matière (on recherche toujours la meilleure imperméabilité tout en ayant un tissu respirant) il y a également une foule de petits détails auxquels on ne prête pas forcément attention dans un magasin mais qui font toute la différence :
- la fermeture principale : renforcée contre la pluie ? Sur les bons modèles il y a un rabat à l'intérieur + au choix un rabat à l'extérieur du zip ou un zip plastifié contre la pluie. On note même sur certaines (cf une de mes photos) un petit rebord qui empêche l'eau qui passerait à travers la fermeture éclair d'aller humidifier les vêtements dessous.
- idem autour des poches : des petits rabats autour des ouvertures limitent les infiltrations d'eau.
- toutes les coutures ont-elles des bandes d'étanchéité ? Généralement les tissus sont plutôt étanches, les coutures beaucoup moins
- la capuche : c'est pas simplement un bout de tissu étanche sur la tête. Le col remonte t'il bien haut ? La capuche dispose t'elle d'une visière ? Mieux encore : d'un cordon de serrage autour du visage MAIS qui laisse la visière libre (et non pas écrabouillée sur la tête. Y a t'il un lien derrière la tête pour bien maintenir la visière autour de la tête et éviter l'effet Kway de Dany Boon ?
- des micro détails sympa : le petit morceau de polaire douce en haut de la fermeture éclair principale pour éviter de se gratter le menton en permanence contre le zip métallique / la facilité de préhension de ces fermetures / un moyen de serrer les bouts des manches et éventuellement le bas de la veste / La longueur du dos et des manches...
Bon j'en fais des tonnes, mais c'est juste pour dire que derrière une veste de pluie de qualité (qui coûte une fortune et ne dure généralement pas 10 ans pour cause de tissu qui devient poreux) il y a quand même une somme colossale de détails qui expliquent un peu ce fameux prix. En fait c'est comme un soutien-gorge de qualité (héhé) il y a un nombre impressionnant de pièces assemblées pour un truc qui de l'extérieur semble quand même très basique.

Revenons à notre pluie... ah oui, encore une équation à définir : duvets humides du matin, vaut-il mieux les sortir le midi, alors qu'il pleut mais qu'on est à l'abri (sous l'abri-bus vous vous souvenez) ou alors les laisser dans la sacoche ? L'humidité ambiante sera t'elle supérieure à celle déjà présente dans le duvet ? S'il y a des matheux et des scientifiques dans la salle je veux bien votre avis...

Ah oui donc la pluie, elle se calme dans l'après-midi ce qui nous permet de rouler tranquillement (je ne me ferais jamais aux 2 L de tranquillement) mais sûrement et de faire pour la 2è fois une journée de plus de 55 km. On commence à retrouver doucement un rythme "normal". Les levers à 7h ça aide. C'est encore un peu tard mais il faut trouver l'équilibre.

D'ailleurs après le traditionnel ravitaillement-cimetière on se pose dans un champ à même pas 16h30, ce qui nous fait commencer le diner 1 heure plus tard... Le rythme du soleil s'améliore.
Malgré tout c'est à la lampe frontale que je tape ce texte puisque la nuit tombe toujours autour de 19h et qu'avec les nuages ça n'arrange rien. Espérons que du coup cette nuit (ah tiens il repleut un peu) sera moins froide.


8è jour : Ligny-en-Barrois - Toul

27 mars 2011

56,1 km, 397 km au total

Ce matin alors que l'église d'à côté bat son plein et me perd dans le décompte des coups de cloche, je finis par ouvrir les yeux et regarder ma montre : 6h30... quel barouf pour une telle heure. Un coup d'œil aux heures de lever/coucher du soleil et un truc m'interpelle : coucher de soleil à 19h53... c'est une heure de plus que d'habitude. L'esprit embrumé je commence à comprendre. On est le dernier dimanche de mars, on a changé d'heure dans la nuit. Mon bien aimé iphone me le confirme (il change tout seul d'heure). C'est le premier effet du sevrage d'informations. Déjà à Paris on avait un peu constaté que les infos générales n'avaient que peu d'impact dans notre vie donc on n'était pas des grands consommateurs de radio et carrément pas du tout de télé, mais là le constat est encore plus frappant : on est totalement coupé du bruit médiatique et qu'est-ce que ça fait du bien. De toute façon les infos importantes on les apprend toujours en discutant avec les gens et le reste, comment dire, c'est pas notre priorité. Je regarde quand même rapidement la homepage du monde.fr ah tiens c'est aussi le 2nd tour des élections cantonales... mouais... et le nucléaire Japonais ?

Ce matin c'est donc moitié en avance et moitié en retard - selon l'heure à laquelle on se rapporte - qu'on repart sur les routes humides et brumeuses du bord du canal de la Marne au Rhin. On finit par quitter le canal pour entamer une petite ascension car un peu plus loin il y a un tunnel... non autorisé aux vélos, juste aux bateaux.
On aperçoit le pied de quelques éoliennes mais leurs pales sont perdues dans les nuages. On traverse quelques bleds fantômes, où une maison sur deux est dans un état de délabrement avancé, où quelques fermes semblent subsister entre les panneaux "à vendre"... étrange.

On rejoint "Void", je fais le blabla à Hélène sur les fonctions qui ne retournent rien (void function()... seuls les informaticiens comprendront, désolé) mais je sens que ça ne la passionne pas.
A Void c'est l'ambiance médiévale puisque toute la commune fête le "nouvel an Lorrain", On ne peut pas traverser avec le vélo, pas cool. On contourne et voyant affluer toute la population habillée très bizarrement. On a un pincement, on se dit que c'est peut-être l'occasion de relever l'un des défis qu'on nous a donnés : se faire photographier en habit traditionnel... mais bon c'est un peu trop facile, en plus on est en France... on verra plus loin.

On repart après avoir étudié un petit chemin au GPS/Google Maps (vous notez que je profite à fond du fait d'avoir encore un accès au net). On rencontre un couple en balade. Ils ont bien l'accent, on sent qu'on se rapproche du nord-est de la France. On papote un bon moment. On apprend que le canal est quasi désaffecté niveau bateaux. C'est le constat qu'on avait également fait puisque depuis le départ de Paris, ni sur le canal latéral à la Marne ni sur le canal de la Marne au Rhin nous n'avons croisé la moindre péniche navigant. On mettait ça sur le compte de la saison mais visiblement c'est permanent. Même l'été il n'y a pas un chat. On comprend mieux le manque de volonté de faire des voies cyclables goudronnées sur le chemin de halage. Pourtant hier j'ai aperçu un panneau "La reprise passe par le canal" à l'entrée d'un petit bled paumé qui souffre probablement d'exode massif. Il faut dire que tout ce coin n'a pas l'air spécialement touristique. En même temps qui lors de ses préparatifs de vacances se dit "tiens cette année on va à Ligny en Barrois" et s'entend répondre "ah non je préfèrerai Toul !". Ca fait un peu partie de ces coins où globalement on n'a pas de grande raison ni envie d'aller.
En effet si les canaux étaient bien entretenus et les abords aménagés, ça pourrait faire des lieux de passage sympas. Un Paris Strasbourg en péniche ça sonne tout de suite mieux non ?
Du coup on apprend également que notre tunnel interdit aux vélo et réservé aux péniches... fonctionne sur le principe d'un "train" qui tire plusieurs péniches d'un coup (peut-être un système électrique pour éviter les moteurs dans le tunnel non aéré)... et qu'en fait il ne fonctionne probablement même pas une fois par semaine. Donc en gros on se fait une étape de montagne alors qu'on aurait pu passer car ce n'est pas l'activité qui aurait posé problème. Allez on se rassure en imaginant l'état probablement désastreux du halage couplé à l'obscurité totale... ouais on est mieux dehors.

Nous poursuivons notre bonhomme de chemin jusqu'à Toul qu'il nous faut traverser aujourd'hui si on veut trouver un coin de bivouac sympa, ce qui semble s'annoncer dans une forêt un peu après. En effet quelques km à peine après la sortie de la ville nous voilà enfoncés dans un petit chemin bien humide pour camper. S'il pleut trop ça risque de faire flic floc dans la tente. Météo ? ça devrait aller. on est jeunes, on avisera s'il faut faire du canoë-tente au milieu de la nuit, c'est un sport qu'on gagne à maîtriser :-)


9è jour : Toul - Nancy - Dombasle-sur-Meurthe

28 mars 2011

56,1 km, 454 km au total

Aidez-moi à aimer les chiens... parce que là il n'y a rien à faire mais plus j'en croise plus ils m'insupportent. Généralement c'est simple, un canal, un vélo, un maître qui balade son chien... et alors que le cycliste peine à maintenir son embarcation en ligne sur les cailloux, le chien lui trouve un malin plaisir a venir courir juste sous ta roue. Ca c'est classique, on a déjà failli se vautrer comme ça il y a quelques jours.
Sinon, autre approche, la mamie qui balade son mini-chien, modèle de poche mais doté du porte-voix 150 dB. Il tend sa laisse comme un dingue au point de s'étouffer mais non il cherche encore à se rapprocher de toi dans l'espoir de quoi ? on cherche encore.
Il y a aussi le très traditionnel chien dans son jardin. En passant devant il te repère, il court tout le long de la clôture et abboyant tant qu'il peut, quand il arrive dans le coin où il ne peut pas aller plus loin il redouble d'efforts dans les abboiements... Là encore on cherche encore le but.

D'où le syllogisme suivant :
le chien est le meilleur ami de l'homme
Le chien est le pire ennemi du cycliste
Le cycliste est un homme

Cherchez l'erreur.

Mais hier soir sans nous en rendre compte nous avons bivouaqué pas très loin d'un chenil... Et là on s'imaginait la même chose en "humain" : imaginez une foule qui hurle en permanence, pendant des heures... Ah on me dit que c'est un peu comme un débat politique... La nuit a fini par les faire taire (un peu comme les politiciens), heureusement mais c'est impressionnant comme ils peuvent s'entrainer pour gueuler plus fort que l'autre (un peu comme...)

Enfin bref, ce matin nous partons dans la brume humide et bien glagla après un petit coup de fil à la maman d'Hélène pour donner et prendre quelques nouvelles. Malgré les 7°C dans la tente, il en fait beaucoup moins une fois sur le vélo. Le fameux "wind chill factor", c'est marqué au dos de notre thermomètre-boussole. Exemple : à 8°C + du vent à 10 km/h + du vélo en contre-vent à 20 km/h ça fait une température ressentie de -2°C sur la peau. On passe notre temps avec la goute au nez :)

On poursuit toujours le long de notre canal, toujours plus ou moins praticable. On passe à côté de bassins de décantation à l'odeur comment dire, pas terrible, néanmoins le passage d'un renard sur notre route égaye l'endroit.

A une intersection alors qu'on envisage de passer à Pompey, juste pour le fun et la photo, une petite mamie nous conseille plutôt l'autre rive, plus courte et plate selon elle. On suit ses conseils, ce qui malgré le côté pas plat pour un sou, nous amène au pied d'un Leclerc d'altitude un peu avant Nancy. Ravitaillement. Cette fois on essaye de prévoir pour moins de temps car on constate qu'à l'usage les sacs de la remorque sont vraiment très pleins et on galère pas mal pour les rentrer dans les filets.
On passe aussi chez Go-sport pour acheter une montre pour Hélène. L'été on a tendance à ne pas être rivé sur l'horloge et du coup en partant un an on s'était dit "l'heure on s'en fout"... en fait pas du tout, grosse erreur. Je vous ai déjà longuement parlé de cette problématique de lever/coucher de soleil, il en va de même pour les horaires de pas mal de trucs, surtout dans les petits bleds ou tout est fermé le midi. Bref l'heure a finalement une place non négligeable dans le voyage, même si ce n'est pas un élément de stress.

On continue et déjeune un peu avant Nancy qu'on traverse ensuite tranquillement. La place Stanislas est super belle, un grand espace vide, un de mes péchés mignons (vous vous souvenez la pub "et si le luxe c'était l'espace", ça me parle beaucoup, surtout quand on arrive à maintenir un tel espace vide en plein cœur de la ville. Les dorures des grilles sont aussi en super état, bref très chouette. On arpente quelques rues pour rejoindre ce que j'aime appeler "le liquide", rivière, fleuve, canal, bref selon l'endroit ça varie, l'idée c'est de retrouver l'élément H2O que nous allons suivre par la suite et qui nous guide généralement assez bien.

Nous découvrons au détour d'un méandre du canal les Salines du ... Midi ET de l'Est. Si on a bien compris en fait ici le sel est avant tout minerai et il est ensuite dissout puis évaporé dans les lagunes du coin... Parce que l'eau des rivières et canaux n'est bien sûr pas salée. http://varangeville.free.fr/sel

On bivouaque dans un champ qui ressemble plus à un futur terrain constructible qu'autre chose mais c'est tellement accueillant, belle herbe, petits arbustes, on dirait presque un terrain de camping, sanitaires en moins.

Comme partout depuis que nous sommes dans l'est, il est impossible d'être à une distance d'où on n'entendrait pas un clocher. On a l'impression que c'est réellement conçu dans ce but : où que tu sois tu sauras l'heure et dieu saura t'appeler pour la messe ! Depuis l'invention des montres c'est plus une nuisance qu'autre chose mais bon, on sent qu'on est en territoire croyant, et puis les églises c'est si joli... Mais non je ne fais pas que râler.

Allez il fait faim et ce soir nous avons quelque chose à fêter. Hélène a appelé l'hôpital Bichat et les résultats de ses biopsies intestinales étaient disponibles : verdict, pas de trucs louches, donc pas d'intolérance au gluten : youpi, on va pouvoir continuer à manger des céréales au petit dej, du pain le midi et des pâtes au diner... tiens d'ailleurs ce soit qu'est-ce qu'on mange ? Ben des pâtes voyons. Merci Panzani et ses spaghettis 3 minutes !

10è jour : Dombasle-sur-Meurthe - Hesse

29 mars 2011

61,9 km, 516 km au total

Ce matin, 2°C dans la tente, 0°C dehors, c'est givré sur la tente et dans l'herbe. Avec l'habitude et l'anticipation on n'a pas eu froid pendant la nuit. Double paire de chaussettes that's the way to go !
Le soleil commence tout juste à faire fondre la glace et on se gèle les doigts bien comme il faut en repliant la tente. Pour ceux qui s'inquiètent, les sandales + chaussettes dans l'herbe glacée ou trempée c'est gérable. Les semelles sont bien épaisses et le bout avant de la chaussure est fermée (vive Keen, à bas Shimano) du coup ça limite bien l'entrée d'humidité. Néanmoins pour parfaire le tout je recommande quand même la surchaussure, qui s'avère d'ailleurs par la suite indispensable sur la route. Notre wind chill factor d'hier il s'applique aussi aux pieds. Donc à un équivalent -13°C (0°C + 30 km/h) sandales + chaussettes c'est pas envisageable !. Le soleil aide bien à réchauffer petit à petit nos corps engourdis. Même Hélène dans ses baskets de rando apprécie les surchaussures pour y faire sa petite chaleur. Globalement l'analyse de "où est-ce qu'on a froid" c'est :
- pieds
- jambes/cuisses/fesses (la fine couche coupe vent des jambières c'est ok mais sans trop de marge et quand elle s'arrête au niveau du cuissard, ça pèle sévère).
- nez
Le reste ça va. On enlève très vite la polaire pour rouler uniquement avec le t-shirt à manches longues et le coupe-vent. Les gants coupe vent et les sous-gants en soie font leur travail, idem pour le bonnet.

On s'enchaîne quelques valons mais qui nous permettent des vues fort appréciables, surtout sous le soleil. Par contre tous les petits bleds qu'on traverse sont relativement morts, trop petits aussi et impossible de trouver la moindre boulangerie pour nous apporter les 2 choses qui nous importent aujourd'hui : une baguette pour le déjeuner et une spécialité pour l'anniversaire de ma sœur Sandrine. C'est l'un des chalenges dont on a hérité en contrepartie de la garde de nos meubles et de notre hébergement à l'issue du voyage. Aujourd'hui on doit donc trouver une spécialité du coin, la photographier et trouver la recette.
A 12h30 on abandonne, rien à faire, pas une boulangerie !!! Hallucinant. Sur la carte IGN on a le nombre d'habitants de chaque commune, on commence à essayer de calculer la rentabilité d'une boulangerie. Alors ici ils sont 800, combien iront chez Leclerc à 20 bornes acheter le pain en même temps qu'ils font leurs courses en rentrant du travail ? Combien ont et utilisent une machine à pain... ouais bon ok, c'est possible que ça ne soit pas super rentable... C'est probablement pour ça qu'il n'y en a pas.
On mange donc du jambon/fromage sans pain qu'on agrémente d'une plâtrée de riz "façon cantonais" ma foi pas génial... surtout quand on a salivé de baguette fraîche toute la matinée. Tant pis on verra demain.
On se dévêt allègrement et se pose au soleil. Ambiance bronzage de plein été. Cuissard court, t-shirt, le thermomètre indique 30°C au soleil. Dur d'imaginer qu'il gelait la nuit dernière !
En couplant carte et GPS on arrive à longer notre canal préféré qui, après un échec cuisant ce matin, revêt dans l'après-midi un surfaçage un peu plus roulant. C'est appréciable et nous évite quelques D+ dont notre tandem et son équipage se passent très bien.
Le temps se maintenant nous essayons de rouler un peu plus pour raccourcir l'étape de demain et assurer notre présence du côté de Kuttolsheim dans la famille d'Hélène avant la tombée de la nuit. Ca s'annonce plutôt bien, on a vu un panneau le long du canal, il y a l'air d'avoir pas mal d'aménagements cyclables pour traverser la montagne de Saverne en suivant toujours ce fameux Canal.
Depuis quelques kilomètres on sent d'ailleurs l'influence de Strasbourg c'est impressionnant.
Jusqu'à présent et comme je l'ai écrit un peu plus tôt on avait vraiment l'impression d'être dans des trous paumés où le canal était plus un vestige dont ils avaient hérité d'une époque ou la navigation fluviale était florissante, avant l'arrivée massive de la nationale ou de l'autoroute, des transports routiers, de la facilité d'acheminer n'importe quoi n'importe où en 24 heures.
Mais depuis Gondrexange on voit des panneaux, parfois ça tient à rien, le simple fait d'indiquer le long du canal que dans ce village il y a un resto, une supérette. A Hesse un grand panneau indique la liste des aménagements cyclables... On voit aussi des parkings relais le long des gares SNCF, signe que certains vont bosser en train à Strasbourg... L'influence est vraiment palpable. Et c'est sur une piste cyclable flambant neuve, au milieu de la forêt que nous trouvons notre lieu de bivouac parfait. Dans un champ, juste derrière des arbres, avec comme d'habitude les petits oiseaux qui chantent le printemps naissant. Et bien sûr en arrière plan une église qui appelle ses fidèles !

11è jour : Hesse - Kuttolsheim

30 mars 2011

53,5 km, 569 km au total

La journée débute tranquillement sur notre super piste cyclable. Hélène n'est pas convaincue mais mes souvenirs d'un panneau le long du canal me font dire qu'on est sur la bonne voie. Finalement on aboutit à Troisfontaines, bled charmant mais pas vraiment sur la route, ça annonce du relier pour récupérer notre canal préféré par la suite.
On tombe sur la pâtisserie parfaite pour relever notre défi manqué de la veille : Outre notre baguette pour manger notre jambon/fromage ce midi, nous cherchons une spécialité locale pour la photographier et en obtenir la recette.
Nous jetons notre dévolu sur un bretzel sucré. Donc Sandrine pour tes 33 ans, c'est une base de pâte à choux, de sucre glace et d'amandes concassées que nous avons choisi. Pour faire les choses bien nous avons notre petit cierge magique et le sourire de la boulangère sur la photo ! Na.
Merci encore aux 2 boulangères charmantes qui nous ont d'ailleurs offert la pâtisserie ainsi qu'une deuxième (pâte briochée aplatie, genre de crumble dessus et sucre glace.) Génial pour le dessert ce midi.
Le temps est moyen mais nous rejoignons Arzviller sans trop de souci, on sent la fraîcheur de la forêt, c'est un peu glaçant et presque glauque. En cette saison tout est mort et l'ascenseur à bateaux, un ouvrage d'art colossal qui remplace 17 écluses et permet aux embarcations de franchir 45 mètres d'un coup ressemble plutôt à un blockhaus abandonné qu'à une attraction touristique. Il faut dire qu'avec 1 bateau en mouvement rencontré depuis Paris, les canaux du nord est de la France ne sont pas saturés en activité. Espérons que ça soit plus vivant l'été.
Par contre comme je l'évoquais hier, on sent de plus en plus l'influence et la richesse de l'Alsace. désormais le canal est bitumé des 2 côtés. Les villages sont charmants, ça doit vraiment être sympa l'été.
Pique nique pluvieux à Saverne, on passe à peu près entre les goutes mais le déjeuner se fait en surveillant le ciel d'un coin de l'œil. On déguste nos pâtisseries en repensant à la gentillesse de nos 2 boulangères, c'était bien sympa. L'après-midi se fait sous un ciel aussi tourmenté que le relief, et nous arrivons à Kuttolsheim sous la pluie et les bourrasques de vent. Pas grave, ce soir on est hébergés dans la famille et c'est avec délice que nous dégustons (à ce stade on peut parler de dégustation) une douche chaude et un goûter. Une fois de plus le luxe des choses simples. Nous faisons une balade dans le coin et profitons des rayons de soleil de fin d'après-midi qui percent entre les nuages qui restent toujours bien présents.
Le diner est fort appréciable, spécialité locale : jambon en croute, c'est super agréable de découvrir le cuisine alsacienne. On n'envisageait pas le voyage sans l'aspect culinaire, c'est plus que parfait, on en profite pleinement. Merci Anne et Emmanuel.

12è jour : Kuttolsheim - Strasbourg et retour

31 mars 2011

0 km, 569 km au total

Première journée off, après une nuit dans un vrai lit bien au chaud. On rejoint Strasbourg en voiture (héhé) puis en tramway et on profite de la matinée nuageuse mais non pluvieuse pour s'imprégner des rues de la ville. On déambule à pied, on zigzague entre les vélos car la ville est très bien aménagée à ce niveau là... et les vélos très nombreux, c'est agréable. On visite la cathédrale de bonne heure, c'est très calme (et superbe :) On enchaîne les petites rues bordées de maisons à colombages et pâtisseries appétissantes. Méthodiquement on fait presque toutes les rues de l'hyper-centre. On passe ensuite au vieux campeur (héhé) pour acheter un sac étanche pour stocker l'ordinateur portable et le kindle histoire qu'il ne prenne pas l'humidité parce que quand on voit le reste de l'équipement au petit matin on prend un peu peur sur la durée. On achète aussi des cartes d'Allemagne parce que mes impressions du trajet sont certes précises mais pas très adaptées à la navigation à vue. Quand un panneau indique les villes à 10 km pour les directions principales et qu'on a que les petits bleds, c'est moyen. En plus on aura besoin du nord de l'Allemagne pour la suite "post-Berlin".
Alors que la pluie commence, on rejoint un petit resto un peu à l'écart du coin super touristique pour découvrir le baeckeoffe, plat de viandes et pommes de terres mijoté longtemps dans une terrine. Très bon.
La pluie se maintenant, on enchaîne avec une promenade en bateau-mouche. Ca nous permet de rejoindre le parlement Européen et de profiter des commentaires audio sur la ville. Très intéressant mais un peu gâché par la présence de 50 djeunz italiens en voyage scolaire qui n'ont pas grand chose à faire de la visite... ni des autres.

On termine l'après-midi dans un salon de thé pour déguster une forêt noire, un peu en avance sur le programme peut-être mais appréciable. Nous en profitons également pour travailler un peu (hé oui ça n'est pas qu'une année sabbatique). Quelques billets de blog pour le site d'Hélène, quelques emails à gérer et l'après-midi touche à sa fin.
Nous reprenons le tramway, omniprésent dans la ville pour rejoindre la gare routière et la voiture d'Emmanuel qui nous ramène à la maison pour déguster une flamenküche autour d'un verre de Riesling.
On évoque la séparation flagrante entre L'Alsace et la Lorraine. Vu de l'ouest de la France c'est un peu la même chose, notamment en raison de l'histoire, mais dans la pratique il y a un réelle scission entre les 2 vallées. L'Alsace possède une terre fertile (le Rhin pas loin), est le centre névralgique des transports fluviaux et routiers Européens (fruits d'Espagne et fleurs des Pays-Bas par exemple) et on ressent vraiment la richesse même jusqu'aux petits villages. L'influence de Strasbourg fait monter les prix de l'immobilier comme dans toutes les grandes banlieues, les agriculteurs cèdent à prix d'or des parcelles de leurs terrains et cultivent intensivement ce qu'il leur reste... où comme c'est le cas plus au sud produisent du vin. De l'autre côté de "la ligne bleue des Vosges" la Lorraine n'hérite de pas grand chose et comme je l'ai déjà évoqué auparavant ça ne donne pas vraiment envie de s'y implanter.

13è jour : Kuttolsheim - Seltz

1er avril 2011

75 km, 644 km au total

Ce matin réveil de bonne heure pour profiter des derniers moments en famille. On déguste un petit déjeuner de luxe avec bretzels et baguette fraîche, c'est bien agréable. Un énorme merci à Anne, Emmanuel et leurs enfants qui nous ont accueilli chez eux avec beaucoup de chaleur et de gentillesse. Les moments partagés avec vous étaient très chouette, de même que les découvertes culinaires ! La diététicienne apprécié ;-) Le fan de chaises, de lampes et d'architecture que je suis apprécie également beaucoup votre très chouette maison. Ca nous inspire tous les 2 pour la suite (sauf le jaune de l'extérieur bien sûr :)
Nous fermons derrière nous et sommes sur le tandem avant 8h15. Nous repartons en sens inverse de notre arrivée 2 jours avant. Nous remontons ce que nous avions descendu et inversement. Nous avons un peu étudié l'itinéraire pour comme d'habitude limiter le relief et nous rapprocher des rivières, mais pour rejoindre la première il faut souffrir un peu.
Alors que nous arrivons à Schaffhouse sur Zorn nous percutons : une ville qui commence par un S. C'est l'un des nombreux challenges que nous avons : ramener 30 photos de panneaux d'agglomérations commençant par un "S", dans au moins 6 pays. Dans un crissement de freins nous nous arrêtons. Alors que je sors l'appareil, un monsieur sort de son jardin et vient discuter avec nous. De fil en aiguille il nous invite à prendre un café, ce que nous acceptons volontiers. Nous passons donc un moment en compagnie de Eugène et Solange, ils nous proposent le pain qu'ils ont fait eux-même, cuit au feu de bois avec de la confiture d'églantiers, nous continuons donc nos découvertes culinaires.
On discute une nouvelle fois d'un point qui revient énormément dans les discussions qu'on peut avoir avec les gens que nous rencontrons : beaucoup nous disent "ah ben j'aimerai bien pouvoir arrêter de travailler pendant un an" ou alors "mais ça doit coûter très cher de pouvoir se payer une année sabbatique comme ça". Pour répondre ici à la question même si j'en avais déjà un peu parlé dans le blog, globalement ça s'anticipe. Tout d'abord sous forme d'économies (train de vie) et aussi sous forme de travail. Il y a donc www.cours-apprendre-la-photo.com qui nous apporte de quoi subsister pendant le voyage et payer les frais qui persistent en France. C'est un an de travail en amont pour préparer la suite. On pourrait presque le rapprocher du fait d'avoir fait un petit boulot en supplément de mon emploi salarié pendant un an sans avoir utilisé un euro de ce petit boulot, ça revient un peu au même... bref ça revient un peu à ce que je disais plus haut : économiser.
Côté budget, ça en fera peut-être sourire beaucoup, mais on va un peu marcher à l'envers. On a une idée très vague, on a des estimations basées sur ce qu'on a dépensé lors de nos précédentes expéditions et on va surtout noter petit à petit nos dépenses afin de voir comment ça se profile, si on sort notablement de nos prévisions où si tout va bien. Dans l'immédiat on essaye de faire attention et de se contenter du minimum : nourriture. Il y a par ailleurs les dépenses liées aux visites dans les villes et on aura aussi par la suite un de l'hébergement (camping principalement, quand ils seront ouverts). Notre prévision "neutre" c'est 1000 euros par mois pour 2 personnes pour le voyage, ce qui comprend nourriture+hébergement+loisirs+communications+un peu de matériel. Il faudra bien sûr prévoir les frais persistant en France (impôts notamment) et quelques imprévus (casse de matériel par ex). Donc en gros si on résume, pour nous un an de voyage c'est le prix d'une voiture neuve.

Enfin bref, cet échange (on n'est pas rentré autant dans les détails) dans la cuisine de nos hôtes c'était un moment très chouette qu'on a bien sûr immortalisé en photo.

Nous ne trainons pas trop car nous avons de la route aujourd'hui (et demain). Notre prochaine étape en dur c'est à Neustadt en Allemagne et idéalement il faudrait que nous y soyons un week-end. Nous sommes vendredi, il y a plus de 125 km à parcourir il faut donc que nous roulions un minimum pour arriver samedi soir.
Une pause s'impose néanmoins : faire des courses pour ce midi, demain matin et demain midi pour compléter ce que nous avons déjà dans les sacoches. Nous découvrons donc Leclerc "Exppress", première fois que nous voyons des Leclerc qui ne sont pas des hypermarchés géantissimes (désolé pour la redondance).
Nous profitons du vent dans le dos et du plat pour aligner les km et nous déjeunons à Bietlenheim où nous passons 2 moments sympa d'abord avec une grand-mère et ses petits enfants qui après un premier passage revient avec l'appareil photo. Visiblement nous allons être des célébrités dans le village dans l'édition de leur petit journal local. Sympa.
Nous discutons ensuite avec un vieil homme qui attend le car pour passer la frontière et aller à Baden-Baden pour aller à la piscine. Même si c'est à 1 heure de car au moins l'eau là bas est chaude ! Il ne se sépare pas de son appareil photo et nous photographie également. On commence à avoir les chevilles qui enflent.
Après une matinée très limite niveau météo le soleil pointe sérieusement son nez, aussi sérieusement que nous enlevons nos vêtements coupe vent. Le vent étant toujours dans le dos, c'est toujours un plaisir de rouler.
Nous étrennons notre première carte Michelin d'Allemagne (qui contient un petit bout de France) ainsi que mes impressions des cartes OpenCycleMaps. Il n'y a pas à dire j'aurai du faire plus attention car autant à l'écran c'est sympa quand on peut zoomer/dézoomer facilement, autant une fois imprimé ces cartes sont un peu pourries : pas de n° de route, pas de distances, très peu de couleurs, bref pas facile à lire. Ca sera probablement l'association des deux qui nous guidera par la suite : Michelin pour les grandes directions et les estimations de distance et OpenCycleMaps pour voir toutes les petites routes.
Nous nous posons donc ce soir un peu après Seltz (héhé encore une ville en S) après 75 km. Record de distance depuis le départ.

Avant de sombrer dans le sommeil, nous discutons un moment d'un petit problème technique qui persiste depuis le départ : le volume. J'ai beaucoup écrit sur le problème du poids à vélo et j'avais également évoqué ses 2 corollaires sur www.olivierbouillaud.com/velo : encombrement et nombre d'objets transportés. Pour le nombre d'éléments, le principal problème c'est qu'on passe son temps à chercher un truc au milieu de plein d'autres. Donc globalement moins on a de trucs à transporter mieux on les trouve. Là on a beau repasser le matériel en revue, on n'a pas grand chose à retirer : le couvercle en plastique de la popote (pas servi en 15 jours) et 2 chapeaux (le buff fait l'affaire). Par contre on a un réel problème d'encombrement de ce qui reste. Tout rentre très bien dans les 2 gros sacs jaunes mais ensuite pour faire rentrer les sacs dans les filets de la remorque c'est une autre affaire. Ca force de partout et j'ai un peu peur qu'à la longue on abîme la structure de la carriole. On a tenté de faire des ravitaillements plus petits et plus fréquents mais c'est toujours ultra limite. On s'interroge donc sur la direction à prendre :
- continuer comme ça et on verra bien ce qui se passe.
- essayer de mettre un sac de plus sur le porte bagages... le plus simple mais le porte bagages n'est pas vraiment prévu pour porter des charges lourdes et on a déjà la poche à eau + les veste de pluie dessus quand il fait chaud, bref pas vraiment de place.
- acheter un porte bagages avant et 2 petites sacoches avant. Ca rajoute direct 2 kilos d'équipement pour notre petit confort de chargement... probablement le plus sérieux, mais un peu dommage quand même.
Nous ne sommes donc pas fixés, on va continuer encore un peu avec ce qu'on a et on avisera par la suite. Vaude et Ortlieb (les meilleures marques de sacoches) sont allemandes, je pense que si on a besoin on devrait trouver notre bonheur en route dans les semaines qui suivent.

14è jour : Seltz - Neustadt

2 avril 2011

58,2 km, 702 km au total

Ce matin le réveil dans la forêt est marquée par le soleil parfait et un joyeux anniversaire prononcé à mon attention par une Hélène encore un peu embrumée. 30 ans, un bivouac dans la nature, que demander de mieux ? On a dormi avec simplement la polaire (et donc pas la doudoune) et une seule paire de chaussettes... sans avoir froid. Pour vous ça n'a probablement l'air de rien mais pour nous c'est une petite victoire sur la météo qui gouverne un peu nos journées.
Direction la frontière. On fait une petite pause pour que je puisse me poster ma carte d'anniversaire... ah oui je ne vous ai pas expliqué. J'ai reçu il y a 2 jours une carte d'anniversaire dans la famille d'LN, postée par sa grand-mère qui avait bien anticipé les choses. Tellement bien qu'elle avait joint à la carte une enveloppe timbrée pour que je puisse renvoyer la carte à la maison (enfin à l'adresse postale qui nous sert de maison) histoire de ne pas avoir la carte à trimbaler pendant tout le voyage. Impressionnant. On dit que je suis organisé, mais là j'ai trouvé un cran au dessus de moi :)
La frontière est une formalité, rien à déclarer même si on photographie la douane qui est un bâtiment fort chouette.
On traverse quelques villages pittoresques et on découvre que de l'autre côté de la frontière ils font aussi du vin. Ca paraît logique, la Weinstrasse (route du vin) le long du Rhin est certes présente en France mais elle continue également en France. On s'interroge sur l'absence totale de vins allemands dans les rayons des supermarchés et caves françaises (hors frontière j'entends). Sommes-nous tellement chauvinistes ? On s'est bien ouvert à des vins Chiliens, Californiens ou Australiens, mais je n'ai aucun souvenir de vin Allemand. C'est un peu un choc de constater ça. Pensée commune : il faudra qu'on déguste ça !
Sur la route, ça sent l'été à plein nez. Une voiture sur 3 est un cabriolet décapoté, 1 sur 2 a son toit ouvrant ouvert. Les motos sont également en nombre impressionnant. On apprendra plus tard que beaucoup n'assurent pas leur moto l'hiver car ils ne roulent pas avec et que du coup l'assurance commence au 1er avril. En cette belle journée du 2 avril c'est le moment parfait pour les bikers.
Les pistes cyclables commencent à être bien présentes. Le long des routes départementales une petite voie de desserte (bitumée) sert de piste pour les vélos et pour que les tracteurs rejoignent les champs. Plutôt agréable.
Nous prenons des coups de soleil allongés sur le paréo après le déjeuner sur l'herbe non loin des vignes.
Un nuage vient entacher la journée parfaite puisque ces couillons d'Orange imposent un abonnement internet mobile en France pour pouvoir accéder au net en Europe alors qu'il faut payer en plus les communications. En gros c'est comme si vous deviez prendre un abonnement à un magazine en France pour avoir le droit de l'acheter en kiosque au prix fort à l'étranger. Il n'y a que la téléphonie pour inventer des trucs pareils. Bilan, moi j'ai résilié mon option internet hier puisque je n'allais plus pouvoir profiter du net illimité sur mon téléphone hors France et je découvre que du coup ça n'est plus "coupé du monde sauf quelques vérifications de temps en temps à plein d'euros... c'est coupé du monde totalement". Et bien sûr il faut une connexion internet pour reprendre l'option d'abonnement à internet ;) J'adore les opérateur de téléphonie !
L'après-midi se fait avec un relief un chouilla plus accentué au fur et à mesure qu'on se rapproche de Neustadt an der Weinstrasse, notre point de chute de ce soir, une nouvelle fois dans une maison en dur.
Finalement dans notre volonté d'éviter d'arriver trop tard nous sommes au pied de la maison avant 16h. 58 km dans les fesses, les derniers en pente raide, mais tout va bien. Nous arrivons rue Hans-Geiger, lieu de l'invention du fameux compteur Geiger... étrange en cette période où au Japon une centrale nucléaire est en très mauvais point.
L'accueil et la douche sont très agréables. Reingard a fait un gâteau au fromage blanc citronné délicieux que nous dégustons sur la terrasse comme un goûter à l'ombre au mois d'août. La maison est très agréable, nous avons un étage pour nous tout seuls, et comble du bonheur ils ont une lounge chair Le Corbusier :) Gâteaux et jolies chaises, je sens qu'on va être bien.
Nous étudions une alternative à notre trajet initial vers Berlin qui prévoit d'abord une remontée le long du Rhin puis une orientation plein est. Cela leur semble très long par rapport à l'intérêt et des amis leur ont évoqué d'autres possibilités, pas trop montagneuses (à vérifier) et plus directes. Nous en profitons également pour partir à la recherche d'une cartouche de gaz pendant que nous avons une traductrice et une voiture à disposition. Ca n'urgeait pas mais au moins ça fera un problème de moins à gérer dans les jours qui viennent.
Direction ensuite un restaurant... grec... en effet Anestys est d'origine Grecque et son neveu tient un resto pas très loin. Son neveu a quitté la Grèce sans bagage scolaire particulier pour avoir plus de libertés pour monter quelque chose. Anestys a un parcours assez proche puisque c'est carrément parce que les études étaient financièrement inaccessibles en Grèce qu'il est venu en Allemagne.
Nous prenons pour rejoindre le resto le chemin des écoliers, et surtout les petites routes de long du Rhin pour découvrir les différents petits villages pittoresques. C'est très chouette et très différent en voiture, ça va beaucoup plus vite. Après les spécialités grecques nous enchaînons avec un dessert et un thé/café dans un second resto tenu également par le même neveu... qui a visiblement bien réussi (jolie montre au poignet :-) Le temps file et nous rentrons finalement nous coucher vers minuit. Demain grasse matinée bien méritée. Hélène en rêvait.

Ah pour la question de ça fait quoi d'avoir 30 ans, je ne sais pas... héhé... je n'ai pas soufflé de bougies donc ça ne compte pas, NA !


Allez, la suite c'est dans la partie "Allemagne"