109è jour : Tallinn (jour off)

8 juillet 2011

8,7 km, 4729 km au total

La chaleur dans la tente nous réveille ce matin. Hier soir nous avons choisi un coin à l'ombre étant donné le cagnard qu'il faisait mais forcément il est difficile de tout avoir. Nous prenons le petit-déjeuner tranquillement à l'extérieur sur le paréo, il fait bon on est bien.
Ensuite avec le tandem allégé au maximum nous rejoignons le centre de Tallinn et laissons le vélo. près des murailles de la ville. Balade à pied dans les petites routes pavées. Nous découvrons les églises des différentes confessions et profitons du fait qu'il n'est pas encore trop tard pour échapper aux masses de touristes qui petit à petit remplissent les rues. Le centre n'est pas très grand et les groupes s'agglutinent de plus en plus près des monuments et autres attractions.
Après la visite de la partie basse, nous prenons un peu d'altitude pour découvrir la ville haute, toujours aussi pittoresque.
Nous galérons ensuite une nouvelle fois pour trouver un restaurant. Nous avons 2 guides touristiques avec nous (GlobeMaster et le Petit futé) et malgré ça difficile de trouver un restaurant typique. Ceux du Petit futé sont risibles : "cuisine internationale", cuisine caucasienne, italienne, italienne, italienne... rhaaa, espérons qu'en Italie on trouvera plus de restos scandinaves :)
On s'écarte du centre pour aller dans une petite rue paumée pour trouver un resto typique... on fait le tour de l'immeuble correspondant sans rien trouver. Après un nouveau tour on trouve une entrée en sous-sol sur laquelle des enseignes ont été retirées... resto fermé !
Bon on doit être maudits !
On rejoint de nouveau le centre en traversant un... centre commercial où nous achetons un nouveau flacon d'huile pour le vélo. Celui qu'on a outre sa quantité trop petite par rapport à la consommation du vélo a le bouchon qui ferme mal. Il m'a fallu une heure avant hier pour nettoyer tout l'intérieur de notre trousse à outils, on va donc laisser tomber ce flacon :) Le comble c'est que c'est un flacon Zefal (français). Mort de rire.
Nous déjeunons finalement au "Barons" le resto d'un hotel un peu chic mais à la cuisine très correcte et pas chère. Nous mangeons tous les deux une salade de harengs/pommes de terre/ciboule. Hélène se laisse convaincre par une assiette de fromage et moi un fondant au chocolat avec un coulis de fruits et une boule de glace. Pas très local mais pas grand chose d'autre sur la carte.
Nous poursuivons nos pérégrinations notamment à la recherche d'une bonne carte des Etats Baltes. On regrette un peu de ne pas avoir acheté la Michelin hors de prix car ce qu'on trouve ici n'est pas fameux. Des cartes toutes petites, des échelles un peu pouries pour le vélo, ... Nous finissons donc par un road book au 1:430 000è qui devrait le faire. Etant donné la taille de l'Estonie ça n'est pas réellement la peine de dépenser une fortune pour des cartes hyper détaillées qui ne serviront même pas une semaine. A priori il y a une route à vélo (n°1) qui suit la côte ouest, on va suivre ça.
On fait également quelques magasins de sport à la recherche d'un bâton de rando... on en trouve une paire à pas chère. 3 fois moins que le moins cher à l'unité à Helsinki, c'est dire. On tente à tout hasard de négocier l'achat d'un seul mais pas moyen, on laisse donc le second sur place car nos calculs nous amènent à déduire que ça n'a pas d'intérêt de chercher à faire autre chose. Le trimbaler va nous embêter plus qu'autre chose et le renvoyer en France va nous coûter une fortune en frais de port, plus que le bâton lui-même !
On retrouve ensuite tranquillement notre vélo en profitant des petites rues par lesquelles nous ne sommes pas déjà passés. Globalement Tallinn est une ville qui se visite en une journée, pas vraiment besoin de plus sauf si vous voulez faire des musées mais il n'y en a pas des quantités non plus.
De retour au camping les français sont partout, c'est marrant. On se pose sur une table près de l'accueil où il y a du wifi et des prises électriques et tout autour de nous ça parle français, étrange.
Hélène étudie notre trajet pour demain pendant que je vous écris. Il fait un peu faim alors on va rejoindre la tente...
Ce soir la musique du festival dans le parc pas loin est un peu plus sympa qu'hier (trash heavy metal death qui pète les oreilles), on espère pouvoir s'endormir un peu plus tôt car pour éviter la chaleur demain, on a mis le réveil à 6h. minuit-6h c'est inhumain... je vous le disais que c'était un voyage et non pas des vacances !


110è jour : Tallinn - Keila-Joa

9 juillet 2011

43,6 km, 4772 km au total

Nuit courte, a 4h j'enlève les bouchons d'oreilles dans un demi sommeil (qu'est-ce qu'on est parfois stupide dans cas cas là) puisque le concert est fini... mais c'est sans compter sur les corbeaux et certaines mouettes qui se disputent je ne sais quoi. Boulet ! Nature : 1 / Olivier : 0.
Au moment de payer le camping c'est aussi un peu le coup de bambou : 44 euros pour 2 nuits, donc 22 euros la nuit (facile la division hein). On est sur le c*l. C'est plus cher qu'en Scandinavie !!! Pour un micro bout de pelouse et des sanitaires crades, des douches collectives qui ne sont en fait que les vestiaires de la salle de sport d'à côté.
Enfin la matinée n'est pas gâchée pour autant puisqu'au moment de partir, toujours un peu dans le pâté on se fait aborder à côté de l'accueil par une dame qui nous demande (en français) d'où on vient. Elle et son mari sont également cyclo-touristes, Mylène et Erick habitent en Gironde et sont partis depuis déjà plusieurs semaines pour un Gradignan-Helsinki. 3800 km jusqu'à Tallinn si j'ai bien compris. Ils ont fait plus court que nous mais prévoient d'aller à St Petersbourg, chose que nous avions initialement prévue mais abandonnée pour ne pas s'embêter à devoir gérer des visas. On discute un bon moment, ils nous filent leurs cartes de Pologne dont ils n'ont plus usage et des conseils sur les endroits qu'ils ont visité sur le trajet. Ils nous parlent de la côte nord de la Pologne (Gdansk notamment), avec Natalia c'est la deuxième fois qu'on nous conseille cet endroit... C'est pénible au niveau accès pour des raisons d'enclave Russe qu'on ne peut pas traverser (visa...) mais comme on n'est pas pressés, peut-être qu'on peut envisager un Vilius-Gdansk avant de redescendre vers Cracovie... On zapperait probablement Varsovie mais là encore les échos qu'on a eus jusqu'à présent étaient plutôt du genre "pas nécessaire d'y aller". Affaire à suivre.
On finit par décoller tardivement. On trouve pas mal de panneaux indiquant la véloroute européenne n°1 que nous allons à priori suivre pendant quelques jours puisqu'elle suit la côté estonienne. Peu après la sortie de la ville on découvre une nouvelle enseigne pour faire les courses. Hormis quelques offres promo placées n'importe comment (genre du muesli entre au milieu d'un rayon frais de viande, c'était déjà le cas dans le précédent supermarché), bref hormis ça c'est plus proche de la France que de la Scandinavie.
On trouve quelques petites originalités pour égayer le pique-nique qui se trouve être celui des 12 ans de notre relation Hélène et moi... tada ! Donc le déjeuner dans le cimetière (oui oui) sera agrémenté de rollmops (filets de harengs enroulés autour d'un condiment, typiquement un morceau de cornichon) et 2 petits desserts originaux dans l'esprit tiramisu ou pannacota. Les rollmops sont très bons, les desserts c'est moins réussi...
Alors qu'on s'écroule de rire une nouvelle fois quand je lis à Hélène quelques passages tirés du bouquin de Zoe Shepard, Absolument débordée, (je dis une nouvelle fois car hier soir déjà il nous a fallu un bon moment pour nous remettre d'un passage particulièrement désopilant. Bon le contenu du bouquin n'apprendra pas grand chose à quiconque à côtoyé un peu l'administration ou simplement été salarié dans une entreprise mais en tout cas qu'est-ce qu'on se mare à la lecture ).
Bref je m'égare. Donc alors qu'on rigole tranquillement un couple avec une petite fille nous aborde pour parler du tandem. Première fois qu'ils en voient un. Katherine et Alexander (comme d'habitude j'estime l'orthographe) sont estoniens mais ont pas mal voyagé notamment pendant leurs études (erasmus...). Elle a passé du temps à Saumur et lui à Paris. On discute donc un bon moment avec eux qui habitent à Tallinn mais rejoignent leur "summer cottage" un peu à l'ouest. Ca a l'air assez courant d'avoir une résidence secondaire d'été ici (en Finlande aussi d'ailleurs).
On reprend la route car plein de gens super biens habillés commencent à se rassembler non loin de nous, car l'église semble à priori être et proie à une cérémonie de mariage. On ne veut pas trop faire tâche mais on en profite pour regarder les jolies filles en robes légères et les beaux jeunes hommes en costume (enfin moi pas trop).
Ca me parait d'ailleurs le moment idéal de faire ce petit bilan que vous espériez chaque jour depuis qu'on a mis les pieds en Scandinavie : alors les filles elles ont toutes un physique de mannequin ou c'est un mythe ? Alors étudions un peu le sujet en détails. Tout d'abord les restrictions d'usage : cette analyse est basée sur notre expérience et est donc hautement subjective. Force est de constater que malheureusement dans la majeure partie des pays nordiques traversés les jolies filles ne sont pas aussi en majorité qu'on pourrait l'imaginer. La sédentarité et le macdo ont fait leur ravages comme un peu partout et même si on ne voit pas vraiment beaucoup de personnes obèses il y a quand même une bonne partie de la population en surcharge pondérale. On trouve forcément plus de jolies filles dans les capitales (Copenhague, je vous avais d'ailleurs déjà parlé de Copenhagen Cycle Chic) mais par exemple à Stockholm on n'a pas été transcendés ni submergés par des meutes de top-models suédoises contrairement à ce que la légende laisse penser (ah les Suédoises).
A Helsinki c'était déjà mieux :) La météo aidant et l'absence de complexes des filles (il fait beau je met un mini short ou une micro jupe) probablement lié aux saunas communs (j'ai pas dit mixtes) qui font que les filles sont plus habituées à voir le corps des autres et à ne pas se prendre la tête avec leur morphologie.
Mais il faut être honnête, depuis qu'on a traversé la Baltique pour rejoindre Tallinn on joue dans une toute autre cour. Là encore on a l'avantage de la météo qui raccourcit et allège les vêtements mais des jolies filles vous en trouvez à la pelle, ce qui n'est pas désagréable... :-) Rassurez-vous j'ai l'approbation d'Hélène qui me dit "non ça ne me dérange pas, ça prouve que tu as on goût" ouf ! De toute façon c'est comme pour les Volvo, moi j'analyse froidement et objectivement la situation uniquement pour vous faire un compte rendu et vous expliquer (au travers mes yeux certes) un peu un pays et ses habitants, point de voyeurisme là dedans...
Revenons plutôt à nos routes estoniennes que - si on nous avait parachutés dans ce pays sans nous en informer - nous prendrions sans problème pour des routes des landes. Le marquage est identique à ce qu'on trouve en France et les forêts de pins y ressemblent et tromperaient un landais s'il ne faisait pas trop attention au sol qui relève plus de la mousse bien humide que des dizaines de centimètres de couverture d'aiguilles de pins.
Après quelques montées nous surplombons une chouette plage dont Alexander nous a vanté les qualités, le sable blanc et l'eau transparente un peu plus tôt dans l'après-midi. Le temps est de plus en plus incertain et une espèce de brume rend la séparation mer-ciel très hypothétique. Nous poursuivons puis plongeons dans la forêt en quête d'un lieu de bivouac que nous trouvons, une fois n'est pas coutume en 30 secondes.
Nous montons rapidement la tente car l'orage gronde au loin mais je suis néanmoins suffisamment timoré pour effectuer un démontage du guidon du tandem... pourquoi ? remontons un peu en arrière.
Ma selle a bientôt 7000 km et j'ai toujours très mal aux fesses ce qui en théorie ne devrait pas trop se produire avec une selle en cuir moulée petit à petit à ma morphologie. Parmi les suggestions qu'on m'a faites, il en est une qui revient : être un peu plus droit sur le vélo, ce qui suppose remonter le guidon qui - en effet - est très bas. Lors de notre échange de vélo avec Teemu j'ai vu aussi qu'il avait pivoté un peu le guidon vers le haut, ce que je pouvais faire simplement, d'ailleurs la seule opération à priori dans mes cordes car sur les vélos modernes on n'a pas de possibilité de monter ou descendre la potence, la hauteur est fixe.
Avant hier j'ai donc effectué cette manipulation : pivot de quelques degrés du guidon... probablement trop de degrés car aujourd'hui j'ai eu assez mal aux poignets. Donc opération de ce soir : pivoter "un peu moins".
En observant la potence je vois qu'elle est asymétrique. Ah oui pour ceux qui ne suivent pas, la potence c'est la petite barre horizontale d'une dizaine de centimètres qui relie l'axe de la fourche (vertical) au guidon (autrement appelé cintre, c'est la barre où on pose les mains). Donc cette potence ne fait pas un angle parfait de 90° mais un truc du genre 75 ou 80... et elle est fixée de telle sorte que le guidon est plus bas que le haut de l'axe de la fourche (vous me suivez toujours ?). La magie c'est qu'on peut la fixer dans les 2 sens. Donc je la démonte la met à l'envers et revisse le tout. Hop au lieu de descendre de 10° maintenant ça monte de 10°. Ca n'est pas grand chose mais - pour une fois - chaque centimètre compte.
J'ai même le temps de tout remonter que l'orage ne m'a pas explosé au dessus de la tête. Cool, même si je suis un peu déçu car 2 heures après il n'a toujours pas éclaté. Je vous raconterai demain ce qu'il en a été ensuite. Je retourne à mes blagounettes de fonctionnaires avant le diner "d'anniversaire" : pâtes. Durant ce voyage il faut bien comprendre qu'il n'y a plus de standard, d'habitude relative à notre vie en France qui tienne : Que ce soit aujourd'hui ou pour un anniversaire par exemple : se faire des cadeaux ? Alors déjà comment gérer le simple fait qu'on est déjà chargés plus qu'il ne le faudrait, qu'on a tout ce dont on a besoin et par ailleurs le fait qu'on passe la journée ensemble, qu'on ne traverse pas forcément de grosse ville tous les jours, qu'on a rien d'autre pour cuisiner qu'un réchaud et une casserole... Notre cadeau de tous les jours c'est de pouvoir continuer à voyager, d'être en bonne santé et de profiter pleinement du périple. On a reçu un email avec des news de santé très mauvaises de la part d'un de nos hôtes du début du voyage et ça nous attriste fortement tout en nous confirmant qu'on a bien raison de profiter à fond de la vie.

111è jour : Keila-Joa - Padise

10 juillet 2011

37,5 km, 4810 km au total

Bon ben pas de pluie, d'éclairs et de foudre... un peu déçu mais au moins les affaires sont sèches.
A 6h30 quand le réveil sonne Hélène est dans un état lamentable, en gros elle n'a pas bien dormi et ça fait déjà plusieurs jours que les nuits sont courtes pour elle donc... tada, c'est dimanche... et hop +3 heures de ronflements intensifs (pour elle bien sûr) pendant que je termine un nouveau S.A.S (après je n'en ai plus)... Merci l'application Kindle de l'iphone et merci Alexandriz pour les bouquins... on se demande ce qu'on ferait sans lui... On décolle donc vers 11h en ayant abrégé un peu le petit déjeuner histoire quand même de rouler ce matin. On continue à longer la côte le vent un peu dans le nez mais le soleil plein les yeux. On rejoint Padiski, enfin on essaye. On s'est un peu rallongés histoire d'y passer car depuis ce matin les bleds que nous traversons ont entre 0 et 3 maisons... c'est un peu désertique. Ce qui est très déroutant pour nous autres français habitués des côtes ultra bétonées. La route à vélo oblique vers le sud un peu avant la ville et on la suit bêtement en voyant qu'il y a 2 panneaux de directions différents qui pointent vers la même ville... On débarque au sud de la commune, dans la zone portuaire. Cul de sac c'est l'entrée pour prendre le ferry pour quitter l'Estonie... pas terrible. On rebrousse un peu chemin et on prend la première route qui semble rejoindre le centre (le GPS confirme). Pas de bol, après quelques méandres entre de très jolis tas de ferrailles triés par couleurs et finesse de déchets, là encore ça se termine en cul de sac. On laisse tomber, pas envie de refaire 5 km pour visiter ce lieu qui visiblement n'a pas spécialement envie de se laisser découvrir.
On reprend notre itinéraire initial et on se dirige vers la plage pour déjeuner, il y a visiblement une vieille église en ruines et... un sous-marin échoué, ça peut être sympa.
L'église est en fait une maison en briques blanches en ruines récentes (genre construction amorcée et jamais terminée ou quelque chose du genre) et le sous marin est un gros bloc de béton qui sert de ponton pour amarrer quelques barques. Le charme s'étiole un peu, forcément, mais un mur encore debout de la barraque nous offre un peu d'ombre pour ne pas cramer en plein cagnard. Là encore étrange surprise, en fait à l'ombre avec le vent on se pèle bien comme il faut et on est obligés de ressortir les polaires. C'est assez bizarre.
Je profite du repos de la guerrière pour encore une fois bidouiller le guidon. L'inclinaison est toujours trop forte et j'ai mal aux poignets, donc redémontage du support de la sacoche pour accéder aux vis de la potence, reréglage du support du GPS pour que ce dernier soit bien droit une fois le guidon remis. Je commence à maitriser donc ça se passe plutôt sans accroc.
Nous repartons et redécouvrons le chaud bitume. Le vent a dû tourner et nous dans l'autre sens car on l'a plutôt dans le dos ce qui est bien appréciable, surtout couplé au relief merveilleusement plat. Le tandem file entre 22 et 30 km/h avec une régularité de métronome, ça fait un bien fou, ça fait un bail que ça ne nous était pas arrivé. On arrive donc très rapidement à notre lieu planifié peu avant : un petit camping en pleine forêt, recommandé par Erick et Mylène, nos girondins rencontrés hier matin. Le camping ressemble plus à une ferme qui accepterait quelques tentes ou caravanes dans son jardin mais ça n'a strictement rien à voir avec l'horreur de Tallinn dont on ne s'est toujours pas remis. Pour 10 euros on a là aussi du wifi gratuit mais aussi une vraie cuisine à notre disposition avec en prime un canapé et quelques provisions (thé, café, sucre) dans les placards. Il y a également un frigo, on en profite donc pour se faire un thé glacé pendant qu'on recharge nos petites affaires électroniques ! On est tellement tranquilles dans notre petite cuisine qu'on s'y fait même à diner pendant qu'on profite d'un album de Jeanne Cherhal via le son du Mac branché sur le 220V, le luxe :)

112è jour : Padise - Haapsalu

11 juillet 2011

61,9 km, 4872 km au total

Le réveil à 7h sonne à 6h30... couplé à l'utilisation de la cuisine pour faire chauffer l'eau du thé dans la bouilloire électrique, on est d'attaque avant même 8h30. Une belle journée de vélo en perspective. La micro supérette sur laquelle on comptait pour le ravitaillement n'ouvre qu'à 9h, on entame donc une espèce de traversée du désert les sacoches vides. 45 km d'affilée sans croiser la moindre bourgade, 45 km avec à tout casser 10 fermes, c'est impressionnant. Au bout de 20 bornes, au même moment Hélène et moi pensons à la même chose : On a bien fait de ne pas faire le tour de la Baltique par le nord entre la Suède et la Finlande sinon on aurait crevé d'ennui. Le vent n'est pas gentil avec nous mais comment dans l'ensemble c'est plutôt plat on file à un bon train. On a un peu coupé au lieu de longer la côte car dans les faits ça ne longe pas proche de la mer donc entre longer à 2 km ou à 10 autant prendre le plus court.
Du coup vers midi on a 56 km dans les pattes et on tombe à l'entrée de Haapsalu sur un supermarché. Pas de compotes à se mettre sous la dent (même rayon bébé ce ne sont que des pots en verre) mais hormis ça les rayons sont bien achalandés. Nos amis estoniens ont l'air fans des gâteaux Pim's qu'on retrouve pour la première fois depuis notre départ de France. Ils ont tous les parfums, les marques clones... c'est dommage que ça ne soit pas trop le genre de gâteaux adaptés au vélo (un Pim's après 50 km en plein soleil ça n'est pas beau à voir ni très pratique à manger).
La faim étant à son comble on tend notre fil à linge et notre paréo dans un parc juste à côté. Sympa hormis les moustiques qui sont avides de notre sang. On fait un carnage, espérons que l'espèce ne soit pas protégée. On ne repart que très tranquillement dans l'après-midi pour gérer quelques expéditions postales, trouver de l'eau meilleure que celle du camping d'hier (hyper ferrugineuse, elle eset vraiment couleur rouille dans le bidon) et rejoindre un lieu pour bivouaquer. On suit un peu côte, tombe par hasard sur le camping mais on n'est pas hyper motivés (2 jours de suite c'est un peu abusé), donc on s'enfonce dans un petit chemin et quelques centaines de mètres plus loin un coin accueillant nous tend les bras. Il faut juste gérer les moustiques qui là encore sont affamés.
Comme la journée a été calme et qu'il n'y a pas grand chose à raconter abordons quelques nouvelles de notre bien aimée sécurité sociale et ses ramifications (RAM pour les professions (para)médicales).
Si vous vous souvenez, en Allemagne Hélène était allée chez le médecin, puis chez un dermato qui lui avait fait une ordonnance pour des médocs suite à ses jolis boutons fleuris sur le corps. On n'a pas payé grand chose (forfait médecin 10 euros, le reste étant pris en charge automatiquement par la sécu Allemande à priori) et une douzaine d'euros de médocs. Néanmoins comme on a envie de comprendre un peu comment tout ça fonctionne on a fait ce qu'on avait cru comprendre et logique de faire à savoir envoyer les facture à la sécu d'Hélène.
Les documents nous sont revenus (à notre adresse postale en France) avec des papiers supplémentaires à remplir. On a beaucoup rigolé parce que si la fameuse carte de santé européenne est censée simplifier tout le système on n'a pas bien compris en quoi.
Premier document : "voulez-vous que ça soit pris en charge par la France ou le pays d'origine des soins ?" Ah ben voila une question intéressante !!! Et pourquoi ça serait à nous de décider ??? Et surtout comment et sur quelle base décider ? Aucune info. Bon on se dit que vu qu'il y a eu une prise en charge partielle par l'Allemagne à la source, on va dire "France" histoire que la sécu française rembourse le reste (en France aller chez le médecin ne laisse pas 10 euros à charge). On le fait au feeling parce que sincèrement on n'est pas aidés.
Ensuite il faut préciser sur chaque facture la nature des soins, le montant... ok je peux comprendre, tout le monde ne parle pas Allemand, c'est un peu la limite du système, on veut se la jouer "la sécu française marche dans toute l'Europe" mais sans avoir les moyens de gérer derrière. Pour le montant faut pas abuser c'est déjà écrit sur la facture !!! C'est un peu le principe d'une facture d'ailleurs. Bon donc on complète.
Là où ça devient plus rigolo c'est un document Cerfa d'une page à remplir. Là encore il faut préciser la nature des soins, pourquoi, combien, si ça a été pris en charge ou pas...
Le truc marrant c'est que ce qu'on a payé correspond à ce qui n'a pas été pris en charge, mais faut bien imaginer que le toubib Allemand il n'a pas été payé seulement 10 euros à la fin... Donc nous on a payé 10 euros, donc c'est ce qu'on reporte sur le document Cerfa... mais est-ce que ça a fait l'objet d'une prise en charge ??? la consultation oui mais pas les 10 euros qu'on mentionne... bref c'est totalement inadapté à la problématique.
Pas mal d'autres petites choses du même acabit, donc on remplit au mieux et on va (faire) renvoyer le tout histoire de voir ce qui se passe... on le fait vraiment pour le sport parce que c'est beaucoup d'énergie pour 22 euros qui ne nous seront probablement pas remboursés à la fin par une probable pirouette inattendue.
Les méandres de l'administration française, c'est pas Zoe qui me contredira !

113è jour : Haapsalu - Lihula

12 juillet 2011

59,7 km, 4931 km au total

Au moment de se coucher hier soir la pluie s'est mise à tomber. Au réveil, en croisant nos infos de réveils nocturnes Hélène et moi on en déduit que globalement il a plu toute la nuit... et ça continue. Du coup forcément, malgré le réveil à 7h on a tendance à trainer un peu les pieds, torturés entre l'envie de repartir et celle de ne pas se mouiller. Les moustiques ne nous oublient pas et avec la pluie c'est plutôt compliqué de gérer nos ablutions matinales. Finalement on se refait une petite injection de lecture en attendant que ça s'améliore... si ça doit s'améliorer. Finalement vers 10h ça s'améliore et à 11h on commence à faire nos premiers tours de pédales. Le vent est avec nous, le relief aussi et on se fait des sessions à 30 km/h sans forcer c'est bien agréable.
On enchaîne donc les kilomètres et on trouve une table avec banc et même un peu abritée de la pluie si jamais elle revient nous voir. Un pique nique et ça repart. Par contre après avoir contourné un parc naturel on oblique de sud-est vers sud-ouest le vent n'est plus vraiment à notre avantage. Heureusement on trouve pas mal de choses sympathiques, notamment des animaux. Tiens d'ailleurs c'est la journée des animaux aujourd'hui : ce matin, en démontant la tente, on trouve une grenouille, cet après-midi ce sont les cigognes qui apparaissent en masses. Une petite famille dans un nid en haut d'un poteau électrique, puis plusieurs autres au bord des routes, la dernière semble carrément regarder les ouvriers d'un chantier de surfaçage de rouge qui nous cause à nous bien des difficultés. 5 km de circulation alternée, sur de la caillasse et avec forcément les voitures qui débarquent dans le sens opposé alors qu'on est encore sur la portion à 1 voie. Le sable soulevé par les camions n'est pas mal non plus, et les cigognes se marrent pendant ce temps là.
On aperçoit en fin d'après-midi un renard qui a un truc dans sa gueule, on ne saura jamais quoi car quand il nous découvre enfin (vent dans le nez pour nous = il ne nous sent ni ne nous entend arriver), il détale plus vite qu'un lapin. Enfin ce soir en faisant un peu sécher la tente, une nouvelle grenouille vient nous dire bonjour.
Ce soir nous nous dirigeons, bidons vides vers un camping repéré hier sur une grande carte le long de la route. J'ai pris des photos pour bien repérer l'endroit. Après quelques gauche-droite pas très rassurants car aucun signe, tout au GPS, on se retrouve face au constat que le camping n'existe pas. On a croisé un éventuel champ vaguement squattable mais pas de robinet, de toilettes, de douche... On poursuit un peu puis vu qu'il y a des endroit plutôt ok un peu partout pour le bivouac on se décide à demander simplement de l'eau dans une ferme. On s'arrête à une entrée où on aperçoit un jeune homme. On lui parle de notre histoire de camping, il réfléchit et nous parle en effet de l'espace "où on peut camper" puis nous propose de venir poser notre tente dans son jardin qui est un peu plus loin. Meigo nous amène donc chez lui car là où nous sommes c'est chez ses parents. Lui vient d'acheter une maison... une histoire assez particulière. Un peu à l'écart dans la forêt vivait un vieux monsieur, solitaire, dans une vieille maison en bois. Il est décédé l'an dernier et comme il n'avait ni enfants ni aucun autre membre de famille, la maison est revenue à la ville. Meigo avait envie d'aller s'installer là-bas donc il a demandé à la ville s'il pouvait squatter en échange d'entretenir le lieu. Ca a été accepté, puis 6 mois plus tard la maison à été mise en vente via un système d'enchères... et il était le seul à enchérir. A 21 ans le voilà donc propriétaire de sa maison et... d'un hectare d'espace autour. C'est "petit" pour lui, nous on est un peu sur le c*l !
Alors la maison... comment dire. Avec nos yeux français, ça tient plus de la cabane forestière que d'une vraie maison. Ca ressemble un peu à nos discussions actuelles avec Hélène, à savoir "peut-être qu'en rentrant on peu trouver une vieille petite maison en état de décrépitude avancée à acheter, s'y installer et la retaper"... Ca ressemble aussi un peut aux maisons qu'on a pu voir en Norvège et en Suède dans les musées en plein air : maison en bois, composée uniquement de troncs bien épais. A l'intérieur au centre un gros poêle et une gazinière à bois (oui c'est un peu étrange comme mot). Pas d'électricité : le poteau arrive à 20 mètres de la maisons mais Meigo n'a aucune intention de s'y relier, ça ne l'intéresse pas. L'eau courante ? Non plus, il est déjà super content d'avoir découvert un puits, d'où sort une eau ferrugineuse qu'on espère potable pour nos intestins fragiles, car auparavant c'était 10 minutes de marche pour aller chercher de l'eau plus loin. C'est root, très très roots, mais en même temps on se sent bien. Il nous propose de dormir à l'intérieur plutôt que dans notre tente et après avoir discuté un bon moment il est rejoint par 2 copains qui reviennent de pêcher (sans succès) et qui préparent des pancakes pour le diner. On partage quelques crackers avec du fromage avec eux et Meigo fait également griller des céréales avec du sucre. A priori rien de spécialement estonien mais juste des choses basiques avec des produits simples et pas chers.
Pas de vrai travail, donc forcément pas de gros revenus, mais beaucoup de temps libre, de temps aussi à consacrer à la maison qui demande de l'énergie mais aussi une grande possibilité de voyager. Encore un qui refuse la rat race et qui a la liberté de partir quand il veut où il veut. Aucune facture à payer, un concept dont beaucoup rêveraient. La maison tu fermes la porte et tu peux revenir dans 6 mois si tu veux. Il y a bien entendu des contreparties et des adaptations. Il a depuis peu un téléphone portable, offert par ses amis... qu'il recharge une fois par semaine chez ses parents, où il profite également d'une connexion internet. Même chose pour certaines petites choses pratiques genre du beurre, pour faire cuire les pancakes, qu'il va chercher d'un coup de vélo au même endroit.
On pourrait croire à un léger manque d'authenticité genre "ok il se la joue je vis à fond dans et avec la nature mais dès que j'ai besoin d'un truc qui sort de l'ordinaire il faut que je compte sur papa-maman" mais je crois que dans la réalité c'est quand même beaucoup d'adaptation, et qu'il est bien courageux. Cet hiver après 2 semaines sans sortir de son terrain, à parler tout seul dans la maison (il n'est pas marié et n'a pas de copine actuellement même s'il a un physique qui doit bien faire craquer un certain paquets de jeunes estoniennes)... j'aimerai bien vous y voir...
En tout cas on passe une soirée très agréable, on apprend à ne pas être trop regardant sur l'origine de l'eau, sur la manière de laver la vaisselle (oui une bassine émaillée avec juste de l'eau tiède prise dans un récipient qui reste au chaud toute la journée dans la cuisinière...) C'est très roots mais on est bien et ça nous fait un énorme plaisir de rencontrer un estonien et de partager une tranche de vie avec lui et ses copains. Notre plan pour une rencontre via CouchSurfing (comme WarmShowers mais pas restreint aux cyclistes) à Pärnu (prochaine grande ville) ne pouvant à priori pas se faire pour cause de problème de dates on à au moins l'assurance via la rencontre de ce soir d'avoir traversé l'Estonie en découvrant au passage au moins une maison estonienne et son habitant. D'ailleurs Meigo est membre de Couchsurfing, on se demande juste comment il gère les emails des demandes... il ne doit pas trop falloir prévenir à la dernière minute.

114è jour : Lihula - Pärnu

13 juillet 2011

59,9 km, 4991 km au total

Nuit paisible et réveil tranquille, Hélène est un peu dans les choux, même si elle n'aime pas trop l'admettre c'est difficile pour elle ce côté très primitif. Ok on est à l'intérieur mais l'éclairage à la bougie de la veille, la vieille cuisinière qui maintient l'eau tiède pour le thé, la cabane en bois avec un trou, à 50 mètres de la maison en guise de toilettes c'est un peu trop pour elle. Là encore on retrouve cet espèce de sentiment d'insécurité, pas forcément pour nous d'ailleurs, mais juste d'imaginer notre Meigo sortant par -10°C et 1 mètre de neige, isolé de tout, pour aller aux toilettes. C'est presque plus d'imaginer les situations de "crises" qui rend la situation actuelle difficile à vivre.
Fin des pancakes au petit déjeuner, pendant que je jette un coup d'œil à la viande hachée enrobée de pâtes (genre de raviolis ouverts aux deux bouts) qui est restée toute la nuit à l'air libre, à priori c'est pour un repas dans la journée... pas de frigo, 25°C dans la pièce, même nous qui sommes habitués des yaourts tiédasses et du jambon blanc qui vire de l'œil c'est un peu hard comme vision. Les mouches ne sont d'ailleurs jamais très loin.
Encore plein de sentiments contradictoires qui nous assaillent, ceux de passer des moments privilégiés avec une personne super ouverte, accueillante, charmante, et en même temps de ne pas se sentir à sa place. Dur.
On repart rapidement et on retrouve notre route principale après s'être fait un peu courser par un chien. On a un peu l'impression de retrouver le monde mais cette impression ne dure pas puisqu'on retrouve surtout le vide. Des kilomètres de routes, qui ressemblent à nos routes entre deux villages en campagne, sauf que quand un panneau annonce l'entrée dans une commune il n'y a strictement rien. De temps en temps une ferme sur un côté au loin ou un groupe de vieux petits immeubles de 2/3 étages, probablement vestiges de la période soviétique, mais pas une église, pas une boulangerie ou une boutique quelconque. Pas de regroupement de gens autour de n'importe quoi, juste une route avec quelques chemins qui s'enfoncent loin pour rejoindre une hypothétique bicoque. Très très déroutant.
On enchaîne ainsi plusieurs dizaines de kilomètres. On apprécie bien le terrain plat qui nous a tellement manqué en Scandinavie mais on commence presque à s'ennuyer.
On finit par trouver ce qui semble être une petite épicerie et presque rien que pour croiser du monde on y achète une bouteille de coca et une bouteille d'eau. Ce matin on n'a pas trop cherché à faire le plein en eau, juste un bidon "au cas où". On doit probablement être trop méfiants, Meigo on est désolés si jamais tu lis ces mots, c'est juste difficile pour nos (mes surtout) petits intestins fragiles de prendre trop de risques. Le plan 3 jours de diarrhée c'est pas terrible à vélo.
Quand on se pose à midi dans un abri bus en plein milieu d'une ville dixit le GPS, au milieu de rien du tout dixit nos yeux, on découvre que notre salade de betteraves rouges est sortie de sa barquette alors qu'elle n'était pas censée être ouverte et qu'elle a de drôles de couleurs. Une fois de plus étant donné la prise de risques d'hier on préfère ne pas surcharger nos intestins et on mange donc nos sandwiches seccos : pain jambon fromage.
Une voiture s'arrête, une dame en sort et nous demande dans un français hésitant d'où on vient. Elle est comédienne et actrice et revient de Paris où elle a tourné "Une estonienne à Paris" qui sort début 2012. Elle est super contente de parler français, elle fait un peu un monologue car elle veut vraiment parler. On arrive un peu malgré tout à parler du voyage mais elle repart rapidement car elle va travailler, un autre petit boulot "pour les vacances" comme elle dit. Rencontre furtive mais très sympa.
On repart pour rejoindre un camping sur le front de mer à côté de Pärnu. 4 euros, vue sur le mer, parfait... bon il faut rajouter 2 euros pour la douche (dont il faut demander la clé) et accepter l'idée qu'il n'y a pas d'endroit ni pour laver le linge ni la vaisselle... roots, très roots, ça commence à devenir une habitude. Mais en parallèle il y a du wifi, gratuit. C'est un peu l'exemple même de ce qu'on ressent comme étant le paradoxe de l'Estonie. Un pays qui a longtemps végété pendant la période soviétique et qui d'un seul coup explose sans se préoccuper du passé. Comme dans beaucoup de pays d'Afrique on passe de "pas d'électricité" au téléphone portable sans toutes les transitions intermédiaires qu'ont connues les pays comme la France ou les Etats-Unis.
Il y a à peine les toilettes mais du wifi. Les antennes de téléphonie mobile ont poussé partout (et souvent par paire comme si les 2 opérateurs du pays avaient fait chacun leur petite installation dans leur coin) au bord des routes où il n'y a rien ni personne. La couverture est parfaite (de la 3G dans la forêt !) pour un pays bien vide. La page Wikipédia de l'Estonie est très intéressante et reflète justement ce paradoxe.

115è jour : Pärnu (jour off)

14 juillet 2011

21,0 km, 5012 km au total

Pas de réveil et hésitation sur le programme de la journée, finalement la glandouille a raison de nous et comme Hélène n'est pas dans un état de forme gastrique exceptionnel on décide de rester une nuit de plus au camping et de profiter de la journée tranquillement pour faire un aller-retour dans le centre de Pärnu qui est quand même à 10 km du camping.
Sur le chemin on passe notre 5000è kilomètre, tada ! Pas mal. Le tout le jour de la fête nationale française, cocorico !
Pärnu est une ville très étrange, on nous l'a décrite comme la capitale d'été de l'Estonie... Notre vision confirme certains faits (plage, cafés, boutiques de maillots de bains...) mais en même temps cette ville dégage bien d'autres choses, et pas que des bonnes. Ce que j'expliquais hier sur le contraste des périodes bat ici son plein : des vieilles baraques en bois totalement délabrées et à l'abandon, certaines super bien retapées. Des bâtiments aux lignes communistes, aux peintures et au béton écaillés, aux fenêtres murées, et d'autres bâtiments à quelques dizaines de mètres avec la même architecture mais en super état (banque SEB par exemple). Il y a aussi quelques bâtiments ultra modernes habillés de verre et d'acier. Le contraste non pas à chaque coin de rue, mais carrément au sein d'une même rue. Très déstabilisant. La météo lourde n'aide pas à se débarrasser de cette vision collante, luisante de crasse et de BMW de nouveaux riches (tiens Lucas on a vu la cinématique du toit d'une Volvo C70, c'est vrai que c'est sympa). Une ville fantôme avec des gens aux terrasses. Des parcs déserts en plein mois de juillet, on est perdus, un peu comme à Berlin. indescriptible.
Cette fois on va directement au restaurant "cuisine estonienne" signalé dans notre guide sur l'iphone. C'est ouvert, pas de carte à l'extérieur, on tente notre chance, on verra bien. La carte est en russe et en Allemand, pratique... Après discussion on nous apporte une carte en anglais... notre maîtrise de l'anglais à du aiguiller notre serveuse vers un mauvais pays. On se décide donc ce midi à manger de l'élan pour moi et du sanglier pour Hélène. L'ambiance du resto c'est très "moyen-âge", à croire que l'histoire estonienne a eu un gros break pendant toute la période communiste... et après sont arrivées les pizzerias :-) La bière de ce midi est servie dans une chope en terre, et les pommes de terre au thym dans un genre de diable en terre cuite du même acabit. En tout cas c'est très bon et atypique (quelques légumes anciens et étranges accompagnent les viandes).
On se balade un peu l'après-midi mais on a rapidement fait le tour. On est dans l'une des plus grandes villes d'Estonie (4 ou 5è je crois) et pourtant on a l'impression que Saint-Gilles-Croix-de-Vie sur la côte vendéenne c'est plus gros.
Le ravitaillement alimentaire est assez catastrophique. On veut de quoi manger pour 3 jours (car le 3è c'est dimanche) mais le petit supermarché nous laisse totalement démunis, sans aucune inspiration alimentaire, rien de très adapté à notre problématique d'absence de frigo et de poêle à frire... Avec le temps plombé c'est une espèce de léthargie qui s'empare de nous et nous fait continuer la journée comme deux pantins désarticulés totalement mous.
On refait donc rapidement nos 10 km en sens inverse et avant même que j'ai pu sortir le Mac de son sac, Hélène est endormie.
Je galère un peu pour mettre en ligne la vidéo de nos 5000 km tournée dans le resto ce midi. Le wifi du camping est moyen, il me faudra une heure et demie, les fesses meurtries sur une marche en béton près de la réception pour enfin recevoir le message de confirmation de Youtube. C'est bon je peux rentrer, retrouver une Hélène qui émerge doucement. Après le déjeuner médiéval de ce midi les pâtes ne nous branchent pas et on s'improvise un apéro dinatoire avant de replonger, chacun de son côté dans un bon bouquin pendant que la pluie commence doucement à balancer ses goutes sur la toile bien tenue de notre tente.

116è jour : Pärnu - Kabli

15 juillet 2011

58,8 km, 5071 km au total

La nuit a été féroce, la pluie n'a pas beaucoup faibli et le vent a fait des ravages dans les tentes voisines. C'est toujours une petite satisfaction malveillante que de voir les doubles toits toucher la partie intérieure de la tente et de voir les occupants écoper. Même chose quand on voit un duvet trempé posé sur le toit de la tente dans l'espoir un peu vain qu'il sèche. Dans ces instants on bénit MSR et on sourit intérieurement que ça ne soit pas nous. Ben oui, même si notre périple peut vous laisser des doutes, on est humains !
On harnache tout notre bardas sous les yeux incrédules et pas bien discrets de la moitié du camping et on reprend la route effectuée la veille. Le vent souffle, pas toujours à notre avantage mais rejoindre Pärnu se fait les yeux fermés.
Il faut croire que nos sourires machiavéliques intérieurs sur nos voisins trempés sont vengés car à la sortie sud-est de la ville on ne tombe pas sur un super grand supermarché mais sur trois ! On est dégoutés d'avoir galéré à essayer de composer des menus hier avec des ingrédients pas très pique-niquables ni bivouaquables mais il est trop tard...
Nous rejoignons de nouveau notre route à vélo numéro 1 qui longe la côte et descend plein sud vers la Lettonie et Riga en particulier. Les panneaux nous confirment qu'on est bien sur la véloroute mais elle n'a de vélo que le nom. C'est une bonne grosse nationale pleine de camions et il y a 20 centimètres de bitume de l'autre côté de la ligne blanche qui borde la route et c'est tout. Après c'est du gravier (cool à vélo) puis de l'herbe (pas beaucoup mieux). On est un peu dégoutés mais en même temps il n'y a pas vraiment d'autre chemin. Il faut donc s'enquiller un paquet de kilomètres pas forcément drôles avec pour compléter le tableau une météo qui n'attend que l'autorisation officielle d'on ne sait qui pour nous balancer ses litres de flotte sur la tronche. Parfois elle se lâche juste un peu du genre "rha c'est dur de se retenir" mais il faut croire que le service concerné fait grève car l'autorisation ne viendra pas, pour notre plus grand plaisir.
Déjeuner-abri-bus-bien-abrité, au moins du vent qui souffle toujours et après le sandwich sans salade ni sauce pour faire passer le jambon/fromage on se fait une nouvelle rasade de bouquin. Depuis hier c'est Hugh Laurie qui régale avec un style plutôt plaisant : enfin quelqu'un qui ose mettre des parenthèses dans son récit, je me sens moins seul. Oui, oui, prenez n'importe quel bouquin, c'est navrant de classicisme. Les ombres en toutes lettres, pas de parenthèses, peu de néologismes... et l'originalité dans tout ça ?
Enfin bref la suite de la route est un peu plus sympa puisqu'on finit par quitter cette nationale surchargée (façon Estonie, rien à voir avec une nationale entre Lyon et Marseille que nous connaissons bien). A la place des villages avec un peu rien et une route qui longe la mer. On se prend à rêver de pouvoir bivouaquer à 10 mètres de la mer, il suffit de trouver une petite route à droite, traverser les 100 mètres de forêt et ça devrait le faire. Sauf qu'il y a un hic : même si le GPS indique des dizaines de petits chemins sur la droite, tous sont privés et mènent à des maisons, fermes, ... En gros tous les 100 ou 200 mètres il y a une propriété et son terrain occupe tout l'espace. Bref, aucun accès la mer. On fait quelques kilomètres comme ça, rien, que dalle. Finalement à l'entrée d'un des chemins un panneau qui indique l'entrée dans un camping. On y trouve une zone d'herbe tondue avec une vue magique sur la mer, les rochers, les cigognes, ... avec les nuages menaçants que parfois le soleil parvient à percer c'est exceptionnel et la magie ne coûte que 4 euros. Si vous allez un jour sur la côte estonienne on vous recommande cet endroit (vous devriez trouver la position du camping via la page "position" de ce site). Pour ne rien gâcher, en ce jour de plein été il doit y avoir 1 camping car, 1 grande famille dans 3/4 tentes et nous. Pas vraiment la surcharge. En tout cas le diner avec vue sur la mer c'est toujours un énorme plaisir.