169 jour : Witzelsdorf - Bratislava

28 septembre 2011

31,5 km, 7182 km au total

Disclaimer : il est 0h45 et j'ai probablement plus de 1,5 litres de sang dans ma bière, nouveau record du voyage. On va devenir alcooliques pendant le voyage, mais heureusement notre hôte nous précise qu'une fois sortie de Slovaquie ils n'ont plus de bonnes bières, que les hongrois c'est des petits joueurs à ce niveau là...

Donc commençons :
A 6 heures je sens bien qu'Hélène n'a pas passé la nuit de ses rêves et même si je prends mon petit déjeuner tout seul comme ça arrive souvent, à son issue il faut bien se rendre à l'évidence, la suite ne s'annonce pas vraiment sous forme d'un pliage de tente.
Du coup on repart pour quelques heures de sommeil et émergeons de nouveau tous les deux autour de 9 heures.
Du même coup on quitte le campement vers... 11h, vous parlez d'une matinée !
A midi, après quelques kilomètres le long du Danube l'estomac fait sentir qu'il existe et on n'a pas rejoint Bratislava. Il faut se rendre à l'évidence, on va pique-niquer avant la Slovaquie sinon on risque l'hypoglycémie :-) Ca fait un peu bizarre de se dire qu'il y a 65 km entre Vienne et Bratislava et qu'alors qu'on prévoyait de le faire en une étape, il va nous falloir le double pour effectuer le trajet, m'enfin hormis l'hiver qui arrive et se températures qui nous poussent à nous rapprocher de la mer noire, rien ne nous oblige à parcourir beaucoup de kilomètres si on n'en a pas envie.
Nous passons donc la frontière vers 15h et atteignons Bratislava dans la foulée.
Nous posons le tandem dans le centre, près de la place principale ou nous avons rendez-vous vers 17h45 et profitons du temps pour nous balader à pied dans les méandres des petites rues que nous arpentons méthodiquement. Notre plan et notre première impression nous indiquent que c'est le genre de capitale qu'on peut visiter en une journée, nous nous y mettons activement car nous prévoyons de repartir dès demain matin car notre hébergement est une nouvelle fois un peu à l'arrache :
Je reprécise : Klemens de Vienne connait un Daniel à Bratislava qui n'est pas disponible mais s'est arrangé avec son copain Michal pour que ce dernier nous héberge. On n'a donc pas trop envie d'abuser.
La visite du centre est sympa et nous montre une capitale qui une nouvelle fois exprime toute son histoire dans son architecture : de vieux bâtiments superbement restaurés jouxtent les mêmes en bien pourris. Une période communiste qui a apporté des "choses" pas bien jolies mais probablement très pratiques et utilitaires, comme peut l'être un pyjama en pilou. Le vieux centre est très très petit, ça fait bizarre pour une capitale de 400 000 habitants.
Nous dégustons un café et une bière accompagnés d'une sympathique part de gâteau dans un salon de thé central en attendant Michal qui arrive vers 18h.
Nous rentrons chez lui poser nos affaires et profiter du luxe de la douche.
Nous ressortons ensuite dans un petit resto pour diner. Je tente un fromage grillé pendant qu'Hélène tente un autre plat local (ne me demandez pas quoi, et là elle dort à point fermés), accompagné bien sûr d'une bière. Ici encore la norme c'est 0,5 litre et c'est Michal qui a commandé pour nous !
Michal reprend une bière pendant que j'aide Hélène à finir la sienne.
Nous sortons du resto et suivons Michal qui nous amène... dans un bar... où il commande pour tout le monde un nouveau ravitaillement en 0,5. La soirée se poursuit et nous permet d'en apprendre plus sur la Slovaquie, sa période soviétique, sa "libération" en 1989 (encore un pays qui se sent réellement libéré), son indépendance en 1993... je finis la bière d'Hélène qui commence sérieusement à piquer du nez et lance le mouvement de rentrage à la maison sinon on va la perdre. Nous rentrons donc à l'appartement un peu contre le gré de notre hôte mais ce dernier accepte de ressortir sans nous poursuivre la soirée.
Comme je l'ai dit en préambule, il est 0h45 (un peu plus tard maintenant) et notre réveil nous a quand même réveillé à 6h. Le kilométrage n'est pas bien élevé aujourd'hui mais nous n'avons pas l'entrainement de notre hôte. Pas évident à gérer, vous ne m'en voudrez pas d'aller rejoindre Hélène ? ok, merci c'est gentil.

170 jour : Bratislava - Cunovo

29 septembre 2011

24,6 km, 7207 km au total

Réveil compliqué ce matin étant donné les péripéties volumiques de la veille. Mon bon cœur d'aider Hélène à finir ses verres me perdra... qu'est-ce qu'on ne fait pas par amour. Je confie donc à l'élue de mon cœur la tâche de rempaqueter nos affaires pendant que j'essaye de survivre. Michal rit "ah les français". Il ne rentre pas dans les détails de sa deuxième partie de soirée mais il n'est pas rentré de bonne heure et probablement après encore quelques 0,5 supplémentaires. Au réveil il n'est pas d'une grande motivation ni volonté sportive mais il a l'air en parfait état, sans rayures ni cabossures, ce qui n'est pas mon cas.
Vers 11h bien tassées nous quittons notre hôte slovaque et son appartement pour essayer de reprendre la route. L'idée c'est de trouver avant tout à manger pour les repas à venir car autant profiter d'une grande ville. La suite de la route longeant beaucoup le Danube, elle passe surtout par des petits chemins, des forêts, des champs... pas idéal pour ravitailler.
Là encore je laisse Hélène gérer cette partie là, passer dans les rayons frigorifiques au "petit matin" me glace l'estomac et le transit d'avance, je m'offre une demi-heure de repos au soleil.
Nous repartons à midi plus que tassé et commençons déjà par retraverser le fleuve ou du moins une partie cas il n'y a pas 1 Danube mais plein de Danubes. Il se sépare en bras naturels et artificiels et les chemins et autres pistes cyclbles sont nombreux, il n'y a que l'embarras du choix. Même en étant d'un côté précis on a parfois 2 pistes cyclables. On s'arrache un peu les cheveux à savoir de quel côté aller mais on se rend finalement que ça n'a pas la moindre importance : tous les chemins mènent à Budapest.
Après le déjeuner le tandem se porte mieux et nous pouvons effectuer quelques beaux kilomètres, à 28 km/h, vent dans le dos sur une belle piste bien lisse. Nous slalomons entre les rollermen et women qui pour certains vont jusqu'au bout de leur préparation pour l'hiver à venir : les 2 bâtons de ski et la godille dans les descentes.
Un peu avant 16h une rapide analyse du terrain nous indique qu'il est plus sage de chercher à planter rapidement et autant de pas trop forcer la machine humaine qui a décidément plus de mal à se remettre de quelques grammes d'alcool que de dizaines de kilomètres de vélo. Ah ces slovaques c'est pas la moitié de buveurs !

171 jour : Cunovo - Vel'ke Kosihy

30 septembre 2011

66,7 km, 7274 km au total

Le dernier jour de septembre s'annonce exceptionnel au niveau météo. Ca fait des jours qu'on n'a que du soleil et globalement hormis 2 jours un peu pourris avant Brno en République Tchèque nous avons eu un temps parfait pour le vélo. Comme toujours on a un peu peur de la suite, par exemple la moyenne des températures nocturnes de Vienne en octobre c'est autour de 0°C ... ça laisse rêveur.
Toujours est-il que ce matin nous reprenons notre piste, elle longe le Danube et c'est simplement magnifique. Oui il est bien bleu ce beau fleuve, et nous enchaînons des kilomètres dans ce qui pourrait être une réserve naturelle. Les canards par centaines s'éloignent en nous voyant approcher, on dérange aussi pas mal de volatiles genre aigrettes huppées (si ça existe), et globalement tous les 100 mètres un héron prend son envol pour nous éviter. Avec le soleil qui se lève c'est parfait.
Le vent est calme et plutôt dans notre dos et nos premières dizaines de kilomètres sur un bitume tout aussi parfait que le reste nous font apprécier la balade au plus haut point. La piste est souvent en haut d'un genre de digue, ce qui permet d'avoir une vue dégagée sur les alentours, on observe au loin de l'autre côté... la Hongrie. Le fleuve sépare les deux pays mais parfois les deux rives appartiennent à la Slovaquie. L'herbe de chaque côté est super bien entretenue, on voit d'ailleurs un certain nombre de tracteurs qui tondent, taillent et ratiboisent l'endroit pour notre plus grand plaisir. Du coup il suffit de descendre le talus pour avoir en quasi permanence l'endroit idéal pour pique-niquer. Du sombreil comme on aime. Avec la température clémente on n'a pas vraiment envie de repartir, on se prélasse, sieste, bouquine, se rendort. On finit quand même par reprendre et il faut croire qu'on n'aurait pas dû. La piste se transforme en chemin du type qu'on déteste : terre tassée (bien) mais recouverte de caillasse. à croire que les gens qui ont fait ça ne sont jamais monté sur un vélo !!! Notre belle moyenne qui dépassait 20 km/h redescend en flèche en même temps que le moral. Il y en a pour des kilomètres d'après la carte, grrr. Ca patine, on frôle le cassage de figure à tout instant et la seule alternative est de rouler dans l'herbe à côté ce qui règle le problème de stabilité mais est deux fois plus physique et propulse la moyenne encore plus vite vers le bas. Une petite accalmie nous sauve mais le chemin reprend bien trop rapidement à notre goût. Fatigués, nous repérons donc un champ presque fermé, le bivouac de rêve. On n'en demande pas plus et on stoppe là notre belle journée cyclable.
Du coup de quoi parler d'autre ?
Pendant que j'y pense, je crois que j'ai oublié de dire qu'enfin Hélène n'est plus "fanny", 8-1 au tableau des scores, il y a quelques jours (c'était le jour où on a passé les 7000 km mais on a oublié d'en parler) Hélène a eu sa première tique !!!
Reparlons aussi un peu bouquins puisqu'après mon avis mitigé des nouvelles d'Anna Gavalda j'ai poursuivi dans la littérature qu'on pourrait considérer "pour filles" (c'est peut-être un peu sexiste désolé) et ai donc descendu 4 bouquins d'Amélie Nothomb en 3 jours. Ils sont courts il faut dire. Il m'en reste encore quelques-uns mais j'avoue que les échanges épistolaires de "Une forme de vie" m'ont beaucoup plu, de même que la piscine de 30 cm de profondeur, avec glaçons pour maintenir en permanence une quantité phénoménale de bouteilles de Veuve Cliquot à température idéale dans "Le fait du Prince". Elle a des idées et des délires plutôt sympa.
Au passage Amazon vient d'annoncer la sortie proche de nouveaux Kindle à des tarifs plus abordables que le précédent, ceux qui hésitaient c'est peut-être l'occasion d'y jeter un œil.
Allez, il est temps d'enchaîner sur les obligations du soir avant la tombée de la nuit. Dans 2 ou 3 jours selon l'état de la piste cyclable on devrait être à Budapest. Notre premier contact avec une warmshoweuse à encore foiré (pas dispo, trop de travail), on essaye une autre personne même si je crois qu'Hélène ne serait pas contre retourner à l'hôtel de luxe où nous étions il y a quasiment 2 ans jour pour jour pour fêter notre pacs...

172 jour : Vel'ke Kosihy - Muzla

1er octobre 2011

56,2 km, 7330 km au total

Octobre succède à septembre, Nothomb à Nothomb, le soleil au soleil, bref tout va bien dans le meilleur des mondes. Oh certes on a bien quelques contrariétés, actuellement c'est plutôt lié à nos activités pro passées, en cours ou à venir mais sinon au niveau du voyage on peut dire qu'on nage dans le bleu du Danube. C'est plat, on adore et en plus on a le vent dans le dos.
Après les quelques restes de caillaisse d'hier on décide de retourner sur une vraie route. On rigole bien car en réalité on troque un chemin plat, droit mais caillouteux contre une route tordue, pas bitumée et dans un état plus qu'avancé de défonce. Des trous de 50 centimètres, un à gauche, un à droite, heureusement que c'est sec sinon ça serait un enfer.
On finit au bout de quelques kilomètres de zigzag par retrouver un vrai bitume, qui nous fait l'effet d'une piste de kilomètre lancé. Kaufland nous permet un ravitaillement intégral et outre les traditionnels mets du voyageur, on s'offre quelques petits plaisirs : une gomme, un nouveau petit cahier tout léger, un tube de colle Néoprène (ENFIN !) et des piles pour une lampe frontale.
Tiens en parlant de ces petits luxes, il y a deux jours, Michal nous a posé une question très intéressante : c'est quoi le truc le plus stupide (ou le moins indispensable) que vous trimbalez avec vous ?
De son côté lors d'une expédition il posé la question et avait visiblement fait une petite blagounette puisque chacun avait vidé son sac (en rando à pied) et le constat de l'un était "des briques"... qu'il avait réussi a mettre dans le sac d'un de ses potes à son insu.
De notre côté on a longuement réfléchi. La question est assez délicate car bien sûr qu'on transporte des trucs éminemment inutiles. Tout ce qui est pharmacie et réparation ne sert globalement à rien... mais est-ce inutile pour autant ? Pas vraiment. En tout cas pas le dimanche où une chaîne pète ou celui de la semaine suivante où on s'étale sur la route à 60 km/h.
Alors hormis ça ? contre toute attente le premier truc auquel on pense c'est... le sel. On a une petite bouteille qui en contient une trentaine de grammes probablement (cf tableau excel de la pesée je crois mais nous on ne l'a pas sous la main). Comme on a tendance à toujours acheter des sauces lyophilisées pour nos pâtes, le sel ne nous sert jamais. Sinon on retourne les sacoches dans tous les sens sans réellement trouver de chose qui ne nous ait pas servie ou ne risque pas de nous servir en cas d'urgence (oui le firesteel c'est un peu luxe mais c'est un peu le truc pour nous rassurer et sauver en cas de trempage de toutes nos affaires).
On a 2/3 petits grigris qu'on nous a offerts pour le voyage et qui rentrent probablement dans la définition parfaire de l'inutile : des petites pierres semi-précieuses (quartz rose...) censées protéger des mauvais sorts/plans foireux et une médaille de St Christophe. Ca nous fait sourire mais on adore l'intention et l'attention qu'on eue les gens qui nous ont offert ça donc on fait les voyager avec plaisir, surtout que ça n'est pas bien lourd ni encombrant.
Hier soir en plantant la tente nous avons utilisé (ça n'est pas la première fois mais ça sera la première fois que j'en parle) une application très sympa sur l'iphone qui s'appelle Sun Seeker. Elle permet, en conjonction avec l'utilisation de la prévisualisation de l'appareil photo d'afficher en réalité augmentée sur le paysage autour de soi le déplacement du soleil... et donc où il se lèvera demain matin exactement et à quelle hauteur il sera quelques heures après. C'est pratique car ça permet d'optimiser le placement de la tente pour essayer de la faire sécher avant de partir. Hier soir donc on s'est douté qu'on serait malheureusement derrière les arbres quoi qu'on fasse et ce matin le constat fut bien le même. Séchage intégral donc ce midi.
Pendant qu'on rêvasse à d'autres plans bizarres pour notre redémarrage en France, on regarde passer quelques cyclotouristes qui prennent la même route que nous. Assez logique.
On rattrape un couple d'allemands qui sont chargés comme des mules. On ne se moque que rarement des chargements parce que le notre est du genre déjà bien conséquent mais là ça dépasse tout ce qu'on a pu voir jusqu'à présent. Chacun a les traditionnelles 4 sacoches (2 avant/2 arrière, là c'est le modèle ultra XXL) plus la sacoche de guidon plus un énorme sac de spéléo (un peu comme nos sacs de remorque) accroché sur le porte bagages plus une poche banane autour de la taille. Ils doivent au moins faire le tour du monde.
En discutant un peu avec eux on découvre que non, ils font "juste" un voyage entre le milieu de l'Allemagne et Budapest avant de rentrer par le train. On sourit sans oser critiquer.
Par contre ils ont une idée sympa : comme ils voyagent chacun sur leur vélo ils discutent... via talkie-walkie. Ce dernier est attaché dans une housse à leur rétro-viseur et comme ça même si 100 mètres les séparent ils papotent. Nous on les regarde surtout zigzaguer sur leur vélo en raison du centre de gravité très élevé de leur chargement, du poids évident et le l'accès pas idéal du talkie-walkie. En tout cas c'est rafraichissant... mais voyez-vous nous on est sur du plat le vent dans le dos et là le tandem il a des ailes. Après quelques minutes à discuter côté à côte en faisant ch*er les voitures on embraye un pignon plus costaud et on les fume bien comme il faut. En quelques secondes ils ne sont plus qu'un petit point et disparaissent finalement du rétroviseur que nous n'avons pas.
On suit toujours le Danube, avec une moyenne qui se maintient au dessus de 20,5 km/h pendant pas mal de temps (pour ça il faut rouler au moins à 23 km/h en permanence car dès qu'on s'arrête ça retombe bien trop vite à notre goût). Vers 16h on tente une forêt qui s'avère un mauvais plan, on change de côté, passe un genre de digue et juste de l'autre côté un joli herbage bien plat sera notre lieu de bivouac. Je suis sûr que vu sur Google Maps (en vue aérienne) on doit avoir l'impression de dormir juste à côté de la route mais le relief fait toute la différence, on est bien cachés et il y a peu de chances qu'on nous dérange.