98è jour : Storby - Prästö

25 juin 2011

52,5 km, 4290 km au total

Jusqu'à ce matin nous n'étions pas décidés sur le trajet de la journée. 2 possibilités, sud-est direction Mariehamn pour prendre un gros ferry pour Turku ou alors nord-est direction Hummelvik pour tenter de continuer un peu l'exploration des petites îles via un petit ferry qui dessert un peu plus l'archipel. La nuit ayant porté conseil et n'ayant toujours pas de réponse positive pour un hébergement à Turku + étant plutôt en avance sur le planning, on se décide pour le chemin des écoliers.
Le camping ce matin est très très calme malgré l'heure tardive (on ne décolle que vers 10h30). Tout le monde a fait la fête toute la nuit, merci les bouchons pour éviter de se retourner dans le duvet en écoutant quelques fêtards bien alcoolisés massacrer une chanson de Bonjovi au karaoké. On est quand même un peu déçus de l'absence de rassemblement ou d'animation claire. Pas de concert ou de "bal" façon 14 juillet en France. C'est beaucoup chacun dans son coin, en famille ou entre amis. Les plus jeunes profitent de leur voiture tunée jusqu'au bout des pare-chocs pour avoir une sono un peu potable et un coffre pour transporter les caisses de bières pendant que les plus anciens descendent en famille les mêmes bières sous l'auvent de la caravane accompagnées de saucisses au barbecue.
Enfin bref sous un soleil radieux nous prenons la route. L'île est très sympa, ça ressemble assez à la côte ouest de la Suède avec ce granit gris et rose qui dessine la limite entre terre et mer. On retrouve les mêmes grosses pierres plates sur lesquels arrivent à pousser malgré tout les pins... et les maisons. C'est joli. Ca se couvre un peu vers midi et on a 3 goutes d'eau. On poursuit un peu étant donné l'heure tardive du départ ce matin et on se pose dans un champ, de nouveau sous le soleil.
Quand à la fin du repas les goutes reviennent sous un ciel menaçant on se dit qu'on a été rattrapés par notre petite perturbation de la fin de matinée. On n'ose pas vraiment croire à une pluie sérieuse. Je commence tranquillement à ranger un peu les affaires pendant qu'Hélène n'en revient pas que ça se mette vraiment à pleuvoir alors que la météo annonçait une très belle journée. Le temps qu'on percute on est sous des trombes d'eau. A 1 ou 2 km au sud, il n'y a pas un nuage, et on voit que le soleil brille sur la forêt au loin. Pas de bol il n'y a pas de route directe pour y aller et ça n'est pas notre direction. On reste comme 2 cons, habillés en cosmonautes, debout à côté du vélo ne sachant pas quoi faire. Ca va bien s'arrêter... ah ben non. Au bout d'une demi heure, pied nu dans mes sandales pour ne pas tremper les chaussettes on décide de repartir. Hélène fait flic floc dans ses chaussures et on continue pendant encore un bon moment à se prendre une drache d'une rare intensité. Probablement ce qu'on a connu de pire depuis le départ. Et 2 km au sud il fait toujours aussi beau ! On est vraiment dégoutés ! Quelle injustice ! Comme le vent est quasi absent en roulant un peu vite on sort de la dépression quelques minutes? On s'arrête pour faire le point et retirer quelques épaisseurs et déjà les goutes reviennent. C'est tout simplement une course contre la météo !
On roule donc de bon train, plein est et on trouve un camping pour être plus à l'aise pour faire sécher les affaires. Le soleil est revenu (mais les nuages suivent toujours pas bien loin derrière). On étale tout en vrac sur le tarp pour faire sécher les affaires. Il n'y a pas mort d'homme, le plus chiant c'est les chaussures d'Hélène mais sinon on s'en sort plutôt bien. C'est un peu déroutant de se retrouver dans ce genre de situation dans laquelle le cerveau à du mal à concevoir cette bulle de pluie rien que pour notre pomme quand tout autour il fait beau. Ca évoque vraiment les BD avec un petit nuage juste au dessus du héros et rien autour.
Le camping est très calme, de nouveau pas cher (7 euros) et zéro tente. Juste des petites maisons avec personne dedans... pour l'instant. La proprio du camping nous prévient : c'est toujours Midsommar (on découvre que ça dure tout le week-end, pas juste le vendredi) et il faut s'attendre à de l'animation ce soir. En effet les voitures tunées reviennent petit à petit, les coffres pleins, le ravitaillement en bière a eu lieu. Tiens d'ailleurs nous allons boire nous aussi une bière dans la salle à manger du camping qui propose aussi des repas. On est bien au chauds, on a mérité une petite pause et c'est l'occasion de faire un petit point justement sur le voyage et ses difficultés.
Je pense qu'on l'a déjà répété pas mal de fois autour de nous mais un voyage de ce genre ça n'a en fait rien à voir avec le nombre de kilomètres parcourus. Généralement on nous dit "quoi, 50 ou 70 km, plusieurs jours d'affilée, moi je ne pourrais pas". Sincèrement tout le monde le peut, Hélène avait zéro activité sportive à Paris et moi tout juste 5 kilomètres de vélo pour aller er revenir du boulot. Bref rouler 50 bornes, s'arrêter et recommencer le lendemain, d'un point de vue kilométrage et effort physique ça n'est vraiment pas compliqué et c'est à la portée de tout le monde. Le plus dur c'est bien plus la motivation et la résistance face aux évènements du type météo bien sûr ou tout-autre imprévu du type bestioles, absence du camping pourtant indiqué sur la carte... toutes ces petites futilités en temps ordinaire peuvent rapidement prendre une importance capitale quand on est SDF comme nous le sommes. Pas de sécurité, peu de marge de manœuvre et un orage imprévu et mal géré peut se transformer en catastrophe internationale au niveau de notre cerveau. Les japonais et leur centrale ont bien de la chance, nous on est trempés et on n'a rien pour faire sécher nos affaires ! :-)
Bon vous voyez l'idée, lorsqu'on est rattaché à peu de choses les problèmes peuvent vitre prendre une très grande importance et leur gestion s'avérer critique selon la personne qui doit l'encaisser.
Hélène et moi sommes très différents de ce point de vue là. Moi j'ai tendance à être froid et insensible, totalement calculateur sur les conséquences réelles du genre "ok on est trempés mais la météo annonce des jours de beau temps par la suite donc ça sèchera, et puis on a toujours une tenue de bivouac sèche et puis si jamais on est vraiment trempés on se trouve un camping avec un sèche linge et puis si ça ne convient toujours pas on sort la Visa Premier et on va se payer un hôtel histoire de recouvrer un semblant de présentabilité".
Hélène est beaucoup plus dans l'émotion, dans le ressenti de l'instant. Son cœur gros comme ça, sa gentillesse et sa sensibilité font qu'elle ressent beaucoup de choses qui la submergent facilement. Ca peut aussi bien être d'excellents moments dont elle profite pleinement, une sensibilité pour déceler chaque petite information utile auprès de ses patients, mais aussi transformer une averse en drame.
Bref pour revenir à ce que je disais au départ, selon la sensibilité de chacun c'est là que se fait le vrai chalenge, repartir le lendemain alors que les fringues n'ont pas séchées, qu'il fait toujours aussi moche alors que le réflexe premier serait de rester dans le duvet, c'est là que le voyage est difficile. Et en cette soirée c'est la qu'on souffre.

Enfin après quelques décilitres de bière et une petite éclaircie (même s'il a replu entre temps histoire d'arranger notre séchage de fringues sur le fil à linge à côté de la tente) nos pensées sont plus joyeuses. Nous discutons avec 2 autres cyclistes qu'on repère facilement aux sacs en plastiques dans les chaussures... eux aussi ont bien pris le grain !
On papote un moment avant de se rendre compte qu'on prendra le même ferry demain. La suite donc... demain.

99è jour : Prästö - Kustavi

26 juin 2011

41,5 km, 4331 km au total

Nous parcourrons les quelques dizaines de kilomètres qui nous séparent de notre ferry rapidement en ayant pris pas mal d'avance car avant même le ferry il faut prendre un bac pour traverser un petit bras de mer. Comme on ne sait pas trop la fréquence de ce bac on prend les devants.
Nous sommes donc les premiers à profiter du spectacle de l'embarcadère où les percées de nuages font jouer les couleurs sur les petites îles environnantes. On se pose sur un ponton pour bouquiner, Hélène doit entamer son trentième ou quarantième roman au moins. Pour ma part je me plonge dans The 22 laws of marketing, pendant qu'à côté de nous les petits poissons percent régulièrement la surface pour attraper un hypothétique insecte.
Le ferry est bien plus petit et plus sympa que le précédent. On a des vraies places assises tranquilles et on discute un moment avec un vieux monsieur suédois qui est en vacances et profite d'un peu de temps pour visiter avec sa femme ces îles si proches et pourtant un peu délaissées par les suédois qui préfèrent aller plus loin.
On retrouve ensuite nos cyclistes d'hier qui eux aussi ont rencontrés des copains qu'ils connaissent à Hélsinki. Justement Joona (encore un nom imprononçable, petit clin d'œil a un de nos lecteurs... ça se prononce "yona"), est très bavard, il parle 47 langues, non disons qu'en plus du finnois et de l'anglais il se débrouille en suédois, en espagnol et en français. Il va d'ailleurs commencer en septembre une année d'études à Paris à Sciences Po. Il aime beaucoup la randonnée, qu'il a pratiqué un peu partout dans le monde, et est du coup un peu déçu de la Finlande à ce niveau. Il se rabat donc sur la pêche. C'est un vrai baroudeur malgré son jeune âge, il a bossée et étudié un peu partout, c'est impressionnant. On prend ses coordonnées en espérant pouvoir se revoir à Helsinki. Les 2 cyclistes d'hier soir nous proposent d'ailleurs de passer chez eux pour camper dans le salon si on en a envie. C'est cool on commence à avoir pas mal de plans à Helsinki (2 contacts via warmshowers + ceux de ce matin). Si ça se trouve on va rester une semaine là-bas :)
Nous descendons du ferry après avoir à peu près réussi à pique-niquer entre 2 discussions. Nous laisson Joona et son pote à pied en espérant qu'ils trouveront quelqu'un pour les prendre en stop car il y a 23 km à parcourir pour rejoindre le nord du petit archipel d'îles reliées par des ponts avant de reprendre un ferry.
Pour notre part on avance à un bon rythme même si on sait qu'on a énormément de marge au niveau de l'horaire. Encore une fois on préfère assurer et se poser à l'endroit de l'embarcadère plutôt qu'entre les deux sans trop savoir ensuite quand repartir.
On trouve une petite salle vide, où on se fait un café pour se réchauffer car malgré le beau soleil, le vent est glacial. Magie, une prise électrique, parfait pour recharger notre bardas car l'iphone a bien souffert aujourd'hui... car il y a du wifi gratuit dans le ferry, allez comprendre... déjà qu'on n'a rien payé pour la traversée car c'est gratuit pour les piétons et cyclistes... mais normalement en été il faut payer une fois 5 euros pour avoir une autorisation ensuite de faire autant d'aller-retours qu'on veut. La nana qui gère les tickets n'a pas percuté qu'on était en vélo, on coupe donc au ticket.
Quand nous repartons (17h30) là encore le fait d'être dans la petite salle sur le côté de l'embarcadère fait qu'on ne passe pas devant la personne qui fait payer les voitures à l'entrée, donc rebelotte, nous n'avons pas l'occasion de faire de nous des honnêtes français. Bon on a aussi la réputation des habitants de toute la France à entretenir... alors en bons resquilleurs, on se dévoue.
Tiens d'ailleurs on découvre que www.teamalexandriz.org est de retour, Hélène va pouvoir télécharger de nouveaux bouquins pour le kindle !
Wifi aussi sur le bateau. La traversée est plus calme malgré la coupure nette dans la discussion par chat avec ma sœur. Fring refuse de retrouver les contacts Yahoo et l'appli officielle Yahoo messenger sur iphone est une rare me*de qui n'arrive jamais à se connecter. Bref on est un peu déçus.
A la sortie on discute (encore oui) avec quelques autres cyclistes, on croit un instant qu'on va se faire héberger ce soir mais non, la question de "où vous dormez ce soir ?" était à but purement informatif... Peut-être que d'ici quelques temps on aura assez de culot pour dire "pourquoi pas chez vous !".
Après ce dernier ferry il faut encore faire quelques kilomètres, reprendre un bac avant de s'échouer, comme des petits vieux sur le premier terrain de foot qu'on trouve. 41 km avec tous ces départs, arrêts, attente, ... ça nous a tué. Je suis un peu patraque et le froid nous glace. Et dire qu'il faisait 40°C du côté du bassin d'Arcachon cet après-midi. Ici on doit atteindre les 25°C mais le vent de cette après-midi donne plutôt l'impression qu'il en fait 15. Et quand on se retrouve à 20h à l'ombre on a plutôt envie de sortir la doudoune !

100è jour : Kustavi - Taivassalo

27 juin 2011

25,6 km, 4357 km au total

Nous étant couchés tard après toutes les péripéties ferryesques, nous ne mettons pas de réveil ce matin... et à 9h c'est la tondeuse sur le stade qui nous réveille. On avait bien vu que la pelouse laissait un peu à désirer étant donné la frénésie qu'ont les scandinaves pour maintenir un gazon ultra bien tondu. On n'est pas sur le terrain de foot même mais sur une petite partie herbeuse à côté qui a exactement le même standing que le terrain. Je sors du duvet, m'habille en quatrième vitesse et vais voir le jardinier pour savoir si on a un peu de répit ou pas. Je sens bien qu'il ne faut pas trop qu'on traine. On plie donc un peu en catastrophe. Pas évident car ce matin la crève que je préparais depuis hier est bien installée, j'ai la gorge HS, la tête un peu comme une pastèque... réveil un peu hardos.
On fait 3 kilomètres et on se pose sur une grosse pierre plate un peu dans le vent pour prendre un petit déjeuner en limitant l'invasion de moustiques. On s'en sort mais il ne faut néanmoins pas trop trainer sous peine de finir bouffés jusqu'à l'os.
Hier Joona nous expliquait que c'était une année propice aux moustiques et qu'une des techniques des personnes confrontés en permanence aux moustiques était une espèce de désensibilisation brutale via une exposition à des milliers de moustiques en une seule fois et de se faire piquer jusqu'à ce que finalement le corps ne réagisse plus trop. J'imagine Hélène boursoufflée de partout... quand on voit ses réactions à un seul moustique ça serait rigolo la même chose mais sur tout le corps.
Enfin bref on repart et on fait une vingtaine de km de plus avant de s'arrêter au bord d'un champ pour se reposer (je n'ai pas une grande forme), puis pique niquer en faisant sécher la tente qui est bien humide ce matin (réveil à l'ombre = tente généralement trempée).
Le propriétaire du champ vient nous voir car de loin il se demandait ce que c'était tous ces trucs. Il croyait que quelqu'un avait déposé des détritus. On discute un peu, il nous dit qu'on peut rester là si on veut pour bivouaquer, qu'il n'y a pas de souci. En Finlande aussi il y a cette fameuse loi de droit de bivouaquer où on veut, même sur des endroits privés tant qu'on est suffisamment loin de l'habitation principale et qu'on ne dérange pas.
On siestouille encore et une heure après il revient nous voir et nous propose de venir chez lui. Prendre une douche et un sauna... mais avant de venir prendre un café dans la petite entreprise qu'ils ouvrent d'ici quelques jours : café, gâteaux et vente de vêtements écolo : coton bio, bambou... leur site web : www.feelgreen.fi
On plie donc nos petites affaires et on le rejoint à la maison en question. En fait ils possèdent avec sa femme un domaine énorme avec une dizaine de petites maisons étalées un peu sur les terrains. Pour nous, parisiens que nous sommes c'est surréaliste.
Le café est très sympa, nous faisons la connaissance de sa femme, ses 3 filles en bas âge et ses beaux-parents qui sont venus donner un coup de main. On prend un café et une part d'un délicieux gâteau que sa femme a fait. Il nous montre ensuite juste à côté 2 petites maisons qu'ils ont maintenu dans leur état d'origine, surtout à l'intérieur. Petits lits, tissus, outils, ... on se croirait dans le musée à ciel ouvert d'Oslo. C'est super mignon. On leur dit qu'ils doivent impérativement montrer ces endroits aux gens qui viendront boire un café, ça pourrait faire partie de leur marketing.
Il nous amène ensuite visiter sa maison principale et les petites (grandes) maisons autour. C'est juste hallucinant, ça n'en finit pas de petits bureaux qui jouxtent une salle de sport, une salle de réception genre salle de bal, ... ouah. Que d'espace.
Alors que nous sommes toujours un peu hébétés, il nous sort 4 grosses saucisses qu'il met à griller sur le barbecue et de son côté il repart travailler en nous disant de profiter du sauna.
On s'exécute donc et après avoir fait glisser les saucisses avec un peu de moutarde et de grenadine (il est 16h50 on ne sait pas trop comment on doit considérer ce repas), on prend la direction du sauna. 54°C, tous nus à transpirer dans la petite pièce, une grande première pour moi. On transgoutte à grosse spires. Douche fraîche, lessive et on retourne sur la terrasse de la maison principale profiter un peu du wifi :) Une fois de plus on est un peu perdus devant l'accueil généreux qu'on reçoit. C'est très difficile de savoir comment réagir, quoi accepter, en quoi on est susceptibles d'abuser ou à l'opposé de froisser nos hôtes en refusant leur hospitalité. On passe beaucoup de temps à dire "merci, c'est vraiment très gentil de votre part..." on se demande si les rôles étaient inversés si ça nous ferait plaisir ou au contraire ça ne finirait pas par être un peu pénible. De plus comme ça dans un pays où on ne connait pas bien les coutumes, et où on échange chacun via une langue intermédiaire (l'anglais) il est difficile de percevoir toutes les subtilités de l'échange. L'intonation de la voix, le choix précis des mots, tout ça donne en temps normal des indication sur l'état d'esprit des gens. Ici c'est difficile. On va donc aviser et essayer de ne pas être trop cérébraux et d'accepter les choses comme elles viennent.
Leur vie doit être en tout cas bien remplie. Lui a deux emplois : il est inspecteur de police (crime investigation) à Turku en plus de fermier pour gérer le domaine. Elle est assistante dentaire (si on a bien compris) et va donc aussi s'occuper du café/magasin. Avec les 3 filles à gérer et toutes ces maisons les journées doivent être longues.
On traine un peu sur la terrasse de leur maison où on accède au wifi en attendant qu'ils rentrent. Ils rentrent très tard et restent un moment dans leur maison, on ne sait pas trop comment réagir. On finit par revenir dans notre petite maison. Notre instinct français s'interroge "ils vont diner ? ils veulent qu'on dine ensemble ? ou au contraire ils nous ont offert l'accès à une de leur petites maisons donc on se débrouille ?". Alors que je profite de ce temps un peu indécis pour aller remplir nos bidons et poche à eau dans une autre des maisons j'aperçois le mari qui est dehors à s'affairer autour du barbecue. Je vais le voir pour le remercier des saucisses de tout à l'heure et il me propose de repartir avec quelques unes des grillades et un peu de salade. Etonnant, je demande s'il ne préfère pas qu'on dine ensemble, il me répond "comme vous préférez". Quand je vous parlais de cette difficulté à savoir si on fait correctement les choses ou si on s'impose, on est en plein dedans. On décide donc de s'incruster au diner histoire de pouvoir continuer à discuter et à partager sur la France et la Finlande. Le diner est très bon et très sympa malgré les difficultés de communication : les parents de Milla ne parlent pas bien anglais et leurs 3 filles non plus (à part compter de 1 à 10 :-). N'empêche qu'on passe un très chouette moment.
On regagne nos pénates à plus de 0h15, dehors il ne fait toujours pas nuit ! Ils nous ont invité demain matin 9h pour le petit déjeuner pour qu'on déguste leur pain "noir" dont on a parlé dans la soirée (en rapport au pain français très majoritairement blanc).

101è jour : aivassalo - Un peu avant Turku

28 juin 2011

59,2 km, 4416 km au total

Réveil tranquille, le clic clac était bien agréable cette nuit. Le petit déjeuner l'est tout aussi. Depuis que nous sommes sortis de la France nous nous rendons bien compte que (pour l'instant) il n'y a que chez nous que le petit déjeuner est léger et uniquement sucré. Que ce soit en Allemagne, en Suède, en Norvège où en Finlande, le matin c'est plutôt jambon blanc, fromage avec du pain. Ce matin nous découvrons aussi des tomates et du concombre. Nous ça nous va très bien ! Comme hier soir après le diner, c'est café imposé. Comme la Suède, c'est vraiment la boisson nationale et les cafetières s'enchaînent et se déchaînent.
Aujourd'hui Ante (j'ose tenter d'écrire son nom, tant pis et désolé pour l'orthographe si ça n'est pas ça) et Milla fêtent leurs 6 ans de mariage. Ils ont 35 ans tous les deux. Leurs filles nous ont surnomés les french fries (frites) ça nous fait sourire.
Nous finissons de plier nos bagages et repartons, photographiés de tous les côtés. On a vraiment passé un très bon moment malgré cette difficulté pour nous à trouver notre place. Malgré le temps qui passe on a toujours autant de mal à se sentir à l'aise quand nous n'avons rien d'autre à offrir en retour que nos discussions sur la France, la diététique, les sites web...
Nous reprenons la route principale puis obliquons plein sur pour passer plus près de la côte et emprunter des voies plus calmes. LE relief n'est pas clément avec nous et aujourd'hui le vent est tombé ce qui rend le beau temps très chaud.
Nouveau pays = nouveaux supermarchés... et pour commencer on fait dans l'ultra riquiqui, car à traverser des petits bleds paumés comme nous le faisons on n'a pas grand chose à se mettre sous la dent. C'est donc l'enseigne "K" dans sa version miniature qui nous fait découvrir que oui, le finnois est bien une langue incompréhensible. Heureusement qu'il y a des photos sur les packagings ou qu'ils sont transparents pour qu'on devine ce qu'il y a à l'intérieur sinon on serait bien en peine.
On a acheté par exemple : gefilus hedelmämehu, HK kalkkunaleike, kantolan kaurakeksi, Pagen oivallus kuitupalat... tout ça tout ça... ça vous donne faim hein ? Justement nous on fait 150 mètres et on se pose autour d'un mémorial étrange qui nous offre un banc à l'ombre pour pique-niquer. Un car de petits-vieux s'arrête pour visiter le mémorial, on sent qu'on les intéresse probablement plus que les pierres. L'un d'eux ose venir discuter un peu. On entend très bien quand on repart qu'il raconte tout aux autres, ça nous fait sourire.
L'après-midi est un enchaînement de presqu'îles, reliées par des ponts (pas des ferrys) ce qui nous permet de rejoindre le sud-est de Turku. On commence par contre un truc pas drôle : essayer de rejoindre le centre avec uniquement le GPS et pas de cartes. Problématique classique : toutes les routes qui rentrent dans la ville sont des E quelque chose, considérées comme des autoroutes et on ne sait donc pas si on peut où non les prendre à vélo. Il y a pas mal de pistse cyclables, pas toujours très bien indiquées d'ailleurs; et on entame donc un contournement assez important de la ville pour éviter ces autoroutes sans savoir si elles ne sont pas bordées de pistes u non.
On cherche à bivouaquer un peu avant d'arriver dans le centre mais on galère pendant plus d'une heure de parc en parc, de petit bout de forêt en champ trop cultivé... on se rallonge comme des dingues pour finir par trouver un truc très moyen mais à peu près calme.

titre]102è jour : Un peu avant Turku - Tuorla[/titre]
29 juin 2011

30,6 km, 4447 km au total

Trouver le centre de Turku est relativement facile et nous y sommes en début de matinée. La ville est calme. Nous observons la reconstruction d'un pont qui s'est effondré l'hiver dernier, ça a du être un beau bazar. Nous arpentons les berges du fleuve tranquillement dans les deux sens avant de trouver un petit centre commercial où il y a du wifi. On cherche les librairies, Google maps nous en propose deux un peu plus loin. On sort du centre commercial et sur le chemin de la sortie on tombe sur une librairie, Une grande. Google pas fut fut sur ce coup là. On va pouvoir enfin avoir une carte du sud de la Finlande. On hésite longuement entre une carte au 1:150 000è plutôt pas mal mais pour laquelle il n'y a pas la sortie de Turku et les premiers kilomètres en direction d'Helsinki ce qui est un peu dommage et une au 1:250 000è qui est écrit très petit donc pas forcément facile à lire sur le vélo. On repère une carte au 1:200 000è spéciale vélo qui semble parfaite... s'il y avait la partie qui nous intéresse. Cette fois sans qu'on ait besoin de lui faire comprendre la vendeuse nous dit "j'imagine que si je la commande, même si je l'ai demain ça sera trop tard..." En effet.
On sort sans rien acheter avec à l'esprit l'idée d'aller rejoindre une des librairies indiquées par Google. Vlan, juste à côté de cette première librairie il y a... une deuxième librairie. Un genre de copier coller de l'autre, on ne comprend pas bien... va falloir que je retrouve d'autres bouquins de marketing même si j'ai toujours cette citation à l'esprit : "le meilleur endroit pour implanter un coiffeur c'est à côté d'un autre coiffeur"... à voir.
Bref dans ce nouvel espace dédié à la culture nous trouvons notre carte GT2 qui est en effet très bien. Pour la première fois depuis le début du voyage on a une carte avec les pistes cyclables indiquées. Cool... sauf le prix : 17,90 €, aouch ! Bon c'est le même prix que les autres cartes pour les voitures, impressionnant. On a encore un peu de mal à se faire une idée du coût réel de la vie en Finlande. Les 2 campings étaient vraiment très peu chers, les courses d'hier très raisonnables (je dirais comme en France et c'était une toute petite épicerie donc probablement plus chère que les grands supermarchés) mais là les cartes, c'est le coup de bambou. Affaire à suivre.
On se pose ensuite car j'attends un coup de fil important pour la gestion de mon activité pro. Quand nous repartons il est plus de midi, l'heure de trouver des toilettes (héhé) et un coin pour déjeuner. Nous rejoignons le château de Turku et nous pique-niquons à l'ombre d'un gros arbre car depuis hier la météo nous gâte. Très gros soleil et grosses chaleurs même ici au pays du froid.
Nous repartons tranquillement dans l'après-midi, traversons la rivière via un petit bac, plus pour le fun qu'autre chose car il y a quand même des ponts pas loin et visitons rapidement la partie est de la ville. Encore une fois, visite à vélo = pas beaucoup de photos.
Arrêt cimetière... où l'eau se révèle "non potable" aux dires de la jardinière des lieux. Mince.
Nouvel arrêt chez Biltema, qui existe aussi en Finlande en espérant trouver des toilettes car généralement il y en a dans cette enseigne... là encore loupé. Bon on prend quand même une bouteille de gaz même si on n'en a pas encore réellement besoin, ça nous évitera d'en chercher par la suite.
Alors petite parenthèse toilettes. Autant dans la campagne c'est relativement simple à gérer au fil de la journée, autant dans les villes ou à leur sortie ça se complique un peu. Certes on peut en trouver dans pas mal de cafés, mais on n'a pas toujours envie de se poser pour consommer. Certaines toilettes publiques super bien entretenus coutent horriblement cher pour leur intérêt. On a payé une fois plus de 1 euro 10 pour 1 chasse d'eau, parfois pas trop le choix mais c'est un peu pénible de se faire ponctionner... à ce prix c'est plus sympa d'aller prendre une bière à peine plus chère dans un café et de profiter des commodités du lieu. Enfin bref ça n'est pas toujours simple.
Nous trouvons ensuite de l'eau (mais pas de toilettes) dans un supermarché pour remplir les bidons et après quelques kilomètres un champ plutôt accueillant pour la tente et l'équipage.

titre]103è jour : Tuorla - Pohjankylä[/titre]
30 juin 2011

52,3 km, 4499 km au total
Quand nous ouvrons nos mirettes le chauffant dans l'espace dédié aux oiseaux, aux avions et aux mouches est déjà cuisant. Pourtant pas d'œufs au plat au programme, juste des céréales pour nous gaver la panse. Hélène préfère des petits gâteaux secs trempés dans du chocolat ces derniers temps, mais ce matin point de ce met à s'injecter dans le gosier.
Rassasiés nous bourrons la tente et le reste du bardas dans les traditionnelles sacoches pour repartir gaiement. Pas le temps de faire gigoter les neurones dans le ciboulot bien longtemps que nous croisons 2 cyclotouristes amateurs : beaux clous mais équipement un peu précaire. Ils viennent de... Taiwan. Alors forcément vous êtes futés, vous avez remarqué que j'ai dit belles roues... donc si la petite reine est en bien bel état c'est qu'ils ne viennent pas d'aussi loin à la force des guibolles. Les petiots ont débarqué à Helsinki il y a 2 jours et ont tracé leur chemin pour venir nous rencontrer. 30 jours de glandouille pour eux à zigzaguer entre Helsinki, Stockholm, Oslo, Copenhague. Ben tiens zont qu'à copier sur nous tant qu'ils y sont... On n'ose pas leur dire qu'ils ont du regarder notre carte à l'envers nous ça nous arrange, on veut rester les seuls stars. Bref on laisse les bridés repartir à toute berzingue, ils ont du kilomètre à avaler aujourd'hui vu leur programme.
Nous, on repart en sifflotant, avec dans la caboche, cette fois la volonté de trouver de la bectance because on n'a jamais fait avancer les tanks sans fuel. Mazette, même pas 10 bornes plus loin on se prend une grande enseigne K sur la tronche. Ah ben ça nous change, K il y a 2 jours, K aujourd'hui. Tant pis, de toute façon celui là de K c'est un cas intéressant ca(r) il est beaucoup plus spacieux et confortable que son prédécesseur. Tout se bonifie avec le temps il faut croire.
N'en jetons pas trop aux finlandais, ça reste quand même de la supérette de campagne pour nous autres fransoze habitués à des commerces bien plus vastes. Ah qu'on regrette les grands Leclercs qui s'étendent à perte de vue. Là bon t'as quand même vite fait le tour de la question. On se prend quelques douceurs, on retrouve quelques marques françaises (Lu est de retour), et des trucs simples genre un vrai rayon avec des yaourts, pardis, les suédois faut croire qu'ils n'ont pas encore compris les trucs correctement. Eux aussi ils ont du lire les plans à l'envers. Tiens on trouve même des barres de céréales, faudra vraiment qu'ils envoient la recette de l'autre côte de la Baltique histoire de les narguer un peu.
Bon quand on ressort et qu'on opère la célèbrissime opération de décartonage/rangeage on se rend compte qu'on a piqué 2 petites bouche artères sucrées. On les avait mises dans notre sac à dos de poche pour ne pas les écraser au fond de la sacoche qui nous sert de fourre-tout et elles sont restées planquées lors du passage à la caisse. On se sent un peu mal, mais histoire de poursuivre notre french touch on retourne dans le supermarché pour... prendre de la flotte et piquer des petites serviettes essuie main en papier pour en faire des mouchoirs. S'ils ne voulaient pas qu'on le fasse ils n'avaient qu'à placarder un panneau pour l'interdire. Ouais et on s'en fout on ne lit pas le finnois de toute façon.
Nous renfourchons la bête, lestée au maximum de ses capacités pour entamer moins gaiement une bonne série de montagnes russes. Au moins ça n'est pas tape cul, mais ça tape au moral un peu. Cette fois c'est la Finlande qui a copié le Danemark, mais que fait la police ? Trouver où poser son fessier pour enfourner nos petits pains fourrés au jambon fromage salade de concombre s'avère pénible. Misère ça monte, misère ça ne descend pas, misère ça monte toujours, mais je vous le demande très sérieusement cette fois, mais que fait la police ?
Làs, les intestins ratatinés, nous jetons notre dévolu et le tandem sur l'entrée d'une petite série d'habitations dans la forêt. C'est suffisamment en hauteur et un peu dégagé pour faire dégager les moustiques, tiens la chance nous sourit. On fait couler le pain noir secos à souhait avec quelques lampées de jus de fruit frais, rahh le bonheur. Le yaourt précède au café qui précède à la sieste ou un ordre à peu près équivalent. On laisse passer quelques cyclotouristes, décidément à suivre les pistes cyclables officielles via notre cartographie fleurant le papier fraichement imprimé, nous sommes sur une autoroute à cyclotouristes. On reprend peinard après quelques lampées - cette fois - de Seth Goddin ou de Dan Brown. On en bave bien comme il faut de la montée, on en chie par tous les pores de notre épiderme. Nos carcasses craquent sous la chaleur, à moins que ça ne soit le tandem qui manque un peu de lubrification, les vapeurs de notre propre sueur nous éloignent un peu de la réalité et nous intoxiquent doucement mais aussi sûrement que du monoxyde de carbone. Il est temps de penser à se trouver de l'ombre. On fait encore quelques kilomètres sur une route bien fréquentée, Hélène me dit que c'est un raccourci mais je suis persuadé qu'elle est en recherche de sensations fortes genre guilis dans l'estomac. Se faire frôler par un fer à repasser lancé à 80 km/h ça a quelque chose qui provoque des étincelles à l'intérieur... tant que ça reste à l'intérieur ça va, c'est quand on commence à les voir en vrai qu'il est temps d'obliquer sur une "route non pavée" comme l'indique notre géo-navigateur préféré. Encore quelques centaines de tours de pédales et nous voilà délivrés : du plat, de l'ombre... et des motos qui sautent sur des bosses dans un bruit terrifique. Ca forcément on ne l'a pas trop capté avant de planter la tente. En même temps on a une stéréo intéressante avec de l'autre côté de la piste un circuit pour bolides radio commandées. Aigu à droite, grave à gauche, mais bien chiant dans les 2 cas. Sont casse-bonbons ces gens à vouloir à tout prix faire chier les autres. Comme les possesseurs de Harley, t'as l'impression que dans le magasin le jour de la décision de l'achat ils se sont dit "ah ouais putain avec un boucan comme ça je vais faire chier mon voisin Dubois (dont on fait les cercueils) et sa grosse dondon et même les voisins de mes voisins, ça va être exceptionnel". Mettez m'en deux !
Bon en vrai on s'en tamponne un peu le coquillart, nous on est bien peinards, dans notre guitoune à réfléchir à quelles nouilles on va ingurgiter avant d'aller pioncer, enfin essayer, parce que dans la série pénible, le chauffant du soir il rivalise plutôt nickel avec les casse-oreilles.
Bon c'était une petite dédicace pour Sandrine (de Suède), je viens de terminer mon premier San Antonio :)

titre]103è jour : Pohjankylä - Ekinäs[/titre]
1er juillet 2011

51,0 km, 4550 km au total

Ah l'orage de la nuit, cette fois c'était un vrai beau qui stagne bien, qui tourne, qui fait semblant de partir mais qui revient plus fort. Moi j'aime bien, le seul hic c'est le tandem qui dort dehors sans son tarp. Le temps d'hier soir était tellement beau et il crevait tellement de chaud qu'il nous a semblé totalement improbable qu'il pleuve. Il y a quelques vis sur le dessus qui n'aiment pas trop et qui rouillent doucement... pendant que nous on dort tranquillement.
Au réveil, pardon au lever plutôt car les réveils sont multiples dans ce genre de nuits, le soleil est de retour, tant pis pour la tente qu'on plie humide, nous on préfère quand ça se passe dans ce sens là plutôt que d'avoir à s'habiller en cosmonaute, surtout qu'avec les températures qu'il fait actuellement (30°C dès ce matin) on préfère ne pas avoir à chercher à se protéger de la pluie.
Pas grand chose à raconter sur la route, si ce n'est que c'est principalement de la nationale, pas terrible, avec après une courte accalmie au niveau relief, de nouveau des belles bosses casse pattes. On se pose au pied d'une église. Herbe bien tondue, ombre, c'est parfait. Robinet dans le cimetière pour de l'eau fraîche et même, ô miracle, des toilettes.
Nous profitons du fait qu'il ne nous reste pas trop de kilomètres à faire pour rejoindre le camping sur lequel nous tablons pour se poser et faire des plans sur la comète pour le retour. On va prendre le temps mais on va bien finir par trouver quelque chose de cohérent dans le timing, le budget, l'emplacement géographique... pour l'instant ce sont surtout des idées partagées histoire de voir ce qu'on attend l'un et l'autre de "l'après tour d'Europe". Une chose est certaine, ça ne va pas être simple.
L'après-midi est une simple formalité, mais du genre qui fait transpirer quand même. Le camping, premier réellement en Finlande (les 2 autres c'était sur l'archipel d'Aland) est bien aussi cher que la Suède & co, retour donc sur un avis de pays plutôt onéreux.
On profite de la fin d'après-midi sur notre paréo, Hélène tente de résoudre une énigme envoyée par ma sœur pendant que j'écris en regardant le linge sécher.

titre]104è jour : Ekinäs - Fremböle[/titre]
2 juillet 2011

59,0 km, 4609 km au total

Une bien belle journée démarre, soleil au zénith, camping avec vue sur la mer, enfin la baie, et un camping plutôt calme malgré le constat que dès 6h30 les gens sont bien levés et actifs. Petite fierté, nous partons avant l'ouverture de la réception ce qui nous impose le dépôt de notre petit "badge à accrocher à la tente qui prouve que t'as bien payé" dans la boîte aux lettres. Notre programme du jour ne nous fait pas passer dans des villes avant tard dans la journée et il faut qu'on ravitaille donc on rebrousse très légèrement chemin (bouh) pour visiter le Smarket devant lequel nous sommes passés hier soir avant d'arriver au camping. On constate de nouveau - via une châine de supermarchés différente - que la Finlande est plus proche de la France d'un point de vue industrie alimentaire que la Suède ou la Norvège. On a même trouvé des compotes à boire au rayon compotes, impressionnant :-)
Nous reprenons notre embarcation lestée (une fois de plus) pour arpenter avec joie et bonheur, sous un soleil radieux les jolis méandres de la petite route que nous avons choisi. Nous avions le choix entre la nationale et une petite route marquée "vélos" qui oscille entre les vallons. Le doux mais régulier relief nous permet d'avoir quelques vues dégagées sur la campagne aux alentours. A un moment je forme une idée dans ma tête, route sombre qui serpente, bande jaune au milieu, sapins un peu partout, ça me fait vraiment penser à... et à ce moment là Hélène dit "On dirait la Norvège". Voilà une de ces moments où on pense exactement la même chose au même moment alors que ça fait 10 km que le paysage est le même. Nous profitons de l'ombre des arbres qui bordent cette route, chose que nous n'aurions pas sur la nationale. Les bords sont aussi truffés de jolies fleurs sauvages qui enjolivent le paysage.
Le relief ne nous avantage pas mais nous réussissons à rejoindre le centre d'un gros village pour se poser à côté... du cimetière. De nouveau herbe bien tondue, ombre, robinet et même toilettes. Il n'y a pas à dire les cimetières c'est vraiment génial !
Après le déjeuner à la truite fumée (en promo) on trainouille sur notre paréo, Hélène fait une bonne grosse sieste pendant que j'aide S.A.S à démêler une enquête. Faut pas confondre avec San Antonio, même si les deux héros ont beaucoup de traits commun, le style est totalement différent.
L'après-midi est tout aussi estivale que la matinée mais cette fois nous prenons la nationale pour nous éviter le relief. Il y a une très large bande d'arrêt d'urgence qui rend la route tout à fait praticable, parfait.
On oblique en fin d'aprem dans un sentier et après quelques gauche/droite tombons sur un lieu de bivouac plutôt correct. Le plus difficile est de se mettre d'accord sur l'emplacement de la tente pour optimiser ombre, plat et bestioles.
Bon ça c'était ma vision de la journée, mais comme on nous l'a demandé, ça serait bien aussi de savoir comment Hélène perçoit les choses, alors je lui passe le clavier et elle va tout vous raconter...
Ce matin, réveil un peu pus tôt que d'habitude car la météo annonçait encore une belle et chaude journée. Du coup, en démarrant plus tôt on peut espérer un peu de fraicheur et de calme. C'est un truc que j'aime bien au camping : se lever avant les autres et observer les gens se réveiller, émerger, ... ben là, pas de peau, à 6h30 l'effervescence est à son comble. J'ai fait la queue pour avoir une place aux toilettes !! Pour un lever tranquillou c'est foutu mais le soleil qui brille et l'idée d'arriver bientôt à la Capitale maintiennent notre moral au beau fixe.
On démarre la journée dans les temps (moins de 2h pour tout plier) avec comme premier objectif : faire des courses car les sacoches sont vides (vrai de vrai, pas comme notre frigo parisien :-) Cette fois, on va tester une autre enseigne de supermarché, je suis curieuse de ce qu'on va trouver (ou pas trouver). Bon, finalement pas trop de surprise. On trouve tout ce dont nous avions besoin et même plus puisqu'on retrouve les compotes à boire. Ca peut paraître bizarre mais ce dessert si banal à Paris égayait bien les nôtres ici car le choix est plutôt restreint. C'est donc avec satisfaction que nous sortons de ce magasin.
On reprend le tandem et là, la journée vélo démarre vraiment. Très vite la route "pour vélo" (=route peu fréquentée) vallonne. Pas des grosses montées, mais une répétition constante de montée/descente sous un soleil écrasant nous fatiguent et nous coupent les jambes. Au risque de passer pour une râleuse, à ce moment là, je n'aurai pas été contre quelques nuages :-) Malgré tout, on avance; Sur la carte routière, je vois passer les villages, les points de repères ... Ce matin pas trop de choses à regarder, le paysage est assez monotone. Des pins, une route vallonnée, quelques fois un champs avec une maison rouge. Bref, il y a des moment où il faut juste attendre pour passer à côté de quelques chose de plus sympa. A moins que ce ne soit pas ma journée. C'est vrai que parallèlement à nos coups de pédales pour nous faire avancer dans ce dédale de chemins forestiers, des taons s'amusent à nous courser. Un déjà c'est pas facile à gérer car il nous passe devant les yeux, entre les bras, slalome avec nos jambes qui ne peuvent que continuer le mouvement de rotation car sinon on risque d'être déséquilibré. Là, c'est en bande qu'ils nous enquiquinent. J'avoue que mes nerfs sont mis à rude épreuve car gérer l'effort, l'équilibre du vélo et éviter de se faire piquer, la tension monte.
Finalement, on fini par arriver à notre lieu de pique nique : à côté d'un cimetière. Un coin de pelouse bien moelleuse, ombragée et avec à porté de l'eau et des toilettes. Royal ! Mon moral remonte en flèche et mes émotions se calment. On pique nique sereinement et pendant qu'Olivier lit je plonge allègrement dans un sommeil réparateur. Il est plus de 15h30 quand on émerge de cette agréable et ressourçante pause. On reprend donc notre tank pour rouler vers un lieu de bivouac. Cette fois on a choisi la grande route car peut-être qu'on sera moins embêtés par les bestioles volantes. On roule tranquillement, la chaleur est un peu oppressante mais on a une voie rien que pour nous et le vent souffle joyeusement. Tout va bien.
En voyant qu'il nous reste peu de kilomètre pour arriver à Helsinki (env 45), nous choisissons de nous arrêter pour la journée. Il est 16h30, il est temps de se poser :-) On prend donc un petit chemin à droite de notre route principale et on s'enfonce dans la forêt et les champs. Le chemin s'arrête d'ailleurs dans un champs plein de fleurs. les mouches bourdonnent de partout et le soleil tape fort. Difficile de choisir un coin sympa qui nous convienne à tous les deux. Olivier est partant pour un bout de champs en contre bas aux herbes hautes à l'ombre et moi je préfèrerai un coin un peu plus dégagé et le seul endroit est en plein soleil. Dur dur. Les mouches intensifient leur rangs et ça devient très pénible. Quand deux taons s'en mèlent, c'est le pompon ! On plante la tente dans un endroit qui nous "satisfait" l'un et l'autre (l'art du compromis ...) et je plonge dans la tente le temps qu'Olivier s'occupe de notre monture. Ouf sauvés ! on est à l'abri des mouches et les taons se sont coincés entre les deux toiles de la tente. Tant pis pour eux. Même si le bruit de leur énervement me crispe, la tension diminue peu à peu et c'est avec calme que je peux écrire ces quelques lignes.
Finalement, pour moi, le plus difficile ce n'est pas l'effort physique, le fait de déménager chaque jour où la météo mais bien la gestion émotionnelle de mes peurs. Ca peut paraître ridicule mais je me rends compte que j'ai plein de petites peurs qui prennent leurs essors durant ce périple. Les bestioles volantes en font partie.

titre]105è jour : Fremböle - Helsinki[/titre]
3 juillet 2011

59,2 km, 4668 km au total

Passons rapidement le trajet pour nous concentrer sur notre arrivée à Helsinki. Nous trouvons sans souci (merci le GPS) l'appartement où nous allons dormir ce soir. Trouvé via Warmshowers.com Teemu (prononcer téémou) et Katia nous accueillent avec chaleur il faut dire qu'il fait toujours aussi chaud, les quelques nuages de la matinée n'ont pas rafraichi l'atmosphère. Nous nous posons un peu pour discuter puis nous partons, à vélo, pour "aller se baigner la plage" et pique-niquer dehors. On est un peu sceptiques sur le fait de se baigner quand ils mentionnent que la Baltique est autour de 15°C mais on part avec plaisir au moins découvrir l'endroit;
Nos 2 hôtes sont 2 cyclotouristes et nous prêtent même des sacoches Ortlieb pour mettre nos petites affaires sans devoir vider tous nos sacs.
Nous allons donc sur une petite île à quelques kilomètres au sud est de leur appartement et nous installons sur un gros rocher plat. Maillot, pieds dans l'eau et après quelques efforts nous sommes tous à nager dans la mer. Avec les baies et la plage je pense qu'on est bien au dessus de 15°C mais quand même on a une petite fierté à se dire "on l'a fait" on a nagé dans la Baltique en Finlande !
Nous pique-niquons autour d'un taboulé, de houmous, fromage et petits gâteaux. Quand le soleil passe derrière les arbres il fait bien frais et nous rentrons après un petit détour pour découvrir quelques sympathiques vieilles maisons à quelques minutes à peine du centre ville. S'il n'y avait pas ce fameux "problème" de froid et de neige les 2/3 de l'année vivre dans ce coin nous plairait bien : grande ville, mer et nature à portée de vélo...
De retour à l'appartement nous poursuivons nos discussions. Teemu est donc finlandais, en fin d'études il a passé un peu de temps à Turku (où on devait le rencontre initialement) puis une année en Russie puis est de retour à Helsinki. Katia sa femme est russe et elle aussi cherche du travail à Helsinki. Nous échangeons longuement pendant que Katia se met à faire des crêpes... "blini" pour les finlandais, crêpes pour les russes et les français. Mais alors les blinis tels qu'on les connaît en France ça se dit comment en finnois ? Laissez tomber le finnois n'est définitivement pas une langue à la portée d'un français. D'ailleurs heureusement pour nous la langue officielle de Finlande n'est pas le finnois, mais à la fois le finnois et le suédois. Du coup sur les packaging des produits ou n'importe quel truc écrit il y a les deux langues. Et le suédois on a parfois une chance d'avoir une vague idée de la signification des mots. Le finnois, aucune.
On découvre que les crêpes sont bien pour ce soir même s'il est minuit passée. Avec un thé roïbos ça fait un après diner sympathique. Une fois encore nos habitudes françaises sont mises à l'épreuve, le drame de "mais quand est-ce qu'on mange quoi et ça sera quand et quoi ensuite ?". Mais c'est toujours un plaisir de découvrir la culture culinaire d'un pays au travers de ces habitants plutôt que les hôtels ou uniquement les restos.
On finit quand même par aller se coucher, nous avons 2 petits matelas dans le séjour, ça nous ira très bien. L'appartement n'est pas très grand mais Teemu et Katia n'ont aucun problème à ce qu'on reste plusieurs jours, donc on va visiter Helsinki en ce début de semaine et revenir ici le soir avant de prendre le bateau pour l'Estonie d'ici peu.

titre]106è jour : Helsinki (jour off)[/titre]
4 juillet 2011

6,8 km, 4675 km au total

Ce matin gros trainassage au lit et dans l'appartement. On s'est couchés très tard hier et avec la chaleur la nuit a été courte. Ce matin les nuages rafraichissent néanmoins un peu l'atmosphère. On prend le petit déjeuner sur la terrasse, petite mais accueillante.
Vers 13h30 on décolle, on se fait accompagner jusqu'au centre par Katia qui a des trucs à faire un peu plus loin. Même pas 4 kilomètres de vélo et nous l'attachons derrière la gare principale pour se balader dans le centre à pied.
On commence par quelques obligations du type regarder ce qu'on peut trouver comme cartes d'Estonie & co... comme c'est toujours aussi horriblement cher on hésite longuement, Teemu nous a dit qu'on trouverait probablement la même chose en beaucoup moins cher à Tallinn de l'autre côté de la mer, on va donc faire ça (la meilleure carte qu'on ait trouvé : 11,90 € dans la librairie, 5,66 € sur le site Michelin, vlan !). Même chose pour un bâton de randonnée (notre béquille de tandem) qui commence à être en très sale état malgré la réparation de l'autre jour. Maintenant c'est carrément le tube principal qui se fend dans la longueur... Même constat donc : ça coûte la peau des fesses, surtout qu'on n'a pas besoin d'un truc de compétition pour faire une bête béquille.
On déjeune entre des gens locaux dans un centre commercial, où les tables sont partagées entre les différents petits restos rapides de la place. Pizza, kebab, Mc Do... on se rassasiera via des brochettes d'agneau et de poulet avec des légumes et des frites.
On se balade un peu dans les rues l'après-midi, toujours sous une météo hésitante mais pas désagréable, il y a un peu d'humidité dans l'air et les nuages nous évitent la grosse chaleur. On passe ensuite faire quelques courses pour essayer de préparer à diner à nos hôtes pour partager un peu de notre culture cocorico. De retour à l'appartement nous préparons donc avec Katia qui a grandement envie d'apprendre des recettes une salade avec des tomates cerises, poivrons, oignons rouges, avocat, ... et du poulet mariné dans une sauce soja, rissolé avec des champignons et de la crème. Pour le dessert nous réalisons une tatin de pommes avec une chantilly à la vanille. De nouveau nous discutons longuement et nous couchons tard... pourtant on va essayer de se lever un peu plus tôt demain matin.

titre]107è jour : Helsinki (jour off 2)[/titre]
5 juillet 2011

19,3 km, 4694 km au total

Réveil programmé à 8h30 ce matin pour partir explorer la ville de manière un peu plus approfondie. Nous longeons la côte ouest d'Helsinki avant de s'arrêter profiter un peu du marché (sur marketplace). Des fourrures, des bibelots pour touristes, pas mal de choses à manger, ... c'est sympa. Nous prenons ensuite un bateau-bus pour rejoindre les îles Suomenlinna, un petit archipel qui a été utilisé pour construire un fort... suédois. N'oublions pas que la Finlande a été aussi laSuède et la Russie :-) D'ailleurs le fort a été envahi par les russes avec très peu de résistance alors qu'il n'était pas encore totalement fini. Dommage.
En tout cas même si c'est très touristique la balade vaut le détour. Il y a tous type de maisons, de citadelles, vieilles pierres, canons, c'est très sympa. La visite se fait à pieds, les méandres des chemins nous amènent aussi à découvrir un sous-marin allemand, plutôt atypique même s'il a rallié la flotte finlandaise à une époque.
Nous revenons sur la terre ferme par le même navire, 20 minutes de traversée, c'est très rapide. Nous avions laissé le vélo dans le centre car de toute façon les îles ne sont pas très adaptées à la petite reine.
Le moment qui suit est complexe, trouver un restaurant un minimum typique, pas trop piège à touriste et avec des prix pas délirants. Après plus d'une heure de recherche nous abandonnons. Là encore le resto italien est maître et les quelques restos finlandais sont totalement hors de prix. 30-40 € pour un plat tout seul, gloups.
Nous nous rabattons sur le marché où nous avons vu le matin quelques petites gargotes qui proposent une cuisine ultra simple mais parfois un minimum locale. Hélène mangera donc des calmars et moi des boulettes de renne. C'est très roots : assiettes en carton et couverts en plastiques, mais l'ambiance est plutôt sympa avec des touristes mais aussi des locaux qui utilisent ce système un peu comme leur cantine.
On se dit qu'on se fera un ou des restos à Tallinn où ça sera probablement meilleur marché. On a beaucoup d'espoirs dans Tallinn :)
Après un rapide tour aux toilettes de la grande librairie (héhé depuis qu'on les a repérées c'est un peu notre point de ralliement), on retrouve Katia dans le centre, à vélo et la suivons ensuite vers l'endroit où elle fait du kayak avec Teemu. Il y a un petit café très sympa au bord de l'eau où nous dégustons un café avec une super pâtisserie. Ca ressemble assez aux petits pains à la canelle suédois mais dans l'autre sens et avec des amandes et une pâte un peu différente. Ils sont faits sur place, ils sortent tout juste du four et c'est un vrai délice, j'en ai même oublié d'en faire une photo. Comble de surprise, ils ne prennent pas la CB. On est short en cash et la réponse de la vendeuse : vous paierez ce qui manque plus tard !!! Impressionnant. Katia a été repérée comme "non locale" car la vendeuse lui a répondu en anglais, nous on a le look touriste jusqu'au bout des ongles et pourtant elle nous fait une ardoise !
On laisse ensuite les deux tourtereaux à leur cours de kayak et nous rentrons tranquillement à l'appart en faisant quelques détours pour voir le Palais Finlandia, un genre de parc des expos. Le bâtiment est sympa mais il n'y a pas grand chose à voir. On rentre faire quelques courses pour préparer un nouveau diner. Ce soir on fera plus simple : wok avec en vrac des oignons, poivrons, tomates, pommes de terre, brocolis, coulis de tomate et bœuf façon "kebab". En dessert une chantilly au yaourt avec des framboises. Hélène est super contente de cuisiner, c'est vrai que la popote avec 1 gaz c'est un peu short pour faire de la vraie cuisine...
Nouvelle soirée à discuter, cette fois on se couche à 2 heures du matin après avoir constaté que le ferry pour Tallinn le plus adapté (prix et horaire) partira à 8h du matin jeudi... on a donc la journée de mercredi pour se recaler un peu au niveau rythme. Pas gagné.

titre]107è jour : Helsinki (jour off 3)[/titre]
6 juillet 2011

15,0 km, 4709 km au total

Vu le coucher vers 2 heures pas de réveil ce matin. Quelques emails et autres obligations à gérer tranquillement puis petit déjeuner avec Teemu et Katia.
Nous réservons définitivement le bateau pour nous rendre compte qu'il n'y a plus de places pour le vélo ! On regarde le lendemain, ça semble ok mais le temps que je réserve pareil, plus de places disponibles !!!
On change donc de compagnie, c'est plus cher (Viking au lieu de Eckerö) mais les horaires sont aussi plus agréables : 11h30 demain matin et la traversée est 30 minutes plus courte (2h30 au lieu de 3).
Ensuite nous prenons ensemble le vélo pour leur faire essayer le tandem. Nous prenons leurs vélos à la place, je teste la "randonneuse" de Teemu comme on appelle ça en France, un vélo de randonnée quoi. Assez étrange, conçu avec des pièces assez standard et adaptables, parfait pour un tour du monde mais du coup par exemple un gros compromis au niveau des leviers de vitesses, qui sont l'équivalent de ceux des vieux vélos de courses (pas d'indexation) mais rapprochés à l'extrémité basse du guidon de course. Ok c'est pratique pour monter une cassette de 8 ou 10 vitesses selon ce qu'on trouve sur le moment, donc idéal à l'autre bout du monde, mais c'est très bof à mon goût à manipuler quand on a l'habitude des vitesses indexées au niveau des poignées de freins.
Enfin bref c'est sympa de voir notre tandem sous un autre angle et eux sont très contents de faire quelques kilomètres sur l'engin bizarre qu'est notre tank.
Nous nous séparons pour qu'ils aillent faire du kayak et nous visiter d'autres petites îles là encore transformées en musée de plein air, avec des petites maisons, églises, ... ramenées de différents endroits de Finlande. Bon globalement c'est assez proche de ce qu'on a déjà vu en Suède et en Norvège. Des maisons en bois rouges avec les coins blancs :) et des églises avec des tuiles en bois.
Mais le parc est très agréable surtout qu'aujourd'hui il fait un vrai soleil d'été.
Ils nous rejoignent ensuite avec leur kayak qu'ils laissent sur le bord de la petite plage de l'île. Nous pique-niquons rapidement et pour la seconde fois de l'année nous baignons dans la Baltique, gelée l'hiver. Ils ont 6 brise-glace arrivés dans un port non loin...
J'en profite également pour essayer le kayak. La dernière fois ça devait être au collège lors d'une sortie scolaire si mes souvenirs sont bons... Là le kayak est du genre de compétition, très profilé et du coup il ne semble pas stable du tout. Il parait que c'est juste une impression mais les premiers coups de pagaie ne sont pas très assurés. J'arrive quand même à faire le tour d'une petite île.
Nous nous séparons de nouveau pour qu'ils ramènent leurs kayaks et nous les retrouvons au petit café de la veille où nous réglons notre ardoise au passage et reprenons une petite pâtisserie en les attendant. Katia part ensuite à un cours de danse pendant qu'avec Teemu nous faisons le tour de la péninsule d'Helsinki afin de découvrir notamment la partie sud que nous n'avons pas vue et un peu le nord-est. Le sud est vraiment très sympa avec quelques vieilles énormes maisons qui font un peu penser à la Baule et des plages, baies, cafés sur remblais... ça fait très balnéaire. Encore une fois s'il n'y avait pas l'hiver avec ses journées aussi courtes (visiblement c'est plus le truc pénible que le froid en réalité) ça serait un chouette endroit où vivre. Ah oui la langue... oui bon ok...
Nous rentrons donc tranquillement à l'appart après quelques courses pour avoir de quoi pique-niquer demain dans le bateau, ben oui en bons français on est prévoyants :)
Allez, 15 km au compteur aujourd'hui mais probablement autour de 20 en réalité car ce matin nous n'étions pas sur le tandem et le compteur n'était pas dessus non plus... ça compense les 8 km "offerts" par le centre commercial d'Oslo.
Ce soir c'est Teemu et Katia qui cuisinent, un gros poisson (pas trouvé de nom français) fumé avec des pommes de terre et une salade avec des concombres. On discute encore longuement et Teemu se plie au chalenge difficile de l'hymne national. Histoire d'être plus représentatif encore de leur couple il chante l'hymne de l'URSS (parce que c'est ce que Katia à appris quand elle était petite) mais avec les paroles en finnois ! Ils nous offrent aussi un petit cadeau, "design typique finlandais" : un ouvre boîte très simple, en une seule pièce représentatif certes du design mais aussi du mode de vie général des finlandais : simplicité, peu de fioritures et de prise de tête, ...
Cette fois nous explosons le record de coucher tard puisqu'il est largement 2 heures passées. On sent qu'avec un été court ici les gens ont envie de profiter autant que possible du soleil tant qu'il est là :)

titre]108è jour : Helsinki - Tallinn[/titre]
7 juillet 2011

10,5 km, 4720 km au total

Pliage de bagages, petit déjeuner ensemble et une fois de plus des adieux difficiles. On a été super bien accueillis et c'est l'une des rares fois où tout s'est passé très simplement, de manière très fluide et on ne s'est pas sentis s'imposer, malgré leur petit appartement dont on a squatté une bonne partie du séjour/salon. Leur âge (autour de 30 ans), leur passion du vélo et le fait qu'ils accueillent régulièrement des gens aide probablement. Quand on est arrivés on a demandé comment on devait s'organiser pour les jours à venir, le fait qu'on avait envie de rester 3/4 jours à Helsinki mais pas forcément chez eux sur toute la durée et qu'ils nous aient répondu que parfois ils proposaient à des gens de rester plus d'une semaine nous a largement décomplexé.
Voilà on a partagé des super moments, des balades, des moments chacun de notre côté puis "retrouvailles" par la suite à un endroit différent, tout a été parfait, c'était génial on en a bien profité.
On reprend la route en essayant de faire marcher le GPS qui a un peu de mal, le clip de fixation sur le guidon s'est cassé hier et le GPS est tombé par terre. Il a l'air encore opérationnel mais son allumage ne fonctionne plus très bien. On rejoint donc l'embarcadère de la Viking Line. On était un peu juste niveau timing mais finalement on patiente très longtemps et les vélos sont quasiment les derniers à embarquer. D'habitude c'est l'inverse.
Le bateau est encore une fois un de ces ferrys qu'on n'aime pas : restos, bars, animations, et nulle part ou être assis tranquillement hors lieu de consommation. On squatte néanmoins dans un petit coin d'un bar pour préparer tranquillement nos sandwiches (c'est indiqué "interdit de manger de la nourriture qui n'a pas été achetée au bar" mais on brave l'interdit )mais en plein milieu de nos préparatifs un rideau s'ouvre, quelques télés s'allument et c'est parti pour 2 heures de ... karaoké. On s'attendait à un gros bide, un karaoké à midi, sur un ferry, comment dire... en France l'animatrice aurait ramé pendant des heures. Là c'est l'inverse, tout le monde remplit son petit papier pour "postuler" et indiquer qu'il veut chanter. On se prend donc de plein fouet tout un répertoire de chansons finlandaises inconnues pour nous, quelques chansons anglaises ou américaines mais il faut être honnête, ils ont tous dû bien réviser chez eux car le niveau est franchement excellent. On se fait un peu péter les oreilles quand même mais on n'a pas le cœur à reparcourir le navire en long en large et en travers pour trouver un endroit calme où se poser.
Finalement la terre ferme se montre et nous pouvons débarquer. Arrêt ravitaillement alimentaire et recherche du camping. Un peu spécial le camping d'ailleurs, son concept hésite entre le parking aménagé et le parc au pied d'un immeuble, très étrange. On avait de nouveau tablé sur un contact via warmshowers mais on n'a pas eu de réponse. On se pose donc, fatigués malgré le compteur qui dément nos efforts de la journée.