123è jour : Stelpe - Gaiziunai

22 juillet 2011

61,2 km, 5338 km au total

Le soleil et surtout la fournaise qui va avec nous tirent du lit et nous impose de nous frotter de nouveau aux taons. Forcément ils ont patienté toute la nuit sur la tente et sont désormais affamés. Ah les sales bestioles, on n'arrive pas à comprendre comment ils peuvent être autant malgré l'absence de gros mammifères genre vaches et chevaux pour leur piquer du sang. Comme pour les moustiques, les femelles "horsefly" ont besoin d'une bonne lampée de sang pour assurer la pérrénité de l'espèce. On imagine la pauvre vache solitaire à 3 kilomètres qui se fait vider de son sang et le fermier incrédule le lendemain matin. Peut-être aussi que comme les tiques et moustiques les taons s'attaquent aux oiseaux. Tiens d'ailleurs une petite pensée pour les tiques qui au bout d'un mois d'effort parviennent enfin à s'agripper à un oiseau et prennent leur envol. Tels Léonardo et Kate à la proue du Titanic, le tique - majestueux - s'écrie "Je vole !".
Bon revenons à la réalité. Donc étrangement quand les circonstances sont telles qu'elles sont ce matin, en 1h30 on a plié.
Après quelques kilomètres nous passons la frontière et croisons un peu plus loin Karol et Asia, un polonais et une polonaise (oui dans l'ordre), cyclotouristes touts neufs, qui ont débuté leur périple à Vilnius et montent plein nord vers Riga puis Tallin et peut-être Helsinki. 15 jours pour eux... on se sent bien privilégiés et pour ma part je prends un petit coup de vieux à être le vieux routard qui donne des conseils. On leur donne aussi nos derniers lats (la monnaie lituanienne) qu'on n'a pas utilisé.
Pique-nique dans un cimetière/église, parfait : bien tondu, ombragé, il n'y a pas à dire, la religion a parfois des bons côtés. On a même une nouvelle fois des toilettes. Ah je sais que vous souriez, mais les toilettes c'est souvent un problème et ça a tendance à être récurrent. Il faut sans cesse trouver des solutions et s'adapter à l'endroit.
Nouvelle adaptation d'ailleurs pour l'eau. Après un ravitaillement dans un cimetière qui nous fournit une eau jaunâtre probablement à peu près potable mais relativement dégueulasse, et après quelques visites de supermarchés sans toilettes ou le moindre lavabo nous nous orientons vers une station service où on est très bien accueillis et le pompiste me trouve même un tuyau pour faciliter le remplissage de la poche à eau car dans le petit évier c'est un peu compliqué.
A force de se prendre des petits orages et petites pluies de 2/3 minutes on sent qu'on va s'en prendre une grosse et on plante donc la tente dans un nouveau champ. Pas super glamour comme endroit, toujours aussi taoneux mais nécessaire.
En effet quelques dizaines de minutes après on se prend une bonne drache des familles du genre qui vous trempe jusqu'aux os. Sauf que nous on est dans le tente, à dépiauter nos emails et notre bardas.

124è jour : Gaiziunai - Svedasai

23 juillet 2011

73,8 km, 5411 km au total

Ouais bon une journée comme un autre, non pas que le voyage soit moins intéressant, mais parfois elles ne méritent pas vraiment d'être racontées dans les détails. On a le vent en pleine poire du matin au soir et on roule pas mal histoire de rejoindre Vilnius en 3 étapes au lieu de 4 (on y sera dans 2 jours si tout va bien).
On ressort dans la matinée la veste de pluie et son pantalon associé pour essuyer la météo associée elle aussi.
On profite encore et encore de la proximité des cigognes. Je me rend compte que je n'en ai pas beaucoup parlé (mais vous avez du voir quelques photos). Les états Baltes semblent vraiment être le lieu de prédilection des cigognes l'été. Elles ne sont pas farouches et on passe régulièrement à moins de 3 mètres d'elles. Il y a des nids partout sur les poteaux électriques et les petits (pas si petits que ça d'ailleurs) attendent patiemment le retour de papa/maman qui apporte le repas. C'est sympa et dépaysant. L'oiseau est à la fois un peu lourd et maladroit lors de l'envol et l'atterrissage mais connaissant ses capacités sur la distance on a un certain respect. Migration, lourd et lent... ça ne vous rappelle rien ?

125è jour : Svedasai - Zalvariai

24 juillet 2011

71,8 km, 5483 km au total

Réveil 6h30 et à 8h15 on est sur les routes, oui un dimanche. Il n'y a pas de jour du seigneur qui tienne. On a prévu de rejoindre un camping a environ 70 km donc on préfère un peu d'avance que d'être obligés de rouler jusqu'à pas d'heure.
Le ciel est toujours chargé mais la pluie nous épargne et on entraperçoit régulièrement le soleil. Comme ces deux derniers jours, le vent ne nous aide pas beaucoup et le relief depuis ces même 2 jours a repointé son nez. Pas spécialement sympa pour rouler mais il faut avouer que les paysages vallonnés ont quelque chose de bon. C'est plus seyant pour l'œil, ça rythme aussi le parcours différemment. Même si le programme est une longue ligne droite de plusieurs dizaines de kilomètres notre route lituanienne fait moins désert que l'Estonie ou la Lituanie. Je crois qu'il y a 3,5 millions de personnes en Lituanie et ça se ressent par rapport aux 2 pays précédents moins peuplés. Aux bords des routes il y a régulièrement autre chose que des champs et des forêts. Oh des fermes, des usines, des maisons, ça a quelque chose de rassurant.
Vu de la France on met les 3 états Baltes dans le même sac, mais quand on y est et qu'on prend le temps de les découvrir il y a des différences massives entre les trois. Hélène est unanime avec elle-même, elle se sent vraiment mieux dans la campagne lituanienne qu'estonienne ! C'est moins oppressant (c'est un grand mot d'Hélène pendant le voyage ça "oppressant", ça s'applique aux endroits trop désertiques comme aux taons d'ailleurs... :-)
Bon par contre la côte lettone est quand même magnifique... si on devait vous conseiller un seul des 3 états Baltes je crois qu'on serait bien embêtés, On va attendre Vilnius pour se prononcer.
Après un passage à Moletai pour un pique nique près de la station de bus d'où les gens nous observent du coin de l'œil mais doivent savoir mieux que nous-même le contenu de notre déjeuner, nous repartons. 58 km sur la matinée, je crois que c'est le plus qu'on ait fait avant midi jusqu'à présent depuis qu'on a quitté Paris.
Ah Paris... je repense à ce départ où on a failli se casser la figure sur les pavés au bout de 20 mètres, ça semble tellement loin. 4 mois certes ça n'est pas rien, mais quand on évoque avec Hélène un lieu précis de bivouac en France ou un truc vu en Allemagne on a un peu l'impression que c'était l'année dernière, probablement lors d'un autre voyage. On oublie aussi rapidement le besoin de t-shirt + polaire + doudoune + veste de pluie... c'est dingue... Parfois je taquine Hélène dans l'autre sens en lui parlant de nos futurs tours de roue dans la neige grecque... ou encore les plumes de duvets, qui après un an n'auront plus le même gonflant et nous feront nous geler à à peine 0°C... oui j'avoue j'aime bien taquiner Hélène, il faut dire que je n'ai plus mes collègues sous la main alors il faut bien compenser.
Ou j'en étais ? Ah oui, 14 km cet après-midi pour rejoindre le camping, une broutille qui nous permet de franchir la barrière avant 16h, ce qu'on aime bien aussi pour se poser et profiter de la douche et autres commodités qu'on ne trouve pas dans les forêts.
On oublie néanmoins la lessive car on espère pouvoir trouver une machine à laver chez notre hébergeur de Warmshowers de demain à Vilnius. Il est un peu tout seul dans le centre de Vilnius à sembler avoir un appartement compatible avec le fait de rester 2/3 jours et il se trouve qu'il est surchargé. Il a déjà dit oui à 3 personnes pour la semaine où on doit y être. Ca s'annonce très serré chez lui mais finalement après lui avoir envoyé nos dates exactes il semble que ça pourra le faire pour nous car certains ont décommandé et d'autres pas donné de nouvelles précises.
A l'entrée du camping on est interpellés par 2 familles qui comme d'habitude hallucinent un peu sur notre convoi. On discute quelques minutes et se fait prendre en photo avant de rejoindre finalement le lieu de plantage de notre tente.
On les retrouve après nos ablutions (rhaaa le bonheur de la douche après quelques jours à se laver avec un bidon d'eau dans la tente ou une pauvre lingette).
Il est à peine plus de 16h mais eux dinent. Nous prenons simplement une bière (héhé, ici aussi la petite unité c'est 0,5 litre) et un "snack" composé de pain frit avec de l'ail. Imaginez des frites cuites à la friteuse, sauf qu'à la place des pommes de terre vous mettez du pain... la diététicienne est ravie ! N'oublions pas notre problématique de base qui est de trouver un maximum de calories dans un minimum de nourriture :)
On discute longuement avec les 2 gars des 2 familles qui parlent très bien anglais. On répond bien entendu à leurs très nombreuses questions et on en profite également pour caser les nôtres. Une qui nous taraudait l'esprit depuis un moment c'était l'évolution entre avant et après 1991 (séparation d'avec la Russie, l'explosion de l'URSS quoi). On apprend donc que pour eux (le plus vieux a 43 ans) qui ont donc bien connu les deux périodes, c'est vraiment une très très nette amélioration de la vie. Le premier mot qui leur vient à l'esprit c'est "liberté" ça n'est pas n'importe quel mot ! Bref le simple fait de se trouver ici dans ce camping à passer un week-end au vert avant de reprendre le boulot demain c'est un luxe qui était inimaginable 20 ans auparavant.
Même si soutenir la conversation en anglais est toujours un effort important, on apprécie vraiment le moment, à l'ombreil sur une table au bar du camping, on est bien, propres, en bonne compagnie, c'est vraiment un chouette moment qui une fois de plus justifie tous ces kilomètres.

126è jour : Zalvariai - Vilnius

25 juillet 2011

65,5 km, 5549 km au total

Les premiers kilomètres sont très très durs puisque la route se transforme en chemin : terre tassée recouverte de graviers et de sable. Déjà en temps normal c'est très casse gue*le mais là en plus le passage répété des tracteurs a créé une jolie tôle ondulée. 12 km comme ça auront raison... outre de nos muscles, d'un de nos bidons qui se fera la malle sans qu'on s'en aperçoive ! Hallucinant ! Bon c'est celui qu'on avait acheté l'an dernier en Angleterre, on ne l'aimait pas trop mais quand même, ça n'est pas une raison !
Zappons la suite du trajet qui était certes sympa mais avec rien de spécial à raconter et concentrons-nous sur la suite.
Nous arrivons à Vilnius en début de soirée après avoir fait quelques courses et nous retrouvons Marius sur Cathedral Square. L'arrivée dans la ville nous donne une excellente impression, tout est très propre, bien restauré, il y a aussi pas mal de buildings modernes, bref c'est très joli et le soleil est de la partie.
On discute quelques minutes avec Marius quand il reçoit un coup de fil, un autre cycliste qui était censé venir un de ces jours prévient qu'il est à Vilnius là maintenant. Plus on est de fous plus on rit. On part donc tous les 4 dans un parc un peu plus loin pour discuter et boire les quelques bières que nous avons acheté au supermarché un peu auparavant. L'endroit est très chouette, et ça sent l'été.
Quand les bouteilles sont vides et le soleil couché nous regagnons l'appartement de Marius. Il habite un loft quasiment dans le centre. C'est une vieille usine qui a été transformée, je suis sous le charme. Moi qui suis amateur de plafonds 5 ou 6 mètres je suis servi. Ca me donne encore plein d'idées pour notre futur chez nous : et si on bâtissait juste un gros cube de 6 mètres de haut, vitré d'un côté et qu'ensuite on aménageait un ou deux "pods" à l'intérieur pour faire la partie salle de bains/toilettes et pourquoi pas un bureau ou une chambre fermée. Ca serait probablement moins cher que de construire directement des étages... et hop les rêves continuent.
Enfin bref parlons un peu d'Erick l'autre cycliste. Il est allemand, a 22 ans et est étudiant et fait un petit voyage de 5 semaines. Oui 5 semaines c'est court. Sauf que c'est un ultra barbare du vélo. Quand nous peinons à faire 70 ou 80 km, il enquille au moins ses 200 km quotidiens. Demain ça sera 220 et parfois il monte à 300. Marius qui est un cycliste plus "traditionnel" roule aussi pas mal (80-150 km, cf son site http://yogaracer.blogspot.com/) mais est un peu étonné lui aussi d'un tel programme. En plus Erick ne va pas juste sur des routes bitumées européennes, il va au point le plus à l'est de l'Europe, qui se trouve quelque part autour de la longitude 67°... qui et en pleine Russie. Oui la définition de ce point est sujette à discussion, cf wikipedia : http://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_de_points_extr%C3%AAmes_de_l%27Europe mais ça fait quand même un très gros bout de chemin. A un moment il devra prendre le train car il n'y a tout simplement plus de route, mais c'est quand même un truc de barbares, une fois de plus notre voyage semble simple et luxueux ! Ah oui avant que j'oublie, Erick a déjà fait un genre de Paris-Brest-Paris mais en Allemagne, plus de 1500 km en ... 78 heures... ça laisse rêveur, le tout sans rien manger de solide après le départ...
Nous discutons longuement autour d'un plat de pâtes, d'une salade grecque et d'un verre de vin blanc français.
Une fois de plus le couché est très tardif, et la nuit trop courte. Erick repart à 9h demain matin !

127è jour : Vilnius (jour off)

26 juillet 2011

0 km, 5549 km au total

Réveil difficile mais le soleil qui passe au travers les immenses baies vitrées. Ok il fait un peu chaud mais qu'est-ce que c'est sympa.
Marius repart travailler et emmène avec lui dans ses roues Erick pour les premiers kilomètres. Nous restons un peu dans l'appartement pour finir de nous préparer tranquillement.
Nous partons à pied car la distance qui nous sépare du vieux centre est de moins de 3 km. La météo étant avec nous, nous arpentons les petites rues. La tendance d'hier se confirme, Vilnius est vraiment une ville très sympa. Nous prenons un peu de hauteur pour monter au château et avoir une vue (presque) dégagée sur l'ensemble de la ville. Il faudrait encore couper quelques arbres. Enfin on en profite pour essayer de compter le nombre d'églises mais on abandonne rapidement, on a d'ailleurs constaté que ce qu'on prenait parfois pour des églises était en fait une université... cette ville a un long passé de mélange culturel, étant au centre même de l'Europe et à la frontière entre 2 cultures très différentes : latine et byzantine, bref il y a des choses très différentes partout et en permanence. Pas trop de bâtiments "communistes" C'est très agréable. La modernisation se fait de manière plutôt intelligente et visuellement agréable.
On redescend pour visiter la cathédrale "principale", très claire en pierre et peinture blanche, encore une fois ça nous change des églises françaises très sombres et parfois un peu glauques.
On rejoint ensuite un petit resto conseillé par Marius où nous dégustons des pancakes de pommes de terres râpées fourrées à la viande accompagnées de petits lardons et croutons. Hélène mange des pommes de terres au four avec des harengs, de la ciboule, des champignons, de l'oignon blanc et de la crème/moutarde. Les deux sont très bons et visiblement très locaux. On retrouve les produits chers aux pays Baltes : pomme de terre et harengs avec une pointe de Pologne/République Tchèque sur le côté "fourré" à la viande qui n'est pas sans nous rappeler les "knedlikis" de Prague (boulettes confectionnées principalement à partir de mie de pain)...
On poursuit notre dégustation de bières locales puisque les vignes sont toujours absentes sur notre parcours (on n'a pas spécialement envie d'arroser nos plats de vins français ou italiens).
Reprise de la visite, toujours à pied. Les photos parlent probablement mieux que les mots. Toujours pas mal de bâtiments très bien restaurés, quelques contrastes avec d'autres plus modernes, ... hormis quand on s'éloigne du centre, il est difficile de trouver des bâtiments en mauvais état comme on en a trouvé à la pelle à Riga. On peaufine donc notre appréciation, si vous prenez un avion pour passer un week-end dans un des états Baltes, c'est clairement à Vilnius qu'il faut aller, surtout si c'est hors période estivale où la proximité de la côte de Riga pourrait être un avantage.
Les pieds un peu en feu nous dégustons un café glacé sur une terrasse en observant les passants. La température a permis à toutes et à tous de tester les tenues les plus légères et Hélène se rince l'œil sur les beaux jeunes hommes.
Nous retournons à l'appartement en fin d'après-midi après quelques courses pour préparer à diner à notre hôte et travailler un peu.
Tiens pendant que j'y pense, il faut que je vous parle d'un truc : depuis qu'on est dans les Etats Baltes, on est revenus 20 ans en arrière au niveau des protections anti-vol des voitures. Ici toutes les voitures ont des alarmes, le genre qui se déclenche et qui couine à 115dB quand un feuille tombe sur le capot et surtout pour montrer qu'on a une voiture protégée à chaque fois qu'on verrouille les portes (à distance quand même), ça fait pouic-pouic, et quand on les déverrouille ça fait pouic-pouic-pouic. C'est absolument insupportable ! Imaginez-vous 5 minutes sur le parking d'un supermarché (à dépackager votre paquet de céréales par exemple), en permanence c'est pouic à gauche, pouac-pouic-pouac à droite, hallucinant !!! On leur dira qu'on a désormais des trucs silencieux et beaucoup plus efficaces...
Tiens autre sujet notable : le prix des abonnements téléphoniques (mobiles). On a bien la confirmation (car même en Suède c'était le cas) : en France on se fait traire comme des vaches au niveau tarifs. Ici un abonnement de 12 heures de communications par mois + 500 Mo de données c'est... un peu moins de 12 euros par mois, avec un bon téléphone quasi offert. En Suède je ne me souviens plus exactement mais c'était quelque chose comme 2 fois moins cher qu'en France. J'ai hâte que Free se lance à fond sur le créneau avant qu'on revienne en France histoire de ruer un peu dans les brancards.
Nos aubergines et poivrons grillés ainsi que les myrtilles et framboises à la chantilly (montée à la fourchette par 30°C un exploit) semblent plaire à Marius et autour de la table et de l'orage qui éclate non loin nous profitons de la soirée à discuter. Un peu au sujet des maisons d'ailleurs, car Marius étudie actuellement la possibilité d'acheter un petit cottage à la campagne. En cherchant un peu sur le net il trouve un grand terrain avec une maison en bois, des dépendances, électricité (mais eau au puits), le tout pas mal situé près de lacs sympa... pour 10 000 euros. C'est le prix normal pour ce genre de prestation (bien sûr on est dégoutés). Il est à deux doigts de téléphoner mais finalement c'est un peu trop proche d'autres habitations à son goût.
La météo étant assez défavorable on remet à demain la décision de repartir ou non.

128è jour : Vilnius - Rudiskes

27 juillet 2011

50,3 km, 5599 km au total

Au réveil le soleil brille et la météo semble moins compromise. Les 10mm de pluie de l'après-midi sont bien réduits, nous décidons donc de partir. Rapide petit déjeuner principalement composé d'un jus de fruits frais (à la centrifugeuse, car même si Marius n'a pas de batteur à œufs ou de vinaigre balsamique il a cet ustensile). Le jus est un mélange de pommes, pêches et... betteraves rouges. C'est assez local comme concept que d'utiliser la betterave rouge un peu partout là où les français n'auraient pas idée. Etrange mais une agréable découverte.
Nous descendons les 5 étages avec tout notre bardas avant de repartir sous un léger crachin direction Trakai, l'ancienne capitale de la Lituanie lorsque Vilnius n'existait pas encore. Il y a un chouette château isolé sur une petite île. Beau morceau, principalement constitué de briques rouges, sauf les murs de fondations.
Beaucoup de touristes par contre.
Des cyclotouristes polonais avec qui nous discutons un bon moment pour prendre des suggestions de trajet. Ils confirment ce que tout le monde nous a déjà dit : route nationale : oubliez. En Pologne il n'y a quasiment pas d'autoroutes, donc tout le trafic important du type gros camions et grosses voitures de touristes empruntent ces routes qui n'ont bien souvent même pas 50 cm de surlargeur sur les côtés.
Nous apercevons aussi des italiens qui viennent discuter un moment et émettre des onomatopées bien de chez eux pour définir l'ampleur de notre projet et leur étonnement vis à vis de notre kilométrage.
Des hollandais également qui ont à l'arrière de leur camping car, un tandem. Ils ne font que des excursions à la journée avec, mais c'est le second qu'ils achètent, le premier étant tombé en poussières après 30 ans de bons et loyaux services !
Sinon plein d'autres touristes de tous les pays qui viennent comme d'habitude gâcher les photos, mais bon en plein mois de juillet il faut bien faire des compromis...
A force de papoter avec tout le monde on traine beaucoup et on repart quasiment à 16h. Route peinarde mais quelques travaux dont un passage coupé que nous passerons malgré tout à pied, entre les engins de chantier, en sifflotant, sourire au lèvre histoire de ne pas faire 5 km de détour pour rien.
A la sortie de Rudiskes nous prenons un petit chemin, nous arrêtons un peu plus loin, laissons les taons nous renifler tranquillement avant qu'ils s'éloignent non intéressés et plantons la tente sous le soleil qui revient tranquillement après la journée un peu moyenne pas avec au final pas beaucoup de millimètres de pluie.

129è jour : Rudiskes - Gestarukai

28 juillet 2011

71,3 km, 5670 km au total

Il était là depuis déjà plusieurs heures quand il vit la porte de la tente s'ouvrir. Depuis son observatoire Mindaugas s'ennuyait ferme. Cigarette après cigarette il ne pouvait s'empêcher de frissonner. On lui avait demandé de rapporter tous les faits et gestes du jeune couple, mais pour l'instant il n'y avait absolument rien à rapporter. Perdu dans ses pensées il espérait simplement que la fumée de la cigarette se confondait suffisamment avec la brume épaisse afin de ne pas se faire repérer.
Il regarda sa montre, 7h35. Il avait cru entendre un réveil à 7h30, cela lui semblait désormais une certitude. Ce fut l'homme qui sortir de la tente, il devait s'appeler Olivier, mais on lui avait bien fait comprendre que moins il en saurait sur le couple moins sa vie serait en danger. Il avait l'habitude de ne pas poser trop de questions et s'en était donc tenu à ces 2 faits : Olivier et Hélène étaient dans la tente, et il fallait qu'il rapporte leurs faits et gestes. S'ils partaient, une autre équipe prendrait le relais.
L'homme sortir de la tente et s'éclipsa quelques minutes derrière des buissons. Il sourit intérieurement sachant très probablement le but de cette sortie matinale. Ce fut autour de la femme de sortir ensuite, elle devait avoir une trentaine d'années, pas très grande mais jolie, suffisamment pour lui rappeler combien son célibat imposé par son travail était frustrant pour lui.
Il ralluma une cigarette, maintenant le couple semblait en train de préparer un genre de petit déjeuner. Il apercevait Olivier qui mangeait des céréales à même un sachet plastique. Il alluma un réchaud à gaz avec une gamelle brillante pleine d'eau posée dessus. L'eau provenait d'un espèce de bidon en plastique jaune marqué isostar. Le couple se préparait du thé. Tout semblait calme et se passer bien lentement dans cette brume étouffante. Mindaugas n'avait pas la moindre idée de ce qu'il faisait là. Néanmoins, consciencieusement, pour gagner sa part il notait sur son petit ordinateur portable tous les fais et gestes qui lui semblaient pertinents.
Après le petit déjeuner le rythme s'accéléra. Alors que Mindaugas allumait une nouvelle cigarette, quand il releva les yeux Olivier et Hélène étaient en train de s'affairer à l'extérieur de la tente. Il ne les avaient pas vu sortir et s'il ne faisait pas plus attention il allait se faire découvrir. Il se figea carrément quand il entendit un petit papy s'approcher doucement en poussant un vélo sur le chemin qui menait au lieu qu'avait choisi le couple pour bivouaquer. Le vieux s'arrêta carrément pour les observer. Depuis son perchoir sur la branche d'un solide chêne Mindaugas se demandait ce que voulait bien dire ce cirque. Le vieil homme était-il lui aussi impliqué dans l'observation ? Un simple hasard ? Un collègue ou un membre de l'équipe adverse ? Il ne croyait guère au hasard et commençait déjà à planifier une intervention rapide et silencieuse afin de neutraliser le vieux et en savoir un peu plus sur la raison de sa présence. Il n'eut pas le temps d'aller bien loin dans ses réflexion que le papy repartit aussi tranquillement qu'il était arrivé. Bizarre tout ça.
Au bout de quelques minutes la tente fut pliée et tout fut soigneusement rangé dans des sacs. Il n'en revenait pas que tout le bardas qu'il avait pu apercevoir au travers de la porte entrouverte de la tente, ainsi que la tente elle même puisse tenir dans ces petits sacs.
Il nota ses dernières observations puis cliqua sur le bouton "envoyer". Désormais sa mission était terminée et il allait pouvoir rentrer chez lui et dormir un peu. La nuit avait été longue et sincèrement il aurait été bien mieux chez lui étant donné la totale absence d'activité. Il s'était un peu rapproché de la tente vers 5h et n'avait pu qu'entendre les respirations lentes et régulières parfois accompagnées de légers sifflements ou ronflements. Pourquoi l'avait-on envoyé ici ?
Ca n'était plus son problème. Il savait que son supérieur avait placé 2 autres observateurs à chaque extrémité du long chemin. Il n'y avait que deux issues possibles ils seraient bien obligés de passer devant. Il enviait le confort de leur voiture d'observation. Sa branche lui avait laissé de profondes marques sur le corps et il faudrait plusieurs dizaines de minutes afin qu'elles disparaissent totalement. Il rageait intérieurement de n'avoir pas pu profiter du lever du soleil pour observer les nombreuses cigognes aux alentours, au moins ça l'aurait occupé, mais ce fichu brouillard avait tout gâché.

C'est Ulrike qui hérita du couple. Il venait tout juste de recevoir l'information de l'arrivée du couple sur son téléphone portable qu'il les voyait arriver. Il avait été un peu ailleurs lors du briefing quelques heures plus tôt et il n'avait pas imaginé une seconde que les deux jeunes personnes seraient sur un vélo, pire encore sur un espèce de convoi composé d'un tandem et d'une remorque. S'ils voulaient être discrets, c'était loupé. Qu'est-ce que tout ça voulait dire ?
Il les laissa prendre la route et faire une centaine de mètres avant de tourner la clé du démarreur. Comme d'habitude, sa BMW démarra du premier coup. Depuis qu'il avait changé sa vieille berline de plus de 30 ans d'âge pour ce coupé flambant neuf, il avait l'impression de revivre. Certes pour la payer il avait du faire quelques boulots pas très honnêtes, mais comme il aimait à se le répéter pour justifier ses écarts, "on n'a rien sans rien".
Pourquoi diable n'avait-il pas écouté le briefing ? Comment allait-il pouvoir suivre un vélo qui roule à 15 à l'heure avec son coupé taillé pour la vitesse ? Et le tout sans se faire repérer ? Tant pis, d'après ce qu'il avait compris le couple n'avait pas la moindre idée qu'il puisse être suivi, il allait donc tenter quelque chose de différent : plutôt que de les suivre à 15 km/h derrière ce qui finirait par ne pas être très discret, il allait leur laisser de l'avance, et passer devant eux à allure normale et s'arrêter un peu plus loin. Il pourrait si besoins carrément revenir sur ses pas si jamais il avait des doutes. De toute façon il n'y avait pas 36 routes qu'ils pourraient emprunter et de ce qu'il avait pu lire sur leur visage lorsqu'ils étaient sortis du chemin de leur bivouac pour retrouver la route, c'était une réelle satisfaction pour eux. Peu de risque donc qu'ils empruntent de nouveau ce genre de chemin avant ce soir.
Ulrike sortit une carte de la boîte à gants et essaya d'imaginer où ils pouvaient bien se rendre. Alytus était la seule grande ville dans la direction et elle était à plus de 60 km. La journée allait être longue. Mais il faudrait qu'il fasse attention à ne pas les perdre s'ils allaient bien jusqu'à la ville.
Au bout d'une heure il le doubla en leur jetant un coup d'œil machinal. Vu 'étrangeté du convoi il se dit que tout le monde devait faire pareil et qu'il ne risquait pas d'être démasqué par cet acte. Olivier semblait concentré sur la route, à changer régulièrement les vitesses pour adapter la force de l'effort au relief de la route. Hélène, derrière, semblait perdue dans ses pensées. Aucun des deux ne sembla remarquer sa présence, Parfait, il pourrait recommencer son petit manège une nouvelle fois sans risquer de se faire repérer. Il poursuivit quelques kilomètres et gara la BM sur un petit chemin qui surplombait la route. Il aurait tout le loisir de les voir passer lorsqu'ils arriveraient. Il sortir de la voiture, ouvrit le coffre et sortit d'un sac plastique un sandwich au pâté que sa mère lui avait préparé la veille. Il se rassit derrière la volant et profita de ce moment de calme. Il aimait beaucoup sa mère mais elle mettait toujours de l'ail dans le pâté, ce qui avait tendance à l'énerver. C'était pour son bien répétait-elle. Il n'avait pourtant pas besoin de faire fuir de vampire. Il ouvrit le sandwich et retira les petits morceaux d'ail. Cette journée n'avait pas le moindre sens !
Vers midi, alors qu'il avait repris son petit manège et croisé le couple en sens inverse il les vit s'arrêter près d'un abri-bus. Il fit un détour pour ne pas repasser devant eux et vint se poster un peu à l'écart. Il sortir les jumelles et pu découvrir juste à temps la préparation visiblement très organisée de leur pique-nique. Pain noir, mini concombre en petites lamelles, jambon et tranches de fromage. Son estomac gargouilla mais il repensa à l'ail et cela lui donna la nausée. La suite du pique-nique fut un yaourt gigantesque, probablement 500 grammes, qu'ils se partageaient amoureusement à tour de rôle. Olivier alternait les cuillerées de yaourt avec ces petits gâteaux qu'Ulrike aimait tant : un genre de bretzels feuilletés sucrés. Il nota mentalement qu'il devrait demander à sa mère de lui en acheter.
Il eu plus de mal à comprendre la suite. Le couple resta côte à côte, mais ne parlait plus. Chacun semblait absorbé dans la contemplation d'un truc gris/noir. Un grand pour la fille, un petit pour l'homme, probablement un téléphone portable, moderne, de ceux qu'on voit dans les publicités. Par contre pour la fille il n'arrivait pas à comprendre. De loin on aurait dit qu'ils lisaient mais sans livre. Très étrange. C'est peut-être ça que ses employeurs voulaient savoir. Il nota ces informations sur son téléphone et envoya le message. Quelques minutes plus tard il reçut une réponse très courte : S'emparer discrètement des objets et nous les rapporter.
Typiquement le message d'un gars qui ne bouge pas ses fesses de son bureau de la journée et qui se fait même apporter son café pensa-t-il. Heureusement qu'on le payait bien.
"Discrètement". Facile à dire, les deux avaient les yeux rivés dessus. Il attendit encore 1 heure, se grattant la tête à la recherche d'une solution.
Finalement le couple repartir et Ulrike nota la position des deux appareils : sac à l'avant du guidon pour le petit, sac de droite sur le porte bagage arrière. Il pensa à cet instant que noter "arrière" lui aurait paru totalement farfelu quelques heures auparavant concernant un porte bagages. Il n'avait jamais pensé qu'on pouvait également en mettre à l'avant. Ce vélo à deux était décidément étonnant.
Alors qu'il avait repris son manège de dépassement/attente. Il loupa un arrêt "pipi" pendant lequel il aurait peut-être eu une chance d'intervenir. Quand la scène se reproduisit quelques heures plus tard il se rassura en constatant que de toute façon il y avait toujours l'un des deux qui restait proche du vélo. Comment faire ?
La journée semblait interminable avec ce fichu vélo qui avançait à 2 à l'heure. Il aurait eu 5 fois le temps d'aller à Alytus et d'en revenir. Il commençait à devenir impatient.
Soudain alors qu'il les suivait distraitement, le couple fit un écart, traversa la route et alla se garer sur le parking d'un supermarché Rimi. Il poursuivit quelques mètres et tourna un peu plus loin pour prendre une autre entrée. Son visage s'illumina : s'ils vont faire des courses, c'est gagné !
Depuis la voiture maintenant garée et rendue anonyme par la quantité de ses semblables sur le parking, il pouvait observer tranquillement le manège. Pour le téléphone, c'était râpé, l'homme prenant avec lui le sac de devant tout entier. Pour l'autre il y avait une chance. Il avait vu la fille prendre un petit sac à dos du sac arrière, mais était-il vide ou plein ? Il faudrait qu'il aille fouiller le vélo lorsque les 2 autres seraient partis.
Il n'eut pas à attendre bien longtemps, les deux silhouettes s'engouffrèrent dans le supermarché et disparurent. Il attendit encore quelques minutes, sortit de sa voiture, la verrouilla et satisfait du bruit de l'allumage de son alarme il s'approcha du vélo. Il n'était pas question qu'on lui subtilise son coupé au moment crucial de sa mission. Il allait s'approcher du vélo mais il eut d'abord envie de vérifier que le couple n'était pas simplement allé aux toilettes. S'ils ressortaient dans 2 minutes il allait être pris sur le fait et il savait que son employeur ne laisserait pas passer ce genre de boulette. Il avait vu ce qui s'était passé pour certains de ses ex-collègues qui bizarrement avaient disparu, étaient tombés gravement malades ou tout simplement avaient été retrouvés morts dans leur appartement.
Il pris un panier vide à l'entrée et s'engouffra à son tour dans le supermarché. Il aperçut très rapidement ses 2 cibles qui n'étaient pas vraiment discrètes. Le cuissard cycliste, ça se repère à 3 kilomètres. Par contre chose étrange, il étaient en pleine conversation avec une femme plus âgée qu'il ne connaissait pas. Il se força à repenser au briefing : non il n'y avait pas de troisième personne dans l'histoire. Il s'approcha discrètement et tâta quelques fruits en tendant l'oreille pour entendre la conversation. La femme parlait en anglais bien que ça ne fut pas sa langue natale, elle expliquait au couple qu'il ne fallait pas qu'ils laissent leur vélo sans surveillance, qu'ici, dans ce pays c'était risqué et qu'on allait fouiller dans leurs affaires. Le couple semblait comprendre l'anglais mais très étonné de la remarque. Il soupesa quelques pêches puis les reposa. Qui était donc cette femme ? Comment savait-elle ? Il repensa au rapport de Mindaugas qu'il avait parcouru un peu plus tôt lorsqu'il attendait le passage du vélo. Encore une coïncidence ? Peu probable. La femme ressortit rapidement du supermarché. Il était partagé entre la suivre et rester à voir ce que le couple allait décider. Il comprit néanmoins rapidement que l'homme allait ressortir, il sortait sa carte de paiement de son sac et la tendait à la fille. Il fallait donc agir vite.
Il posa son panier vide par terre et ressortit aussi rapidement qu'il était entré. Il se dirigea vers le vélo mais changea brusquement de direction quand il vit que la dame sortie peu avant faisait le guet juste devant. Mais qui était-elle ? Comme prévu l'homme ressortit quelques dizaine de secondes plus tard, ruinant définitivement ses espoirs de récupérer l'objet. L'homme parla quelques secondes avec la dame puis cette dernière repartit.
Il rumina longuement. L'homme s'était assis par terre, au pied du vélo et attendait le retour de sa compagne. Il avait ressorti son petit objet noir qu'il pu cette fois observer d'un peu plus prêt. C'était bien un téléphone, et visiblement il lisait quelque chose dessus.
La fille ressortit une demi heure plus tard. Les sacs pleins de provisions. Le manège allait reprendre. Ca faisait bientôt 8 heures qu'il suivait le couple et il commençait à en avoir sa claque.
Le comble fut quand le couple s'arrêta quelques minutes plus tard dans un second supermarché. La fille partit seule et revint quelques minutes plus tard. Il paria avec lui-même : petite vessie... elle cherchait des toilettes, il n'en avait pas vu dans le premier supermarché.
Fatigué il les suivit plus traditionnellement, restant 100 mètres derrière et faisant de nombreux arrêts sur le bord de la route ou des manœuvres de contournement pour rester toujours derrière sans se faire repérer. Au bout d'un moment il se rendit compte qu'il ne les voyait plus. Il accéléra un peu, mais ne les retrouva pas. Il revint en arrière, jusqu'au supermarché sans les voir. Mince, avaient-ils pris à droite ou à gauche dans un petit chemin ? Il regarda sa montre 18 heures, probablement étaient-ils partis chercher un lieu de bivouac. Il n'avait aucune envie de se taper tous les petits chemins les uns après les autres. Il se doutait également qu'il seraient probablement cachés, loin du chemin et qu'il risquait de se faire repérer. Il avait failli, ils avaient gagné. Il savait quelles étaient les conséquences pour lui. Son employeur ne laisserait jamais passer ça. Et que diraient ses collègues apprenant qu'ils s'était fait semer par un couple à vélo. Pendant qu'il imaginait les deux trentenaires planter leur tente, gonfler des matelas, préparer un diner et se reposer il comprit que pour lui le repos allait être absent de sa vie pour les jours à venir. Il ouvrit le coffre, vérifia que la petite valise qu'il gardait en permanence prête contenait tout ce dont il avait besoin, il laissa un message sur le répondeur de sa mère pour lui dire qu'il partait, et retourna dans la voiture. Il fit rugir le moteur et prit la direction de la Pologne. Il le savait, c'était la dernière fois qu'il verrait la Lituanie.

130è jour : Gestarukai - après Azdijai

29 juillet 2011

40,5 km, 5711 km au total

Après les péripéties d'hier il nous était impératif de nous reposer. Pas de réveil donc ce matin mais les tracteurs qui labourent notre chemin passent finalement assez souvent à quelques mètres de la tente. A 10h30 on est donc de retour sur les routes. Notre activité principale va être de combattre le vent de face et le relief qui - même s'il est doux - nous impose quand même un certain nombre de montées-descentes. Vers midi on se trouve un abri sympa, grand, avec des poteaux pour faire sécher tout notre bardas car la pluie et l'humidité ambiante des derniers jours nous force à porter bien trop d'eau dans le double toit de la tente ou le tarp. L'après-midi est l'occasion de rejoindre une ville un peu plus grosse où on ne trouve pas à acheter de carte détaillée du nord est de la Pologne. Finalement c'est via l'office du tourisme qu'on trouvera un petit bout de carte qui devrait nous permettre de rejoindre une grosse ville de Pologne et probablement alors trouver enfin de bonnes cartes. On en a une au 1:700 000è, donnée par des cyclotouristes rencontrés à Tallinn. C'est pratique pour planifier les grandes directions, et on s'en servira à plein temps si on ne trouve rien de mieux, mais quelque chose de plus précis et avec idéalement une indication des campings ça serait encore mieux. On vide aussi nos derniers litas en s'achetant du jus de fruit et des gâteaux et on repart en direction de la frontière. On s'arrête un peu avant car on aperçoit un endroit qui semble parfait. Des jolies collines, des cigognes, quelques vaches, et oh miracle, du soleil.
Ah oui et je ne vous ait pas dit, hier j'ai encore une fois enfoncé mon score à TiqueGame : 8-0 contre Hélène !