192è jour : Jesenica - Calafat

21 octobre 2011

62,8 km, 8272 km au total

La journée s'annonce sportive : encore un peu de relief, mais on a choisi de s'arrêter hier en haut sur un plateau plutôt qu'en bas d'une vallée. Ainsi après quelques tours de pédales on commence par une belle descente. Ca remonte, redescend... mais on s'approche sûrement de Negotin où - vu la taille de la ville - on devrait trouver enfin un vrai supermarché.
Après quelques dernières épingles à cheveux nous voilà dans le centre ville. Plein de petites boutiques en tous genre : vêtements, sport, informatique... mais pas l'ombre d'un supermarché. On quadrille la ville, on passe devant quelques micro épiceries qui ne nous font pas envie du tout, le genre avec des frigos pour du coca et des bières mais que dalle de sérieux à manger.
Du coup on essaye de voir si plus proche de la sortie on aurait une chance... toujours rien. Tant pis, il y a une autre ville un peu plus loin, un peu moins grosse mais on ne sait jamais.
Celle d'après est en réalité encore plus risible, enfin risible dans le sens désespérant. On se gare devant la boutique sous les dizaines d'yeux d'un groupe de gamins qui ne perdent pas une miette de nos moindres faits et gestes. Nous non plus d'ailleurs, car on hallucine, il est 9h45 ils sont tous avec une part de pizza à la main et une bouteille de coca...
Nous entrons dans l'épicerie, un peu comme l'Etranger dans un saloon... oula ! heu comment dire. 3 rayons, principalement à boire, des chips, des bonbons, de la junk food. Un paquet de spaghettis (trop longs à cuire), allons voir rayon frais... ah, 2 vitrines réfrigérées... vides et éteintes. Ok... on se regarde "comment on peut trouver de quoi manger là dedans ?"... et on ressort sans rien acheter, un peu dégoutés.
On repart en se disant que désormais c'est en Bulgarie, de l'autre côté de la frontière, de nouveau dans l'Union Européenne qu'on maximisera nos chances.
Le passage de la frontière est un peu folklorique puisque le douanier n'a pas l'air d'apprécier le fait qu'on n'ait pas un petit "papier-je-sais-pas-quoi" qu'on devrait probablement avoir. Il ne parle pas un mot d'anglais, ça n'arrange rien. Il part, revient 5 minutes après et on peut finalement quitter la Serbie. Pour la première fois du voyage c'est avec un grand soulagement qu'on quitte un pays. On a passé de chouettes moments, les quelques gens rencontrés ont toujours été charmants et on a eu quelques paysages superbes mais il nous reste une impression désagréable malgré tout. La déchetterie qu'est ce pays, les chiens errants qui gueulent en permanence et nous coursent, les automobilistes pas vraiment conscients du fait qu'un vélo ça se double "large", le peu d'indications, l'absence de supermarché, les maisons pas finies et déjà décrépies... Ca nous donne vraiment l'impression d'une Pologne... il y a 20 ans. On apprend bien sûr à s'adapter et ça fait partie intégrante du voyage, c'est pour ça qu'on est là, découvrir, s'adapter... mais parfois c'est plus difficile que d'autres et parfois un pays un peu pauvre et moins développé peut nous laisser malgré tout une bonne image, la Serbie n'en fera malheureusement pas partie.

En Bulgarie le premier contact est plutôt sympa : c'est une douanière, jeune et jolie, qui parle anglais, on a l'impression un instant de revenir à la civilisation :-) A peine passé la frontière on voit un panneau 4x3 "Lidl 24 km" avec un mec qui sourit sur la photo. On se rend compte qu'on est bien dans notre société de consommation et on lui rend son sourire genre "miracle on va pouvoir trouver à manger". 24 km c'est donc à Vidin, la prochaine grande ville qu'on doit traverser, et vue l'heure ça veut dire cet après-midi.
Pour le déjeuner on se contentera donc des fonds de sacoches : un reste de purée lyophilisée avec du fromage, une soupe déshydratée, des petits gâteaux, un café. C'est déjà pas mal.
L'après-midi commence par une longue descente (on a remonté un peu avant le déjeuner histoire de ne pas repartir par une côte). Le bitume est parfait et si je n'avais pas fait la feignasse en pédalant un peu plus les premiers mètres, je pense qu'on aurait explosé notre record de vitesse. On en restera à 66,9 km/h ce qui est malgré tout très bien pour un test de réparation de remorque... elle a tenu le choc.
L'arrivée sur Vidin est moins drôle puisque comme l'indique notre carte il y a un projet de pont sur le Danube pour relier la roumanie, mais en attendant il y a surtout des travaux de dingues pour faire un pseudo périphérique à la ville. On a donc le choix entre aller directement sur la route qui nous mène au ferry pour traverser (en attendant le pont) ou alors faire un gros détour pour passer dans Vidin (et trouver le Lidl).
Au point où on en est on se dit qu'on trouvera bien un supermarché à Calafat en Roumanie, juste de l'autre côté. On prend donc direction le ferry.
Là c'est assez space puisqu'après un contrôle des passeports (tiens pourtant c'est l'UE des 2 côtés) on aboutit sur un quai, on espère qu'à la caisse ils prendront les CB ou les euros en cash parce que du coup en évitant Vidin on a aussi évité un distributeur de billets. Ouf nos billets en Euros sont acceptés ! Toujours avoir des euros d'avance, ça dépanne partout, même en Serbie.
Tiens d'ailleurs petite parenthèse serbe : à Belgrade (ailleurs je ne sais pas), les locataires payent désormais leur loyer en euros. Le pays vient tout juste de faire une demande d'adhésion à l'Union mais déjà ils se préparent au changement de monnaie... je ne veux pas critiquer, mais il y a quand même du chemin à parcourir...
Bref, outre prendre les billets je demande les horaires, et là bam, gros coup dur : "Ha ben il n'y a pas d'horaires". Mince la Bulgarie a visiblement le même rythme que la Serbie... et du coup la Roumanie probablement aussi.
Cette journée est pleine de rebondissements.
Il est 14h40 quand on arrive, il est 15h45 quand on monte sur le ferry, il part une demi heure plus tard le temps de charger tous les poids lourds. La traversée est courte, 15 minutes. Rapides formalités douanières et nous voilà livrés à nous-mêmes pour de nouveau chercher un supermarché.
Il y en a un d'indiqué sur notre carte et un wifi accroché en attendant le ferry nous a indiqué un Mini-Market dans le centre. Le premier se révèle être une micro épicerie ridicule et le second s'annonce mieux. Une belle surface, on en salive d'avance : ENFIN de quoi ravitailler pour jusqu'à dimanche soir avec des produits sympa. L'alimentation c'est notre carburant, c'est aussi pour ça qu'on y attache un peu d'importance et qu'on n'a pas envie de manger n'importe quoi.
L'entrée dans le magasin signe le deuil de tous nos espoirs. C'est en effet très grand, mais les rayons sont TREEESSSS espacés, mais alors vraiment espacés. Mais le deuxième effet kiss-cool c'est qu'en fait les rayons sont moitiés vides, et la moitié restante est un espèce d'occupage d'espace pour faire croire qu'il y a des trucs à acheter.
Traduction : le fond du magasin est intégralement occupé par un rayon complet de frigos. Normal dans un supermarché. Seul souci, sur les 10 réfrigérateurs, 1 seul est allumé et fonctionne. A l'intérieur du lait, du beurre et de la crème. Super ça nous avance bien. Et sinon du fromage ? ah non. De la viande ? non plus. cool.
Ok et pour le petit déjeuner il y aurait des céréales ? ah oui il y en a 2 mètres linéaires... attends regardons de plus prêt. Ah ben en fait c'est 3 types différents et les paquets sont étalés en largeur pour occuper l'espace plutôt qu'en profondeur.
Et tout le magasin est comme ça. Déprimant. Jamais on n'a autant pris de plein fouet la différence économique entre les paus de l'ouest et du nord et ceux du sud est. Comme je l'écrivais hier, la Pologne avait ce petit côté rassurant d'avoir une épicerie ultra compacte mais dans laquelle il y avait une quantité phénoménale de références, qui faisait qu'on finissait toujours par trouver quelque chose à manger.
Là ce soir, (plusieurs heures après je ne m'en suis toujours pas remis), on ressort le sac plein (faut bien manger jusqu'à lundi matin) mais l'esprit totalement ailleurs. On va donc manger des sardines en boîte, du muesli seccos comme pas possible, des gâteaux bizarres dont certains vraiment pas terribles (et merde on en a 2 grosses boîtes)... quelques valeurs sûres néanmoins : des pâtes, des soupes déshydratées pour aller avec et des nouilles chinoises.
A force d'avoir attendu le ferry et ensuite tourné en rond le soleil commence à se cacher derrière l'horizon. On envisage de trouver une chambre mais on ne trouve que des hôtels 3 ou 4 étoiles un peu trop chers pour notre budget... surtout qu'au passage on n'a pas trouvé à changer nos dinars serbes restants contre une monnaie plus locale. Rien à la frontière et le bureau de change de Calafat ne prend pas les dinars alors que la Roumanie à une frontière avec la Serbie... bizarre.
Après 3 tentatives on laisse tomber, on écrase les pédales comme pas possible pour sortir de la ville et trouver un coin où planter la tente. C'est vraiment une course contre la montre où chaque minute compte.
Au bout de quelques kilomètres, un petit chemin, une haie, ça fera l'affaire. Le temps qu'on monte la tente, il fait nuit.
On se marre, un rire nerveux qui est le mélange des 63 km de la journée, du relief rencontré, des 3 pays différents visités, de l'attente du ferry pour une heure inconnue, du glagla sur le bateau, de toutes ces tentatives foireuses pour trouver à manger, de cette course contre le soleil, de ce coin bivouac pas terrible et pour finir de ces petits gâteaux farineux, où je cite Hélène "l'arôme citron n'était pas nécessaire mais ça aurait pu être sympa que le chocolat ait vraiment goût de chocolat". Bref une journée mouvementée, longue où pour couronner le tout on constate qu'il est une heure plus tard que prévu : hop on a pris un fuseau dans les dents. A 19h il en réalité maintenant 20h. Moi je m'en fous je n'ai toujours pas trouvé de pile pour ma montre (j'avais eu espoir...) mais ça veut dire qu'il va nous falloir nous retrouver un rythme différent pour continuer à suivre le soleil au plus proche.

193è jour : Calafat - Zaval

22 octobre 2011

81,3 km, 8353 km au total

Allez, ce matin lever 6h45, c'est 40 minutes plus tard que d'habitude mais finalement 20 minutes plus tôt au niveau du soleil. Petit déjeuner à la lampe frontale, et le soleil ne se lève finalement pas, il fait un temps très très gris. On attend de la pluie après 9h, donc l'idée est de décamper pas trop tard. On reprend donc notre route pour découvrir la Roumanie.
Autant vous dire qu'on n'est pas déçus !!! On se croirait dans la campagne française dans les années 1930 : les carrioles à chevaux et les vélos pourris dépassent très largement le nombre de voitures. Les plupart sont des Dacia 1310 et Berlinea qui sont un genre de Simca (ok c'est plus 1970 ça). Les petites vieilles avec leur cane, leur châle, les chaussettes sur les collants, les gamins qui nous coursent sans qu'on comprenne trop pourquoi. Les clebs plus ou moins errants, les ados qui se postent à 50 centimètres (ouioui) de nous quand on s'arrête pour boire un peu, qui matent sans rien dire ni demander, c'est quelque chose à vivre. On n'est pas à l'aise du tout du tout,
L'autre truc qui nous dérange profondément c'est que notre première pensée est du type "ouah, ils sont bien en retard sur le reste de l'Europe"... retard supposerait que l'attitude des pays de l'Union les plus riches est la seule et unique à suivre. Alors on se doute que dans 10 ou 20 ans ils auront le même développement économique que la France aujourd'hui, on le voit bien au travers de quelques détails : le téléphone portable, les paraboles, les poubelles jaunes tous les 30 mètres dans certains petits bleds (ouf), ... donc il ne faut pas se leurrer une seconde sur l'avenir du pays mais en même temps c'est dérangeant de se considérer comme "en avance", c'est prendre une attitude un peu condescendante du genre "nous on sait, vous verrez" et en même temps on ne peut pas faire d'autre constat. Bref dérangeant.
Hormis les gamins qu'on a du mal à comprendre dans leurs gestes les gens sont tous charmants, il n'y en a pas un qui ne nous sourit pas, ne nous salue pas ou ne nous encourage pas. Bon ils ne parlent pas français dans les petits patelins mais on comprend l'idée. On se sent un peu échappés du Tour de France.
-- Hélène prend la suite du récit --
Finalement, le temps tient. C'est toujours gris mais pas de pluie. On déjeunera donc sans avoir besoin de monter la tente. Malgré tout, il fait froid donc les nouilles chinoises sont bien appréciées. En revanche, les sardines à la tomates, les seules protéines que nous avons trouvées dans le supermarché d'hier, sont ... comment dire ... pas bonnes du tout. La sauce à la tomate n'a pas goût de tomate et les sardines, elles, n'ont aucun goût et une texture farineuse ... Bref pas top mais quand on a faim, on mange.
On reprend finalement la route assez vite car il fait froid et on a découvert un camping sur la carte à 80 kms de notre lieu de bivouac. Il nous reste donc du chemin à parcourir.
Les kilomètres s'enchaînent au rythme des villages dignes de films de western, et le temps se maintient.
Au hasard, dans l'après midi on rencontre un français qui est venu monter sa ferme en Roumanie. On papote une petite demi-heure, c'est bien agréable. Il est venu en Roumanie car c'est plus facile de démarrer une activité. Il ne voulait pas attendre que ses parents agriculteurs partent à la retraite pour reprendre leurs terres. Il s'est donc exilé à côté du Danube et apparemment cela fonctionne bien car en 4 ans il a 6 employés et gère 1100 hectares. Il produit du maïs et du colza pour l'Allemagne, ainsi que du blé pour les meuniers du coin. Là où le bat blesse c'est que sur ses 6 employés, 2 sont des gardiens qui surveillent ses citernes d'essence, son matériel et ses récoltes ! La réputation de la Roumanie ne semble pas totalement infondée ...
Juste après le départ est un peu dur car les muscles se sont refroidis dans l'air pinçant mais il nous reste encore 20 bornes avant d'espérer arriver au camping. Au moins on sait qu'il existe toujours car le jeune français nous l'a confirmé. Il a juste émis des doutes quant à la douche chaude ... Au bout de 5 jours à se laver à la lingette, c'est justement ce qui nous tient en haleine. On verra bien, on continue à pédaler à un bon rythme pour récupérer un peu de chaleur.
Finalement, on trouve le camping. 3 chiens nous accueillent plutôt sympathiquement. Ils ne nous aboient pas dessus, c'est déjà ça. Par contre ils sont un peu collants. Comme il n'y a personne qui répond, on suppose que ce camping est fermé. Ils doivent apprécier un peu de contact humain, qui sait ? Petite vérif : le bloc sanitaire est ouvert, le chauffe-eau est branché et il y a de l'eau chaude. On décide donc de planter la tente, même si cette fois on va être visible de la route. Les chiens sont là et aboient à chaque passage de voiture, chariotte ou d'humains passant tout prêt. Au moins il vont nous servir d'alarme.
On monte vite la tente car il est déjà plus de 17h, on se lave chacun notre tour par mesure de précaution. Ca serait bête de nous faire piquer le vélo à cette étape du voyage, quand même ! Humm ! Même la douche très roots est agréable. On enchaîne un peu vite car il caille bien. On en profite pour nettoyer nos cuissards pas le reste car de la pluie est annoncée pour les prochains jours et en plus on ne transpire même pas !-)
Aller, 18h20, il est l'heure de faire à dîner car le "soleil" se couche dans 40 minutes. En plus la faim tiraille bien nos estomacs. 81 kms ça creuse !
Les questions du jour : va-t-on être embêtés cette nuit et allons nous payer ce camping désert ? Réponses demain ...

194è jour : Zaval - Garcov

23 octobre 2011

74,6 km, 8428 km au total

La nuit a été calme même si les chiens ont été un peu pénibles au début. Etant donné le côté un peu space du camping, notre visibilité de loin on a préféré dormir sans bouchons pour êtres alertes en cas de bruits suspects...
A la fin de notre pliage de tente un vieux monsieur débarque à côté de nous, il nous regarde. Hélène essaye d'entamer la conversation, un peu compliqué vu qu'il ne parle que roumain. On comprend que les chiens sont à lui, à priori le camping aussi même si sa tenue vestimentaire (gilet usé et pouilleux jusqu'à la corde entre autre) ferait plaisir à un clochard français qui se trouverait bien habillé. On lui demande le prix de la nuit, il fait 4. On suppose que c'est des ron (monnaie roumaine, 1 euro = 4 ron en gros) bien que ça ne fasse pas très cher. On sort le plus petit billet qu'on ait : 50 ron. On lui tend et lui demande la monnaie, il ne bouge pas. Ca sent l'embrouille. On sort un papier, on écrit 50 - 4 = 46. On lui montre des pièces (des dinars serbes qu'on n'a toujours pas réussi à changer) mais il ne percute pas. Il nous fait signe genre "fumer"... veut-il s'acheter des clopes avec nos 50 ron ou nous rendre la monnaie en cigarettes. Je récupère le billet, je m'attendais à ce qu'il le planque bien vite dans sa poche mais il a l'air trop bourré pour avoir des gestes rapides :-) C'est d'ailleurs - avec un peu de recul - ce qui émane de cette population du sud de la Roumanie : une espèce de langueur qui trahit le taux d'alcool permanent d'un peu tout le monde, jeunes, vieux, hommes, femmes. Si vous vous souvenez on disait qu'en Allemagne les bouteilles de bières c'était 0,5 litres, un peu pareil à Bratislava... ici c'est la bouteille plastique de... 2,5 litres. Ca semble être leur unité, ils sirotent ça tranquillement pendant le voyage entre 2 villages dans la calèche. A 10 km/h c'est sûr qu'il faut du temps... et un bon volume de bière pour patienter. Ce qui est pratique aussi c'est qu'ensuite on les remplit d'eau et accroché au bout d'une ficelle ça sert de lest pour tenir les bâches sur les tas de foin pour les protéger de la pluie ! Par contre écrasées sur les bords de routes ça fait mauvais effet.
Notre discussion d'hier avec le français nous a d'ailleurs un peu éclairé sur le sujet : certains villages viennent en effet de voir mis en place des collectes d'ordures, d'où les poubelles publiques tous les 30 mètres sur le bord de la route principale (cocorico les subventions de l'UE)... mais la majeure partie des bleds n'ont tout simplement aucun système de traitement des déchets... d'où les montagnes de détritus sur le bord des routes, dans les forêts, les champs, ... On se fait le constat que dans les pays développés plus tôt la bouteille plastique est arrivée en même temps ou presque que les déchetteries ou les usines d'incinération. Ici comme dans beaucoup d'autres pays du même genre la puissance commerciale est bien plus forte et rapide pour inonder les villages de biens jetables que les infrastructures à se mettre en place pour les retraiter.
Enfin bref, on a donc récupéré notre billet et on fait comprendre à notre ami qu'on va finir de plier la tente et qu'on ira ensuite à l'endroit qui semble servir d'accueil pour régler tout ça. Moi j'ai des gros doutes que ce mec soit gérant du camping donc autant essayer d'y voir plus clair.
Pendant le quart d'heure nécessaire à notre pliage, le mec ne bouge pas d'un centimètre. Il est à 1 mètre de nous et nous mate sans que ça lui pose le moindre problème. Il y a un réel choc des cultures. Notre éducation nous a appris que la bienséance voulait qu'on ne regarde pas trop les gens, qu'on ne les montre pas du doigt, ... mais ici tout le monde mate, s'arrête, et ça semble normal. Nous ça nous décontenance un peu. On essaye donc de l'oublier et de plier tranquillement.
Une fois terminé on rejoint donc l'entrée du camping où on en profite pour vider notre poubelle dans un container (ouah)... dans lequel il n'y a que des bouteilles de bière (non ils ne font pas de tri sélectif, c'est juste que ça doit être le nourriture principale).
A ce moment là un second mec sort d'un bungalow qui a l'air un peu d'être la résidence officielle du gérant... étrange. Les 2 mecs s'échangent quelques mots sans qu'on comprenne quoi que ce soit. Il ne parle pas non plus anglais ou français. On patiente un peu, on prend notre temps pour qu'ils se décident sur ce qu'on doit payer ou pas. On met nos casques, nos gants, on est prêts... et ils nous font au revoir.
Bon ben on est un peu perdus, on y va, on ne paye rien, on n'a rien compris. Qu'ils se débrouillent, on ne va pas insister.
La journée s'annonce difficile, le vent déjà pas gentil hier a bien forci et est en pleine face. Il fait gris et froid, ça n'est pas la joie. L'humidité ambiante n'aide pas les pieds d'Hélène qui y sont plutôt sensibles. L'ambiance est un peu morose à l'arrière du tandem. On continue à traverser des bleds plus glauques les uns que les autres. Les gens nous font des grands "Hello" mais nous on a juste envie de pédaler tranquillement et de se concentrer pour gérer ce pu*ain de vent. Encore un truc difficile à encaisser : les gens sont gentils avec nous et nous on a le réflexe de les ignorer. On en apprend beaucoup sur nous-mêmes, nos besoins, nos envies, nos limites...
Le déjeuner est de nouveau l'occasion de goûter des ignobles sardines qu'on abandonnera bien vite... il y a bien des animaux dans le coin à qui ça plaira. Un nouveau paquet de gâteaux de la même origine que les précédents est tout aussi insipide. Vanille ? Ah... Le moral quand la bouffe est mauvaise... comment dire... il va avec. On se gèle sur notre paréo, le soleil perce parfois mais pas suffisamment pour nous réchauffer. On discute encore longuement de cette difficulté à nous connecter avec la Roumanie. On disait de la Serbie, on était contents de la quitter, mais on se rend compte que ça n'est rien par rapport à ce qu'on rencontre depuis 2 jours. On essaye de relativiser en se disant que ça n'est qu'une seule partie du pays, celle réputée pour être la plus pauvre... mais ça nous plonge profondément dans nos limites. Aurions-nous pu faire un tour du monde ? Comment aurions-nous gérer la traversée de pays d'Afrique ? On se sent décalés, pas à notre place, critiques, trop critiques, ... vraiment c'est quelque chose de difficile à vivre.
Je passe un appel à Marie-Do (qui nous lit on le sait) et à Patrick : je crois qu'on aurait besoin de votre aide un de ces 4 (quand on sera revenus en France) pour nous initier à un petit voyage dans un de ces pays Africains que vous affectionnez, qui manquent de tout, qui n'ont rien et dans lesquels vous semblez si bien vous épanouir. On viendra avec vous, vous nous expliquerez, vous nous montrerez, ... que nous qui croyons vivre avec rien comparés à ceux qu'on a laissé en France, en réalité nous avons un confort et un luxe phénoménaux.
L'après-midi reprend toute aussi maussade jusqu'au moment où à l'entrée de Corabia où aperçoit un petit panneau "Penny Market, tout droit". On est dimanche, on n'y croit pas mais on se dit : si c'est ouvert on va faire des courses ! Quand on passe devant ça semble immense, le parking est vide mais les portes sont ouvertes et on voit quelqu'un en sortir ! Alléluia on va pouvoir s'acheter des trucs comestibles ! Pour ceux qui ne connaissent pas, Penny Market c'est une enseigne (probablement) Allemande qui est un clone de Lidl, Aldi et consorts. De l'alimentation discount pas géniale quand on vient de France, mais je peux vous dire que quand on passe la porte du magasin on à le sourire jusqu'aux oreilles. On se prend des pâtes fraiches, de la vraie sauce tomate, du jambon, des tas de trucs pour ce soir et les jours qui viennent. On devait attendre demain pour faire les courses mais ce magasin providentiel nous a fait changer nos plans. Vous voyez où on en est rendus, à se mettre à genoux devant un supermarché discount pour le remercier de nous fournir de quoi manger correctement.
En reprenant le vélo il fait déjà plus ensoleillé et on fait quelques kilomètres près du Danube où le paysage est vraiment sympa (si comme d'habitude on fait abstraction des déchets). On retrouve néanmoins vite nos champs désertiques (moissonnés, coupés, retournés, ratiboisés) et autres villages crasseux.
Les derniers kilomètres sont difficile (vent de plus en plus fort) et trouver un lieu de bivouac potable est juste impossible : champs à perte de vue des 2 côtés. On s'enfonce donc perpendiculairement à la route jusqu'à supposer que vue de la route notre tente aura l'air d'une bâche sur un tas de foin et qu'on ne nous verra pas "aller aux toilettes"...
La tente s'envole pendant qu'on la monte malgré les 4 sardines, on court comme des dingues pour la rattraper, je sens dans la voix d'Hélène qu'elle la considère déjà perdue mais nos muscles renforcés par les efforts de ces derniers mois nous permettent de la récupérer avant qu'elle ne prenne son envol pour la Bulgarie.
On se met bien vite au chaud, je peux vous dire que le windchill factor, on l'expérimente pleinement : 14°C dehors, 14°C dedans, mais niveau ressenti c'est plutôt 2°C dehors.
Nous dégustons avec un plaisir incommensurable nos pâtes fraiches à la tomate et au fromage, savourons nos yaourts aux fruits et des petits gâteaux au chocolat. Pour comparer nous entamons quand même notre dernier paquet de petits gâteaux des courses précédentes : petits-beurres à la noix de coco. Alors ce n'est pas tant le fait que ça n'a pas le moindre goût de coco qui est gênant, c'est surtout qu'il n'y a pas de beurre dans la composition. C'est pourtant écrit en français "petit-beurre", aussi bien sur le paquet que sur les gâteaux en eux-mêmes !!! les gâteaux à la matière grasse végétale c'est dégeu, c'est farineux, rhaaaa.
Une fois de plus on se rend compte de notre fragilité. Quand on croit être très ouverts aux découvertes, on s'aperçoit qu'en fait tout va bien si ça rentre dans une certaine zone qu'on a définie, mais dès que ça en sort tout s'écroule et notre bonheur se transforme en colère, et ça je ne sais pas si ça peut transparaître dans les écrits mais c'est quelque chose de difficile à vivre.
On se rassure en se disant qu'on va discuter de tout ça demain avec Teodor qui nous accueille chez lui, on a hâte.

195è jour : Garcov - Zimnicea

24 octobre 2011

71,7 km, 8499 km au total

Nuit difficile, très très venteuse et au réveil on découvre avec horreur que le frottement du tarp sur les leviers de vitesse du tandem ont déchiré le tissu, rhaaa. Notre champ immense au milieu de nulle part n'est pas l'endroit rêvé pour une protection contre les éléments. La météo n'est vraiment pas bonne et on commence donc la journée avec : vent de face, froid, goutes de pluie et relief pas si plat que ça. Hélène est un peu furax contre notre guide qui n'indique pas les montées alors que ça monte. Normalement il y a des petits chevrons pour indiquer le relief mais il faut croire que soit ils ont oublié soit ils ne considèrent pas ça comme des montées.
On a plus de 70 bornes à faire dans la journée et ça s'annonce très coton étant donné qu'on avance péniblement à 13 km/h en luttant de toutes nos forces contre le vent.
Le midi est malgré tout l'occasion de se poser sur notre paréo, derrière un petit bosquet qui nous protège un peu du vent saoulant.
On ne traine pas trop et on tombe avec grand bonheur sur un raccourci. On voit une route, un panneau qui indique la direction dans laquelle on va et qui n'est pas sur notre carte. Allez on tente. On gagne quelques kilomètres, c'est toujours ça de gagné.
Du coup on arrive un peu plus tôt que prévu à Zimnicea. On a rendez-vous autour de 17h à l'Inter Hotel, on se pose donc dans le café le plus proche pour siroter un thé, regarder nos emails.le wifi est moyen mais on reçoit avec grand plaisir quelques photos de la famille et des dons pour nous aider à réparer/remplacer notre remorque. un ENORME merci à ceux qui nous soutiennent, ça nous touche énormément que vous vouliez nous voir continuer notre périple ! Finalement quand on y réfléchit bien, peut-être que vous vous dite "il faut qu'on fasse quelque chose pour qu'ils restent loin de nous, on n'a pas envie de les revoir de sitôt" :-) Je plaisante. Non sérieusement c'est super super gentil et généreux de votre part.
Teodor arrive dans le café, "le seul endroit où nous serions probablement", ça n'a pas loupé. Il nous accompagne jusqu'à sa maison à quelques centaines de mètres. Sa femme est là et ils nous accueillent royalement. On profite de la douche (un pur moment de plaisir avec la journée pourrie qu'on a affrontée), de la machine à laver et de l'excellent diner qu'elle nous a préparé. Une soupe aux boulettes de viande (porc), du poulet avec des pommes de terres et des pickles (légumes froids en saumure), ainsi que des fruits au sirop.
Propulsons-nous directement dans le vif du sujet qui a animé nos conversations Hélène et moi depuis qu'on a mis les pieds en Roumanie. Donc oui nos pressentiments étaient bons. Tout ce que nous mangeons ce soir provient de leur jardin, de leurs animaux ou de ceux de la famille ou des amis. D'où l'absence de supermarchés et les déchets très typés que nous observons sur les bords de routes. Visiblement ici ça fonctionne beaucoup comme ça : on a chez soi tout ce qu'il faut pour manger, le reste on l'achète à son voisin, sauf la bière en gros. D'où nos difficultés pour trouver à manger. Le conseil de Teodor : demandez aux gens sur le bord de la route, ils vous trouverons de la nourriture, et ça ne vous coûtera pas grand chose voire rien du tout. On a la difficulté de la préparation et de la cuisson (1 kg de pommes de terres c'est pas idéal sur le réchaud à gaz par exemple) mais on va y réfléchir, comme il dit "juste pour le plaisir d'essayer".
On passe en tout cas une excellente soirée à découvrir un peu plus en profondeur les réalités de la Roumanie. Ils sont tous les deux très durs vis à vis de leur pays, notamment du fait de la très mauvaise qualité du système éducatif qui est à la base de beaucoup des problèmes qui persistent dans le pays. Certains pays dits émergents explosent très vite grâce à la mise en place d'un système éducatif pointu, d'universités, et passent de l'ère de l'agriculture à celle de l'ingénierie aéronautique en l'espace de quelques années. Au pif Israël ou l'Inde. Les infrastructures plus lourdes ou moins prioritaires à leurs yeux ne suivent pas forcément (assainissement par ex) mais l'esprit global y est. Ici tout est lents, les gens notamment. Je cite "le gouvernement stupide cherche à maintenir une population stupide pour se faire réélire".
Je ne peux pas vous retranscrire l'ensemble de nos échanges (en anglais, ça fait plaisir) mais si on résume, nos à priori étaient fondés, et même s'il ne faut pas mettre toute la Roumanie dans le même paquet, il y a bien un fossé culturel avec par exemple les pays de l'Europe de l'ouest. Autre exemple (je cite toujours) "ne nous donnez pas Schengen... sinon vous serez envahis de gens qui débarqueront pour ne rien faire et profiter de votre système de protection des personnes (santé, chômage...)". De la part d'un roumain ça en dit long.

Ce soir nous dormons dans le canapé lit de leur salon. Ils viennent juste de mettre en marche le gros poêle qui est dans la chambre d'amis mais il fume et ils ne veulent pas qu'on dorme là. En tout cas énormément de gentillesse de la part de ces 2 jeunes personnes (Teodor a 31 ans, héhé). On profite d'ailleurs d'un garage pour faire une seconde réparation à la remorque qui ce matin nous a montré les autres extrémités de ses baleines. Forcément comme on les a collées à la structure à l'autre bout au lieu de les repousser dans leur logement elles sont moins tendues, donc plus poussées contre le système qui protège leur extrémité en temps normal, donc elles sont passées à travers la structure. Nouvelle dose de colle epoxy à l'autre bout donc. On répare comme on peut, on va voir si ça peut tenir ou pas, on commence à plancher sur le remplacement sans trop savoir comment gérer la situation.

Allez il est l'heure d'aller uploader tout ça via leur ordinateur car pas de wifi ici. Sortons la clé usb :)

196è jour : Zimnicea - Slobozia

25 octobre 2011

52,0 km, 8551 km au total

Avant d'entamer la journée d'aujourd'hui quelques détails supplémentaires suite aux discussion d'hier.
Petite anecdote "marrante" sur le système éducatif roumain. Jusqu'à l'année dernière quasiment tous les élèves avaient sans souci le diplôme qui doit correspondre à peut près à notre brevet des collèges. Cette année ils ont mis des caméras dans les salles d'examen parce qu'ils suspectaient de la triche. En effet ils ont bien empêché les élèves de tricher puisque 95% (oui, quatre vingt quinze pourcents) n'ont pas obtenu le diplôme cette année !!!
Toujours sur le même concept, la femme de Teodor est prof de géographie, sauf qu'en l'espace de quelques années le gouvernement a divisé par deux les salaires des enseignants. Bilan, elle a fait comme tout le monde elle a changé de métier et elle bosse maintenant dans le privé, dans une fabrique... d'alcool ! et gagne bien mieux sa vie.
Parfois les roumains ont l'idée de protester contre une loi ou une évolution néfaste du système... leur pratique : aller danser devant les bâtiments administratifs. Non pas faire la grève, manifester avec banderoles et revendications, non, juste faire la fête...
Des budgets colossaux et des subventions sont attribuées pour la construction de routes, l'argent disparaît bien mais les routes n'apparaissent pas pour autant.
Globalement même si tout le monde essaye de le cacher, la Roumanie est en crise profonde depuis la chute du régime communiste.

Ce matin au petit déjeuner nous profitons d'œufs poêlés dans de la graisse de porc, miam ! Encore une fois les français sont bien l'exception au niveau du petit dej, nous sommes les seuls à manger léger et sucré. Le cottage cheese provient de Bulgarie, seule exception au commerce de proximité car le miel, la confiture (notre réputation française nous a devancée), le pain sont soit de leur production soit du village.

Avant de partir nous allons faire un petit tour dans le jardin pour voir les poules, canards, dindons, les 3 cochons, dont un sera sacrifié à Noël et fournira la viande pour toute l'année. Les cultures sont par contre terminées, les tomates, poivrons et compagnie sont récoltées et le jardin sera labouré bientôt en prévision de l'année prochaine.

Avant de partir Teodor nous confie le bonheur de sa liberté. Il a la chance d'avoir hérité de la maison de son grand père (qu'il a pas mal retapé) et il possède un champ un peu en dehors de la ville. Il ne l'exploite pas car il a un travail salarié ailleurs mais le prête en échange d'une part des récoltes. Il se sent donc à l'abri de tous les remous possibles : crises économique ou pas, licenciement, il sait que si tout part en vrille il aura toujours son toit, ses terres qu'il cultivera et aura donc de quoi manger et échanger pour obtenir le complément qu'il ne peut produire lui-même. En gros son emploi et celui de sa femme c'est presque du luxe. En cas de coup dur il sait qu'il n'aura pas de souci pour survivre.

On quitte donc la maison à 8h du matin car Teodor va travailler. On avoue qu'on n'aurait pas été contre une grasse matinée étant donné les kilomètres des derniers jours et de la météo pas vraiment clémente avec nous mais on se sent quand même bien requinqués par la nuit passée au chaud (et la douche...). Les premiers kilomètres sont néanmoins difficiles, il fait toujours aussi froid et le vent - même s'il a faibli un peu - est toujours bien présent.
On continue à traverser des petits bleds, à rouler sur une route défoncée comme pas possible. Quelques patelins semblent un peu plus riches qu'auparavant, ça fait plaisir de voir une Audi et une Opel sans croiser de Dacia entre temps :-) Oui je sais c'est futile mais nous ça nous permet de maintenir un lien avec nos habitudes. On avait fait des statistiques sur les Volvo V70 en Suède, là c'est même pas la peine de compter, on doit être à 90% de Dacia dont une bonne majorité sont tellement pourries qu'un garagiste français n'oserait même pas essayer de les soumettre à un contrôle technique.

On peine à 13 km/h mais on a prévu de faire une petite étape aujourd'hui pour camper un peu avant la prochaine grosse ville : Giurgiu. Ca doit faire une cinquantaine de km et comme finalement on a froid et qu'il fait bien gris on choisit l'option "matinée seulement". On roule donc jusqu'à 13h environ et on cherche directement un endroit pour planter la tente et passer l'après-midi et la nuit. Aucun endroit sympa à se mettre sous la dent. Comme il y a deux jours par ici quand on sort des villages, on ne trouve uniquement que des champs immenses qui sont désormais totalement récoltés. On est donc visibles à 3 km sur 360°. On finit par accepter une bout de champ qui a un peu de relief qui nous permet d'être un peu cachés par certain côtés et suffisamment loin de la route pour qu'à priori on ne nous dérange pas. On verra bien.
Le pique-nique au chaud (tout est relatif bien sûr mais pour nous l'abri du vent est déjà un luxe énorme) est très appréciable, la sieste qui suit également. Enfin un peu de temps, on stoppe pour quelques heures le contre la montre, ça fait du bien.
L'heure du coucher du soleil arrive malheureusement toujours aussi inexorablement...

197è jour : Slobozia - Puieni

26 octobre 2011

47,4 km, 8599 km au total

Programme de la matinée : rentrer dans Giurgiu, une ville un peu plus grande et trouver enfin la civilisation moderne :) Et c'est bien le cas : des maisons normales, des immeubles même, un théâtre, DES supermarchés ! Avec même des indications pour dire "Lidl c'est par là" ou "Intermarché par là"... il y a un Penny Market aussi et ô miracle, un Kaufland. C'est une enseigne Tchèque je crois qui ressemble à un supermarché français presque normal. On se dirige vers lui non sans avoir entre temps écrémé toutes les banques et bureaux de change : verdict déprimant : malgré une frontière entre la Roumanie et la Serbie, personne n'accepte les dinars serbes pour les changer contre autre chose !
Le Kaufland est un grand bonheur on ravitaille pour 3 jours d'un coup car ensuite à priori c'est la misère, on ne passera que par des micro bleds. On trouve des piles rechargeables potables (2500 mAh) pour commencer à remplacer certaines qui fatiguent et en prévision aussi de l'absence proche de notre pack de batterie qui va partir en SAV. Ca y est on a confirmation que le colis envoyé de France par mes parents est arrivé chez un couchsurfeur à Silistra. Dedans il y a mon transfo d'ordi portable et mon petit convertisseur 2 piles AA vers USB pour recharger l'iphone.
A côté du Kaufland un genre de mini Darty dans lequel je trouve des piles boutons au lithium (CR2032 pour les connaisseurs) pour mettre dans ma montre. La pile est morte juste après avoir tourné ma vidéo des 8000 km à Belgrade (un samedi soir) et depuis les 10 derniers jours nous n'avons pas croisé la moindre boutique susceptible de vendre ce genre de pile. Pourtant c'est très standard, c'est la plus bateau des piles de ce genre. Miracle, dans la boutique c'est une pile Sony (et pas une sombre me*de chinoise comme celles que j'ai déjà pu acheter sur ebay il y a quelques temps...) et je ne la paye pas 8 euros comme ça aurait pu être le cas dans une boutique de photo en France mais à peine 1 euro. Cool, j'en prend même une d'avance car c'est la même pour notre compteur de vélo.
Devant la boutique on discute un petit moment avec un roumain qui parle un peu français et qui a un humour un peu étrange, il commence par nous dire "bien sûr vous venez de Paris, tous les français viennent de Paris", ok why not, par contre ensuite il nous demande (mais un peu sous forme d'affirmation quand même) si tous les roumains sont des gypsies (roms) et ça dérive un peu... on ne s'attarde donc pas trop même s'il semble plutôt sympa.
Du coup comme toujours avec tout ça il est une heure pas possible et on n'a pas 20 bornes au compteur. On a prévu de rejoindre Silistra qui est à 165 km en 3 jours... soit 55 km par jour si on compte bien :) Chaque km non effectué aujourd'hui sera à faire les 2 jours suivants... il faut trouver un équilibre.
On fait donc quelques km et après s'être fait courser par quelques chiens pas tibulaires mais presque,on se pose pour... pique-niquer. On discute longuement du projet remorque. Voici les détails qui font qu'on se creuse la tête :
- notre réparation tient pour l'instant, et dans l'immédiat, comptons en semaines, ça ne devrait pas poser de problème
- il est probable que la réparation ne tienne pas toute la durée du voyage, d'autres problèmes peuvent survenir (elle a 12 500 km quand même)
- si ça continue à péter de la même manière on pourra probablement toujours réparer de la même manière
- si on change de remorque, la roue de la nouvelle n'aura pas de dynamo pour recharger nos bidules électroniques, en trouver une va s'avérer complexe (commander sur le net, se faire livrer, avoir une roue en trop...)
- on peut mettre la roue dynamo de la remorque actuelle à la place de la roue avant du tandem
- la roue dynamo est très "standard" alors que la roue avant du tandem est spécialement prévue pour un tandem (plus costaud)
- la roue dynamo tiendra t'elle le choc sur le tandem ? aucune idée
- si non, on pourra toujours la changer par une autre roue du même genre sans trop de souci (c'est plutôt standard)
- changer de remorque implique de retourner l'ancienne en France (on ne veut pas la jeter et la roue est soit avec dynamo (chère et utile) soit celle de notre tandem (hors de question de s'en séparer))
- si on achète une nouvelle remorque : où se la faire livrer ? Il faut déjà savoir où elle est en stock, combien de temps elle prendra à être livrée, où vaguement on sera à ce moment là et trouver une adresse postale quelque part à cet endroit (couchsurfeur par exemple).

Donc en gros c'est loin d'être simple : mon métier m'a toujours incité au "capacity planning" c'est à dire anticiper les problèmes quand tout va bien histoire d'être au point quand les problèmes pourraient arriver. Mais en même temps changer de remorque alors qu'on vient juste de faire des réparations qui ont l'ait de tenir et qu'au passage ça va nous compliquer la vie (retour en France, livraison, pb de la dynamo...) c'est un peu pénible.

Bref on n'est pas décidés, si vous avez des suggestions, un avis, on est preneurs !

L'après-midi est des plus standard : on retrouve des villages un peu plus petits même si on sent que la proximité de Bucarest a une influence sur la richesse des bleds. On voit des containers à poubelles (mais ils sont tous pleins à craquer, il ne doit pas y avoir de ramassage ensuite :-) des maisons et voitures potables, des gens moins éberlués de voir passer un "vélo à 2" ...
On remarque sur la carte une forêt, ça sera notre point de chute pour la nuit même si ça nous impose un arrêt un peu tôt. Ensuite ça n'est que grands champs et villages, anticipons donc.
Ca penche, c'est sous les arbres, c'est abrité et sombre, ça nous change des grands champs à découvert.

198è jour : Puieni - Chiselet

27 octobre 2011

71,9 km, 8671 km au total

La journée commence mal : A 6h30 je m'éloigne de la tente dans la forêt, il fait une nuit noire d'encre, à la lampe frontale je parcoure une trentaine de mètres pour trouver un coin tranquille pour méditer les fesses à l'air. Je souris en pensant qu'il serait facile de se perdre, je me rassure en me disant que le temps qu'Hélène se lève il fera jour et qu'elle ne risquera rien. Après avoir conclu mon affaire je reviens vers la tente, qui a disparue ! Ah tiens c'est étrange, je vais un peu à gauche, à droite, rien. Je reviens sur mes pas, reprend le chemin qui me semble logique, commence à quadriller le secteur : que dalle, pas de tente. Les piles de la frontale sont fatiguées et mes espoirs de reflets de la lumière sur les petites parties réfléchissantes des ficelles ou les catadioptres du vélo sont réduits à néant.
Un peu honteux j'appelle Hélène pour qu'elle me guide au son de sa voix. Elle me répond, je ne comprends rien, je lui dit que tout va bien, qu'il ne faut pas qu'elle s'inquiète mais que j'ai un peu besoin de l'entendre pour retrouver la tente. Elle me dira plus tard qu'elle n'avait rien compris ce que je disais mais que ça l'inquiétait un peu.
Au son de sa voix je me rapproche doucement... en fait non au bout du compte quand elle allume sa frontale à l'extérieur de la tente je me rends compte que je me suis éloigné plus que je ne l'étais à avant. Il y a des parois un peu partout et ça réfléchit les ondes sonores de façon à ce qu'il ne soit vraiment pas fiable de se guider au son. La lampe est un point fixe bien précis à suivre, une excellente initiative d'Hélène, merci.
Bon je ne flippais pas trop car il me suffisait d'attendre un peu (15/30 minutes) pour y voir sans souci, mais je me disais qu'Hélène s'inquiéterait probablement beaucoup en attendant.
Lorsque nous levons le camp un peu plus tard il fait plein jour et ça semble ridicule d'imaginer se perdre dans cette forêt qui n'est vraiment pas dense !!! Comme quoi il faut toujours se méfier.
2°C dehors, il caille, toujours du vent de face même s'il est un peu moins fort que ces derniers jours.
Globalement cette partie de Roumanie est un peu plus sympa et riche que ce qu'on a pu traverser auparavant, on note des tentatives intéressantes mais on constate aussi toujours l'espèce de travail à moitié fait. Globalement ça nous donne l'impression d'un pays qui copie ses voisins mais sans comprendre toute l'essence de ce qui est copié. Un peu comme quand vous trichiez à l'école et reproduisiez la bêtise de la copie d'à côté mais sans vous en rendre compte parce que vous n'avez pas réfléchi au contenu mais avez simplement "photocopié" ce que vous avez vu du mieux que vous avez pu étant donné le contexte.
Prenons un exemple très bête : les roumains ont visiblement compris que faire des tables de pique-nique ça pouvait être sympa et que ça fait "pays riche". Ils ont bien compris l'idée des bancs et de la table, par contre il n'ont pas pensé que ça serait bien de faire un endroit pour garer les voitures, puis un petit chemin de 10 mètres qui s'en éloigne, genre pour rentrer un peu dans la forêt et là mettre les tables. Non il font un élargissement de la route de 3 mètres de large et au milieu hop une table avec des bancs. Ca vous fait envie vous de pique-niquer à 3 mètres des camions qui passent toutes les 30 secondes en faisant d'énormes appels d'air ?
Dans le même genre on a déjà évoqué le fait d'avoir l'idée d'aller manifester "comme ils font en France" mais en oubliant les pancartes et les slogans.
Les superbes (mais alors phénoménales parfois) aires de jeu pour enfants, ça sent la subvention Européenne à plein nez. Des trucs hallucinants avec des bancs ultra modernes qui auraient plus leur place dans une capitale que dans un bled de 500 habitants... mais des écoles en piteux état et probablement aucun savoir faire sur l'entretien de tout ça.
Les panneaux de signalisation routière sont du même genre. A l'amorce d'une montée on voit le panneau "descente 10%". On imagine parfaitement l'employé dire "ben ça montre que ça penche c'est bien non ?". Quand au calcul du taux de la pente, ça demande probablement un outillage trop complexe parce que cette montée là elle ne faisait pas 10% sinon on ne l'aurait pas montée sur notre plateau du milieu.
On a vu aussi ces derniers temps pas mal de containers poubelles, mais visiblement les ramassages (s'ils existent) ne sont clairement pas adaptés aux besoins de la population et la population n'a pas été éduquée sur quoi mettre dans la poubelle. On voit en effet une quantité phénoménale de déchets verts qui n'ont - à notre avis - pas vraiment leur place dans le container.
Ainsi de suite, tout est comme ça.
Ce midi pendant qu'on termine notre déjeuner un cyclotouriste hollandais s'arrête papoter un peu avec nous. Il est néanmoins pressé puisqu'il termine son séjour, espère être ce soir où nous serons demain soir et demain soir à Constanta où nous serons dans 3/4 jours. Il dine et dort majoritairement dans des hôtels donc roule plus tard et s'arrête probablement à la tombée de la nuit.
L'après-midi est un peu plus longue que prévue car les villages s'étendent en longueur et se rapprochent dangereusement les uns des autres ce qui ne nous laisse pas beaucoup de marge pour trouver un endroit où dormir. Les habitants nous laissent toujours cette double impression : celle de gens charmants car tout le monde nous fait des grands "ola" (ça doit être bonjour en roumain) et de signes de la main. Quand on passe devant des groupes d'enfants parfois c'est carrément du délire, c'est limite si on n'est pas des stars tellement on nous acclame. L'autre sensation c'est celle évoquée par Teodor (c'est pas moi qui le dit) : le côté "peuple de feignants". Tout le monde a l'air de glander, de papoter, d'être assis sur des bancs à mater les gens qui passent et à faire les commères. Globalement pour 1 maison le long de la route principale il y a 1 banc. Des gens de tous âges ont parfois l'air de passer la journée ici à regarder et à attendre que le temps passe. On ressent cet espèce de double effet kiss-cool quand on arrive dans un village : premier effet : oh mais c'est animé il y a plein de monde. Second effet : oh mais en fait c'est mort, tout bouge lentement (ou pas du tout)... toujours aussi troublant.
Enfin, ce soir on prend un petit chemin perpendiculaire, on fait 500 mètres pour s'éloigner de la route et le chemin se termine en cul de sac mais ça sera très bien malgré tout. Demain on dort dans un lit, au chaud alors on ne fait pas les difficiles même s'ils annoncent 2°C cette nuit donc probablement en dessous de 0°C dans les faits... faut croire que les mesures de températures sont faites dans les villes où il fait un peu plus chaud que dans les champs près de la petite rivière... On met donc les chaussettes, la polaire, le bonnet... on se prépare quoi !

199è jour : Chiselet - Silistra

28 octobre 2011

56,0 km, 8727 km au total

-4°C dehors au réveil, encore un de ces matins où il faut un quart d'heure pour s'habiller tellement on met de couches différentes. Pour ne rien gâcher, il y a une purée de pois impressionnante ! On n'y voit pas à 50 mètres... ce matin je ne vais donc pas bien loin histoire de ne pas me paumer :) c'est un champ ouvert à 360° mais ça ne change pas grand chose au problème. Du coup à focaliser là dessus j'en oublie le papier ! Il y a des périodes comme ça :-)
On roule plusieurs kilomètres avec la lampe frontale en guise de phare, les petites diodes rouges du casque d'Hélène pour nous signaliser ainsi que les bidules qu'on a dans les rayons. Ca ne doit pas servir à grand chose si ça n'est à être dans la légalité, ce que bon nombre d'autres cyclistes roumains ne semblent pas trop avoir comme préoccupation. On comprend mieux ces croix le long des routes, ici les gens marchent sur la route même avec un temps comme ça. On aperçoit des petites mamies, on dirait des zombies au loin (20 mètres quoi). Ca fait un peu peur, hop un gros camion et hop plus de mamie... mais visiblement la plupart semblent s'en sortir vu qu'ils continuent.
Le soleil ne perce qu'un peu avant midi, c'est impressionnant. En fait la région qu'on traverse est très marécageuse, le Danube n'est pas loin non plus, il y a divers lacs, bref tout ce qu'il faut pour la brume.
On pique-nique près de la centrale nucléaire, le soleil est enfin là, on synthétise notre vitamine D, ça fait du bien, on s'octroie même un peu de lecture ce qui est rare ces derniers temps le midi.
Hier j'ai fini mon second bouquin de Ken Follet. Il écrit des thrillers plutôt bons. Le premier "Apocalypse sur commande" parle d'un membre d'une communauté qui vit un peu dans son coin qui apprend que le lieu où ils résident va être inondé pour cause de création de barrage hydro-électrique et qui se met en tête de demander l'arrêt de la construction de toute nouvelle "centrale électrique" sans quoi il menace le gouverneur de Californie de créer un séisme... c'est très sympa.
Le second "Code zéro" est l'histoire d'un gars qui se réveille amnésique, au look de clodo mais qui sent bien que ça n'est pas sa véritable nature. Il enquête alors pour retrouver son identité et pourquoi on l'a rendu amnésique. Très bon aussi.
Je fais une petite pause car le prochain sur la liste serait "Un monde sans fin" qui me branche bien mais qui semble aussi long que son titre laisse penser. Par exemple Code zéro sur l'iphone c'est 5166 pages (oui ce sont des petites pages), Un monde sans fin c'est 24197 pages... un gros morceau. Du coup j'ai commencé un Paulo Coelho entre temps... j'attends aussi un autre Tom Clancy en cours de transfert... enfin vous vous en foutez probablement :)
Nous repartons vers 14h et speedons bien comme il faut sur la fin pour arriver au ferry qui doit nous emmener à Silistra de l'autre côté du Danube. Nous n'avons pas les horaires, nous ne savons pas s'il y en a, mais ça serait con d'arriver à 15h05 pour apprendre qu'il y a un ferry à chaque heure pleine.
Nous déboulons à pleine vitesse à 14h59, coursés par une meute de clébars pas rassurants et on voit un ferry, un ponton d'accès, on ne se pose pas de question on fonce dessus. On freine moins une pour voir qu'il y a un trou de 50 centimètres, visiblement le ferry était en train de partir. Il s'arrête, se rapproche et on peut monter dessus avant d'être rattrapés par les chiens, ouf.
La traversée est rapide, on ne nous demande ni ticket ni argent, cool. De l'autre côté c'est encore la Roumanie et on peu d'ailleurs s'orienter vers Constanta (le 2nd t est un "t cédille" ça se prononce donc Constantsa) mais il y a aussi en obliquant un peu vers l'ouest une frontière qui permet de rentrer dans Silistra qui est en Bulgarie. Le passage de la frontière est rapide cette fois et sans souci.
On appelle Dimitar qui bien qu'il travaille nous retrouve dans le centre et nous guide à son appartement. Il nous laisse profiter de la douche chaude et du confort de l'appartement pendant que lui repart travailler.
On en profite pour faire notre petite lessive (à la main, snif), ouvrir notre colis qui nous attend et qui contient - outre un transfo pour l'ordi et un bidule électronique pour charger l'iphone à partir de piles AA - de la paperasse parce qu'il y en a toujours à gérer malgré notre voyage et des petites choses sympa à manger : des galettes St Michel, des noisettines du médoc, des soupes en sachet, du lait en poudre, des dessins de notre neveu, des petits bracelets pour Hélène, un autocollant pour décorer le tandem... bref plein de petites attentions qui réchauffent encore plus que la douche.
Dimitar nous rejoint dans la soirée, un peu plus tard que prévu car il a un souci au travail et nous dinons chez lui de spaghettis en en apprenant un peu plus sur la Bulgarie et la culture bulgare en général.

200è jour : Silistra (jour off)

29 octobre 2011

0 km, 8727 km au total

Nous prenons tranquillement un petit déjeuner pendant que Dimitar est au café du coin à lire les journaux. Nous partons ensuite visiter le centre de Silistra avec comme objectif principal celui de trouver la poste pour retourner enfin ce pack de batterie aux USA ainsi que du courrier pro pour la France. La première difficulté est de trouver la poste qui est bien cachée au fin fond d'un obscur bâtiment. La suite s'avère également complexe puisque la "postière" ne parle pas un mot d'anglais. Heureusement qu'une dame dans la file d'attente vient nous donner un coup de main en jouant l'interprète. On a failli ne pas pouvoir expédier notre colis, on ne sait pas pourquoi mais visiblement elle nous fait une fleur d'accepter notre envoi... va comprendre. Peut-être que les non résidents en Bulgarie n'ont pas le droit d'expédier des choses étranges à l'international, genre si jamais c'est un truc de terroristes on ne peut pas les retrouver...
Ensuite programme courses alimentaires pour demain et les jours suivants puis nous rentrons à l'appartement. Sur la route nous croisons Dimitar qui va faire un tour et revient une demi-heure plus tard pour nous emmener en voiture nous balader.
Nous prenons de l'altitude pour avoir une vue sur la ville. La météo est avec nous mais les arbres cachent malheureusement un peu le paysage. Comme il travaille dans le secteur des télécommunications il y avait une possibilité que ses collègues à la tour TV puissent nous faire monter dedans pour qu'on ait une vraie vue bien dégagée, mais comme c'est le week-end ils ne sont pas là, tant pis.
Nous visitons ensuite la forteresse au sommet de la colline. Elle a servi pour un bon paquet de guerres que la cité a traversées.
Nous redescendons dans le centre déjeuner dans un petit restaurant "cantine" qui fait de la cuisine locale, c'est un peu dans l'esprit du milk bar : très simple, pas cher mais très bon. On mange donc du poulet avec des légumes, des boulettes de viande, des poivrons fourrés au fromage frais et panés (terrible ça !)... et en dessert : baklava ! Héhé, on commence à devenir accro, peut-être pas au point des roulés à la cannelle suédois mais c'est quand même délicieux ça aussi...
La petite surprise du jour, c'est qu'on ne peut pas boire d'alcool... pourtant il y en a en vente dans le resto mais ça n'est pas possible pour cause... d'élections demain !!! C'est le second tour pour élire le maire de Silistra, et le gouvernement souhaite que ses citoyens soient sobres pour voter !!! ça en dit long comme pratique non ?
On change ensuite d'endroit pour prendre un café car les cafés sont principalement fumeurs (Dimitar fume) puis on repart en voiture un peu plus à l'ouest où il y a un parc national avec un grand lac constellé de petites îles qui sont censées abriter des pélicans. Alors oui, le pélican ça migre, mais non ils ne partent pas d'ici en hiver, normalement c'est plutôt l'inverse. On n'en voit malheureusement pas, mais l'endroit est quand même magnifique. La météo s'est couverte et je ne pense pas que les photos rendront grand chose mais comme toujours, il fallait y être...
On rentre à l'appartement discuter un peu et regarder... The Amazing Race http://www.youtube.com/watch?v=QoaFoPjP7BA dont Dimitar nous a parlé. C'est un genre de Pékin Express (ou plutôt l'inverse), sauf que là les participants changent de pays entre chaque épisode et qu'au bout de la course il y a un million de dollars... Ca nous fait tout bizarre de revoir "la télé" avec son montage, ses plans, son rythme... quand on y repense on a du voir 4 ou 5 films depuis les 7 derniers mois et c'est tout. Notre rythme parisien c'était plutôt ça par 7 jours...
On ressort diner dans un autre restaurant, près du Danube, qui cuisine du poisson. Là encore c'est simple et bon... mais pas grand chose à boire pour aller avec, un peu dommage. On parle longuement politique et système monétaire. C'est ça qui est bien dans le système couchsurfing/warmshower, c'est qu'il n'y a pas les espèces de règles traditionnelles qui régissent les bonnes relations amicales. On se connait depuis 15 minutes et on parle religion, santé, argent ou n'importe quel autre sujet, sans limite, sans tabou. Chacun est là pour en apprendre sur les coutumes de l'autre, on n'a pas à se montrer "bien sous tout rapport" pour être apprécié ou autre truc du genre. On peut balancer sur les travers du système français, être fiers de certains autres côtés, ... et découvrir la politique locale, son efficacité ou non... bref c'est beaucoup plus instructif que le blabla officiel d'un guide touristique (papier ou humain d'ailleurs) !
On rentre tranquillement par le centre, by night, ça n'est pas super animé, mais on sent que les jeunes sont de sortie : le maquillage et mini-jupes des filles côtoient les cheveux savamment décoiffés des garçons, c'est marrant. Hélène se débat avec une arrête coincée dans la gorge et nous finissons tranquillement la soirée autour de la table à regarder ça : http://www.youtube.com/watch?v=mzJmTCYmo9g pour ceux qui n'auraient pas assimilés le concept de la crise des subprimes, c'est un joli résumé (ok en anglais mais c'est très bon).
Là dessus Dimitar va se coucher et moi je vais m'atteler à mes traditionnelles occupations de vidage/upload de photos...

201è jour : Silistra - Lipnita

30 octobre 2011

37,6 km, 8764 km au total

Au réveil on a perdu une heure, traditionnellement on est contents "cool on peut dormir une heure de plus", c'est probablement ce que vous vous êtes d'ailleurs dits hier soir en allant au lit. Pour nous on est plus mitigés, ça veut dire qu'il va falloir qu'on se réveille avant 6h du mat et qu'à 17h11 ce soir le soleil va se coucher... moins cool. Pour nous c'est la durée de jour qui nous importe et il faut qu'on s'adapte pour la suivre. Psychologiquement ça va faire bizarre de se lever avant 6h mais bon, pas trop le choix :)
Ce matin par contre on en profite pour trainer un peu, on prévoit de rejoindre Constanta en 4 jours (135 km environ) donc on peut se faire une journée à 35 km et 2 de 50, ce qui sera plus cool que ces derniers jours. On a un CS (CouchSurfeur) à Constanta, cool.
On prend un petit déjeuner tranquillement et Dimitar revient, lui a été au café et a été voter.
On plie nos petites affaires et on repart sous un chouette soleil.
On repasse la frontière dans l'autre sens, exactement au même endroit qu'il y a 2 jours, ça fait bizarre. Nous quittons donc la Bulgarie (nous y retournerons) pour retourner en Roumanie.
La route est pas mal pavée, le relief bien présent, mais ça nous donne l'occasion de prendre un peu d'altitude pour observer de haut le Danube et ses versants sur lesquels poussent des vignes bien entretenues... et bien protégées (grilles tout autour, gardes et chiens par endroit !).
On peine un peu dans les montées, chargés à bloc de nourriture pour les 3 jours, on est un peu dingues parfois, mais Dimitar nous a dit qu'il n'y avait pas trop de villes sur notre trajet donc qu'il ne fallait pas compter sur les supermarchés... nous on obéit :)
On bivouaque tôt dans l'après-midi pour respecter nos 35 km, et puis ça nous fait du bien aussi de temps en temps de relâcher un peu la pression kilométrique. Ca nous laisse un peu plus de temps pour papoter, écrire des emails, bouquiner... d'ailleurs j'y vais moi aussi.

202è jour : Lipnita (arrêt maladie)

31 octobre 2011

0,0 km, 8764 km au total

Ce matin Hélène est malade, genre de gastro, il fait -3°C à l'extérieur, pas trop le genre de météo à mettre le nez dehors. Surtout que le parcours s'annonce avec du relief aujourd'hui et quand on a mal au ventre ça n'est pas plaisant.
Le programme de la journée est donc de se reposer, au moins jusqu'au déjeuner et d'aviser après.
Un inventaire de notre réserve d'eau nous montre qu'on doit pouvoir tenir jusqu'à demain matin si besoin.
A midi elle va un peu mieux mais ne tient pas vraiment une grande forme. Elle boit une soupe et mange une banane avant de replonger dans le sommeil.
Pendant ce temps là je vide la batterie de l'iphone en lisant un nouveau bouquin de Tom Clancy. Je vide aussi les piles chargées hier sur le vélo pour recharger un peu l'iphone... mon petit convertisseur piles>usb fonctionne, ouf. Il faut juste désormais rouler suffisamment pour recharger les piles ensuite :)
Le repos nous fait du bien à tous les deux, tranquilles dans la tente, heureusement que le coin bivouac est bien et discret. On voit de temps en temps une charrette à chevaux ou une voiture mais c'est très calme.
On prévient notre CS de notre arrivée décalée, espérons que ça soit toujours ok.
Pas grand chose de plus à ajouter sur cette journée calme, donc comme hier, je vais donc retourner à ma lecture.

203è jour : Lipnita - Deleni

1er novembre 2011

43,1 km, 8807 km au total

Hélène a mal dormi, est décalquée, patraque, bref pas vraiment en état de reprendre la route... mais n'ayant plus d'eau et étant dans un endroit paumé il faut pourtant plier le campement.
Les premiers kilomètres sont très difficiles, car ça monte sévère et j'ai un peu l'impression d'avoir le tandem + Hélène à faire avancer à moi tout seul. On s'arrête régulièrement, Hélène serait mieux au lit que sur un vélo. Au moins on a la chance d'avoir une température positive ce matin et du soleil...
Petit à petit, avec moults arrêts où Hélène est à deux doigts de tomber dans les pommes (forcément avec une tisane dans l'estomac pour tout petit-déjeuner on frôle l'hypoglycémie en permanence). J'essaye de lui faire manger quelques dragibus fraîchement arrivés de France dans le colis à Silistra mais ils sont température "frigo" donc hyper durs :-(
Chaque kilomètre est un effort, on monte à 7 km/h, on essaye de se reposer un peu dans les descentes et d'apprécier les bornes kilométriques qui défilent sans qu'on ait eu à pédaler "c'est toujours ça de gagné".
On se pose en haut d'une colline avec une vue sympa. On monte la tente pour se protéger du vent et manger un peu à l'abri. Hélène se repose et dort pas mal, elle mange un peu pour reprendre des forces.
Les cloches des moutons se rapprochant et un chien à l'entrée de la tente nous font sortir la tête puis je vais discuter un peu avec le berger qui ô miracle parle un peu anglais (pour une fois c'est un jeune). On papote quelques minutes, je lui montre les cartes, il est impressionné déjà par le fait qu'on rejoigne Constanta mais quand il voit les 8000 km du compteur et la carte d'Europe il a du mal à conceptualiser :-) Nous on aime bien choquer les gens comme ça...
L'après-midi est du même acabit niveau relief mais Hélène va un peu mieux. On arrive donc à faire les 40 km envisagés qui nous permettent de n'en avoir qu'une soixantaine pour demain sans quoi rejoindre Constanta demain aurait encore été très délicat.
A l'arrivée j'examine ce que j'avais bien cru comprendre au niveau de la remorque : l'un de mes points de collage a cédé. C'était prévisible, la colle epoxy a bien tenue, mais elle a décollé la peinture sur laquelle elle était prise sur une surface assez importante. J'aurai du virer la peinture avant. Il reste un chouilla de colle donc pendant qu'Hélène monte la tente (elle est courageuse hein !) je ressort mes seringues d'epoxy, le papier de verre et recommence ma manip. Je finis à la néoprène car il y a vraiment très peu d'epoxy et la température descend très (trop) vite en dessous des 15°C. Je mets aussi des collier rislan et de la colle pour essayer de renforcer encore l'ensemble. On verra bien mais je crois qu'on s'oriente sérieusement vers la Bob... Notre CS à Burgas, le point le plus loin en Bulgarie n'est pas sür d'être disponible donc on ne peut pas utiliser son adresse postale, il va peut-être falloir tenter la poste restante... même si je n'aime pas bien l'idée car va faire comprendre que tu as un colis qui t'attend quand tu débarques dans une poste où personne ne parle u mot d'anglais et ou peut-être aussi ton colis n'est pas encore arrivé. Pas évident à gérer.
Ce soir on bivouaque dans une petite forêt avec des arbres bizarres qui ont des épines de dingues. On est obligés de nettoyer le sol avant de planter la tente pour éviter la petite branche machiavélique qui n'attend que le gonflage du matelas pour sortir sa pointe acérée. On croise les doigts de ne pas en avoir oublié sinon ça va encore être une nuit sympa.

204è jour : Deleni - Agigea

2 novembre 2011

60,9 km, 8868 km au total

La forêt est sympa ce matin, les arbres espacés c'est moins oppressant que la forêt dense d'il y a quelques jours (comprendre : je ne me suis pas paumé :-) Il fait quand même 0°C malgré les 6/7 prévus à Constanta (50 km plus à l'est, mais au bord de la ville et en zone urbaine... ça fait toute la différence).
Hélène va un peu mieux, elle ne force pas sur le petit dej pour mieux forcer sur les pédales par la suite. Il nous faudra d'ailleurs quand même presque 3h pour plier, ce qui exprime quand même le dynamisme de l'équipe... ok et le froid qui ralentit toutes les opérations.
On a découvert hier après-midi que notre CS vivait en fait au sud de Constanta, à une dizaine de km et non pas dans le centre, du coup le programme est de ne pas suivre la route officielle et de prendre un raccourci. On croise différentes informations pour prendre une route roulable, pas un truc caillouteux ou boueux ou pavé ou ... enfin un peu la majorité des routes roumaines en dehors des grandes.
Le relief n'est pas clément avec nous mais Hélène tient mieux le choc.
En milieu de matinée, à Cobadin, alors que nous sommes arrêtés pour boire et manger un peu une voiture venant en sens inverse traverse la route et vient s'arrêter juste à côté de nous. A son bord, Dan, qui dans un anglais parfait nous explique qu'il travaille pour une association qui s'occupe de créer une carte de la région pour les cyclistes. On discute un peu et il nous invite à une réunion qu'il a ce soir avec d'autres membres, il aimerait nous avoir avec lui pour échanger un peu sur les besoins de cyclotouristes tels que nous d'un point de vue cartographie. On ne sait pas trop comment va se goupiller la soirée avec nos hôtes à Agigea donc on ne s'engage pas trop, mais en effet ça pourrait être sympa, ne serait-ce que pour une fois "donner" aux autres auxquels nous prenons beaucoup.
On poursuit la route, pique-nique dans un champ, de nouveau sous la tente pour se protéger du vent qui est de retour après quelques jours d'accalmie. Déjà il vient du nord ce qui limite ses effets négatifs, sauf en fin d'après-midi où nous remontons un peu dans cette direction.
A l'arrivée à Agigea nous bipons Bogdan qui vient nous chercher car les rues ici n'ont pas de noms... enfin pas sur Google Maps. On apprendre un peu plus tard qu'il y a bien un nom mais c'est très très récent. Jusqu'à présent c'était une zone agricole qui a été vendue à une société privée puis découpée puis... enfin bref, on souhaite bien du courage aux facteurs de Roumanie.
Après un thé et une douche nous passons un moment à discuter avec Bogden et son amie Elena qui nous a préparé le diner : foies de poulet et pommes de terres sautées. Des cornichons aussi pour aller avec.
Nos deux hôtes sont sceptiques quand à notre plan de ce soir. Quelqu'un qui vous invite comme ça c'est louche. Dan s'étant même proposé de nous trouver quelqu'un pour venir nous chercher pour nous amener au meeting à Constanta puis nous ramener ensuite. Ils trouvent ça un peu trop gentil pour être honnête. Sur la carte de visite de Dan qu'il nous a donné il n'y a rien qui a un lien avec le vélo (plutôt les camions), le rendez-vous n'est pas dans un bureau mais dans un appartement... c'est un peu étrange. Je sens que Dan va bien rigoler quand il va lire ça :-)
Moi je le sens bien, le feeling était bien passé, et ça fait justement partie de ce voyage : on essaye de dire oui aux gens, d'aller vers eux, d'accepter leur contact et de ne pas imaginer que derrière chaque proposition il y a un voleur de reins... mais en même temps 10 ans à Paris, le fait qu'on est en Roumanie (pas en Suède) fait qu'on essaye d'être prudents également.
La réunion devant durer environ 30 minutes, Bogdan et Elena sont ok pour venir avec nous, ça nous rassure au passage et ça facilité aussi éventuellement la compréhension en cas de truc bizarre.
On prend donc leur voiture et on se rend au lieu du rendez-vous. L'accueil est charmant et tout est très réglo.
Le but est donc plutôt un genre d'interview pendant lequel on exprime notre vécu face à notre passage à vélo en Roumanie, les bons/mauvais plans, notamment vis à vis de la cartographie. Ce qu'on attendrait d'une bonne carte (genre des courbes de niveau), ce qu'on n'aime pas (le manque de prévision des indications "ça monte"/"ça descend") ...
C'est un moment sympa où on découvre que la Roumanie a quand même quelques ambitions vis à vis du vélo et que contrairement à ce qu'on a vu jusqu'à présent il y a bien plus que UNE personne qui possède un vélo de course dans le pays !!! (oui le "cycliste du dimanche", vous savez celui sur son vélo en carbone et son cuissard avec les marques des sponsors mais qu'en fait il l'a acheté au prix fort, ben c'est pas un truc local, c'est peu dire !).
Après la réunion nous repartons pour rejoindre cette fois un bar. Ambiance sympa, musique (faut un peu crier) et gens locaux, le genre d'endroit où vous n'avez aucune chance de mettre les pieds si vous ne connaissez pas. Donc forcément on aime... même si on serait bien incapable de vous donner l'adresse.
Ensuite malgré l'enthousiasme de Bogdan nous avons besoin de rentrer. Les 60 km, le lever à 5h45 et la faiblesse d'Hélène suite à la maladie nous imposent un retour à la maison. Vous avez vu, encore une fois j'ai une simplicité impressionnante pour appeler "la maison" (genre "chez nous") les endroits dans lesquels on s'arrête une nuit ou deux !
Nous discutons encore un peu pendant que Bogdan sort sa bouteille "maison". Double distillation, à base de prune, le truc parfait pour vous réchauffer quand vous n'avez pas froid. Faudrait qu'on s'emmène une bouteille pour les soirées un peu fraîches dans la tente, ça serait plus intéressant qu'au chaud dans une maison... On rejoint ensuite le lit rapidement car ma moitié tombe de sommeil. Demain de nouveau un programme chargé, mais on va rester 2 nuits à Agigea pour malgré tout se reposer un peu.


205è jour : Agigea (jour off)

3 novembre 2011

0 km, 8868 km au total

Ca y est j'ai compris l'idée derrière l'expression tord boyau... j'ai eu toute la nuit pour y penser. Je n'ai pas fermé l'œil et ai passé un bon moment dans la salle de bains, un peu désespéré : 1 bière (40 cl) et un micro verre de l'alcool de Bogdan et mon transit part en vrille. Oh c'est pas un état d'ébriété ou autres effets étranges de l'alcool sur la vision ou je ne sais quoi, c'est juste qu'avec cette quantité pourtant faible d'alcool ça suffit à me retourner l'estomac et les intestins. Hélène a réussi à y couper hier mais pas moi, mais je crois que le voyage a des effets étranges sur notre corps et son comportement. Cette fois c'est décidé on ne m'y reprendra pas...
Le programme de la journée est donc... ajourné. Remplacé par du lit, et là encore n'allez pas vous imaginer des trucs... repos pour moi pendant qu'Hélène bouquine. Vers l'heure du déjeuner elle prépare de la purée pendant qu'Elena et Bogdan bossent. Bogdan est graphic designer mais s'est un peu orienté vers la création plus "physique", banderoles ou carrément enseignes de magasin et son programme actuel est même plutôt éloigné de tout ça, je vous en reparle juste après. Elena travaille dans une société de pompes funèbres, ben oui il en faut bien. Le programme de Bogdan est donc de remplacer le travail d'un fournisseur de croix en métal qui ne livre pas en temps et en heure. Il est donc dehors dans le jardin avec des tubes en acier, le poste à souder, la meuleuse d'angle... gros boulot. Il prévoit carrément la possibilité de lui même fournir ses croix pour d'autres entreprises du même genre qui rencontreraient le même souci. Il fait également des genres de bougeoirs super compliqués, je suis impressionné.
La journée passe au rythme des chiens qui aboient dès que quelqu'un passe, du bruit de la pompe de l'aquarium (qui est morte et a été remplacée par une pompe de jardin bien bruyante), de l'horloge qui fait son tic tac, bref tous les trucs irritants quand on est malade, bon ça change des détails répétitifs de la tapisserie (il n'y en a pas ici). Il faut dire que j'ai une bonne fièvre ce qui oriente la maladie sur le concept du "c'était prêt à exploser mais c'est l'alcool qui a déclenché" et non pas juste un pb de digestion de l'alcool.
en fin d'après-midi ça va un peu mieux et nous dinons ensemble des plats d'Hélène qui crevait d'envie de cuisiner. Risotto et tarte aux pommes. Bogdan nous explique un peu les endroits sympa à Constanta où on espère bien pouvoir quand même aller. On va rester une journée de plus que prévu.
Ouais je sais c'est un peu décousu aujourd'hui le récit, mais bon voua avez compris l'idée.
Jvais me recoucher.


206è jour : Agigea - Constanta - Agigea(jour off 2)

4 novembre 2011

32,0 km, 8900 km au total

Ce matin ça va mieux, et ça tombe bien car Bogdan avait proposé de nous emmener dans Constanta à 9h, donc on se lève à 8h pour découvrir qu'il doit être à 9h là bas, donc qu'il doit partir à 8h30... ça va faire un peu court, donc on envisage - comme prévu initialement- de rejoindre le centre à vélo, ça fait environ 10 km.
Sur la route on s'arrête chez Praktiker, un genre de Leroy-Merlin pour trouver du gaz, mais il n'y a pas le bon type de bouteilles. Ici ils sont très cartouches perçables et non pas à valvle. Tant pis ça n'urge pas. Comme sur le même parking il y a un grand supermarché on en profite pour faire les courses pour les 3 jours à venir et on trouve même un chargeur rapide de piles, ce qui va s'avérer nécessaire pour compléter la recharge sur la dynamo : en effet ça met plus longtemps à charger qu'à se décharger dans l'iphone.
Nous arrivons finalement dans le centre de Constanta à midi passé. On se dirige vers la mer, enfin nous la voyons de jour, elle est là... d'un bleu resplendissant : la Mer Noire. Ca fait un petit pincement, encore une "étape" de réalisée. Il fait 13°C environ, le soleil est bien là, on y est avant l'hiver, tada !
Nous appelons après Dan, vous vous souvenez, le mec super sympa de la Constanta Cycle Team qui prépare une carte pour les cyclistes. Il vient nous chercher et nous guider jusqu'au réparateur de vélos qu'il connait bien (Triton sport, 151 Dezrobirii). 5km, il joue la voiture éclaireuse en roulant devant nous, ça fait un peu tour de France :-)
Sur place après analyse et discussion avec les techniciens qui ne comprennent pas comment on a pu faire 14 000 km avec la cassette de pignons d'origine et 3 jeux de chaîne on décide pour changer ladite cassette aussi qui est bien fatiguée. Oh elle aurait pu tenir encore un peu mais autant tout faire d'un coup et au tarif roumain plutôt qu'italien dans quelques mois ou une cassette en plastique recyclé à partir d'un vieux bidon dans une boutique d'un village turc (rhooo les préjugés).
On doit laisser le vélo une bonne heure ce qui ne nous arrange pas, mais Dan se propose de nous raccompagner en voiture dans le centre et de nous recontacter pour passer nous reprendre où on sera lorsqu'il sera prévenu que le vélo est prêt. Royal, on a notre taxi personnel.
Sur le chemin du retour il passe prendre chez un ami quelques autocollants de l'association et nous les offre, c'est très gentil.
De retour dans le centre on en profite pour enfin visiter. On monte en haut du minaret de la synagogue pour avoir une vue d'ensemble de la ville et comprendre un peu son organisation. Une fois de retour sur terre on descend plein sud vers le Casino qui est un bâtiment en sale état mais qui est majestueux malgré tout et situé a un endroit superbe. On arpente les petites rues en quête d'un peu de vie touristique car il est temps de faire un point sur un sujet qui nous tient beaucoup à cœur et qui nous tracasse :


Ca fait des semaines qu'on a envie d'envoyer des cartes postales à plein de gens qu'on aime beaucoup, a qui on a déjà écrit pas mal et à qui on a encore envie d'écrire mais à Belgrade on a foiré notre plan cartes postales, on était dimanche quand on voulait les acheter, on n'a pas eu le temps, beaucoup de choses étaient fermées... on était dégoutés mais pas trop le choix, il fallait qu'on quitte la ville pour s'en éloigner suffisamment avant la tombée de la nuit pour trouver un endroit pour bivouaquer. Sur la route depuis Belgrade, rien, mais vraiment que dalle ! Aucune carte postale. Et l'apothéose est aujourd'hui, arrivés enfin dans une grosse station balnéaire le constat est d'une tristesse affligeante : aucune carte postale. Et pourtant on a arpenté le pavé, les coins censés être touristiques, les endroits plus commerciaux, les librairies, les postes... que dalle. En demandant dans une agence de voyage la première réaction de la personne a été de s'esclaffer genre "oula vous êtes mal barrés"... Donc on tient à présenter nos excuses à la famille et aux amis : on aimerait bien vous aider à recevoir autre chose que des factures dans vos boîtes aux lettres et on y travaille beaucoup mais dans l'immédiat il va falloir vous contenter de ce récit et des photos.


Donc voilà, après avoir arpenté le pavé nous nous posons dans un café où Hélène déguste un chocolat chaud du genre tablette fondue avec un chouilla de crème histoire que ça ne fige pas (elle savoure) et notre taxi préféré passe nous récupérer quelques minutes après.
Nous récupérons notre tandem avec un nouvel accessoire étrange, un truc qui brille à l'arrière, ah ce sont les nouveaux pignons, ouah, ça fait très "shiny" sur notre vélo tout crotté. On aime :)
On doit malheureusement écourter nos échanges avec le personnel et Dan car il est 17h passées, le soleil est couché et nous avons à tout casser 20 minutes de lumière avant la nuit noire et au moins 10 km à faire pour rentrer à Agigea. Hélène a repéré ce matin qu'il n'y avait pas d'éclairage municipal et comme d'habitude on n'a pas de lumières sur le vélo, pire on est partis sans casques donc on n'a même pas les petites diodes rouges clignotantes à l'arrière de celui d'Hélène
On speede comme des dératés, ce soir la moyenne de la journée "en ville" est de 20,1 km/h alors qu'on était entre 14 et 16 ces derniers jours ! Ca donne une petite idée.
On termine pas bien à l'aise, en se rassurant en sachant que les sacoches arrière et celle de guidon que nous avons avec nous aujourd'hui ont de belles zones réfléchissantes qui sont bien souvent plus visibles que les diodes et autres phares à LED traditionnels des vélos.
L'arrivée est néanmoins bien appréciée.
Nous nous séparons ensuite en 2 équipe : Hélène discute avec sa mère via Skype, nouvelle parenthèse :
Félicitations à Pascale et Pierre, vous avez mis 7 mois pour l'installer, mais le plus important c'est le résultat : ça marche, vive Skype :-)
Les nouvelles sont "complexes" et ça fait beaucoup de bien à Hélène de prendre un peu de temps pour discuter.
De mon côté j'attaque avec Bogdan une phase délicate : nouvelle réparation de la remorque. On en a discuté, il a dit que probablement c'était réparable, quand il a vu la remorque son cerveau a travaillé et a abouti à "je peux faire quelque chose". Vu sa maitrise de la bricole j'ai confiance en lui et nous nous lançons donc : l'idée si vous avez suivi c'est donc l'équivalent de baleines de soutien gorge qui aurait percé le tissu aux 2 extrémités (pour les mecs qui ne maitrisent pas trop, trouvez une fille qui vous expliquera :-). Son idée est de changer le concept en fixant les baleines non plus au tissu de la structure mais carrément sur la structure métallique de la remorque en créant des petits tubes en métal qui viendront se mettre au bout des baleines et qui seront vissés sur la remorque.
On essaye, ça semble faisable. Il sort la feuille de métal, les ciseaux pour le même matériau, rallume le poste à souder qui a déjà fonctionné toute la journée pour ses croix et bougeoirs et en l'espace d'une grosse heure il a créé les 4 pièces et elles sont fixées sur la remorque. A première vue ça semble fonctionner. On en profite également pour coller tu tissu épais (genre bâche de camion) sur le flanc intérieur de la structure en tissu car par endroit elle commence à être élimée par les frottements. On ne teste pas la remorque chargée, on laisse le tout sécher, on verra demain matin et on croise les doigts.
Forts de notre réparation nous rentrons boire un coup, pour ma part je reste au coca pendant que Bogdan, Elena et un de leurs copains descend shot après shot de leur breuvage local, quand la bouteille est vide ils en trouvent une autre mais semblent moins convaincus. Pendant ce temps là Bogdan nous donne plein d'informations pour notre future visite à Rome où il a été il y a quelques mois. La soirée se poursuit, on dine d'un plat de légumes et saucisses préparé un peu plus tôt par Elena.
Nous commençons à fatiguer mais l'équipe adverse est tentée par un petit tour sur la plage. L'idée de prendre la voiture avec nos amis imbibés ne nous branche pas trop, de se cailler sur le sable non plus et j'ai encore un programme chargé (photos, récit...) pendant qu'Hélène prévoit de reposer enfin ses yeux. Ils finissent malgré tout par accepter notre suggestion d'y aller sans nous.
Nous discutons aussi un peu via skype avec ma famille, et il est donc 1h20 quand j'écris ces lignes. Vous voyez que même si on n'envoie pas de cartes postales ces derniers temps on pense beaucoup beaucoup à vous et que via ce récit et les photos c'est notre manière à nous de vous faire voyager un peu, que ce soit dans les grandes villes ou les petites familles de Roumanie ou ne Navarre.