Comment quitter son emploi salarié ?

Parmi les grandes interrogations des voyageurs il y a le fait de quitter son travail. Je laisse de côté les professions libérales, les dirigeants d’entreprises & co pour me concentrer sur le salariat. On avait dit qu’on posterait ici les résultats de nos recherches afin d’aider éventuellement les personnes dans notre situation, alors c’est parti.

Il y a différentes approches, très différentes, en voici quelques unes, comment je les ai « étudiées » et dans quels cas elles peuvent vous convenir ou non.

Congé sabbatique

La première chose, généralement conseillée et lue partout c’est le congé sabbatique. Il faut une certaine ancienneté : avoir au moins déjà travaillé 6 ans dont 3 dans l’entreprise dans laquelle vous vous trouvez actuellement. Vous pouvez alors faire la « demande » pour obtenir 6 à 11 mois d’absence de votre poste, bien sûr non rémunérés. Si vous travaillez dans le service public les durées sont plus longues, vous pouvez aller au delà de 11 mois.

A l’issue de ce congé votre entreprise est tenue de vous réintégrer dans un poste équivalent à salaire équivalent.

Pourquoi c’est bien ?
Retrouver son emploi au retour, si c’est votre souhait est quand même un énorme confort

Pourquoi c’est pas génial ?
Comme toute « demande », elle est soumise à acceptation de votre employeur. Il peut accepter mais avec un report. Il peut refuser mais vous avez le droit de refaire une demande… ainsi de suite. Quand vous préparez votre voyage un an à l’avance, que vous êtes par exemple 2 salariés, et que 3 mois avant le départ ça commence à être la course à l’obtention de l’aval de votre entreprise ça commence à être très compliqué. Par contre si vous êtes seul et sans impératif de date de départ, ça peut être très pratique.
Autre problème : la durée. 11 mois c’est bien, mais ça contraint énormément le voyage. S’il faut stresser dès le milieu du voyage parce que vous sentez que vous ne serez pas rentré à temps ça risque un peu de ternir le plaisir.

Congé pour création d’entreprise

Assez proche du congé sabbatique, comme son nom l’indique vous associez ce congé à la création d’une entreprise. Il peut s’agir d’un prétexte intéressant (si par exemple vous voulez monter un petit business quelconque lié à votre voyage).

L’intérêt de cette solution c’est de pouvoir obtenir 1 an renouvelable une fois en terme de durée de congé. Si la création de l’entreprise ne vous fait pas peur ça peut être une idée : même si son activité est très faible elle peut vous permettre de partir plus longtemps.

Je pense malgré tout que c’est une solution à privilégier si vous avez une réelle idée derrière la tête en terme d’entreprise. Si c’est pour vendre 30 t-shirts pour financer un peu votre voyage ça risque de vous demander beaucoup d’énergie pour pas grand chose.

Rupture conventionnelle

Approche assez récente et qui je pense est probablement la meilleure si votre but n’est pas de reprendre votre emploi à l’issue de votre voyage. Il s’agit d’un accord entre votre employeur et vous pour rompre votre CDI.

Avantages :
Ce type de rupture de contrat vous ouvre les droits aux assedic et/ou à l’accre (aide sous forme de réduction de charge si vous créez ou reprennez une entreprise [si vous souhaitez faire ça au passage]).

Inconvénient :
Soumis au bon vouloir de votre entreprise, donc là encore suivant votre timing et la souplesse de votre employeur ça peut être très variable, ça peut partir dans des négociations sans fin, des reports du type « ok mais dans 6 mois parce que là c’est vraiment pas le bon moment… » bref vous ne maitrisez que la moitié de la décision… donc rien du tout… si vous menacez de quitter votre employeur s’il n’accepte pas, sa réponse sera évidemment « faites-donc ça ça m’arrange ». S’il sait que vous êtes vraiment décidé à partir à une date précise il n’a aucun intérêt à favoriser cette solution.
Percevoir des assedic c’est bien mais légalement pendant cette période soit vous créez une entreprise soit vous cherchez activement un nouvel emploi salarié. Vous n’êtes pas censé marcher ou pédaler à l’autre bout du monde. Si vous arrivez à cumuler les deux, à le prouver et à vous présenter aux entretiens à Pôle Emploi alors ok…
Si vous avez déjà d’autres activités parallèles non salariées, ce type d’aides vous pouvez vous asseoir dessus.

Le licenciement

Votre entreprise décide de se passer de vous pour diverses raisons potentielles : principalement faute (grave/lourde) ou motif économique.

Dans le cas des fautes, c’est pas génial puisque vous n’avez le droit à strictement rien de la part de votre entreprise (indemnités…), mais si j’ai bien compris vous pouvez néanmoins toucher les assedic.

En cas de licenciement économique la voie est plus royale puisque vous touchez une prime de licenciement (de souvenir la base c’est un tiers de mois de salaire par année d’ancienneté mais bien sûr ça dépend des conventions collectives)

Le problème de ce système :
Se faire licencier pour faute permet de toucher les assedic mais sincèrement quitter volontairement son entreprise de cette manière est assez suicidaire. Déjà vous n’avez aucune idée du délai de réaction de votre entreprise : vous pouvez faire les pires conneries pendant 2 ans, être totalement démotivé et passer 2 années pourries pour finalement vous faire enfin licencier. Là encore niveau timing c’est totalement aléatoire. J’ai bien l’impression que dans certaines sociétés/organismes publics certains y jouent depuis des années sans y réussir [ô toi facteur qui ouvre nos colis Amazon si tu nous lis sache que j’ai une pensée pour toi en cet instant…]
Coté licenciement économique, là encore niveau délais c’est délicat. Si votre entreprise est dans une période délicate et que vous n’êtes pas pressé ça peut éventuellement se goupiller, mais c’est très peu probable. Pour être totalement transparent c’est une approche qui aurait pu se tenter dans mon propre cas mais côté timing c’était irréaliste.

Démission

La démission

Comme vous le savez sûrement c’est cette solution que j’ai choisie. La démission c’est simple, c’est unilatéral, soumis à aucune acceptation c’est sans surprise.

Avantages :
Si un an à l’avance on a fixé une date de départ, un an avant on peut mettre sur son calendrier « le 26 novembre donner ma démission » et c’est réglé. Pratique aussi pour se synchroniser à coup sûr pour les couples salariés.
Pas de délai de réponse, de report possible, de refus… vous démissionnez et vous partez 3 mois après.

Inconvénients :
N’ouvre droit à strictement rien. Pas d’assedic… néanmoins vous pouvez faire la demande 4 mois après la fin du préavis pour demander aux assedic de réévaluer votre situation : si vous recherchez activement du travail depuis votre vélo et que vous pouvez le prouver vous pourrez éventuellement toucher cette aide.

N’oubliez pas de vérifier la durée de votre préavis dans votre convention collective car le délai vient bien souvent se substituer à celui de votre contrat. 2 cas typiques :
– vous êtes « ouvrier » (ETAM) et votre contrat précise 1 mois de préavis. Dans la réalité votre convention collective précise qu’au dela de X années d’ancienneté le préavis est porté à 2 mois.
– vous avez intégré la société en tant qu’ouvrier, votre contrat précise 1 mois, mais entre temps vous avez changé de statut (et êtes devenu cadre) et votre convention collective prévoir que pour les cadres le préavis est de 3 mois.
Je ne suis pas juriste et il y a peut-être des moyens pour faire appliquer le préavis de votre contrat mais dans la mesure où si votre idée de voyage est prise un an avant vous n’êtes pas pressé de démissionner, il vaut mieux prévoir plus large dès le départ et limiter les embrouilles avec votre entreprise, vous avez déjà bien d’autres préoccupations à gérer.

Voila quelques pistes j’espère que ça a pu vous éclairer. Il y en a d’autres mais je pense que ce sont les principales.

Dans tous les cas :
Allez chercher des infos précises sur les différents sites web gouvernementaux. Sachez qu’il est souvent bien plus rentable d’éplucher ces sites et éventuellement de recouper les infos avec quelques discussions sur le net que de tenter de prendre rendez-vos avec les organismes en question qui ne savent malheureusement rarement de quoi ils parlent et vous donnent parfois des informations contradictoires ou incomplètes (ah mince on vous a dit ça mais on a oublié de vous dire que ça ne s’applique pas pour vous parce que patati patata)

Ne pas sous-estimer la tranquillité d’esprit. Démissionner c’est certes prendre un risque, sortir de sa zone de confort, mais c’est aussi maitriser un minimum son destin et ne pas se faire balader dans tous les sens.

Sachez que si vous cumulez déjà salariat + activité de type « libérale » en parallèle déjà un peu établie (en gros si vous avez déjà fait une déclaration de revenus incluant cette activité), je pense que vous pouvez toujours courir pour obtenir la moindre aide, indemnité ou autre. C’est une des raisons principales de mon choix de la démission : quitte à ne rien toucher autant maitriser la situation au maximum, ce que permet la démission.

Pour conclure j’aimerai aussi vous dire que chercher à profiter du système c’est bien (tant qu’on reste dans la légalité) car c’est fait pour, mais aussi qu’il faut savoir vers quoi diriger son énergie. Y a t’il un intérêt à consacrer des heures et des heures à éplucher en détail toutes les infos possibles et inimaginables pour trouver la faille (faire des cv pourris et envoyer des lettres de motivation à distance pour dire « je cherche activement du travail » pour toucher les assedic), dépenser la moitié de l’aide récupérée pour aller en avion au rendez-vous imposé par pôle emploi… ne vaut-il mieux pas concevoir le voyage différemment : faire des économies avant le départ (ça sert à ça) et profiter ensuite pleinement du périple sans avoir à se soucier d’une date de retour, d’organismes à contacter, … même si le voyage est plus frugal, la tranquillité et le bonheur n’ont pas de prix.

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