Parmi les échanges qu’on a pu avoir avec les gens autour de nous autour du projet, une chose revient souvent : « vous concrétisez ce que beaucoup ne s’autorisent qu’en rêve ».
Derrière cette petite phrase on ressent ce côté « vous avez de la chance, vous vous pouvez » sous entendu « moi je ne peux pas », généralement avec plein d’explications à priori tout à fait légitimes. Travail, enfants, emprunts, engagements à droite et à gauche, …
Pour avoir passé 10 ans dans la même entreprise je ne suis probablement pas la personne la plus qualifiée pour écrire ça, mais c’est une chose que j’ai perçue, aussi bien pour ma propre vie que pour les gens autour de moi : il est très difficile de sortir de sa zone de confort.
La zone de confort c’est le fait que chaque mois avoir un salaire qui tombe c’est quand même bien pratique. C’est aussi qu’on connait son travail, on devient meilleur chaque jour à faire et refaire des choses en les perfectionnant petit à petit. On obtient une reconnaissance qu’on ne souhaite pas briser, surtout pas pour aller vers un inconnu. Pourquoi quitter un emploi dont on maîtrise le contexte, les tenants et les aboutissants, les personnes autour, … pour quelque chose dont on n’a absolument aucune idée de son apport positif ?
C’est ainsi pour tous les domaines : pourquoi déménager ? Pourquoi changer de ville ? Ici je connais bien, je sais ce que ça m’apporte alors qu’ailleurs je n’en ai aucune idée… donc j’en ai peur. Pourquoi aller chez G20 alors que Monoprix est très bien ? 🙂 Relisez la phrase précédente, elle s’applique tout aussi bien…
La zone de confort c’est donc préférer se contenter de ce qu’on a, parce qu’on le connait bien – et ce même si on a d’autres désirs et envies – plutôt que de prendre le moindre risque de faire quoi que ce soit pour changer car on risquerait alors de se mettre en danger.
Alors attention, je ne blâme personne, comme je l’écrivais plus haut, je suis le premier concerné. Pendant des années l’activité d’Hélène était naissante, il y avait tout à construire donc il nous a semblé impératif d’avoir de l’autre côté quelque chose de stable, une activité qui paye le loyer de l’appart tous les mois en limitant autant que possible la casse. C’est cohérent mais également le meilleur moyen de s’empêcher toute prise de risque en parallèle. Chacun trouve donc tout un tas de raisons, parfaitement cohérentes et justifiables pour se lover dans ce petit confort rassurant.
Comme je l’ai déjà expliqué dans le « pourquoi la migration », le voyage en Europe c’est un projet double, le premier évidemment celui de passer un an à découvrir les pays, la culture, les gens qui nous entourent, mais c’est aussi un projet de vie « après la migration ». Ce voyage c’est le petit coup de pouce pour sortir de cette zone de confort, pour se poser et réfléchir à ce qu’on veut vraiment faire et comment on veut le faire.
On le sait avant même le départ, le retour sera probablement complexe. On quitte Paris sans grande idée d’emploi par la suite. On se met volontairement dans une situation délicate, bref on se pousse mutuellement dans la galère et le voyage est là pour nous y aider. A défaut d’un triple, c’est un double saut que nous effectuons : le périple à vélo + l’absence de retour à Paris.
Alors à ces personnes qui nous « envient » j’ai envie de dire : le week-end prochain, ou lors de vos prochaines vacances, planifiez un moment pour vous poser, pour réfléchir simplement à cette petite série de questions :
Est-ce que je fais ce que j’ai envie de faire ?
Est-ce que j’ai fait ce que je m’étais dis que j’allais faire ?
Quels sont mes projets ?
Qu’est-ce que je voudrais changer ?
Que mettre en place pour que ces changements se produisent ?
Quels sont les points qui me semblent bloquants et comment faire pour qu’ils ne le soient plus ?
…
Bref prendre le temps de réfléchir un peu à tout ça et adresser les freins un par un s’il le faut afin de tout faire pour que les choses qu’on désire vraiment se produisent et non pas subir passivement le fait que « non ça n’est pas possible dans mon cas ».
Ça prend souvent du temps, nous on y est depuis mi-2008, entre temps il y a eu énormément de travail de fait. Par exemple je ne compte pas le temps passé à créer ma nouvelle activité tout ça le soir après ma journée de travail salariée. Ca demande des efforts, car il est nettement plus simple et confortable de se mettre sur le canapé devant la télé. Ça demande de la régularité, du suivi, de la persévérance… tout ça pour un hypothétique « mieux par la suite ». Peut-être que tout foirera dans 2 ans, mais au moins on aura entrepris quelque chose, on aura essayé… et entre temps découvert et appris énormément.
En tout cas une chose est sûre, quand on ne fait rien on ne risque pas de se planter…
PS : quelques réponses types aux freins du voyage :
Problème : j’ai de jeunes enfants…
Solution : on a croisé des familles et lu des récits de familles, avec des enfants de tous âges, et même si c’est plus compliqué et différent (pas 90 km par jour de vélo par ex, parents qui font l’école aux enfants un peu tous les jours…), c’est faisable.
PB : je viens d’acheter un appartement/une maison, j’ai un prêt sur le dos.
Solution : un logement ça se loue pendant votre voyage, ça paiera si ce n’est l’intégralité, au moins une bonne partie des mensualités
PB : j’ai un travail, je ne peux pas le quitter.
Solution : le congé sabbatique ça existe. Vous pouvez aussi prendre très sérieusement la température de votre « employabilité » en vous mettant en recherche d’emploi (lettre, cv, entretiens étouétou) sans aller jusqu’au bout. Vous verrez que finalement il y a de fortes chances qu’à votre retour vous puissiez trouver un nouvel emploi sans trop de souci. C’est peut-être également le moment de réfléchir aux alternatives possibles (création de société, changement de secteur, changement de lieu…)
PB : je n’ai pas les moyens…
Solution : économisez autant que possible et en parallèle utilisez le temps avant le départ pour chercher des sponsors
… comme on dit « il n’y a pas de problèmes, il n’y a que des solutions ». A vous de les chercher et de les trouver