164è jour : Röhrabrunn - Wien (Vienne)

23 septembre 2011

57,3 km, 7084 km au total

Les pieds dans le champ bien mou de terre retournée nous assistons au décollage loupé du soleil. Il traîne derrière les arbres, puis se cache derrière quelques nuages... c'est un peu loupé pour le séchage de tente. Pas grave.
On reprend notre petit bonhomme de chemin plein sud, enfin presque car la route sillonne régulièrement entre les points culminants histoire de nous éviter une trop grosse grimpette. On se prend quand même bien sûr une bonne dose de relief mais ça reste tout à fait gérable pour nos petits muscles fatigués. On se fait une petite pause rapide pour les courses, juste pour ce midi et pour compléter le repas de ce soir en cas de warmshower aborté. En effet pas de réponse à notre SMS d'hier soir... car en fait voilà un peu l'idée : n'ayant toujours pas de nouvelles on a contacté une troisième personne. La réponse à été plutôt rapide : je ne suis pas à Vienne mais il y a mes collocataires avec qui vous pouvez vous arranger et squatter ma chambre. Super, on a envoyé un SMS au colocataire mais la réponse n'est finalement arrivée que ce midi... alors qu'en réalité il a été envoyé à 1h47 du matin. Ca c'est un peu la magie des SMS, surtout à l'étranger, les délais de réception sont comment dire... très aléatoires. Ca va de 5 secondes à 2 jours.
Donc le SMS de ce midi nous indique que ça va pouvoir le faire, qu'il faut juste qu'on s'arrange dans la journée pour les clés car il n'y a pas toujours du monde à l'appartement. Finalement David nous appelle en milieu d'après-midi pour nous indiquer la marche à suivre : on va tout simplement récupérer une clé qui sera dans une enveloppe dans le bar en face de chez eux... très bien.
Entre temps on a donc rejoint le... Danube ! Tada, l'Eurovelo 6 par la même occasion, pour nous c'est une nouvelle étape qui vient d'être franchie. Un nouveau signe de quelque chose, même si on ne sait pas trop quoi. En plus côté timing on est très bien, on n'a pas traîné depuis Cracovie malgré nos quelques imprévus sur la route...
Suivre les premiers kilomètres de cette route est un peu magique, en plus c'est un peu n'importe quoi, ça n'est pas une piste cyclable, non globalement on a l'impression qu'il y en a quatre, deux de chaque côté du fleuve, avec des variantes, des alternatives... impressionnant.
L'arrivée sur Vienne est aussi très chouette puisqu'on arrive presque jusque chez notre warmshowerien sans quitter une piste cyclable. Mention spéciale aux traversées du Danube qui se font sous un pont de chemin de fer avec des rampes d'accès façon parking sous-terrain de voitures, en colimaçon, c'est assez rigolo. Ensuite ça enchaîne les aménagements cyclables dans tous les sens, le tout en passant devant un paquet d'immeubles tous plus beaux les uns que les autres, super bien restaurés, ... on a hâte de visiter.
On arrive donc au bon endroit (merci le GPS), trouve notre enveloppe sans souci et découvre donc l'appartement et la chambre de Klemens qui est en train de faire du vélo en Allemagne. Nous allons aussi ce soir partager la pièce avec deux Coréens qui eux aussi voyagent en vélo. Après avoir profité d'une bonne douche et lancé une lessive nous découvrons progressivement les autres colocataires qui rentrent du travail, passent en coup de vent... on mange nos pâtes en discutant, c'est à la bonne franquette, chacun s'organise et vit sa vie dans son coin, Hélène est un peu perdue dans les "mais sinon c'est quoi les règles ? et ça s'organise comment ? Désolé de dérangé mais est-ce que je peux...". C'est un appartement de 4 mecs (et une fille mais visiblement elle n'est jamais là), c'est donc les règles d'un appart de mec, vous l'avez déduit vous-même : pas de règles, pas d'horaires, pas d'organisation, le choses se produisent et se font, c'est tout :-)

165è jour : Wien (jour off)

24 septembre 2011

7,2 km, 7091 km au total

Réveil tranquilou, très calme, petit dej dans la même ambiance avec nos 2 Coréens avec qui on discute un bon moment. David nous rejoint un peu plus tard et on en profite pour glaner quelques informations sur Vienne, les trucs à voir...
Notre première idée reste malgré tout : rejoindre le centre, lever le nez et tourner les yeux autour de ce qu'on voit. Ce n'est qu'après midi qu'on décolle finalement.
On fait comme on a dit et on commence par se retrouver dans un parc entre 2 bâtiments majestueux (ne comptez pas sur moi pour vous dire si c'est la Palais truc ou le parlement bidule) et dans ce parc imaginez une foire expo genre ce qu'on trouve porte de Versailles à Paris mais uniquement dédié aux sports auxquels vous pourriez vous inscrire à la rentrée. Sauf qu'au lieu de stands ennuyeux qu'on peut trouver sur un salon de l'informatique (ah pardon ça c'est au CNIT à la Défense) ils réussissent à recréer le lieu ou la manière dont vous pouvez exercer le sport en question et vous pouvez même essayer. Donc ok un mini terrain de volley c'est facile. Un mur d'escalade pourquoi pas. Mais ça se corse rapidement puisqu'il y a quand même une piste de bobsleigh et un container vitré rempli d'eau dans lequel on peut s'initier à la plongée sous-marine !
On traverse rapidement parce qu'on a déjà notre dose de sport pour rejoindre une des rues piétonnes principales de la capitale. On pose le vélo près d'un café et juste en face, oh un magasin entier de cartes de rando. On en profite donc pour acheter une carte de la côté roumaine et bulgare ainsi que l'ouest de la Turquie jusqu'à Istambul. On a déjà les 3 guides de l'eurovelo 6 (en allemand s'il vous plait car ils sont plus récents que ceux qu'on avait pu trouver en anglais).
A la sortie de la boutique on trouve un petit mot sur notre tandem, en anglais "We have the same tandem here. Bill&Patty" avec leur adresse email. On s'attendait à lire "merci de ne pas garer votre vélo là" parce qu'il était un peu accroché à un lampadaire du café mais non, c'est une surprise bien sympa. Forcément on se trouve rapidement du wifi et alors qu'on déjeune dans un petit resto (pas local donc pas de photos mais parfois il faut bien manger et quand on a faim on prend ce qu'on trouve :-) on leur envoie un email pour essayer de les rencontrer. On recevra dans la soirée une réponse, envoyée depuis l'aéroport, ce sont deux américains qui vivent actuellement à Shanghai et qui repartent là-bas après un Passau-Vienne avec leur Co-motion Speedster Copilot, vraiment exactement le même tandem, qu'ils adorent visiblement autant que nous, hormis les galères en avion :)
Nous poursuivons la visite de la ville à pied et déambulons entre les bâtiments absolument hallucinants de cette ville qui n'a rien à envier à Paris. Les bâtiments sont vraiment super bien rénovés, et partout où on pose les yeux c'est un bâtiment plus beau que le précédent. Il y a aussi beaucoup d'efforts de modernisation et les intégrations modernes sont vraiment très bien faites, avec beaucoup de subtilité, de verre (forcément), de sobriété pour s'associer au style plus chargé des bâtiments historiques, bref c'est vraiment une ville hallucinante au niveau architectural, Hélène et moi avons un gros coup de cœur.
La grande taille de la ville (et notre expérience des capitales européennes :-) nous permet le constat suivant : Dans les petites capitales il y a souvent un petit centre historique uniquement peuplé de touristes et de boutiques pour touristes, c'est le cas par exemple de Tallinn (Estonie). Les habitants vivent, sortent, font leurs courses dans les parties périphériques de la ville. Du coup il y a un espèce d'effet Disneyland qui a transformé le centre historique en parc d'attraction. Vienne n'est justement pas une de ces villes. Les bâtiments historiques touristiques sont répartis sur une plus grande surface, ainsi que les boutiques, et entre tout ça il y a des logements pour les locaux, des magasins pour eux, ... bref il y a un mélange beaucoup plus concret de la population et des touristes qui fait toute la différence entre une ville et un parc à touristes !
Nous enchaînons donc les rues, les boutiques de luxe (pour info Vienne me parait un bon endroit pour acheter une montre suisse :-), les détours entre les immeubles pimpants, ... la météo est absolument phénoménale, une belle après-midi d'été.
Nous regagnons notre tandem et rentrons faire quelques courses histoire d'avoir de quoi petit-déjeuner demain matin... et faisons face à une grosse surprise, le samedi passé 17h il nous est impossible de trouver un semblant de supermarché ou d'épicerie ouverte. Même les grandes enseignes comme Spar ou Hoffer (Aldi) sont fermées. On laisse tomber, on jeunera demain et on rentre à l'appart déposer le vélo. Nous ressortons rapidement pour trouver un resto plus typique que celui de ce midi, on sait déjà où on va aller : juste au bout de la rue de l'appart où nous sommes il y a visiblement l'endroit parfait que David nous a conseillé ce matin. On débarque : fermé !!! On a vraiment la poisse avec les restos ! On erre donc, désœuvrés à la recherche d'un truc pas italien ni turc, et comme toujours c'est le plan galère. On finit quand même par trouver quelque chose de sympa où nous dégustons un goulash pour moi et du porc au choux pour Hélène. C'est très bon et une fois de plus ça donne l'occasion à Hélène de conclure sur ce fait : les français ne savent vraiment pas préparer le choux ! Ce dernier peut être très doux, pas acide et digeste... je suis sûr que vous avez en mémoire la difficile digestion du choux acide d'une choucroute française...
Nous rentrons ensuite à l'appart profiter de la fin de la soirée tranquillement.

166è jour : Wien (jour off 2)

25 septembre 2011

14,5 km, 7105 km au total

Encore un réveil bien tranquille, l'appartement est très calme le matin :-) Après les traditionnelles discussions de petit dej nous nous décidons pour Schönbrunn... c'est à dire aller visiter le palais d'été d'Élisabeth de Wittelsbach (plus connue sous le nom de Sissi) et de son mari l'empereur François-Joseph mais aussi avant celui de Marie-Thérèse d'Autriche (mère entre autre de Marie-Antoinette) avant eux.
Le château est un peu à l'extérieur du centre, comme Versailles vis-à-vis de Paris et d'ailleurs a beaucoup de ressemblances avec Versailles : jardins à la française, quantités de dorures à l'intérieur, mais le style est plus rococo que Versailles et un peu plus petit aussi. Il y a aussi (forcément) des ressemblances avec Vaux-le-Vicomte pour les connaisseurs.
Nous avons visité l'intérieur qui est très beau mais pas le droit de prendre de photos. On notera particulièrement les poêles imposants dans la majorité des pièces, les volumes bien de l'époque : la salle de réception de 420 mètres carrés est pas mal et perd un peu Hélène dans les dimensions de ses plans de maison :)
Après la visite de l'intérieur nous déambulons dans les jardins (accès gratuit pour info), jouons avec quelques écureuils pas farouches qui nous piquent une partie de notre déjeuner : des fruits secs dans un sachet. Nous errons un peu autour du zoo dans l'espoir de voir quelques animaux mais malheureusement on ne voit pas grand chose de l'extérieur. La balade nous mène un peu en altitude, d'où on a une vue grandiose sur le jardin et le château mais aussi la ville aux alentours. Une petite pensée nostalgique pour Montmartre nous traverse.
Ensuite il est déjà l'heure de retrouver notre tandem pour la seconde partie de la journée qui s'annonce sportive. Avant d'entrer dans les détails je fais un peu de teasing, je pense qu'Hélène acceptera de vous parler plus en détails de la fameuse Sissi car elle l'intrigue et intéresse beaucoup... en raison du rapport qu'elle avait avec son corps et l'alimentation, mais je ne vous en dis pas plus.
Donc nous reprenons le vélo et la piste cyclable qui longe un genre de canal (un peu à sec en cette période de l'année) et replonge dans le centre direction... l'opéra.
Les 2 voyageurs coréens nous ont parlé d'un moyen d'aller voir un opéra dans le mythique bâtiment viennois pour pas cher, que dis-je, pour 3 fois rien... en contrepartie bien sûr d'inconvénients. Comme on n'a jamais réussi à avoir des places pas chères pour un opéra prestigieux à Paris c'est l'occasion ou jamais de se lancer.
Ce soir nous allons donc voir Don Giovanni. Entrons un peu dans les détails car je suis sûr que ça intéressera les visiteurs potentiels futurs de la ville (qui vaut vraiment d'y aller passer un long week-end en amoureux).
Allez, voici les détails, il faut s'accrocher un peu parce que forcément comme je l'ai évoqué, il y a des contreparties.
Heure du début de l'opéra 18h30. Il suffit d'aller voir le site web de l'opéra pour savoir que c'est complet sauf quelques places au dessus de 200 euros... mais c'est pas grave, complet ou pas on a notre chance.
A 16h30 il faut aller sur le côté de l'opéra (ouest) et entrer par une petite porte qui indique... "standing places" ou quelque chose comme ça... vous nous voyez donc venir (pour ceux qui parlent anglais)... on va voir un opéra mais on sera débout !
A 16h30 il y a déjà du monde dans la file d'attente et le mieux à faire est de... s'asseoir, histoire de se ménager les jambes. De toute façon la billetterie n'ouvre pas avant 17h10 (le truc officiel c'est 80 minutes avant le début de la pièce).
A l'heure en question la file repasse en position debout et là ça va très vite : 1 place par personne maxi, tu payes en liquide et il y a un choix à faire sur le type de ticket : 3 ou 4 euros. Il y a deux séries à 3 euros, on n'a pas bien compris la différence, je crois que c'est l'endroit où on sera mais je vous recommande celles à 4 euros, vous verrez pourquoi ensuite. On nous avait précisé que l'euro de plus permettait de rentrer avant les autres et donc d'avoir de meilleures places (elle ne sont pas numérotées) mais c'est plus subtil que ça.
Donc délestés de nos 8 euros nous pensons rejoindre la sortie pour retrouver David qui nous attend à l'extérieur pour passer un petit moment dans le centre avec lui avant le début du spectacle mais en fait non, on nous oriente directement vers l'intérieur. Nous découvrons donc notre parc à bestiaux, encore que les vaches ont plus de place que ça. Néanmoins c'est vraiment bien fait, il ne sagit pas d'être dispersés en vrac debout contre les murs derrière les fauteuils des riches viennois mais il y a un petit carré avec des barrières tous les 50/60 centimètres entre lesquelles chacun peut s'appuyer, consulter les sous-titres (en anglais pour la pièce en italien) et chaque rang est un peu plus haut que le précédent (il y a une marche) ce qui permet même aux petits et petites de voir correctement.
Une hôtesse nous fait un speech (directement en anglais, même pas en autrichien c'est dire qu'ici c'est métissé) pour nous expliquer le principe, elle nous prévient qu'il va faire chaud, qu'on a intérêt à avoir bu pas mal d'eau avant, et que maintenant on doit attacher un foulard ou équivalent à la barrière devant nous pour marquer notre place et sortir en attendant le début de la pièce. Nous découvrons au passage l'histoire des billets à 3 euros : nous avons la chance d'avoir barrière et petit écran LCD pour la traduction devant nous mais les autres seront ensuite disposés dans le couloir entre nous, avec rien pour s'appuyer, ça s'annonce très très sport.
Nous ressortons donc avec joie car dans l'histoire nous n'avons rien eu le temps de boire ni de manger. Une barre de céréales, quelques fruits secs et 25 cl d'eau chacun depuis le petit déjeuner on commençait à avoir un peu peu de tourner de l'œil. Nous enfilons donc rapidement un sandwich et une bonne quantité de liquide sur les marches de l'opéra en matant copieusement les arrivées des gens qui ont les moyens. On est déjà au spectacle car rien n'a changé depuis des siècles, c'est clairement le défilé de mode et l'occasion de se montrer en publique. Les seuls hommes pas en costume et femmes pas en robe chic et talons hauts sont les personnes que nous avons déjà croisées sur notre parterre pour pauvres. Néanmoins c'est agréable de constater que tout le monde se mélange allègrement sans trop de formalités et qu'il n'y a maintenant plus de différence dans les entrées. On emprunte donc les mêmes escaliers, mêmes toilettes, ça ne fait pas trop 3è classe du Titanic avec des grilles pour s'assurer que ces passagers ne risquent pas d'aller croiser des 1ère.
Nous retrouvons donc nos places et Don Juan peut se montrer.
Le spectacle est très chouette, pour nous c'est donc une première, on a un peu de mal à jongler avec la vue de la scène et les sous-titre pas super pratiques mais bon en même temps l'histoire on la connait un peu et globalement il suffit de lire les 3 premières phrases du début d'une scène pour comprendre globalement la situation. Malgré la position debout c'est un moment magique de se dire qu'on est là à l'opéra de Vienne après plus de 7000 km de vélo, à regarder l'orchestre jouer au rythme des acteurs (ou plutôt l'inverse), bref c'est génial.
Hélène nous fait une petite chute de tension au bout d'une demi-heure et s'assoit par terre quelques minutes mais retrouve finalement des couleurs. Comme elle est petite, la rambarde est un peu haute pour elle et c'est plus facile pour moi qui ait la possibilité de poser un peu les fesses sur une barre transversale de la barrière pour atténuer un peu la pression sur les pieds.
Autant être honnête, physiquement, surtout après une journée de balade c'est éprouvant, mais en même temps cet effort permet d'obtenir en retour quelque chose de magique... finalement ça ressemble assez au principe de faire 50 bornes de vélo par jour : on a mal aux fesses mais on y gagne des vues magnifiques, des rencontres géniales, ...
L'entracte est le bienvenu pour prendre l'air et de nouveau l'occasion de flirter avec le monde de la Visa Black ou Platinium qui règle les coupes de Champagne et les petits-fours.
Après la fin nous retrouvons David (enfin) pour passer un petit moment avec lui et mangeons falafels et kebab (de poulet !!!) histoire de reprendre des forces. Nous rentrons finalement à l'appartement discuter un peu gadgets électronique (appareil photo, kindle, iphone) avec David qui a quelques projets d'achat en cours de réflexion. Nous tentons aussi une petite réparation de la connexion "droite" de notre gaine de câble de dérailleur qui s'abime petit à petit à cause de la sacoche de guidon mais ça ne fonctionne pas, on manque toujours de la petite pièce magique qui va au bout de la gaine... affaire à suivre, ça n'est toujours pas critique mais c'est juste un peu pénible, quand à l'arrêt on tourne trop fortement le guidon (genre 90°) la gaine sort de son logement et c'est un peu galère à remettre. Il est plus d'1h30 du matin quand nous nous décidons enfin à aller nous coucher... la journée à été longue.

167è jour : Wien (jour off 3)

26 septembre 2011

2,6 km, 7108 km au total

Ce soir c'est donc Hélène qui écrit.
Réveil en douceur vers 10h, petit déjeuner seuls car les colloc' ne sont soit pas réveillés soit déjà partis. Tout est calme, le soleil brille et le ciel est bleu sans nuage. Encore une superbe journée qui s'annonce. Une fois prêt, on enfourche notre vélo : direction musées. Comme on n'a peu de temps et que nous avons envie de faire (trop?) plein de choses, ce matin on a décidé de se séparer pour quelques heures. J'irai voir le musée de Sisi et le château pendant qu'Olivier ira voir le musée d'Architecture. Ensuite, on a résumé à l'autre ce que chacun à appris. Finalement, c'était sympa comme façon de visiter et ainsi on a pu faire les deux.
Pour ma part, j'ai adoré apprendre sur la vie de cette mythique impératrice. Déformation professionnelle : c'est la première anorexique connue et plébiscitée comme telle. Le personnage est fascinant, déconcertant, émouvant, dérangeant, intrigant. L'envie de comprendre pourquoi elle a réagi de cette manière est forte. C'est comme pour mes patients, une enquête policière pour comprendre la personne et essayer avec lui de dénouer l'énigme. Ce qui est frustrant avec Sisi, c'est qu'elle a emporté son secret dans sa tombe. Nulle autre qu'elle pourrait répondre au pourquoi. Ce fut malgré tout un bon moment car j'ai eu certaines réponses à mes interrogations et hypothèses.
De son côté, Olivier a visité presque tout seul l'exposition d'architecture tellement c'était vide. Je crois qu'il a aimé mais sans plus. Il a fini à la bibliothèque du musée à lire des livres sur l'architecture.

Vers 14h30, on envisage de déjeuner. Il nous a fallu encore du temps avant de trouver le bon resto : pas trop cher, cuisine locale sans être trop touristique. Entre les plats, on écrit nos cartes postales et en sortant de déjeuner (17h30!) on les poste.
Après de rapides courses pour les prochains jours, on retourne à l'appart pour ranger nos affaires et papoter encore un peu avec les différentes personnes présentes. On ne sait jamais sur qui on va tomber. Les plans des gars changent sans cesse. C'est marrant. Du coup, on verra David alors qu'on l'attendait demain matin pour lui dire au revoir ...Cette fois, c'est moi qui écrit pendant qu'Olivier discute avec David, Markus et sa copine. C'est chouette, on s'ouvre tous les deux à des activités qu'auparavant on n'évitait. Y a pas à dire on évolue dans le sens qu'on espérait. Cool !

Hélène bouquine je reprends le clavier pour clore la journée.
Plus tard Klemens, la personne qui nous prête sa chambre sans être là arrive de son périple en Allemagne. On discute un peu, l'ambiance est bonne et très décontractée, ça déconne beaucoup, en anglais et le temps passe vite. Il est déjà plus de minuit quand finalement Klemens repart avec sa copine dormir chez elle pour qu'on puisse profiter une dernière nuit de sa chambre, c'est cool.
Une dernière petite lessive histoire que ça sèche un peu cette nuit et vite on rejoint Morphée...

168è jour : Wien - Witzelsdorf

27 septembre 2011

42,8 km, 7151 km au total

Dur de remettre un réveil mais ce matin Klemens et sa copine doivent revenir à 9h donc on essaye d'être prêts pour cette heure là en gros. Le temps de tout boucler après le petit déjeuner, de prendre une dernière douche, de discuter encore un peu avec David il est plutôt 10h30 et toujours pas de trace de Klemens. On abandonne donc l'idée de pouvoir le revoir et on descend notre vélo, cette fois sans se faire repérer par le concierge qui est du genre un peu taré, qui zieute en permanence et qui ne manque pas la moindre occasion de pousser sa gueulante si on a le malheur de laisser un vélo dans l'entrée plus de 10 secondes. Ca nous rappelle quelques parisiens de notre immeuble et les concierges en général qui n'ont comme seule source de contrôle et fenêtre d'action celle d'emmerder le monde. Encore un petit plaisir que celui de voyager au quotidien et d'être aussi libre, d'avoir une ouverture immense sur ce qui nous entoure tout en sachant que l'Europe n'est qu'une partie infime du monde. Bref nous dans ce genre de situation on sourit et on plaint plus la personne qu'on ne la craint ou la maudit.
Partir est toujours difficile, on éternise un peu les au-revoir avec David, trouve toujours un nouveau sujet de conversation, un truc qu'on a oublié de dire, de faire avant de partir mais à un moment il faut bien y aller. Je ne vais pas le répéter trop en détail mais on a toujours cet espèce de sentiment de risque de s'enraciner. On est bien, on est super bien accueillis, on passe des moments géniaux en compagnie de nos hôtes et on a peur de prendre racine, de se dire chaque jour "bon c'est décidé, demain on repart". Et en même temps il y a cet espèce d'appel de la forêt :) d'envie de rouler, de retrouver la tente, nos petites habitude, d'être de nouveau un peu seuls, ... bref une confusion des genres qui nous laisse toujours très pensifs à l'approche du départ et dans les minutes qui suivent.
Ca fait également toujours bizarre de reprendre le tandem chargé à bloc après quelques jours de balades urbaines en mode ultralight. Il se produit exactement la même chose dans l'autre sens, au premier coup de pédale sans remorque ni sacoches le tandem bouge dans tous les sens et est incontrôlable, le moindre appui sur le guidon le fait tourner, déconcertant.
A propos de tandem, de chargement et de sacoches, pendant que j'y pense, j'aimerai vous conseiller un excellent bouquin que j'ai parcouru trop rapidement à mon goût ces derniers jours à l'appart : Adventure Cycle-Touring Handbook de Stephen Lord. Alors oui c'est en anglais et non je n'ai pas le moindre espoir qu'il soit traduit en français (mais sait-on jamais, si vous cherchez avec son nom sur Amazon...), c'est le bouquin qu'on aurait aimé avoir pour préparer le voyage. Un livre pas trop axé récit mais plutôt choix du matériel, gestion des visas, vaccins, ... bref les préparatifs mais aussi le pendant le voyage : hébergement, contact avec les gens, cartographie... Il y a aussi des petits récits et expériences pays par pays ou en tout cas grandes régions par régions. Pour ceux qui ont envie de préparer une expédition à vélo, c'est super complet et en plus il y a eu une réédition en 2010 donc le matériel évoqué n'est pas du genre démodé depuis 3 générations.
Parenthèse fermée, retournons à nos pédaliers. Sortir de Vienne est un jeu d'enfant car nous avons désormais nos guides super détaillés de l'Eurovélo 6. Cartographie au 1:75 000 et plans détaillés des villes (super méga luxe, presque trop vu qu'il faut passer son temps à tourner les pages, ce qui n'est pas des plus pratiques avec le porte-carte en plastique). En tout cas ça allège la réflexion vu qu'en gros il suffit de suivre le trait. Les indications sur place sont aussi également très bonnes avec des panneaux à quasi tous les carrefours histoire de ne pas se paumer. Ca n'est pas dit que ce soit comme ça sur tout le trajet mais en tout cas la sortie de Vienne est très bien indiquée.
Sur les bords du Danube en ce mardi de fin septembre nous passons à côté d'un gros paquet de gens qui se font bronzer... à poil. Transat, serviette de bain, table de pique-nique, c'est très décontracté. Ca doit être le repaire des nudistes, le Cap d'Agde Autrichien :)
Le trajet est très plat, bien lisse, même si ça peut être parfois un peu monotone c'est très agréable pour les jambes de tourner sans accroc, à tel point qu'on ne se rend compte qu'au pique-nique que nous sommes sur le grand plateau depuis le départ. C'est vrai que j'étais un peu étonné de ne pas être sur des pignons plus petits alors que j'avais l'impression qu'on roulait bien mais ça ne m'avait pas choqué.
Le pique nique se fait donc sur le bord du Danube, à observer les camions qui font des allers-retours avec de la terre en roulant sur notre piste, pour un aménagement un peu plus loin qui a l'air un peu délabré.
L'après-midi file vite et nous n'avons toujours pas de nouvelles de Daniel, une personne de Bratislava, connaissance de Klemens qui pourrait nous héberger là-bas. Le compteur nous indique que de toute façon nous ne rejoindrons pas la capitale d'ici ce soir, on opte donc pour un plan bivouac.
Daniel nous répond un peu plus tard et précise qu'il ne peut pas mais nous file le contact d'une autre personne, Michal qui pourra lui nous héberger demain. Cool, c'est chouette quand le réseau fonctionne. Même sans Facebook on s'en sort très bien :-)
Nous montons la tente dans un champ à 2 pas de la piste et profitons d'un poil de fin d'après-midi pour faire de la couture, je crois que mon t-shirt n'a pas trop aimé l'essorage à 1400 tours en compagnie d'une fermeture éclair d'une polaire ou quelque chose comme ça... à moins que ce soit des mites (je n'y crois pas trop) mais j'ai 5 ou 6 petits trous dans le dos, ce qui ne va pas le faire du tout avec l'hiver qui approche :)
Nous dinons alors que la nuit tombe déjà et que la brume monte à la même vitesse. C'est impressionnant, probablement la proximité de l'eau mais en quelques minutes nous sommes en plein brouillard. Le temps de se laver les dents, de faire quelques photos et vite aux plumes pour ne pas se peler. La météo est pourtant exceptionnelle depuis quelques jours, un vrai soleil d'été et des températures en relation mais le soir avec la nuit qui tombe vite, la température suit également le même profil.